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EAN : 9782258205871
352 pages
Presses de la Cité (28/09/2023)
3.9/5   15 notes
Résumé :
Rose de Diarbékir, c'est une histoire de femmes, de courage, de résistance, une page de l'histoire du peuple arménien, doublée d'une lettre d'amour pour la France. Une fresque familiale au souffle oriental, tragique et généreuse à la fois.

1893. Dans la belle cité de Diarbékir (sud-est de l'Empire ottoman) vit la famille Hagopian, selon les traditions séculaires de leur culture. Rose, la cadette, fière et déterminée, aspire à une vie choisie, sans mar... >Voir plus
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Après la Géorgie et le bunker de Tbilissi, prenons la direction d'une autre ancienne république socialiste soviétique, l‘Arménie. C'est, ici encore, une littérature et une histoire peu connus alors même que la communauté arménienne est très présente en France. L'autrice Corinne Zarzavatdjian est justement d'origine arménienne et en association avec son mari Richard, ils ont publié un ouvrage sur la culture arménienne L'Arménie et les Arméniens de A à Z, chez Grund en 2020. Dans ce titre paru chez Les presses de la cité, c'est une figure féminine de l'histoire de l'Arménie qu'elle met en fiction, une femme qui a contribué à l'exode des premiers Arméniens en France fuyant la répression ottomane, Rose de Diarbékir. Une grande femme que cette Rose, de son vrai nom Varte Hagopian, qui a marqué l'histoire de l'Arménie.


Varte Hagopian, dernière-née d'une fratrie de cinq enfants, dont quatre frères aînés, est justement née l'année ou le 34è Sultan de l'Empire Ottoman, celui qui va mettre le feu aux poudres, a accédé au pouvoir, Abdülhamid II. Nous voilà au sud-est de l'Anatolie, à l'extrémité occidentale de l'Asie, qui est aujourd'hui territoire turc. Varte Hagopian grandit bercée par la langue française et ses auteurs dramatiques, au son des tirades de Racine, Molière, Dumas, et de l'anglais et Shakespeare dans un village qui avait de grands airs de paradis, Diarbékir. Et par le sceau de la chrétienté, l'un des rites religieux de la ville, à côté de l'Islam dont se réclame le sultan et qui va bientôt être prétexte à toute une série de massacres. Alors que les jeunes arméniennes peuvent s'instruire librement, et même jouer des pièces de théâtre, les musulmanes étudient chez elles et sont tenues éloignée de toute forme d'expression artistique. C'est la voie ouverte à ce que l'on appelle les massacres hamidiens, les milices locales et musulmanes ayant décidé d'islamiser les Arméniens chrétiens après que ces derniers ont réclamé l'égalité des droits avec les Musulmans.

Varte Hagopian n'avait rien de spécial pour devenir Rose de Diarbékir si ce n'est une volonté de fer et un talent pour l'art dramatique, ce sont les trois garçons ainés qui ont été investis et envoyés en Europe faire des études. C'est le quatrième frère qui est resté au pays pour devenir chef de famille. C'est la montée sur les planches à Constantinople, d'abord en tant que souffleuse, puis aux côtés de Sara Bernhardt que la jeune femme va montrer de quel bois elle est faite. La tragédie qu'elle se plaît à interpréter sur scène, grimée en, elle va la vivre de plein fouet lorsqu'il s'agira d'aider à sauver les siens, et bien d'autres arméniens et arméniennes. Ce récit très romancé a les odeurs et les couleurs de l'orient ottoman, d'un équilibre très précaire qui va tourner en bain de sang, et salle des horreurs, comme si les instincts primitifs ne pouvaient trop rester réprimés trop longtemps. Il a celui de la tragédie qui s'annonce dès le début par les pièces de Racine et de Shakespeare, qui s'exile et prend incarnation à Constantinople, donne naissance à une tragédienne plus vraie que nature, dépassant la fiction de toutes les tragédies, agir en tant que telle jusqu'à la toute fin.

C'est une page d'histoire inédite pour moi que j'ai lu ici, en suivant la courte vie de Rose de Diarbékir : l'histoire de l'Empire Ottoman, je m'en suis rendue compte, je ne l'ai toujours perçue qu'à travers la perspective européenne et les guerres qui l'ont opposé aux pays d'Europe centrale et du sud. Ici, depuis l'Anatolie, nous avons une perspective depuis le coeur même de l'empire, avec un Sultan qui a nettement contribué à sa chute, et des relations privilégiées entres les Arméniens et la France et sa culture. On remarque la résilience incroyable de la communauté arménienne, qui, depuis l'Anatolie jusqu'en France, renaît de ses cendres pour reconstruire, la famille, le foyer, le travail, tout en s'intégrant avec facilité dans le pays qui est le leur désormais, lui permettant à lui aussi de lui donner un nouvel essor.

Si l'histoire de Rose de Diarbékir que nous narre Corinne Zarzavatdjian est un mélange de personnages réels et fictifs, servie par une écriture très colorée parfois un peu trop romanesque, c'est un excellent biais pour aborder l'histoire de l'Arménie, asphyxiée par la domination des Ottomans puis des Soviétiques, et qui fait face aujourd'hui à un autre conflit avec ses voisins Azéris dans le Haut-Karabagh. Quoi qu'il en soit, c'est un bel hommage à la trop discrète culture arménienne, que je connais trop peu, finalement, et qui semble receler de beaux trésors littéraires.
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Une agréable découverte .
L'auteure déroule sur fond du massacre des Arméniens dans la région de Diarbekir dans les années 1894-96 une fiction dont l'héroïne est la jeune Rose.
Il est intéressant de découvrir dans un récit bien documenté les détails d'un épisode de l'Histoire des Arméniens dans l'empire ottoman.Nous sommes en 1893, des Kurdes ranconnent violemment les Arméniens négociants ou agriculteurs.Ils exploitent des terres fertiles que leurs voisins leur envient .Rose Hagopian est révoltée par ces exactions .Très volontariste..sa devise est,: "Pourquoi pas".Le théâtre la passionne.Elle s'affirme encore plus quand elle devient la secrétaire particulière de Mme Mercier, l'épouse du vice-consul de France.Des lors, elle n'aura plus que deux objectifs,: faire du théâtre et défendre sa communauté alors que le Sultan pousse à la haine.Certes, elle aura la chance de rencontrer Sarah Bernhardt , ce lien et les appuis de la France suffiront-ils à la sauver?
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Tout d'abord je remercie Netgalley et Presses de la cité pour ce SP.

Dire que je connais l'Histoire de l'Arménie et son génocide n'est pas la vérité.
Je connais juste ce que j'ai entendu, ce que j'ai vu, mais je ne suis pas assez informée, assez renseignée.

Alors quand j'ai vu qu'un roman qui en parlait était proposé j'ai foncé.

L'auteure dit qu'elle a pris des libertés avec les personnages, mais son Histoire est bouleversante.

Nous sommes au 19ème siècle et le peuple arménien chrétien est persécuté par les kurdes et turcs.
Et il y a Rose et sa famille. Rose ne rêve que d'une chose: monter sur les planches d'un théatre, , elle aime la culture française. Ses parents, sa famille ont toujours voulu le meilleur pour les enfants, ses frères sont partis en Europe, et elle, elle rêve de liberté, de théatre, elle rêve de voir le monde.

Or, son pays, sa ville, ses amis sont attaqués. Elle va voir de ses propres yeux la violence des personnes, qui tuent à cause de la différence, à cause de la religion.

C'est un récit vibrant d'émotions que nous livre l'auteure. Rose n'abandonne jamais, même lorsqu'elle réalise ses rêves, lorsqu'elle rencontre celle qu'elle admire, lorsqu'elle découvre l'amour. Non, elle se battra jusqu'au bout pour son pays, pour les arméniens, afin qu'ils puissent connaître une nouvelle vie. Mais face à cette immense tragédie, le récit nous montre le visage des politiciens, du monde occidental.
Ils savaient mais ... Ce récit rend aussi hommage à toutes les personnes qui à cette époque ont voulu parler, dénoncer ces actes.

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Bonsoir, Un livre offert par l'auteur « Rode de Diarkébir » de Corinne Zarzavatdjian aux Presses de la Cité. Un roman qui vous transporte en Arménie et à Constantinople en 1890 à l'époque où les arméniens ont été quasiment exterminé par le grand Saigneur vizir du pays, sans que les autres pays ne s'insurgent. Sur fond historique, nous découvrons Rose, une jeune fille passionnée par la vie mais aussi par le français, le théâtre et qui aura la chance de travailler avec Sarah Bernard lorsque celle-ci vient faire sa tournée et interpréter Ruy Blas à Constantinople. Une épopée hommage à la liberté durement conquise de certaines femmes, à la liberté de vivre quelque soit son avis, sa religion, sa couleur de peau, Un hommage à l'engagement dans les luttes. Un roman qui vous tient en haleine tout le long. Merci Corinne je me suis régalée.
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Dans ce roman, l'autrice nous transporte en 1893 dans la ville de Diarbékir au fin fond des provinces arméniennes de l'Empire ottoman.

On y fait la connaissance de la famille Hagopian parmi laquelle figure Rose, la seule fille du couple entourés de 4 frères. Bien qu'elle aime l'école, contrairement aux 3 grands frères qui partent à l'étranger pour leurs études, Rose n'a d'yeux que pour la littérature française et surtout le théâtre.

Et cette passion, ainsi que son immense courage pour son jeune âge va lui offrir un parcours hors norme. Entre les horribles massacres du peuple arménien perpétrés par le sultan Rouge, Abdulhamid II et un succès théâtral aux côtés de celle qui deviendra une amie et alliée la grande Sarah Bernhardt, Rose ne cessera jamais de garder la tête haute et d'aller au bout de ses convictions. Mais à quel prix ?

On dit souvent que dès le premier chapitre on sait si l'on va aimer ou nom un livre, ici, j'ai su que l'autrice allait m'emporter avec elle dès les premières lignes. Les descriptions et le rythme vous emmènent immédiatement à Diarbékir avec cette jeune fille et vous suivez son destin avec autant de passion qu'elle le vit.

Outre la grande tragédienne, et cette jeune Rose digne des plus grandes héroïnes de l'Histoire, on croise au fil des pages aussi le couple Meyrier, Gustave et Helena qui grâce à leur détermination arriveront à sauver des centaines d'Arméniens.

Entre fiction et réalité, l'autrice nous immerge dans la culture et l'histoire de ce peuple Arménien et met en avant son courage face à l'atrocité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le soulèvement dans les Balkans puis la guerre engagée contre la Russie, qui avait été suivie d’une défaite humiliante avaient plongé l’Empire ottoman dans la tourmente. Alors qu’en Europe les pays avaient gagné plus de liberté, d’équilibre et la paix, l’Empire ottoman, lui, n’avait fait que régresser, incapable de gérer la mosaïque de peuples qui le composaient. La situation économique était précaire, l’administration chancelante et la politique menée à l’encontre des minorités chrétiennes odieusement répressive. La corruption s’était gravement accentuée depuis l’arrivée au pouvoir du sultan Abdülhamid II. De plus, la montée du nationalisme suscitait de nombreuses inquiétudes dans les chancelleries.

Enfermé dans son palais, le sultan n’était pas le seul à tirer les ficelles ; il pouvait compter sur son grand vizir, sa garde rapprochée, ses espions et autres derviches ainsi que sur les fanatiques religieux qui attisaient ses plus vils instincts et nourrissaient l’agitation des musulmans contre les populations chrétiennes.

Depuis le congrès de Berlin de 1878, la situation des chrétiens dans l’Empire, en particulier celle des Arméniens, qui bénéficiaient par ailleurs, d’un certain capital de sympathie en Europe, était loin d’être enviable et les puissances européennes, dont la France, devaient veiller à la bonne application des réformes, en particulier dans les vilayets. La question arménienne n’était plus seulement une affaire intérieure ! Les Arméniens contribuaient pour une large part au développement de l’Empire. Il était donc indispensable d’apaiser les tensions avant que celles-ci de dégénèrent. La mission de Gustave Meyrier s’annonçait délicate. Il avait conscience que, à des milliers de kilomètres, des puissances étrangères avaient jeté les dés d’une politique privilégiant la préservation de leurs intérêts économiques. La présence de nombreuses tribus kurdes dans la région, la plupart en relation étroite avec la Sublime Porte, rendait la tâche ardue.
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Le doute sera toujours ton allié, il te permettra de te réinventer. [...] Douter, c'est éclairer sa route, trouver de nouvelles directions et réessayer sans cesse.
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Toutefois, des sentinelles commençaient peu à peu à éveiller la conscience du monde. En Amérique, le New York Times titra en une : « Aux portes de l’Europe, l’holocauste arménien ». Le Premier ministre libéral britannique William E. Gladstone déclara : « Servir l’Arménie, c’est servir la civilisation. » Dans toute l’Europe allait enfin se déclencher un vaste élan de solidarité en faveur des Arméniens, un mouvement arménophile initié et mené en France par Archag Tchobanian. Ce brillant homme de lettres avait fait connaître l’art, la culture et la littérature du peuple arménien, un peuple passeur de savoirs.
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Tu laisses derrière toi tes racines, c'est vrai, mais même si celles-ci sont ébranlées et fragilisées, elles sont en toi à jamais.
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Ils se prirent par la main et d'une même voix prononcèrent les vers de Victor Hugo : « Un jour, espérons-le, le globe sera civilisé. Tous les points de la demeure humaine seront éclairés et alors sera accompli le magnifique rêve de l'intelligence : avoir pour patrie le Monde et pour nation l'Humanité. »
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