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Un récit m'envahit
Un mur est dévoré par la grève
L'horizon avant la phrase
Que l'églantier fait trembler
L'étendue se déplace
Quel sillage quel mot dans l'énigme
Comme m'éloigne de moi
Depuis remblai et brindilles
Quand l'aube ne se confond à rien
Et la peur s'est arrêtée
Le présent vient saisir
Lumière alouette cri
Et le frémissement
N'effaçait jamais l'image en trop
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Les mots n'ont pas disparu
Et aucun rocher ne se répète
Descente effrayée la mémoire est
Un torrent et le pivert
Une crique à peine un geste
Où je suis traversé par la faille
La rapidité hors des feuillages
En chancelant m'appelait
Comme enfin de l'orée à l'aveu
Que tout avait laissé découvert
Éblouissement terrible
Et l'énigme quand je croyait fuir
Plus près plus près sous l'églantier tes
Seins dont l'ombre est un murmure
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Où l'azur frôlait la vitesse
Une faille d'enfance une inclination
Qui dans le souffle n'est pas moins nue
Ni muette sous ton épaule
TOUL
Toul est courbe comme le monde !
Une craillée d’oiseaux semblait attraper la ville par un pan et l’emporter au-dessus de la Moselle. Puis tout s’éparpille. Et je n’avais pas eu le temps de fermer les yeux.
En 1946, nous courions dans les ruines. On y riait. On se cachait. On s’appelait d’un bloc de pierre à l’autre. Quand trop d’été explose dans une cour, quand je vais plus vite que les rues, que les arbres autour de la place de la République, plus vite qu’un rosier et rien n’échappe, pas même le silence, je suis à Toul. Je n’ai jamais le temps de fermer les yeux, c’est comme si la lumière venait de m’érafler.