Charlotte Perriand mérite vraiment d'être connue et c'est pourquoi après avoir été voir l'exposition « le monde nouveau de charlotte Perriand » à la fondation Vuitton et lu le très beau livre de
Laure Adler, j'ai choisi la fiction pour entrer dans son univers, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa disparition.
Virginie Mouzat a écrit un journal fictif plutôt qu'une biographie ou un récit pour raconter la vie trépidante et active de cette femme qui est d'abord une inventrice.
Généreuse, Charlotte Perriand veut exercer le métier d'architecte pour le bien de tous et être l'une parmi d'autres qui se met au service du plus grand nombre. Ce n'est pour elle ni un statut social ni un titre mais un devoir. C'est pour cela qu'elle va travailler au 35 rue de Sèvres dans l'atelier de le Corbusier durant dix ans. Parfois on se demande pourquoi elle admire tant
Le Corbusier. D'ailleurs elle se pose elle-même la question lorsqu'elle reçoit des lettres montrant son indélicatesse et sa misogynie. Il pense que l'aménagement intérieur est une chose de femme, un art mineur en quelques sortes. Charlotte Perriand a un autre point de vue, elle pense qu'il y a l'art du créateur qui est singulier mais que l'art d'habiter est universel.
Elle possède une approche concrète, voire matérialiste du devenir du monde, un monde où l'urbanisme rendrait moins lourdes les servitudes du travail, tout en respectant le corps sans asservir l'esprit.
Ce journal tourne beaucoup autour de ses amis artistes, Fernand Léger, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé, Picasso, Calder, Miro,
Dora Maar ou
Sonia Delaunay... et donne beaucoup de places à son voyage au Japon et en Indochine où elle se marie (pour la deuxième fois) avec Jacques avec qui elle a une fille, la petite Pernette qui prend une grande place dans sa vie.
Je regrette pourtant le manque de précisions sur son engagement politique et surtout sur le projet de construction des Arcs 1600 et 1800 sur lequel elle a travaillé durant 20 ans, à peine ébauchée dans son journal, ce qui est surprenant.
Mais ce qui me semble essentiel c'est que
Virginie Mouzat montre que Charlotte Perriand est probablement l'une des premières à défendre l'idée de diversité culturelle qui enrichit le patrimoine mondial au lieu de le réduire.