Il ne s'agit pas de parler de ce livre comme d'un roman. Les trois parties qui le constituent sont trois plaidoiries que l'auteur a tenues devant le conseil constitutionnel en vertu d'une procédure du 23 juillet 2008 permettant de contester la conformité aux droits et libertés garantie par la constitution, de lois en vigueur, permettant au conseil constitutionnel d'abroger des dispositions législatives avant qu'elles ne soient promulguées.
La première de ces plaidoiries rappelait qu'on ne peut confondre la liberté de penser et la mise en danger de l'État et qu'une intention n'est pas une preuve. Elle déclarait contraire à la constitution un article du code pénal condamnant la « consultation habituelle de sites terroristes ».
François Sureau rappelle que la liberté d'information ne peut en rien constituer un délit. Pour lui ce n'est pas seulement cette disposition particulière qu'il faut éviter mais le fait qu'elle s'étende et s'accélère, tel un mouvement destructeur commencé voici 20 ans. Pour l'auteur nous sommes en deçà des exigences de l'inquisition (sic). Rappelant
Simone Weil, il conclut par « L'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer ; … la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement. »
La deuxième audience concerne les libertés du citoyen et citant Léon Blum il rappelle l'hypocrisie équivoque qu'on a volontairement introduite dans les lois. On y confond l'intention et l'exécution. L'habeas corpus est renié. On n'est pas coupable avant d'avoir commis un délit et l'intention, qui doit d'abord être démontrée, n'est pas l'action. Nous retrouvons ici la première plaidoirie pour laquelle une consultation n'est pas la participation active à un endoctrinement terroriste. On mesure ici l'engagement de l'auteur auprès de la « Ligue des droits de l'homme ».
Enfin la dernière plaidoirie défendra la liberté d'aller et venir. Il s'agissait «d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics ». On mesure, rien que dans la formulation, tout l'arbitraire de cette dernière mesure.
Pour l'instant ces trois dispositions ont été déclarées inconstitutionnelles. Mais rien ne nous permet de penser qu'elles ne sont pas telle une épée de Damoclès, suspendues au-dessus de nos têtes. Ce texte ne concerne pas que « l'honnête homme » soucieux de s'informer. À travers son intérêt juridique il ouvre nos yeux sur l'historique des textes de loi. L'auteur s'emploie avec brio à nous les rappeler et nous démontre avec conviction que la liberté, comme la démocratie, reste un combat quotidien et qu'à aucun prix il ne faut lâcher la bride, car la bête immonde est toujours prête à renaître de ses cendres.