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EAN : 9782266185387
480 pages
Pocket (10/09/2009)
3.78/5   213 notes
Résumé :
4ém de couverture édition Pocket n° 13754

Arnaud Lécuyer est un magicien un peu particulier, personne ne se méfie de lui ...
Récemment libéré de prison, il reprend le cours de sa vie : observer, attirer, tuer. Pour ses victimes, il reste Le Magicien . Son public préféré : les enfants.
Un homme se méfie de lui,le commissaire Mistral. Formé à dresser le profil psychologique des tueurs en série et à les traquer, il a senti derrière ces ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 213 notes
Arnaud Lecuyer après onze années de prison pour le viol d'une octogénaire est enfin libéré de prison. Son objectif est de reprendre ce qu'il a laissé en plan avant son incarcération, à savoir traquer des petits garçons en les attirant avec des tours de magie avant de les tuer et de les violer. Ce qu'il met en action rapidement avec une tentative sur un enfant, évitée grâce à l'intervention d'un SDF. de l'autre côté, Ludovic Mistral, fraîchement revenu des États-Unis après un stage au FBI sur les techniques de profilage est chargé de l'enquête


Le Magicien est un "thriller" pseudo-psychologique. Jean-Marc Souvira nous propose un récit sous deux regards : celui du tueur et celui de l'enquêteur en temps réel. Un vrai jeu du chat et de la souris dans Paris où l'esprit, la manière de penser, de percevoir les choses peu tout changer. La sphère psychologique est prédominante mais simplifiée à outrance étant donné l'absence du suspens habituel dans ce genre de récit – à savoir un serial killer dont l'identité n'est découverte qu'à la fin – est absent. Cela enlève une grande partie de la tension qu'éprouve le lecteur. Personnellement, je ne suis pas de l'avis de le présenter comme un thriller mais plus comme un roman policer justement pour cet absence de tension.

L'intrigue n'est pas ennuyeuse mais pas non plus exaltante. Nous avons un roman bien écrit et réaliste relatant la façon dont un tueur pense et les méthodes qu'utilisent les policiers. Par contre, le livre est selon moins raté ; en effet, prenons l'un des moments les plus intéressants où le Magicien décide de se rendre chez le commissaire Mistral... ce passage de l'histoire au lieu d'être un moment puissante est tout bonnement tourné en ridicule avec un serial killer apathique, Mme Mistral qui se sauve avec ses enfants en criant… Ne parlons pas des éléments attendus qui émaillent le livre avec dès le départ l'enfance de notre serial killer où il fut victime, le rdv chez le psy où nos deux personnages se croisent… le problème technique lors de l'interview télé de Mistral qui permet à l'auteur de faire de son Magicien le chasseur et Mistral la proie… pour ensuite voir cet aspect du livre se dégonfler comme un ballon de baudruche.

Côté personnages : je n'ai pas accroché… mais alors pas du tout, et ce, dès le départ en raison des invraisemblances. Nous avons dans cette histoire un type qui ne s'est jamais fait attraper mais qui suite à une pulsion de vengeance, onze ans plus tôt a violé une vieille dame et attend tranquillement la police. Il subit des agressions de la part de trois détenus en prison et réussit à les supprimer sans que quiconque fasse le moindre rapprochement ??!! Côté policier, nous retrouvons les mêmes clichés avec Dumont, jaloux de son collègue Mistral et décidant de faire cavalier seul ; les passages devant la machine à café… Heureusement que le texte est sauvé par son jargon policier lui donnant une note réaliste...

Gros point négatif : la fin qui est selon moi bâclée avec une résolution musclée et sans suspens… C'est à se demander si l'auteur désirait conclure le livre rapidement pour passer à autre chose.


Pour conclure : Un roman qui ne mérite pas le terme de thriller puisque Jean-Marc Souvira nous offre ici le récit de la traque d'un serial killer parfaitement identifié par le lecteur dès le départ. Nous n'avons ici qu'une sorte de description clinique et détaillée de l'enquête avec sa résolution. Aucune tension psychologique, aucun suspens… Pour vous donnez une image, du Columbo. Au final, on se dit … « Tout cela pour cela ». Quitte à lire un vrai thriller, autant se tourner vers des valeurs sûres comme Chattam ou Thilliez... au moins on est sûr de frémir en tournant les pages.
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Arnaud Lécuyer n'est pas vraiment à cheval sur les principes . Après avoir tiré onze longues années de prison , l'agression sur petite vieille n'étant pas encore reconnue à sa juste valeur comme aide à la personne , il goûte de nouveau à une liberté qu'il sait déjà faite de traque et de chasse future , un double penchant toujours indispensable à l'assouvissement de ses démons intérieurs . Sa proie , le gamin un peu trop curieux qui ne voit en lui qu'un prestidigitateur avisé sans se douter que le Magicien , habile tueur en série adorant particulièrement jouer un bon tour aux nombreux flics lancés depuis trop longtemps à ses trousses , n'aimerait rien d'autre que de l'ajouter à sa mortelle collection déjà conséquente .
Fort heureusement , le pugnace Commissaire Ludovic Mistral ne l'entend pas de cette oreille , ni de l'autre d'ailleurs . Et c'est contre vents et marée qu'il fait de cet illusionniste sanguinaire sa priorité numéro une . Alors Mistral gagnant ? Vous le saurez en découvrant le premier roman de Jean-Marc Souvira , désormais en vente dans toutes les bonnes pharmacies .

Alors quid de ce magicien ? Faussement naïf et empoté à l'image d'un Garcimore Ya Oun Tlouc passé maître dans l'art de l'amateurisme le plus complet ou ultra calibré et démonstratif tel un David Copperfield à la choucroute capillaire toujours irréprochable ?

Le gros point fort indéniable de ce roman , l'enquête en elle-même relatée de façon forcément crédible par cet officier de police judiciaire qu'est Souvira et qui navigue ici en pays de connaissance . Mais maîtriser un sujet est une chose , le rendre addictif par une écriture fringante qui saura vous émoustiller pour vous happer définitivement en est une autre .
Le canevas du récit est ultra classique .Un bon et un méchant qui se tirent la bourre...
Mais si l'idée de départ s'avère plutôt originale , cette course contre la mort manque cruellement de souffle et de relief pour finalement la classer dans la catégorie "  incontournables "  .
Un premier et bon roman prometteur à qui , hélas , il aura manqué quelques tours dans son sac...

Le Magicien : j'ai bien vu le chapeau mais qui a bouffé le lapin ?
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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Chiotte de bite on a paumé, perso je m'en fou, toi aussi certainement, en plus je n'avais parié de bien degueulasse pour notre éventuelle victoire du style :

« Si on gagne tu me suces… »

Quand il n'y a pas d'enjeu, de jouir ou de ceinture, à quoi bon se mettre la mauvaise humeur au bord des larmes, faut pas être mauvais joueur, et accepter la tête bien haute et la bite en berne sa défaite…

Mouais je sais ce que vous vous dites, il va encore nous émoustiller avec ses salaces à deux culs, je vous répondrais que oui, parce queue ça commence à me manquer ces conneries, faut bien se défouler la frustration de chasteté quelques part, dans l'anonymat le plus lubrique qu'il me soit permis de vous faire part au sein le plus littéraire du terme…

J'ai envie de décrocher vos sourires, vos rires ce matin, vous mettre l'ambiance au bout de la libido coincée entre votre routine de lecteur sérieux, vous faire partager ma vulgarité dans le romantisme d'une luxure mal branlée d'une disette à la con que même votre main avisée ne serait soulager…

Se lâcher un peu la bien pensante au prix d'une incorrection levrettique qui vous pousserait à dépasser une éducation corrompue par l'ennui d'une politesse déplacée au rang des petites bites de la fantaisie…

Bon sinon j'ai acheté une bagnole ce week, modèle haute gamme pour faire de la route en toute sérénité, caméras de recul, rétros rabattables, sièges cuir chauffants, toit ouvrant la totale, banquette arrière confortable si toutefois ma colocatrice de vie souhaitait faire une petite sieste de cinq à sept entre collègue, au moins ils auraient le cul au chaud, faut être pragmatique pour le bien d'une vie de couple épanouie, avec dérapage de la routine d'une bite entre les cuisses écartées pour l'occasion…

Ma fille est ravie, je la soupçonne même d'être à l'origine de cet achat, pour le bien de son petit cul qui se roule quand elle coure, le sourire d'une après midi ensoleillée, au gout de rosé, enfumé au barbeuc d'un papi gâteau… Partie de ballon ou je peux enfin libérer de mon potentiel de footbaleur, avec des dribles de dingues, elle a pas touché un ballon, tacle de fou furieux pour calmer ses ardeurs de mini moi, la beauté divine en plus, objectivement parlant bien évidement, parole de papa fou d'amour, inconditionné au son de sa petit voix de douceur de vie…

Du coup le soleil m'a donné envie de venir raconter un tas de conneries, la chaleur vous change un homme, les femmes s'habillent en toute légèreté pour le bien de mes yeux aguerris à la grâce délicieuse et sans limite d'un corps au vent, comme la beauté pure d'un touché de sein romantique, la main au minou, un doigt si affinités, deux si ambiance de fou furieux, et la main pour les plus téméraires… aieuhhhhhhhh, enfin ça dépend des fois ça glisse tout seul…

Après ça devient personnel vous m'excuserez, j'ai une certaine pudeur à poursuivre dans cet ébat imaginaire dont je suis ce héros déchu depuis quelques mois, faudrait peut-être que je me trouve à cinq à plus d'heure, parce la nouveauté, ça vous colle une endurance partout les cheveux, après si t'es dispo plus tard ou plutôt mes RTT seront satisfaire ce désir inavoué qui ta bite depuis quelques lignes déjà…

Enfin bref je voulais placer l'expression « fils de pute » par affection toute particulière, je le trouve poétique et sans concession sur ma vison des choses, mais n'ayant pas plus d'inspiration que ça, je vous demande d'en avoir pour moi, aspirer mesdames, puis inspirez, une bonne respiration est importante, oubliez la poussière sur vos genoux qui se râpent sur la moquette ou se glace sur le carrelage, après relevez-vous je vous en prie, il ne serait pas raisonnable de se cramper la bouche à orgasme sans en profiter un peu, allons bon je sais partager hein…

Allez sur ces bonnes paroles d'enculé, je vous laisse passer une merveilleuse journée

A plus les copains
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Arnaud Lecuyer avait tout à fait le droit de s'endormir auprés d'une vieille dame, mais pas aprés l'avoir violé et étranglé
Il en a pris pour 12 ans; ça c'est relativement bien passé, il a bien eu quelques soucis sous la douche mais, comme il a trucidé les plus impétueux, on a fini par lui foutre la paix
Maintenant qu'il est dehors, il va pouvoir reprendre son vrai boulot: tuer et violer des jeunes garçons, il en avait 6 à son actif qu'il attirait en faisant des tours de magie. Les flics n'ont jamais fait le lien
Sa première tentative est un echec et remet la brigade criminelle sur le coup: le magicien est de retour

On suit alternativement les délires meurtriers du magicien et la traque des services de police

Souvira est commissaire et ça se sent: procédure d'enquête trés crédible et trés minutieuse, rien n'est laissé au hasard.On voit le noeud se resserrer petit à petit et la fin ineluctable
C'est donc un bon polar .

Mais, deux lacunes sont içi flagrantes, lacunes qu'il gommera dans son livre suivant ( le vent t'emportera): procédures policières trop détaillées qui nuisent au rythme du roman et surtout un manque de souffle romanesque, pas assez de changement de ton, actions trop prévisibles.

Bref, l'auteur est encore plus flic que romancier mais il apprend vite!

Mais ce n'est que mon humble avis.
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On dit quelquefois que le hasard fait bien les choses. J'en suis convaincue.
Je devais assister à une rencontre Babelio avec Jean-Marc Souvira, qui venait nous présenter son dernier roman. Deux heurs plus tôt, alors que je flânais dans une librairie pour tromper le temps, j'ai précisément mis la main sur le Magicien.
Le Magicien est le premier roman dans lequel nous faisons connaissance avec Ludovic Mistral, Commissaire de police qui revient tout juste d'un stage de six mois aux Etats-Unis retrouve les locaux parisiens de la Brigade Criminelle, qu'il va diriger sous les ordres de Françoise Guerand, Directeur de la Police judiciaire de Paris.
Dès le début du roman, les dés sont jetés. Nous assistons à la libération conditionnelle d'Arnaud Lécuyer, qui a passé douze ans en prison, condamné pour avoir violé une personne âgée. Mais Arnaud est en réalité le Magicien, un tueur en série , qui s'attaque plus particulièrement aux enfants en les attirant par des tours de magie, et qui, redoutable manipulateur, élimine à l'arme blanche, avec une redoutable efficacité tous ceux qui constituent à ses yeux une menace.
Le roman alterne le retour à la vie normale de Lécuyer, modèle de réinsertion sociale qui a trouvé un travail de plombier dans une petite société tenue par le père et le fils Da Silva, et le retour en France de Mistral, qui retrouve une équipe de policiers et reprend sa place à la brigade criminelle.
Bientôt, les vieux démons de Lécuyer le poussent à agir.... s'attaquer à un enfant, tuer un clochard qui s'interposait... Dès lors, les policiers sont convaincus que le Magicien, le tueur en série qui a tué des enfants plus de dix ans auparavant, est de retour. Mais que faire ? Comment pousser le Magicien à agir sans mettre en danger les enfants ? Comment monter un piège - une provocation, qui va pousser le meurtrier à se découvrir ?
Le roman de Jean-Marc Souvira va dépeindre avec force et beaucoup de talent les parcours des deux hommes, jusqu'au moment fatidique de leur rencontre....
En toute sincérité, j'ai lu avec particulièrement de plaisir le roman de Jean-Marc Souvira. le commissaire Mistral, sa famille, ses collègues sont attachants. L'enquête est bien menée - et l'on comprend que l'auteur est lui même un policier - l'analyse psychologique du tueur, son profil, son comportement sont d'une grande finesse.
Il s'agit, selon moi, d'un très bon roman policier.
C'est pour cette raison qu'une fois l'enquête terminée, il m'a été très difficile d' abandonner le Commissaire Mistral en si bon chemin.... et que je choisis de passer ces jours tristes de novembre à suivre pas à pas un Commissaire, qui traque de nouveau un tueur en série à Paris....

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Un tueur en série […] a un cycle de six phases :
« Premièrement, la déconnexion. Le tueur est dans son monde, ça cogne fort dans sa tête. Il sait qu’il doit se mettre en chasse.
« Deuxièmement, la chasse. Il cherche sa victime. C’est le prédateur à l’affût. Il lui en faut une qui réponde au millimètre aux critères de ses fantasmes.
« Troisièmement, l’approche. Il attire la proie. Le nôtre va utiliser ses tours de magie. Il n’a pas de raison de changer de méthode, ça marche.
« Quatrièmement, la capture. L’enfant est pris au piège dans la cave. Rien d’autre à dire là-dessus.
« Cinquièmement, le meurtre. Le tueur est au maximum de sa charge émotionnelle. Mentalement, il est en pleine explosion.
« Dernière phase, celle de la dépression qui intervient juste après le meurtre. Il est KO. Il va digérer son meurtre avant de recommencer son cycle après une période plus ou moins longue.
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C'est samedi. Premier week-end de liberté. Il se demande ce qu'il va bien pouvoir faire.
Pendant deux jours, il va marcher dans Paris, déambulant sans but, rentrant chez lui pour dormir. Il marche sans cesse, poings serrés dans les poches du blouson et lunettes de soleil vissées sur le nez du matin au soir. Quand il a faim, il mange un sandwich, quand il a soif, il boit un café. Il passe dans des rues qui le ramènent bien des années en arrière. Dans son cerveau se télescopent des images de violence, de cris, de fuites. Les grandes avenues éclairées, la circulation automobile, les bruits l'effraient un peu. Il pensait que tout le monde allait le regarder, lire dans ses pensées de monstre encore en léthargie. Mais non, il est tellement banal que les passants ne le voient même pas. Ca tape dans ses tempes, ça cogne fort. Il s'adosse à un mur pour reprendre son souffle et tente de faire cesser les images de violence qui seront encore floues dans son esprit, mais qui bientôt seront beaucoup plus nettes. Les cris, les sons qui accompagnent ces images lui parviennent indistinctement, déformés. Il devine que ce sont des voix d'enfants. En prison, il ne les entendait pas, mais de nouveau en liberté elles reviennent.
Il est en sueur malgré le froid vif de janvier et a parfois du mal à se repérer. La nuit le surprend sur l'avenue des Champs-Elysées. Lécuyer a l'impression d'être dans un tunnel de lumière et de bruit qui l'étourdit. Il trouve une entrée de métro et finit par rentrer chez lui, littéralement épuisé. Il sait que ses vieux démons sont de retour. Ils sont là, tapis en silence, planqués dans les recoins de son cerveau. Dans l'attente. Mais qui le pousseront comme avant. Il les a déjà entendus chuchoter, il sait que bientôt ils lui parleront plus fort. Quand il est occupé, il ne les entend pas trop et arrive à les faire taire. Assis sur son lit, il prend sa boîte de magie et pendant une partie de la nuit va s'amuser ou s'entraîner, il ne sait pas trop. Il se couche tout habillé.....

Dans sa tête, c'est devenu un véritable carnage. Les démons s'y sont définitivement installés et poussent Lécuyer à agir. Ils parlent haut et fort. Il ne les a plus repoussés et n'en a plus peur. Il sait que l'inéluctable est de nouveau en marche, ce n'est qu'une question de jours ou de semaines et d'opportunité.
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Si Arnaud Lécuyer pouvait penser calmement, il inscrirait cette journée comme la pire depuis sa sortie de prison. En termes de dépit, de rage et de frustration. Elle avait pourtant bien commencé. Le gosse : le genre de petit garçon qui le faisait fantasmer. La proie : facile et personne autour. Les lieux : comme ceux qu'il a toujours recherchés. Mais pourquoi cette espèce de clodo est-il venu tout foutre en l'air ? Journée gâchée. Mais, confusément et sans oser se l'avouer, Lécuyer s'en veut. Il est allé trop vite. Pas de préparation. Trop d'impulsion. Il se cherche aussi des excuses. Il ne comprend pas pourquoi les démons l'ont poussé à agir si vite.
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Contrairement aux prisons américaines, il n'y a pas de réfectoire dans les prisons françaises. Pas de scène d'émeute, pas de chahut, pas d'objet que l'on frappe sur les tables. La surpopulation et la promiscuité sont bien suffisantes pour alimenter les tensions. Les taulards prennent leurs repas en cellule. Seule une dizaine de détenus sont aux fourneaux, et d'autres transportent les plateaux-repas par chariot vers les cellules sous la surveillance d'un gardien. Rituel immuable où les hommes attendent en gueulant qu'il y en a marre de bouffer de la merde. Ca fait partie de l'ambiance.
La prison est le lieu clos où s'exerce une violence quotidienne inimaginable, ponctuée d'intimidation, de bagarres, de vols, de viols, de meurtres sur fond de drogue. Sexe, drogue, sans rock'n roll. Avoir un couteau ou tout autre objet remplissant les mêmes fonctions peut valoir à son détenteur le mitard, mais aussi une assurance-vie. Donc, entre le mitard et l'assurance-vie, les taulards ont vite choisi. Promenade. Le petit homme est dans la cour accroupi contre un mur. Impassible. Les autres détenus passent à côté de lui comme s'il n'existait pas. Ils jouent au foot, courent, hurlent, échafaudent des plans, s'échangent des puces de téléphones portables. Perdu dans son monde de violence et dans son chaos cérébral, il ne laisse rien paraître de son agitation intérieure. Tout ce qu'il souhaite, c'est être invisible, gris comme les murs d'enceinte, et silencieux. De ce point de vue, il a gagné.
Le dîner est fini, les cuisines sont nettoyées. Réintégration des cellules. Enfin seul. Il est tranquille dans ces neuf mètres carrés, quand la règle, due à la surpopulation carcérale, est six pour à peu près la même surface. C'est un des rares détenus de la centrale à être seul dans une cellule. Il sait pourquoi, et c'est ce souvenir qui le fait agir. Normalement, cette histoire sera bientôt terminée. Allongé sur son lit, il attend que les surveillants fassent leur ronde, regardent au travers des judas et éteignent les lumières. Dans toutes les cellules il y a des télévisions, sauf dans la sienne. Il n'est pas puni, il n'en veut pas. Les types laissent parfois fonctionner leur télé toute la nuit, avec une prédilection pour les programmes faisant la part belle aux femmes dénudées. Ca rend encore plus dingues les détenus, et oblige certains autres à subir et vivre le restant de la nuit comme un calvaire.
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Le petit homme a réussi à tromper le psychiatre de la prison. Il ne lui a raconté que des âneries que l’autre recopiait doctement sur un grand cahier. La force de Lécuyer, c’est sa mémoire. Jamais pris en défaut. Il s’était construit un personnage de mec banal dès sa première rencontre avec le psy et il avait continué au fil des entretiens à approfondir ce personnage. Le psy lui posait des questions sur ce qu’il avait dit un ou deux mois auparavant, et le petit homme répondait calmement de sa voix sourde. Jamais pris en défaut. Il s’était inventé une autre famille, une autre enfance, et il la faisait coller avec son nouveau personnage. Parfois dans sa cellule avant de s’endormir, il se laissait emporter vers sa nouvelle famille, et le matin à son réveil il avait du mal à se rappeler qui il était. Il lui fallait une ou deux minutes pour atterrir. Le psy, et Lécuyer l’avait vu venir de loin, tentait de retrouver dans les conversations le pourquoi et le comment de l’agression et du viol de la grand-mère. Le petit bonhomme s’en donnait à cœur joie. Jubilation intense complètement dissimulée. Il écartait les bras, les paumes des mains tournées vers le ciel, plus que jamais petit homme gris et transparent, des yeux de chien battu, les jambes serrées.
— J’aimerais bien le savoir, merci de m’aider docteur, ça me fait tellement de bien, murmurait-il.
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Vidéo de Jean-Marc Souvira
À eux sept, ils ont lu environ 700 livres cette année. Si chacun et chacune d'eux ne devait en retenir qu'un, lequel choisiraient-ils ? Dans ce nouvel épisode, nos libraires Mathilde, Rozenn, Nolwenn, Laure, Marie, Nicolas et Annaïk vous proposent de découvrir leurs très grands coups de coeur, les livres qui les ont le plus marqués cette année. Une liste riche et variée, à retrouver ci-dessous : - Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin-Defour (éd. Stock) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22014305-son-odeur-apres-la-pluie-cedric-sapin-defour-stock ; - le Médecin de Cape Town, de E. J. Levy (éd. de l'Olivier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21913524-le-medecin-de-cape-town-ellen-j-levy-editions-de-l-olivier ; - Triste tigre, de Neige Sinno (éd. P.O.L) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22451110-triste-tigre-neige-sinno-p-o-l ; - MURmur, de Caroline Deyns (éd. Quidam) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22528485-murmur-caroline-deyns-quidam ; - Yellowface, de Rebecca F. Kuang (éd. William Morrow) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22342784-yellowface-r-f-kuang-william-morrow ; - Monica, de Daniel Clowes (éd. Delcourt) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23005381-one-shot-la-bibliotheque-de-daniel-clowes-mo--daniel-clowes-delcourt ; - La Porte du vent, de Jean-Marc Souvira (éd. Fleuve noir) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21712680-la-porte-du-vent-jean-marc-souvira-fleuve-editions.
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