La maladie est un bouleversement qui retentit sur le quotidien, modifie le rapport à soi et aux autres (famille, entourage, travail), soumet à des épreuves qui s'ajoutent à la souffrance de la maladie elle-même.
Prendre soin de soi constitue une dimension thérapeutique essentielle.
Clarisse Gardet a une grande expérience d'accompagnement de personnes malades. Elle propose dans ce guide une voie d'apaisement psychique et physique grâce à la méditation.
Ce programme s'accompagne de 20 séances guidées, enregistrées par l'auteure.
Lorsqu'une émotion est trop forte, il arrive que notre cerveau ne soit plus en état de fonctionnement habituel, ce qui explique que nous agissons parfois dans un réflexe de survie, sans aucun discernement.
Méditer, ce n'est pas chercher à contrôler ou à réfréner les remous qui nous agitent, mais s'entraîner à ouvrir l'attention à tous les phénomènes qui se présentent - pensées, émotions, sensations physiques -, que ces derniers soient perçus comme agréables ou non.
Il s'agit de laisser se produire ce qui survient spontanément, sans s'attarder sur un événement en particulier, sans juger, cultiver ni chasser ce qui est, sans s'autoévaluer par rapport à un quelconque standard.
Cette manière particulière de diriger son attention est un geste d'accueil bienveillant envers soi-même. Au fil du temps, elle amène à se familiariser avec ses propres réactions, à les apprivoiser ; à constater le caractère changeant et instable de notre esprit ; à repérer la possibilité d'ouverture dans toute situation.
Cultiver cette attitude dans la pratique change progressivement la façon de se relier à l'existence.
La méditation, comme la philosophie, est une voie qui nous révèle le bien-fondé d' "essayer de redonner sa chance à la question" pour s'ouvrir au mystère de notre propre vie.
Pierre Jacerme, Introduction à la philosophie occidentale, éditions Agora, 2008.
Trop souvent, se soigner est vu comme une stratégie curative dont l'objectif principal est le contrôle de la maladie ou de la lésion, sans que l'équipe médicale - et le patient lui-même ! - considère suffisamment le retentissement émotionnel et ses conséquences multiformes.
La recherche des moyens médicaux les plus appropriés est privilégiée au détriment de paramètres majeurs comme la capacité de résilience et de recul face à l'aléa de l'existence que représente la maladie.
La dimension bienveillante de la méditation s'exprime par l'indulgence que nous cultivons dans la pratique, et dans laquelle il est bon de s'immerger : se mettre à l'écoute de son expérience telle qu'elle est, accueillir avec ménagement les difficultés qui font souffrir et les réactions impulsives qu'elles suscitent, ne pas chercher à "lutter contre sa nature".
Le lien à la terre connecte à la solidité et à la confiance. L'élévation de la colonne vertébrale vers le ciel ouvre vers le monde.
Admettre l'évidence que la maladie, à un moment de son évolution ou selon sa nature même, s'installe à plus ou moins long terme n'est ni abandon ni renoncement.
Bien au contraire, c'est un premier pas pour laisser la place à une autre dimension thérapeutique essentielle, celle qui consiste à développer sa propre capacité à prendre soin de soi.
En cas de stress, la tendance naturelle de l'organisme vise à réduire les tensions et à rétablir l'équilibre.
Mais certaines circonstances - anxiété, douleurs - entraînent une augmentation constante des crispations, tant musculaires que psychiques. Celles-ci finissent par s'installer et résistent à ce processus naturel et salutaire d'adaptation.
La relaxation devient alors indispensable, non seulement comme un moyen de détente, mais aussi comme "tentative de rééducation ou d'éducation d'économie des forces nerveuses et physiques mises en jeu par l'activité générale de l'individu*".
Un entraînement régulier augmente l'aptitude à se relaxer plus vite et plus profondément et le pouvoir de régénération d'une relaxation profonde explique que certains disent qu'elle équivaut à plusieurs heures de sommeil.
* Robert Durand de Bousingen, La Relaxation, PUF, 1971.
Beaucoup de personnes touchées par la maladie cachent leurs sentiments et leurs inquiétudes, pour ne pas montrer de "faiblesses" et se prouver à elles-mêmes et aux autres qu'elles sont "fortes". La méditation aide à s'autoriser à éprouver les troubles qui nous touchent, les émotions qui nous traversent.
"Quand on vit créativement, on voit que tout ce qu'on fait renforce le sentiment que l'on est vivant, que l'on est soi-même. On peut regarder un arbre (et pas nécessairement un tableau) et le faire de manière créatrice."
Donald Woods Winnicott, Conversations ordinaires, Folio essais, 2004