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EAN : 9782378801311
409 pages
L' Iconoclaste (10/06/2020)
4.26/5   29 notes
Résumé :
Ils sont au coeur de notre économie de l'urgence, qui sont-ils ? Ce sont des errants perpétuels. On les voit en file sur les autoroutes et les nationales, stationnés sur les aires de repos, on les double sur les autoroutes. Les routiers, aux commandes de leurs poids lourds, font partie du paysage. Souvent on les considère comme des pollueurs, des gêneurs, voire de potentiels tueurs. Mais que sait-on d'eux ? De leurs conditions de travail et de leur vie sur les route... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
88% du transport des marchandises se fait par la route et nous venons de mesurer, à l'aune de la crise de la COVID-19, l'engagement vital des routiers.
Ayant rencontré récemment un des leurs et lui demandant si son image avait récemment gagné en respectabilité, il me répondit : "L'état de grâce n'a duré que 15 jours". Sa répartie est ainsi proche des propos du livre "Routiers" qui affirme qu' "ils sont indispensables à l'économie mais se sentent méprisés".

Jean-Claude Raspiengeas a fait un travail approfondi de journaliste.
Il alterne ainsi quatre reportages in vivo dans la cabine des 44 tonnes de Bruno, Pierre, Stivelle et Annick, avec des analyses : sur la pression de la mondialisation du flux tendu des livraisons, sur la progression exponentielle du e-commerce qui "agit comme un gigantesque aspirateur à camions qu'il recrache sur les routes, avec des chauffeurs cadenassés par l'impératif de l'urgence", sur la désaffection du métier par les jeunes "privés de la jouissance de se croire encore capitaine de cargo ", sur la traçabilité par des puces placées jusque dans les pneus qui géolocalisent la présence et le parcours des hommes, leur donnant l'impression de porter un bracelet électronique. Il chapitre également les courses de camions, l'évolution des véhicules en termes de réduction de la pollution et de sécurisation, les restaurants routiers...

Il rappelle qu'il y eut une époque faste pour les routiers, celle où les mots convivialité, entraide, liberté, autonomie avaient du sens. Ils étaient à l'antenne de R.T.L. tous les soirs avec Max Meynier et son émission dont l'intitulé était clair : "Les routiers sont sympa", mais ça c'était avant !

On mesure comment un bouchon ou un retard de chargement ou de déchargement du poids lourd peut entraîner un retard qui impactera leur timing serré, bousculant les obligations de pause et d'amplitude de conduite, avec pour conséquence fâcheuse le fait de devoir passer le week-end sur un parking. Cela explique aussi les véhicules garés “à l'arrache” le long des routes par obligation à l'extrême de prendre sa pause obligatoire.

Les routiers sont souvent traités d'assassins de la route, de pollueurs. La récente crise sanitaire a mis en lumière l'importance vitale du rôle des premiers de corvée, puisse ce livre contribuer à mieux comprendre qu'ils sont victimes d'un système qui aboutit à des comportements erratiques.

C'est un travail journalistique richement documenté. On notera le soin apporté à l'édition avec quelques phrases illustrées de photos graphiques, des encarts comme ceux sur le magazine "Les routiers" ou sur le mythe Berliet, des épigraphes pertinentes...

Ce livre, démarré en janvier 2019, a été actualisé suite au confinement.Il constitue une véritable observation sociologique des "forçats du bitume" qui les sort de l'invisibilité, de la déconsidération ou du rejet.

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« Au fil des années, alors que diminuaient sensiblement les distances à parcourir, un certain malaise a gagné les cabines. La traçabilité de leur présence et de leur parcours, par la géolocalisation de leurs camions hyper-connectés, étouffe de plus en plus les routiers, déjà privés de leurs escapades internationales. Ils se croyaient libres ; ils ne le sont plus vraiment. Ils se sentent traqués, fliqués, comme avec un bracelet électronique. En liberté surveillée. Patrons et clients les pistent, suivent leur progression, notent sur-le-champ le moindre écart inexplicable ou imprévu, exigeant une explication immédiate, solide et convaincante. Une multitude de sociétés et d'applications se disputent d'ailleurs ce marché de la traçabilité. »

J'ai eu envie d'en savoir plus sur l'évolution du monde du transport routier. Je me doutais bien que beaucoup de changements étaient intervenus depuis les années 1970, décennie pendant laquelle officiait sur les ondes de RTL un certain Max Meynier avec son émission mythique « Les routiers sont sympas ». Son audience dépassait de beaucoup le public visé en priorité et était devenue une sorte de phénomène de société.

J'ai été plutôt horrifié par ce que j'ai lu dans cet essai… Soumis à une concurrence totalement déloyale, les transporteurs opérant en France, avec des règles de droit françaises, ne parviennent que difficilement à se maintenir… Et de toute façon les grandes contraintes qu'ils subissent ont amené une grande crise du recrutement dans ce secteur. Être routier ne fait plus rêver. A noter aussi le faible taux de féminisation de ce métier, alors que les techniques d'aujourd'hui ne nécessitent plus l'usage d'une force physique importante.

Jean-Claude Raspiengeas, un journaliste dont j'apprécie le ton mesuré et la force de conviction, notamment pendant ses participations à l'émission de France-Inter « le masque et la plume », ne noircit pas le tableau, il est vrai déjà bien sombre. Son état des lieux décrit un monde impitoyable où le simple respect humain est devenu une denrée bien rare. Comme dans tant d'autres secteurs de notre société, serais-je tenté d'ajouter.

Il dresse quatre portraits de conducteurs et conductrices, deux hommes et deux femmes, des personnes attachantes qu'il suit pendant quelques jours. Il aborde aussi tous les aspects du « folklore » routier, son histoire. Et pour l'avenir, les pistes sont ouvertes.

Il est certain que le transport routier, en forte croissance tant les besoins sont devenus immenses (e-commerce, commerce à flux tendu), ne sera pas détrôné par le ferroutage en revanche en grande perte de vitesse. Les constructeurs travaillent beaucoup sur des transports autonomes ou semi-autonomes, à l'image de ce convoi dont seul le camion de tête est occupé par un chauffeur, qui pilote aussi les autres véhicules qui le suivent de près.

Si vous vous intéressez au sujet, même seulement un peu comme moi, ce livre passionnant et sans concessions est à connaître.
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Je vous parle aujourd'hui de Routiers, par le journaliste Jean-Claude Raspiengeas. Dans le cadre de son travail pour La Croix, il a publié dans un premier temps une série d'articles sur ce métier à la fois méconnu, méprisé, et ô combien utile. Une fois immergé dans ce milieu, cela lui donne l'idée d'explorer davantage ce thème et d'en faire un ouvrage qui permet de mieux les connaître, et qui est hyper intéressant (même si j'avoue avoir un peu flanché sur les derniers chapitres).

Même si comme moi vous n'êtes ni technique, ni mécanique, tout est abordable dans les explications de l'auteur. Les témoignages d'hommes et de femmes qui lui ont accordé leur confiance et qui l'ont autorisé à les suivre pendant une semaine, alternent avec des analyses sur des points précis (la logistique notamment), ou encore des points historiques passionnants sur ceux qui ont de tous temps travaillé sur la route, avant même l'existence du camion.

On se rend compte du nombre de tâches à abattre par jour, de la surveillance permanente de leur temps, et de la déshumanisation totale du métier, y compris dans la relation à d'autres métiers souvent peu considérés, comme les caristes ou les personnes qui travaillent dans les entrepôts livrés. Tout n'est que dédain, cadence infernale, individualisme poussé à l'extrême.

Ce qui retient le plus mon attention, c'est celle que l'auteur porte à leur santé. En effet, ces "nomades sédentaires" comme il les appelle, sont bien plus sujets à des maladies chroniques, problèmes cardiaques et obésité par exemple. Par ailleurs, le rythme du lundi au vendredi (quand ils peuvent être chez eux le vendredi soir, ce qui n'est pas toujours possible...) ne leur permet pas vraiment d'aller voir un médecin ou passer un examen.

Je retiens également l'accueil lamentable qui leur a été réservé pendant le confinement, car on leur doit beaucoup, les balbutiements pour essayer de rendre leurs conditions de travail plus optimales y compris sur le plan ergonomique, les bouleversements écologiques qui les attendent, et le dumping social très souvent pratiqué, avec des patrons qui tirent toujours les salaires vers le bas...Bref, un récit à lire!
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Le livre alterne entre des récits personnels de routiers et des explications éclairantes sur le fonctionnement de l'industrie et du monde du transport routier. Cette approche permet aux lecteurs d'établir un lien émotionnel avec les individus dont ils lisent l'histoire tout en acquérant des connaissances sur le contexte plus large.

L'un des aspects les plus forts de "Routiers" est la voix donnée aux routiers eux-mêmes. Leurs témoignages directs offrent une perspective précieuse sur les défis, les joies et les réalités de leur profession souvent méconnue. En leur donnant la parole, Raspiengeas humanise l'industrie et met en lumière les histoires souvent non racontées des personnes qui font tourner les roues de notre société. le livre étant écrit en 2020, il donne aussi un nouvel aperçu des conditions de travail de ces personnes sans qui le monde ne tournerait plus de la même manière.

En conclusion, "Routiers" est un livre bien écrit et informatif qui offre une compréhension approfondie d'un monde souvent caché. En combinant des récits personnels avec des explications pertinentes, Raspiengeas donne vie au monde des routiers et met en évidence leur rôle essentiel dans notre vie quotidienne.
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« L'univers des routiers, que l'on croit figé dans son folklore et dans ses traditions, fait l'objet d'une mutation considérable. »
Dès la dédicace s'annonce une économie de mots et une revalorisation de leurs sens
« A mon père qui connaît la route et le chemin. »
Une chronique heure par heure du travail essentiel d'hommes et de femmes, forçats du bitume, alterne avec des rappels historiques, des prospectives, pointe les évolutions des organisations, des technologies, des comportements humains, avec une empathie sans pathos.
« Un grand fabricant de phares trouve un slogan revigorant : « Cibié, c'est la nuit qu'il faut croire à la lumière ».
Le responsable de la rubrique culture du journal « La Croix » cite de nombreux ouvrages sans nous éblouir de ses phares :
« Dans mon travail, je ne vois pas beaucoup de sourires et je ne dois pas en faire beaucoup, pas même à moi. Tant mieux. Personne n'a envie de lever les yeux et de voir un camionneur sourire. » James Anderson.
Il fouille un sujet qui concerne tant de professions :
« Que s'est-il passé, entre des décennies de respect pour ce métier ingrat qui pourtant faisait rêver, et le mépris d'aujourd'hui ? Pourquoi le lien de confiance établi et conforté avec ces missionnaires de la route s'est-il brisé ? Et pourquoi ce métier n'attire-t-il plus ? »
Le temps de Max Meynier et ses routiers sympas aux initiatives grandioses est passé, les préoccupations environnementales, les mutations numériques, logistiques amènent à penser à des véhicules sans personne.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout va trop vite, maintenant. L'exigence du "tout, tout de suite", poussée par l'impatience des consommateurs, conduit à prendre des risques sur la route et pose de sérieux problèmes de sécurité.
Cette pression se répercute sur les négociations commerciales. "Les clients jouent sur la concurrence et tirent les prix au plus bas, avec pour conséquence de pratiquer une forme d'esclavage en faisant trimer pour une misère des chauffeurs étrangers."
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Passé le round d'observation pour dissiper la méfiance que provoque la présence d'un journaliste dans leur cercle, les routiers commencent à me raconter leur vie, loin de chez eux, enfermés dans leur cabine, prisonniers d'une perpétuelle urgence. Un mot revient toujours dans la conversation, écho d'un souffrance que je sens ravalée : le mépris...Le regard porté sur eux.
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Quand la machine se relancera, les routiers seront plus que jamais la courroie de transmission indispensable. On pourra toujours, et on le devra, plancher sur de réelles solutions alternatives, se promettre ou tenter de rompre avec le stakhanovisme ambiant, inventer d’autres voies que “l’économisme” comme finalité ultime.
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L'envers du décor est peu reluisant. Le groupe belge Jost, domicilié au Luxembourg, a été officiellement confondu pour "dumping social caractérisé, traite des êtres humains et fraude sociale."
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Vidéo de Jean-Claude Raspiengeas
Jean-François Colosimo vous présente son ouvrage "Occident, ennemi mondial n°1" aux éditions Albin Michel. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3041671/jean-francois-colosimo-occident-ennemi-mondial-n-1
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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