Dans l'essai de
Régine Pernoud, l'amour qui unit
Héloïse et Abélard n'est traité qu'a minima. Nulle trace de débordement affectif, de liaisons passionnées.
L'essayiste raconte de manière plutôt factuelle l'amour du maître et de son élève.
De la rencontre et de l'union des deux naîtront : un enfant (Pierre Astrolabe), l'ire et la vengeance de l'oncle d'Héloïse à l'égard d'Abélard (qui sera castré), la vie monastique de ces deux êtres épris l'un de l'autre.
L'auteur replace les faits dans ce contexte médiéval : la naissance d'enfants nés hors-mariage n'entraîne pas l'éloignement de l'enfant comme cela arrivera des siècles plus tard ; l'enfant concerné vit au domicile paternel avec ses autres frères et soeurs. La vie monacale n'est pas une vie de reclus comme on peut la connaître de nos jours. Il y a une libre circulation et l'accès est ouvert sur la ville et à "tous".
Le livre de
Régine Pernoud n'est pas consacré uniquement à l'amour de cet homme et de cette femme mais aussi et surtout à ce que disait Abélard au sujet de la Trinité. Ceci lui valut d'être vilipendé par deux de ses contemporains et d'être condamné. Fort heureusement, grâce à Thibaud de Champagne qui l'accueillit sur ses terres, Abélard fonda l'école du Paraclet avant d'être appelé en Bretagne, contrée qui souhaita l'accueillir .
Abélard s'opposera à
Bernard de Clairvaux mais ils seront réconciliés par l'abbé de Citeaux et Abélard trouvera refuge à Cluny à la fin de sa vie.
La dernière partie donne voix à Héloïse dont on sait qu'elle n'avait que faire du mariage proposé par Abélard pour "réparer" la faute qu'ils avaient commise. Toutefois ils se marièrent et eurent une vie monacale par la suite. Héloïse demandera à Abélard de composer des hymnes et d'édicter une règle pour l'oratoire du Paraclet confié à Héloïse et ses soeurs, sans territoire. Héloïse est abesse et femme d'Abélard devant Dieu.
A la toute fin du récit, lorsque la mort d'Abélard a lieu, on apprend qu'Héloïse demandera le corps d'Abélard à l'abbé de Cluny afin de l'enterrer au Paraclet.
Héloïse reçoit une lettre de l'abbé de Cluny, passage le plus émouvant du récit :
"Celui auquel vous avez été unie par le lien de la chair, ensuite par le lien plus solide et plus fort de l'amour divin, celui avec lequel et sous celui-là, dis-je, Dieu le réchauffe aujourd'hui dans son sein à votre place ou plutôt comme un autre vous-même. Et au jour de la venue du Seigneur, à la voix de l'Archange, au son de la trompette annonçant le souverian Juge descendant des cieux, il vous le rendra par sa grâce, il vous le réserve".