"La bd c'est avoir un point de vue" nous dit
Gaétan Nocq. Dans ce précieux
Octopolis, le dessinateur nous offre de magnifiques vues mais aussi et surtout un regard sensible, original et profond sur le thème de la disparition.
Mona l'héroïne apprend au début du récit la disparition de son père avec lequel elle s'est brouillée il y a 7 ans. Elle trouve dans son appartement un ara au bec évocateur et un fichier d'ordinateur baptisé
Octopolis. Ces traces vont-elles suffire à la mettre sur la piste de son père, paléontologue expert des espèces... disparues ?
"Un scénario c'est comme un dessin" dit encore
Gaétan Nocq qui signe celui-ci. "On commence par les grandes lignes et puis on détaille, on développe, on creuse." Avec l'intrigue qu'il livre et le noeud qu'il dévoile au compte-gouttes, on plonge dans les fonds marins par l'image mais aussi par le texte, étudié et épuré. "Il faut du silence pour contempler l'invisible" explique un personnage.
Deux récits s'entrelacent et comme deux voix alternent : celle de Mona et celle des scientifiques qui croisent son chemin. La quête du père appelle les découvertes, de la galerie de l'évolution - qui nous accueille - à Clipperton, l'atoll français du Pacifique Sud en passant par la calanque de Niolon. Certains lecteurs pourrraient flotter entre deux eaux. Pour ma part, je me suis laissé pénètrer.
Le dessin - plume et acrylique- fait parler l'eau et la matière et rappelle à la vie la mémoire et l'empreinte graphique des fonds marins. C'est superbe et immersif, d'une beauté vertigineuse. le lecteur profite de tout le travail amont de
Gaétan Nocq, qui repère, observe et dessine sur place force carnets à la main. L'album livre en annexe des extraits de ces carnets.
Octopolis nous plonge dans nos origines, nous met dans la peau de personnages actuels et nous fait voir les fonds marins comme si on y était. Un réel qui fait voyager et réfléchir aussi : qui de la collaboration ou de la prédation pour guider la survie et l'évolution du vivant ?