AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072782640
336 pages
Gallimard (19/04/2018)
3.58/5   145 notes
Résumé :


Tokyo, été 1947. Dans une salle de bains fermée à clef, on retrouve les membres d’une femme assassinée. Son buste – lequel était recouvert d’un magnifique irezumi, ce célèbre tatouage intégral pratiqué par les yakuzas qui transforme tout corps en œuvre d’art vivante – a disparu.

Le cadavre est découvert par deux admirateurs de la victime : un professeur collectionneur de peaux tatouées et le naïf et amoureux Kenzô Matsushita.
... >Voir plus
Que lire après IrezumiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 145 notes
5
8 avis
4
14 avis
3
17 avis
2
0 avis
1
1 avis
Au Japon, Takagi Akimitsu, décédé en 1995, bénéficie d'une grande renommée. En France, seul Irezumi, paru initialement en 1948, a été traduit de sa quinzaine de romans policiers.

De facture classique, Irezumi est un whodunit inspiré des classiques du genre occidentaux. D'ailleurs l'auteur cite quelques références en la matière. Ici, il nous place dans un fameux cas de polar : le crime en chambre close. En l'occurrence, en salle de bain close.
Pour intéressante qu'elle soit, l'enquête n'est pourtant pas l'atout majeur du roman.

Celui-ci tient plutôt dans son sujet. le titre renvoie à la technique traditionnelle du tatouage japonais qui recouvre une grande partie du corps, généralement des épaules jusqu'aux cuisses et au milieu des bras. Les motifs gravés sur la peau se réfèrent à des personnages et créatures mythologiques nippons, tel l'Orochimaru porté par Kinué, la jeune femme retrouvée démembrée et le tronc emporté dans la fameuse salle de bain.

Le roman nous fait découvrir le monde singulier des irezumi et de leurs porteurs, souvent déconsidérés par les gens ordinaires comme étant une marque de mauvaise vie. Ce sont souvent les membres des yakuzas et leurs compagnes qui se font ainsi recouvrir le corps de dessin. Les tatoueurs ne peuvent d'ailleurs officier que dans l'ombre puisque leur activité reste proscrite par la loi au moment où se déroule le roman.
Au-delà de l'aspect sociologique du tatouage géant, il y a la patience et la souffrance endurée pour parvenir à un tel résultat. Plusieurs mois sont requis, à raison de séances quotidiennes, pour achever une oeuvre de taille. Des heures à subir la morsure des aiguilles, sans compter les fièvres possibles suite à infection. Dans sa façon de présenter tatoueurs et clientes, Takagi Akimitsu dépeint une érotisation mêlée de souffrance qui m'a fait penser à une des plus célèbres nouvelles de Tanizaki Junichirô, "Le Tatouage", d'où émane une atmosphère similaire.

D'ailleurs, ces peaux ornées sont l'objet de convoitise par des collectionneurs tels le Dr Hasakawa du récit qui passe des contrats avec les détenteurs d'irezumi de qualité pour les récupérer post-mortem. Il est fait mention d'une collection de ce type à la faculté de médecine de l'université de Tokyo. Curieuse, je suis allée vérifier la véracité de cette assertion. Effectivement, Tôdai dispose d'environ 120 spécimens secs exposés dans le musée de la faculté. Elle n'est pas la seule puisqu'on retrouve des peaux tatouées conservées dans divers musées à Lyon, à Lausanne, etc. Un peu macabre, non? Après tout, on circule bien devant des présentations de momies.

Enfin, le contexte historique dans lequel se déroule l'intrigue est intéressant. Nous sommes en 1947, deux années après la capitulation du Japon et les tragédies de Hiroshima et de Nagasaki. L'occupation américaine est en place depuis sur l'archipel et a conduit à la rédaction de la Constitution de 1947. Les traces des bombardements par les B-29 demeurent visibles dans le chaos tokyoite. Des quartiers entiers ont péri sous les bombes et les incendies. Moralement, on sent dans le récit un désespoir présent qui conduit certains à se suicider même en plein milieu d'un spectacle en salle. Les romans sur l'immédiat après-guerre montre bien les difficultés auxquelles sont soumises les populations défaites, comme ici.

Irezumi est un roman doté de multiples qualités et dont la lecture est à la fois enrichissante et plaisante. Je ne sais si d'autres livres de Takagi Akimitsu sont prévus en traduction mais je les lirais avec plaisir, d'autant qu'on retrouverait les personnages de ce premier titre.
Commenter  J’apprécie          310
Akimitsu Takagi est un auteur de polar japonais très célèbre dans son pays. Décédé en 1995, nous avons enfin l'occasion de découvrir ses écrits en français avec Irezumi, paru en 1948 au Japon.

Dans un Tokyo d'après-guerre, Kenzo, jeune homme de 29 ans est étudiant en médecine légale dans la grande université Todai. Sans forcement y connaître grand chose, Kenzo assistera à un concours d'irezumi où il rencontrera Kinué , jeune femme qui gagnera le prix féminin. L'irezumi est une forme particulière de tatouage typiquement japonais qui couvre une grande partie du corps, si ce n'est son intégralité. Très présent dans le milieu yakuza, l'irezumi est, encore aujourd'hui, plutôt mal vu. Kinué porte un Orochimaru (non, pas le personnage de Naruto, mais on n'en est pas loin), un tatouage immense et magnifique représentant le personnage de la légende transformé en immense serpent. Vite subjugué par cette femme mystérieuse, avec qui il passera une nuit passionnelle, Kenzo ne se doutera pas qu'il la retrouvera, quelques jours plus tard, assassinée dans sa salle de bains. Meurtre plein de mystère car on y retrouvera seulement les membres de la jeune femmes séparés de son tronc disparu. Simple fétichisme ou véritable vengeance ? La salle de bains étant fermée depuis l'intérieur, le mystère reste complet.

Bien que le roman soit paru en 1948, il fait preuve de beaucoup de modernité notamment dans son style et dans les codes encore beaucoup utilisés aujourd'hui, on en oublierait presque sa date de parution. Ce Tokyo d'après-guerre, dans lequel se passe l'histoire (et la période où le roman a été écrit) est très intéressante et apporte un véritable plus à cette intrigue policière finalement peu originale. L'histoire tourne essentiellement autour du milieu de l'irezumi, on y découvre ces tatoueurs qui avaient interdiction de pratiquer leurs arts et qui étaient souvent pourchassés par la police et ses tatoués qui, pour différentes raisons, marquent définitivement leurs corps de véritables oeuvres d'art.

Irezumi est un roman très intéressant à lire. Bien que l'intrigue policière soit assez basique, on y suit avec d'enthousiasme les différents rebondissements. L'univers de l'irezumi qui est dépeint dans ce Tokyo des années 40-50 apporte une ambiance toute particulière à ce roman et en fait un roman très intéressant à lire. Je le conseille en tout cas.
Commenter  J’apprécie          300
Je n'avais jamais lu de « classique du polar nippon », et je ne savais pas réellement à quoi m'attendre. Est-ce que l'on allait plutôt être proche d'un classique du polar à l'occidentale, ou plutôt d'un roman japonais ?

Eh bien c'est extrêmement surprenant, en fait… ou pas du tout. Vous l'aurez compris, ce n'est pas si simple que cela de décrire ce roman !

Dans sa construction, il est extrêmement classique, au sens « Agatha Christie » du terme. Un mystère de la chambre close à la nippone, dans lequel il faut l'intelligence supérieure d'un petit prodige des mathématiques pour faire émerger la vérité.

Le rythme est bien plus lent que ce à quoi l'on est désormais habitués. En effet, aujourd'hui, les thrillers se veulent haletants… là, non, ce n'est pas l'effet recherché. La construction, en revanche, est très travaillée.

Un des intérêts de ce livre, c'est que l'on découvre beaucoup de choses sur la société japonaise. À commencer par la sorte de fascination-répulsion qu'elle a pour le tatouage. En effet, depuis l'ère Edo, celui-ci a plutôt une mauvaise image au Japon, en lien avec les yakuzas et la criminalité, et, côté féminin, avec des moeurs légères. le revers de cette médaille, c'est que certains éléments culturels nous échappent. L'auteur fait par exemple référence à des affaires criminels qui ont fait couler beaucoup d'encre au Japon… mais dont nous n'avons jamais entendu parler.

Du coup, j'ai un sentiment un peu mitigé en arrivant à la fin de ce livre. La mécanique est efficace, bien huilée, mais ça manque de rythme et surtout c'est culturellement déstabilisant. Si vous êtes accros aux page turner qui ne laissent pas un instant pour respirer, passez votre chemin ; si, en revanche, vous en pincez pour les grands classiques, la découverte vaut sans doute la peine !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
Commenter  J’apprécie          350
1947, dans un Tokyo qui se relève à peine des destructions de la guerre, la belle Kinué, courtisane et maîtresse attitrée d'un chef d'entreprise, vient de remporter un concours d'Irezumi, le tatouage traditionnel japonais couvrant entièrement le dos. Peu de temps après, se sentant menacée, elle séduit le jeune Kenzo Masushita et lui confie les photos de sa soeur jumelle et son frère, également porteurs d'Irezumi et cherche sa protection. Malheureusement, quelques jours plus tard, les membres de la jeune femme sauf le torse, sont retrouvés dans sa salle de bain hermétiquement fermée, et c'est le frère de Kenzo, qui est chargé de l'enquête en tant qu'inspecteur chef...Ce premier meurtre en chambre close est bientôt suivi du suicide de l'amant. L'enquête tourne autour d'un professeur collectionner de peaux tatouées, de la femme de ménage qui a pris la fuite, du directeur de l'entreprise du suicidé éperdument amoureux de Kinué, et du frère du suicidé.

Avec Irezumi, Akimitsu Takagi nous fait pénétrer le monde secret et sulfureux du tatouage traditionnel japonais, encore frappé d'illégalité dans le Japon d'après-guerre ; c'est le père de la fratrie, un tatoueur célèbre, qui les a tatoués en les ornant de motifs mythologiques. Objet de séduction, de répulsion, l'Irezumi attire les hommes qui prêtent aux femmes qui en portent, des vertus sensuelles et ensorcelantes, au point de susciter également l'intérêt de collectionneurs qui, par contrat, s'en assurent exclusivité à la mort du porteur d'Irezumi .
Dans ce contexte particulièrement fascinant, Akimitsu Takagi développe une enquête sur un meurtre en chambre close qui va susciter beaucoup de questions à l'inspecteur en chef...et c'est grâce à l'aide d'un jeune génie de l'analyse et de la synthèse qu'il pourra résoudre l'énigme...
Une intrigue bien menée, des réflexions particulièrement cérébrales et d'une logique implacable, font de ce roman policier une réussite à mes yeux, avec un rythme soutenu tout au long du déroulement de l'enquête et surtout la découverte du monde étrange et quelquefois dérangeant du tatouage traditionnel japonais.
Une très belle découverte.
Commenter  J’apprécie          281
Un polar Japonais... c'est déjà rare mais en plus celui ci a été écrit par un des maîtres Japonais et a été vendu à plus de 10 millions d'exemplaires. Akimitsu Takagi, c'est un peu l'Agatha Christie Japonais.

Ce roman présente plusieurs particularités. Il se passe 1 an après Hiroshima. Mais contrairement à ce que je craignais, ni le style, ni l'énigme ne sont trop datées.

Il s'agit de crimes qui tournent autour des tatouages. C'est l'occasion de découvrir certaines moeurs et croyances Japonaises. Je savais que le tatouage était mal perçu au Japon mais pas au point qu'il soit strictement interdit à une époque.Et au contraire dans les cours Européennes, le tatouage était très à la mode pendant un temps.

J'ai passé un très bon moment. le dénouement est vraiment bien même si l'apparition d'un Hercule Poirot à la dernière minute est de trop.

J'ai pu relever beaucoup de mots inconnus.

A comme Asura : Les asuras sont des êtres démoniaques dans la mythologie de l'hindouisme. Ils sont des esprits opposés aux deva (parfois appelés sura) : les divinités hindoustani.

B comme Bâcle : Barre de bois ou de fer avec laquelle on ferme de l'intérieur une porte, une fenêtre.

I comme Irezumi : Irezumi désigne une forme particulière de tatouage traditionnel au Japon, qui couvre de larges parties du corps, voire son intégralité. Il peut s'étendre du cou jusqu'au bas des fesses, sur la poitrine et sur une partie des avant-bras.

M comme Méphistophélique : Qui évoque Méphistophélès, semble appartenir au démon. La signification de cet adjectif était claire mais je ne savais qu'un tel adjectif existait. bravo à la traductrice.

N comme Nishiki-e  « estampe de brocart »), également appelée Edo-e, en référence à la capitale de l'époque, est une des étapes techniques de la mise en couleur des estampes japonaises.

O comme Omikuji : Les omikuji sont des divinations écrites sur des bandes de papier que l'on tire au sort dans les sanctuaires shintô et les temples bouddhistes au Japon.

W comme Whodunit : terme désignant un certain type de roman policier. Contraction de « Who [has] done it? » litt. « qui l'a fait ? ») « est devenu synonyme du roman d'énigme classique du début du xxe siècle, appelé aussi roman problème ou roman jeu »
Commenter  J’apprécie          260

Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Comme l'avait déclaré le Dr Hayakawa, le mystère en chambre close, sans entrée ni sortie apparente, constituait le saint graal des auteurs de roman policier.
Depuis Double Assassinat dans la rue Morgue, de Poe, en passant par L'Assassinat du canari et Le Chien mort de S.S. Van Dine ou l’œuvre de Dickson Carr, les romanciers n'ont eu de cesse de mettre au défi la matière grise de leurs lecteurs à travers ces énigmes en apparence insolubles.
Chez les auteurs japonais, Mushitarô Oguri s'est lui aussi attaché à élever le genre à son plus haut degré de raffinement, en particulier dans son chef d’œuvre, Le Crime parfait.
Commenter  J’apprécie          160
L'épouvantable prophétie du Dr Tatouage se révélerait pourtant juste. Une étrange affaire de meurtres tout droit sortis du monde de la sorcellerie était sur le point de s'ouvrir. Et la clef pour l'élucider, le secret pour venir à bout de cette magie noire, se dissimulait dans les trois motifs maudits.
Commenter  J’apprécie          170
Les femmes tatouées sur tout le corps ne pouvaient espérer un mariage honnête. Sa soeur se fut geisha à Yokohama, tandis qu'elle entamait de son côté une vie d'herbe flottante, voguant de Tôkyô à Nagoya, puis Hiroshima. Ni son âme ni son corps, tour à tour achetés puis vendus, ne trouvèrent la liberté.
Commenter  J’apprécie          140
Si l'irezumi, le tatouage traditionnel japonais, possède une beauté indéniable, peu en reconnaissent volontiers la valeur intrinsèque. La faute, sans doute, à des préjugés coriaces - par exemple que le tatouage se résumerait à des gribouillis d'amateurs grossièrement gravés, ou encore que ses porteurs, hommes ou femmes, ne seraient tous que des yakuzas et autres rebuts de la société. Autant d'a priori qui ignorent la réalité historique : jusqu'au dix-neuvième siècle, en Europe, le tatouage était en vogue au sein de l'aristocratie, en s'épanouissant jusque sur les torses des têtes couronnées, comme en témoigne le dragon que le futur roi George V d'Angleterre se fit graver à la faveur d'un voyage au Japon, en 1881.
Commenter  J’apprécie          50
Le même sang coulait dans les veines de Kinué et sous la peau de ce serpent. Reptile et femme se confondaient dans l’esprit du jeune homme. Mais l’étreinte ensorcelante qu’ils venaient d’échanger n’était-elle pas l’incarnation même de la lubricité des femmes-serpents rapportée par les légendes ? Pris au piège de son charme toxique, Kenzô s’agenouilla et déposa un baiser sur les lèvres du monstre Orochimaru, comme un gage d’infaillible loyauté à la reine devant laquelle il se prosternait.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Akimitsu Takagi (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Akimitsu Takagi
Retrouvez votre coffret de Noël histoire poche dans notre librairie en ligne ! :
Ne fais confiance à personne de Paul Cleave aux éditions Livre de Poche Irezumi de Akimitsu Takagi et Mathilde Tamae-Bouhon aux éditions Folio Un souffle, une ombre de Christian Carayon aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/100778-coffret-coffret-polar-poche.html
La culture décontractée !!!!! ABONNEZ-VOUS A NOTRE CHAINE YOUTUBE ! http://www.youtube.com/user/griffenoiretv/featured (merci) La boutique officielle : http://www.lagriffenoire.com
Facebook ? http://www.facebook.com/lagriffenoire Twitter ? http://twitter.com/lesdeblogueurs?lang=fr
Retrouvez l'ensemble des coups de coeur de Gérard Collard et de vos libraires préférés ici : https://www.lagriffenoire.com/11-coups-de-coeur-gerard-coll? https://www.lagriffenoire.com/
#soutenezpartagezcommentezlgn
Merci pour votre soutien et votre fidélité qui nous sont inestimables. @Gérard Collard? @Jean-Edgar Casel?
+ Lire la suite
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Lecteurs (328) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
893 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..