Dans une société d'ultra-consommation où s'opposent deux visions, l'une, des producteurs et marchands de biens, qui promeut le bonheur à travers l'achat et l'appropriation toujours plus massive et l'autre, qui appelle à la décroissance, à un ascétisme quasi-total et nous culpabilise, ce livre propose une approche médiane, modérée et bienveillante.
L'autrice nous livre des explications à nos comportements de consommateurs sans jamais culpabiliser le lecteur, offre une méthode claire et bien découpée à mettre en oeuvre, avec un objectif premier de bien-être individuel. Elle nous invite à repenser notre rapport à l'objet en vue d'améliorer notre quotidien, non pas en recherchant ce qu'il nous manque, mais en nous accompagnant vers un recentrage sur ce qui est essentiel, pas pour nous en contenter mais pour en apprécier sa juste valeur.
L'organisation du livre est didactique et le propos est exposé avec simplicité. La lecture est fluide et se déroule tout naturellement. Néanmoins, certaines répétitions d'idées et d'explications créent une lourdeur par moment et donnent la sensation de ne pas avancer. La troisième partie de « synthèse » aurait mérité quelques allégements sur son début avec des propos qui sont redondants avec ceux tenus en fin de partie 2 notamment. C'est aussi une partie qui prône vraiment son concept de manière appuyée et avec un esprit de positivité un peu lourde, si on est d'une nature sceptique comme la mienne ( !). Toutefois, l'élargissement de l'application de
l'Ecologie d'Intérieur à des thématiques immatérielles présente un vrai intérêt et amène des réflexions utiles.
Le visuel de l'ouvrage est agréable avec des nuances claires, de nombreuses photos (qui ont un petit côté « publicité Ikéa » parfois !) et une présentation du texte aérée.
Si je n'adhère pas à l'ensemble du concept, à toutes les explications, et objectifs attendus, j'en retire de bonnes idées, des pistes à creuser et de la matière à réflexion. En cela, c'est une lecture qui m'a apporté quelque chose puisqu'elle a créé du questionnement chez moi.
Je retiens également l'objectif premier de cette méthode qui vise à notre bien-être, comme moteur du changement, et ayant des externalités positives sur notre planète et notre portefeuille. J'ai apprécié la franchise de l'autrice sur nos « bas instincts », notre recherche naturelle du plaisir et d'en faire des outils pour amorcer et soutenir le changement. L'idée n'est pas de « nous » changer individuellement et de lutter contre notre nature, mais d'utiliser nos faiblesses, de les contourner ou détourner pour modifier durablement nos comportements, le tout sans en souffrir.
Au final, ce livre porte sur un concept, auquel l'autrice croit et souhaite nous convaincre de son bien-fondé, ce qui pourra contrarier ceux qui n'y adhéreront pas. En gardant l'esprit ouvert mais critique, le recul nécessaire vis-à-vis de ce genre d'ouvrage, c'est une lecture plaisante et dont on ressort avec quelques petits trucs en plus pour certains, un nouvel art de consommer et de vivre pour d'autres.
Masse Critique Non-fiction février 2023