On est bien loin des aventures de
Maigret avec ce court roman plein de légèreté. C'est avec beaucoup d'humour et peut-être une petite pointe de misogynie (de l'époque) que
Simenon raconte cet instant décisif dans la famille aux sept filles.
Guillaume Adelin, descendant-d'un-proche-de-Guillaume-le-Conquérant-s'il-vous-plait, peine à rembourser la dette qu'il a contractée auprès d'un ancien boucher, pour payer la maison familiale : c'est que sept filles, ça coûte cher, d'autant que la mère, qui a a un peu perdu la tête, dépense à tort et à travers. Donc lorsque la fille numéro cinq amène un beau jeune homme, bon parti, à la maison pour une présentation officielle, la maison et la famille semblent sauves, mais le jeune homme est désagréablement surpris de comprendre qu'il est un « fiancé » lorsqu'il ne venait qu'en ami. N'osant avouer ce quiproquo, la situation va rapidement empirer avec ces personnages de théâtre et ces gamines capricieuse.
La fiancé s'éloigne un peu ? La fille numéro trois s'en rapproche et le pique à sa cadette ! Disparue avec lui pendant deux jours, le drame et le scandale manquent d'exploser, tandis que le créancier des Adelin propose un marché avec la plus jeune (16 ans et demi) mais aussi la plus fine (normale, c'est la septième, chiffre magique en littérature!) : il lui propose d'effacer la dette de son père si elle accepte de se marier avec lui, un vieillard. Elle y réfléchit bien sérieusement, désireuse de sauver sa famille, lorsque la révélation se fait : le fiancé n'était pas là pour sa soeur, mais pour elle ! Ni une, ni deux, elle l'amène à avouer son amour pour elle, en fait son fiancé officiel, au nez et à la barbe de ses frangines, sauve la maison et évite un odieux marché. Ouf !
Ah ! La France des années 1940 ! Cette époque bénie où les relations hommes-femmes devaient suivre un code strict de bonne conduite et dans laquelle une femme n'est rien si elle n'est pas mariée à vingt-cinq ans, ce qui amène, dans ce roman, les filles à rivaliser d'ingéniosité et de mesquinerie pour obtenir un époux dare-dare ! Lecture sympathique mais sans plus.