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sur 491 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
* Jeux de miroirs *

Sarah, Susanne et l'écrivain est un jeu de miroirs où l'on se perd allègrement. C'est une conversation entre deux personnes: Sarah et l'écrivain.
L'écrivain lui raconte des pans du roman qu'il est en train d'écrire sur sa vie à elle. Elle précise, dissèque, se récrimine mais surtout confond sa vie à celle de Susanne, son moi de papier.
Un paragraphe commence par Sarah, se termine en Susanne. Sont-ce les enfants de l'une, de l'autre. Eric Reinhardt s'amuse à nous promener et à nous perdre dans son palais des glaces. L'écriture est fraîche, amusante, surprenante.

Pourquoi trois étoiles alors ?

Parce que j'ai vraiment du mal avec l'héroïne (Non, je ne suis pas en cure de désintox !).
Notre Sarah/Susanne a une chouette petite vie le cul dans le beurre. Architecte de profession, elle a arrêté de travailler suite à un cancer pour lequel elle est en rémission. Elle est artiste, elle installe ses oeuvres dans le grand jardin de sa belle maison. Tout va relativement bien dans son couple et avec les enfants.
Un jour, elle découvre que dans son acte notarié, la maison appartient à 75% à son mari et à 25% à elle (ne pas se rendre compte des actes juridiques que tu signes si tu n'as pas ton bac ok, ca peut passer, mais pour une architecte, vraiment ???). Elle demande donc à son mari de changer cet état de fait, il ne le fait pas (mais qu'est-ce qui a poussé cette répartition, on ne le sait pas). Son mari a le besoin de s'isoler d'elle le plus souvent possible. Il va dans la cave, 10 minutes, 30 minutes, une heure, des heures, une nuit.

Notre Sarah/Suzanne tombe aussi amoureuse... d'un tableau vu chez un antiquaire. A 2000/1800/1600 elle ne se précipite pas pour l'acheter, mais une fois qu'il est vendu, elle va le rechercher à 10.000. Bravo Sarah/Suzanne.

Et là elle prend une autre décision, elle va 'éloigner de son mari pour jouer le forcing du 50/50. Elle loue un appartement (alors qu'elle n'a pas de revenus, précisons-le), installe son tableau, et annonce ça à son mari entre la poire et le fromage. Elle s'éloigne et lui se sent quitté.

Sarah/Suzanne tombe alors dans une spirale infernale où chaque décision prise est loin d'être la meilleure ou la plus logique ou simplement de bon sens. Une spirale qui va la rendre folle.. et qui moi n'a ennuyée profondément.

En résumé, la construction de ce roman est excellente mais il aurait pu certainement gagner en consistance avec une histoire plus crédible et une héroïne moins stupide (et c'est un euphémisme).

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Sarah, qui éprouve une lassitude dans son couple, prend contact avec un écrivain qu'elle apprécie, afin qu'il s'inspire de sa vie pour écrire un roman. Dans celui-ci, elle se dénommera Suzanne.
Alternent dans le livre des passages consacrés aux histoires des deux femmes, des histoires proches mais présentant néanmoins, pour que cela fonctionne sur le plan littéraire, de légères différences et variations. le procédé de la mise en abyme, qui rappelle celui de L'amour et les forêts, est particulièrement efficient ici. Construit, autour de trois plans, celui de l'écrivain et de Sarah, ceux de Sarah et de Suzanne, il donne du relief et de la profondeur, organise la narration dans un subtil jeu de miroirs, et propose une réflexion sur la création artistique, sur le regard, sur le fait de voir et de se faire voir, sur la "pulsion scopique".
Car les deux protagonistes partagent un même intérêt pour la création artistique ; l'une ex-architecte crée de fabuleuses installations-jeux de lumière dans son jardin, l'autre dessine, s'essaye à la littérature, et se prend de passion pour un tableau religieux dans lequel elle s'absorbe totalement, et qu'elle absorbera d'ailleurs.
L'insatisfaction éprouvée par Sarah dans la relation avec son mari est le point de départ. Elle se sent délaissée, réalise qu'elle n'est pas propriétaire de leur maison à parité avec lui, et souhaite prendre de la distance pendant un certain temps pour remettre les choses à plat et le faire réfléchir. Hélas, les évènements ne prennent pas cette tournure et le piège se referme sur les deux femmes qui n'ont pas voulu voir la réalité en face, ont développé peu d'autonomie et se sont bercées d'illusions.
Réussi sur le plan formel, ce roman qui fourmille d'idées ingénieuses mais également d'invraisemblances, et dont le traitement de la thématique des relations conjugales toxiques est superficiel, me laisse, au final, assez dubitative.

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Le prétexte d'une rémission de cancer du sein est-il une raison suffisante pour entrainer autant de péripéties dans une vie de femme ?

Je répondrai à cette question en fin de billet. Commençons par l'histoire et l'écriture.

Le décor du livre est une méli-mélo qui permet à l'écrivain d'appuyer ses dires entre les faits et les sentiments traversés tantôt par l'héroïne du roman, tantôt par ceux de la femme qui est à l'origine du roman. On flotte ainsi, et assez judicieusement pour brouiller régulièrement les pistes au lecteur, entre Sarah (disons l'authentique) et Susanne sa jumelle (disons, l'héroïne de roman).
Elles ont 44 ans toutes les deux, sont françaises mais pas localisées dans la même région, sont mariées et ont deux enfants. L'une est architecte, l'autre généalogiste, le mari est quant à lui avocat fiscaliste. La dernière donnée est d'autant plus intéressante qu'on verra que la découverte que l'héroïne va faire, est à l'origine de la décision qui va entrainer une multitudes de bouleversements et découvertes.
Quelques temps après la sortie du traitement de son cancer, Sarah/Susanne découvre effectivement que son mari détient, en gros et pour faire simple, 75% des capitaux acquis durant leur mariage. Elle n'a que peu de choix et décide d'agir ; elle choisit l'éloignement dans une maison un peu singulière.
Et c'est partie pour Reinhardt, il peut laisser voguer le roman. Il s'amuse à prendre des décisions à la place de ses héroïnes ; sont-elles crédibles ? Chaque lecteur jugera.
La fin mérite tout de même qu'on s'y cramponne. La preuve, je l'ai avalé en moins de deux jours.

L'écriture de Reinhardt est bien au rendez-vous, rien à en dire de neuf par rapport à ses précédents romans. Les thèmes sont très actuels et dans l'esprit du temps comme toujours chez Reinhardt. le style en est un, c'est le sien. La langue est parfois un peu difficile mais accessible à tout un chacun.

J'en arrive à la réponse à ma question posée en début de billet. Elle est franche et directe : je ne le pense pas.
Qu'Eric Reinhardt ait croisé une femme ayant vécu un gros chamboulement à la sortie du tunnel qu'est le traitement d'un cancer, ça je le conçois. Qu'il aime à nous montrer qu'il apprécie la gente féminine, ça aussi je l'entends. Mais qu'il y mette autant d'artifices pour le mettre sous l'objet d'une rémission de cancer dans un roman, je ne suis pas certaine que beaucoup de femmes ayant traversé une telle épreuve adhèrent à ce livre. C'est un thème très bouleversant.
Pourquoi autant de doutes de ma part ? Peut-être simplement parce que j'ai fréquenté, pendant de très nombreuses années, des services dans lesquels on soignait ces femmes. Peut-être parce que j'ai été tellement touchée par leurs émotions, que je n'en suis pas encore assez remise. Et peut-être que, de fait, je ne suis pas la plus à même à garder assez de recul pour une appréciation sereine.
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En ouvrant Sarah, Susanne et l'écrivain, je me suis dit comme c'est agréable de lire un livre sans chichis qui parle de nous, dans un langage simple.

« Sarah lui demanda comment il imaginait Susanne Stadler, puisque c'était le nom qu'il avait choisi. Qui est cette femme, finalement ? lui demanda-t-elle ». (Incipit)

Le début est prometteur sauf qu'après ça traine en longueur. Je suis sur le point de refermer le livre quand un rebondissement inattendu surgit, et puis la narration, à nouveau, traine en longueur avant un nouveau rebondissement et la chute finale majestueuse.

Ce style trainant apparait comme nécessaire pour nous mettre dans l'ambiance, pour que subrepticement on se rende compte comment une situation banale peut dériver vers une situation surréaliste, où on va perdre pied, on ne saura plus qui est Susanne, qui est l'écrivain, qui est Sarah. En même temps que les personnages, le lecteur va s'enliser dans un no man's land aux conséquences dramatiques.

Sarah a quarante-quatre ans. Elle contacte par Facebook un écrivain, sans grand espoir, pour lui demander de raconter son histoire. A sa grande surprise, l'écrivain lui répond qu'il est d'accord.

Sarah est représentée par Susanne Sonneur, mariée au Comte de Manerville (son prénom n'est pas précisé), mère de Paloma (21ans) et Luigi (17ans) – prénoms d'emprunt -. Son domicile est un appartement cossu, place du Président-Wilson à Dijon (c'est l'écrivain qui a choisi la ville).

Dans le premier chapitre, l'écrivain plante le décor. C'est une famille bourgeoise, visiblement heureuse, qui s'apprête à acheter une maison sauf que Sarah développe un cancer du sein et tout va être chamboulé.

Le roman va se construire sous nos yeux avec le témoignage de Sarah, l'adaptation de l'écrivain qui transpose Sarah en Susanne, en consultant souvent l'intéressée pour lui demander son accord. Nous assistons non seulement à leurs conversations mais aussi à leurs pensées.

À partir de l'histoire d'une femme bourgeoise ordinaire, Sarah, qui pêche par excès de naïveté, et qui probablement sans l'élément déclencheur du cancer ne se serait jamais aperçue du cynisme de son mari, l'écrivain va créer Susanne, le double.

C'est un ménage à trois romanesque, un écrivain oscille entre son modèle réel et son personnage, et les trois entités se diluent dans un faisceau thématique qui questionne la notion de réalité, qui représente la fiction et ses projections, à travers l'art, les choix existentiels, les aléas de la vie… Sarah est architecte et artiste plasticienne. Susanne est généalogiste et écrivaine malheureuse. Susanne, contrairement à Sarah ose affronter son mari. Sarah, Susanne et l'écrivain ont tous les trois eu la possibilité dans le passé de modifier leurs destins.

« […] Susanne, à l'inverse de son mari, accordait une importance considérable à la lumière […]. Elle apportait un soin extrême à la disposition des sources lumineuses. C'était primordial, comme si chaque pièce était une scène de théâtre et qu'elle devait en régler les éclairages en fonction du climat qu'elle souhaitait y créer, de la luminosité requise et de l'humeur du moment. Il était d'ailleurs troublant, elle s'en rendait compte seulement aujourd'hui, à Longvic, en réfléchissant à l'aménagement de son appartement, que le « texte dramatique » tout comme la « cellule d'habitation » soient désignés par un seul et même mot, le mot « pièce », comme quoi ». (p.150)

« À partir de ce jour, Sarah revint chaque soir se cacher derrière le tronc. Sa propre vie se déroulait sous ses yeux comme sur un écran de cinéma, mais elle n'avait pas la possibilité de s'immiscer dans les images pour infléchir la narration. Elle était condamnée à la fonction de spectatrice. Sa vie était devenue une fiction écrite par d'autres, une fiction où des personnages qu'elle ne connaissait pas n'arrêtaient pas d'apparaître, dont elle était privée des dialogues ». (p.215)

« Sa propre vie, dans ce silence, n'était qu'une vie d'emprunt, de la même façon que les garagistes vous prêtent un véhicule pendant que le vôtre est en réparation ». (p.237)

Sarah, Susanne et l'écrivain m'a conduit à modifier mon profil. Je me suis aperçue que le mot « intimiste » ne correspondait à ce que je recherchais en littérature. Voici un extrait de ma nouvelle présentation : « J'aime les livres qui me surprennent, qui me font plonger dans un monde inconnu, avec des personnages qui s'imposent à moi comme des êtres vivants ».

Sarah ne s'est pas éveillée à la vie devant mes yeux. Elle est restée un être de papier animé en Susanne par le discours nombriliste de l'écrivain. Je me répète mais ce livre est trop cérébral pour moi, ce qui n'empêche que je salue la construction brillante avec ce jeu de miroirs, la profondeur de la réflexion et les belles références à des oeuvres artistiques. Ce livre m'a impacté au point de regarder dans la foulée le film "l'amour et les forêts". Eric Reinhardt est un maître dans le traitement de l'emprise.
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Si je doute qu'on puisse avoir vécu sans avoir lu « Cent ans de solitude » ou « le choix de Sophie », faire l'impasse sur « Sarah, Suzanne et l'écrivain » ne vous laissera aucun regret.
Le pitch ? Un écrivain dialogue avec le modèle de l'héroïne de son roman (Sarah) tout en narrant l'histoire de cette héroïne (Suzanne) qui, elle-même, est écrivaine. Vous suivez ? Je n'ai pas compris l'intérêt de croiser les récits de Sarah et de Suzanne. Ça n'apporte rien si ce n'est la confusion, une impression diffuse d'écriture diluée, d'un récit qui s'étire jusqu'à l'ennui.
Il fallait se concentrer sur le drame de Suzanne, sur sa fascination pour un tableau figurant la claustration (grosse symbolique) qui donne au livre son intérêt (très beau chapitre 10). le personnage de Suzanne dont la bouffée délirante arrive trop vite pour être crédible. Dommage, parce que son évocation est puissante tout comme son séjour en HP, d'une grande justesse.
Quant à l'écrivain, on a franchi un palier dans l'autofiction. Ce trio masturbatoire sert l'ego d'Éric Reinhardt qui, en mode making-of (ex : pages 98, 130, 194, 234, 270…), étale ses états d'âme d'homme vieillissant (tyrannie du désir, fragilité du couple, sens de la famille, remises en question). Ça m'a barbée, exaspérée, car il est présomptueux d'élever la banalité du quotidien en art majeur, persuadé que la mise en abyme vous absoudra. L'expression « se regarder écrire » n'a jamais été aussi pertinente.
À l'instar de Foenkinos, cette anomalie de la collection blanche, Éric Reinhardt cherche trop l'inspiration dans le reflet de son miroir. Il n'en avait pas besoin. Sarah, sa muse, lui suffisait. Lui donner un rôle n'avait qu'à seul intérêt, être adulé par son fan club : « Éric, à l'écoute de ses lectrices. Éric, le sauveur des coeurs meurtris ». Beurk.
Les jurés du Goncourt auront peut-être la faiblesse (Gallimard oblige) de récompenser cet ouvrage à qui il manque la cohérence. Déprime.
Bilan : 🔪
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N°1839 – Février 2024.

Sarah, Suzanne et l'écrivain – Eric Reinhardt – Gallimard.

Sarah, architecte, deux enfants, mariée depuis vingt ans est en pleine crise de la quarantaine. de plus on vient de lui découvrir un cancer du sein et elle est en rémission. Elle se sent délaissée par son mari qui s'isole dans une cave de la maison. Elle veut se recentrer sur elle-même, vend ses parts dans le cabinet qu'elle possède et veut devenir sculpteur. Jusqu'à présent elle ne portait pas d'intérêt à l'argent mais elle s'aperçoit que son mari possède la majorité dans le patrimoine familial à son détriment . Il y a explications, promesses de réajustement de la part de son mari, mais rien ne change. Elle décide donc de vivre ailleurs pour provoquer une réaction qui là aussi se retourne contre elle, ses enfants étant adolescents. Sarah s'aperçoit que son départ l'a fait sortir de la vie de cette famille aussi sûrement que si elle était morte de son cancer. Consciente qu'elle n'est plus à sa place dans ce microcosme, elle confie donc l'histoire de sa vie à un écrivain qu'elle apprécie et qui la fait devenir Suzanne, une femme de papier un peu différente d'elle mais qui est en réalité son double. Cette dernière se heurte aux éditeurs qui refusent le manuscrit de son roman ce qui est pour l'écrivain une manière de mêler sa propre vie et de jouer de son côté sa propre partition créatrice se mêlant à ce chassé-croisé entre la fiction et la réalité. Par un jeu de miroirs, le texte passe de Sarah à Suzanne, révélant le travail de création de l'écrivain, un étrange triangle qui est cependant un peu perturbant pour le lecteur qui peut s'y perdre. J'ai personnellement déploré certaines longueurs et ressenti une désagréable impression de décousu par l'absence de transitions entre le personnages des deux femmes .
Cette construction est originale non seulement avec la technique de mise en abyme mais également avec ce jeu entre réalité et imaginaire qui semble avoir déjà été employé par lui précédemment. J'ai lu ce roman comme celui de l'usure des choses, dans le mariage en particulier quand on prend conscience, le délire amoureux passé, du vrai visage de son conjoint. La lassitude qui en résulte peut s'avérer désastreuse ou s'inscrire dans l'indifférence avec la préservation de ses intérêts personnels et la recherche individuelle d'un centre d'intérêt pour se protéger ou se libérer des contraintes conjugales. C'est une forme de fuite assez inévitable après des années de vie commune. Sarah veut contraindre son mari à changer de comportement face aux violences psychologiques qu'il lui inflige mais je ne suis pas bien sûr que la solution imaginée par Sarah soit une thérapie efficace puisqu'elle l'approche des rive de la folie.L'épilogue m'a un peu rassuré.
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Après son divorce, Sarah écrit à un écrivain qu'elle admire pour lui proposer de raconter son histoire. C'est ainsi que naît Suzanne, le double narratif de Sarah. Un roman sur l'emprise amoureuse, la fascination artistique et la violence psychologique, qui joue à perdre le lecteur dans un jeu de miroir et de faux-semblants, mais qui, en multipliant les allers-retour, se met à ronronner, manque d'une étincelle de subversion et d'intensité et n'arrive jamais vraiment à émouvoir.
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A 45 ans, Sarah décide de quitter momentanément le domicile conjugal pour créer un électrochoc chez son mari qu'elle aime mais qui la délaisse un peu et ne tient pas ses engagements.
Mais le résultat de ce départ ne va pas du tout engendrer ce qu'elle espérait.
Elle contacte alors un écrivain pour qu'il raconte son histoire, mais sous un autre nom qui sera Suzanne.
J'ai un avis très partagé sur ce livre.
Le sujet, qui m'avait semblé saugrenu au départ, se révèle finalement intéressant.
Sarah, Suzanne, on ne sait d'ailleurs parfois pas de qui il s'agit, elles s'entremêlent dans des lieux et des contextes différents.
Ce qui m'a finalement dérangé, c'est quand l'auteur écrit avec emphase, une écriture que je trouve prétentieuse.
Et pourtant, c'est bien écrit, on ne peut pas dire.
Globalement, c'est donc une lecture plutôt positive, bien qu'un peu longue (j'ai failli plusieurs fois abandonner), qui tourne en rond, et qui m'a finalement plus agacée que séduite.
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Depuis quelques temps déjà, Eric Reinhardt ausculte la vie des couples confrontés à un événement difficile qui remet en question le quotidien et la routine patiemment construite. C'était ainsi Nicolas face au cancer de sa femme Mathilde dans "La Chambre des époux", roman en partie autobiographique ; ou encore Bénédicte Ombredanne confronté à un mari violent psychologiquement dans "L'Amour et les forêts", récemment porté à l'écran de façon convaincante par Valérie Donzelli. Ici, dans Sarah, Susanne et l'écrivain, Eric Reinhardt prend un certain plaisir à utiliser les tropismes de quelques-uns de ces précédents livres.

Notre héroïne s'appelle Sarah, ou alors Susanne, on ne sait plus bien. L'auteur prend le pari de dédoubler son intrigue. D'un côté celle de Sarah, qui serait vraie et aurait valeur de témoignage, mère de deux enfants venue trouver l'écrivain pour conter son incroyable destin. de l'autre, celle de Susanne, histoire romancée de la vie de Sarah (« Vous m'aviez prévenue, il y aurait des variations, vous inventeriez des scènes et des péripéties, Susanne ne serait pas Sarah mais une sorte de double ou de soeur jumelle. Une héroïne à la Janus bifrons : d'un côté de sa tête, mon visage, de l'autre, celui de Susanne. »). Au début du roman, Susanne découvre qu'elle a un cancer. Entièrement remise de sa maladie, elle ne peut s'empêcher de se poser des questions sur le sens à donner à sa vie, et sur la relation qu'elle entretien avec son mari, bien que parfaitement heureuse dans son couple. Ne supportant plus les fréquents séjours de son mari à la cave, et découvrant qu'elle ne possède qu'un quart de la maison familiale, Susanne décide d'aller vivre ailleurs pour quelques temps afin de faire réagir son mari.

Histoire en elle-même passionnante (la descente aux enfers d'une femme persuadée que sa décision va conduire à un heureux dénouement), la réflexion autour du dédoublement de l'héroïne Sarah/Susanne ne m'a que moyennement convaincus, tant le procédé semble ici artificiel. le dialogue entre Sarah et l'écrivain peut paraît redondant, et l'exercice de style type khâgne n'apporte finalement que peu de profondeur à ce qui est raconté (libre à chacun de s'interroger, lorsqu'il lit un roman, sur la part du réel). On s'interroge également sur la dichotomie réalisée par l'écrivain : la femme semble pure, et le mari représentant le mal. Mais au fur et à mesure de l'avancement de l'intrigue, l'absence de révolte de Sarah/Susanne face à une situation intenable questionne : sans avoir besoin de relire La Boétie, c'est ici la servitude volontaire qui est mise en avant. Sarah/Susanne accepte passivement sa situation, nous conduisant à éprouver moins d'empathie pour l'héroïne. Si le roman convainc en partie, c'est avant tout par la si belle langue d'Eric Reinhardt, toujours là, aux phrases classiques sculptées précisément.
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03.11.2023 #63eme

Depuis que j'ai commencé ce roman « Sarah, Suzanne et l'écrivain » je me répète que c'est peut être le futur Goncourt… Eric REINHARDT fait effectivement partie des quatre finalistes.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire mais une fois embarquée j'avais hâte de connaître la fin 😱

Sarah a eu le courage de contacter via fb un célèbre écrivain pour lui proposer de raconter la singulière histoire qu'elle vient de vivre.

Mariée, heureuse avec son mari depuis deux décennies maman de deux grands enfants, un métier d'archi idéal, elle apprend furtivement qu'elle n'est propriétaire de leur appartement qu'à 25 %. Cela pourrait être un détail mais c'est en fait une étincelle ! Ils n'ont pas de compte commun. Elle assume tous les frais de la famille pendant que lui s'occupe des Pret et des enrichissements immobiliers. Trouvant cela injuste, elle pose un ultimatum pour qu'il régularise la situation. En attendant, elle part du foyer conjugal, quelques temps pour réfléchir et loue un petit appart (minable) pour qu'il réagisse. Mais la situation se retourne contre elle…

L'écrivain va s'approprier cette histoire étrange avec ce qu'il a lui même vécu et nous allons partir dans une bizarroïde adaptation où Sarah devient Suzanne…. Et des étranges dialogues s'instaurent entre Sarah et l'écrivain.

Quelle sera l'issue de cette étrange parenthèse que s'octroie Sarah ? Comment réagiront son mari et Ses enfants ?
Je m'attendais à un bain de sang où Sarah occire sa famille mais il n'en est rien (ok je spoile) et j'ai adoré ce happy end !…
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