Hommage à Bernard Vargaftig
Enfant! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux,
Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous!
(...)
Victor Hugo
Rien ni la neige
Gouffre après gouffre
Et fuir et fuir
Et moi le même
Essence tôles
Loque au galop
Ce tocsin d’herbe
Autour du vent
L’enfant qu’on brûle
Avec les autres
1
Le vent se déchirait un à un
Le ciel vers ce qui va vite
Un arbuste une hirondelle
Un récit que rien n'effacerait
L'immensité est inavouable
Toujours un versant à vif
Dont le parfum se détache
Et le sable avant qu'il ne regarde
Et la répétition nue
Quand l'horizon fait pencher
Les bleuets là-bas sans disparaître
Comme où tu sais que je crie
Où commencement et gouffre
Couraient dévorés par la lumière
p.7
Où donc s'envolent vos semaines,
Pourquoi, soucieux jardiniers,
Ce surcroît de soins et de peines?
Vos jardins sont des ateliers
Où vous tissez des fleurs humaines.
Ô fleurs divines d'autrefois!
Lis et roses, fuyez aux bois;
Bluets, pervenches, violettes
Myosotis, vivez seulettes,
Sous l'oeil de Dieu,
Ils rêvent le dahlia bleu,
(...)
Pierre Dupont
Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur;
Bonheur pour bonheur!
Le vôtre est rendu;
Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu
Le mien est perdu.
(...)
Marceline Desbordes-Valmore
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
(...)
Félix Arvers
Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
(...)
Alphonse de Lamartine
3
Voici que sans poussière
L'absence s'éloigne
Autrefois la craie appelait les fauvettes
Et le tourbillon
Vérité tout à coup
La falaise enlace
Mémoire et chemin même quand l'insistance
Est insaisissable
Le journal la lumière
Le châle dénoué
Le mouvement renversé dans la fraîcheur
Un récit béant comme
Où en aveuglant
La plage frôle après avoir ralenti
p.9
Le chemin se tait
Feuillage sans un mur
Sable effleuré
L'ombre avant les jardins
Ajonc et mouettes
Comme si bougeait
Cette distance
Dont le non est visible
Trop trop d'enfance
Qu'un froissement détache
Mélèze
Plus loin que le silence
Et où le ciel
Chaque fois surgissait
Courir et les roches
Embrassées dans l'été
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets!
(...)
Gérard de Nerval