J'adore les somptueuses aquarelles d'
Alessandro Pignocchi, particulièrement celles où il met en scène ses mignonnes petites mésanges, punk et subversives en diable, lorsqu'elles se proposent – entre autres – d'aller « casser la gueule aux flics » (p. 15) ou « mettent la pression » sur
Nicolas Hulot pour qu'il réécrive son discours à l'Assemblée Nationale (p. 6).
On peut rêver, et c'est ce dont l'auteur ne se prive pas en nous proposant avec ironie un monde parallèle où un anthropologue jivaro se met en quête de documenter et comprendre – non sans difficulté – les spécificités culturelles et les coutumes alimentaires des peuplades du monde occidental. Ou, sur son blog (http://puntish.blogspot.com/), des versions actualisées du « Sous-préfet aux champs ».
Avant de se consacrer à la BD,
Alessandro Pignocchi a travaillé comme chercheur en sciences cognitives et philosophie de l'art. En fin d'ouvrage, un texte un peu théorique, inspiré des thèses de l'anthropologue
Philippe Descola, défend l'idée que nous devons « apprendre à voir les non-humains comme des sujets, c'est-à-dire comme des être dotés d'une forme d'intériorité, d'un point de vue et de motivations propres ». (p. 114)
Je ne résiste pas, pour conclure, au plaisir de retranscrire le beau texte qui figure en exergue du premier chapitre (« L'année du triton »).
« Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevée par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur. » (
Nicolas Bouvier –
L'usage du monde)