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4,1

sur 985 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà encore un livre paru lors de la déferlante de cette rentrée littéraire. Pourtant, doté de très nombreuses qualités, il mériterait d'être mis plus en lumière. Alors que son résumé m'avait laissé un peu dubitative quant à mon appréciation ou non de l'histoire, j'ai été happée et envoûtée dès les premières pages.

Inspirée d'un fait réel, cette histoire a été fabuleusement bien écrite par Kiran Millwood Hargrave, âgée d'à peine 30 ans. le pan historique est bien présent où on apprend beaucoup sur la vie au XVIIème siècle, à l'extrême nord de l'Europe et notamment, sur le peuple des samis, très peu connu.

L'auteure s'est basée sur une tragédie historique, cette terrible tempête qui eut lieu à quelques jours de Noël 1617, emportant et causant la mort de près de 40 hommes. Ces pêcheurs composaient le village de Vardø, près du cercle polaire. La perte d'un si grand nombre des hommes impose aux femmes de ce village de prendre leur destin en main.

Kiran Millwood Hargrave parvient en quelques mots à faire ressentir la rigueur et la rudesse de cette vie à l'extrême nord de notre continent. Alors que la vie au cours du XVII ème siècle était déjà loin d'être facile, au vu de la carence de toutes les commodités que nous connaissons actuellement, le froid glacial, l'absence de la plupart des végétaux et animaux font de Vardø un endroit austère où la vie s'égrenait lentement, encore plus lors des très longues nuits hivernales.

Un autre thème abordé est celui de la prédominance de la religion à cette époque, où toute autre croyance était considérée comme impie et pouvait mener rapidement au bûcher, après un procès fantoche. C'est ainsi que j'ai appris que les Lapons étaient alors considérés comme des hérétiques par le pouvoir et dont, de nombreux furent brûlés vifs après maintes tortures pour faits de sorcellerie. Aujourd'hui, où des guerres de religions sont encore malheureusement actuelles, le parallèle peut être aisément fait et notamment, par cette volonté d'instaurer une croyance unique par n'importe quel moyen.

La manière immersive dont l'auteure décrit à la fois le quotidien mais aussi la brutalité de la météo fait que j'ai eu moi-même l'impression de me retrouver dans cet endroit boueux, éloigné de tout. Les protagonistes sont forts, tous comme les sentiments qui y sont partagés et développés. La tension est palpable et monte crescendo.

Je pourrais vainement essayer de trouver des éléments qui m'auraient moins plus dans ce livre, mais je n'en ai aucune envie. Selon moi, ce livre est une pépite comme on n'en lit pas tous les jours. Une fois terminé, c'est un vrai coup de blues qui m'a parcouru de devoir y laisser ses paysages, ses personnages, cette vie éprouvante mais si vraie.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture, enrichissante par les découvertes que vous y ferez sûrement comme moi mais aussi pour la beauté du récit et le talent de cette jeune auteure à tenir à l'oeil.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de L'Actu Littéraire 2020.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Quitter sa soeur chérie, quitter son père, quitter sa ville, Bergen, et suivre un homme inconnu et qui pourtant est devenu votre mari. Endurer chaque nuit les assauts de cet homme froid et qui s'avérera cruel et inhumain. le suivre tout au nord, dans une île inhospitalière, à Ardø où ne vivent quasi que des femmes, veuves, orphelines, à la suite de la grande tempête.
Trouver l'amitié sur cette île mais aussi l'intolérance religieuse, la bêtise, la méchanceté.
Nous sommes dans les années 1617-1620, et c'est de faits réels que s'inspire l'auteure (grande tempête et procès en sorcellerie déclenchés par le seigneur Cunningham) pour nous faire vivre au plus près du quotidien de ces gens.

J'ai beaucoup aimé cette histoire mêlant différents points de vue féminins : après tout, c'est toujours les hommes qui ont écrit l'Histoire, et ici, on touche vraiment la sensibilité féminine. Comment les femmes de l'île ont dû survivre après la tempête, seules, en se raccrochant aux plus fortes, celles qui ont osé prendre la mer pour pêcher, celles qui ont pris des décisions ; comment elles ont accueilli un pasteur ; comment elles ont dû aussi accepter le « délégué » du seigneur et sa jeune épouse. Et puis aussi comment cette jeune épouse a dû s'adapter à son maitre (c'est le seul mot qui me vient à l'esprit) et à ces femmes toutes différentes.

Histoire d'amitié, de liens profonds, histoire de religions, de coutumes que la religion chrétienne veut bafouer, histoire des Samis, histoire de la Norvège, histoire de femmes toujours soumises, histoire de femmes indépendantes et par là-même harcelées…et graciées ?
Glacial et magnifique.
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Coup de coeur pour ce roman de tragédies sur une île à l'extrémité nord-est de la Norvège du 17e siècle.

Une toute petite bourgade qui vit frugalement de pêche et de rennes d'élevage, aux confins du pays Sami. Une tempête soudaine emporte les pêcheurs, les pères, les maris ou les fiancés. Les femmes sont graciées, épargnées par les éléments. Mais encore faut-il survivre à l'hiver, se nourrir, sans pouvoir compter sur les ressources de leurs hommes.

Si le malheur oblige à se serrer les coudes et apporte une solidarité entre les femmes, il n'efface pas les inimitiés et les jalousies. Et dans la douleur extrême, les coeurs à vifs peuvent perdre toute raison et dresser les unes contre les autres.

Le village sera encore frappé par le destin lorsqu'un « délégué » du roi viendra y habiter avec pour mission d'y trouver des sorcières. L'épouse qu'il s'est procurée à Bergen découvrira avec stupeur cette île lointaine et nouera des liens avec les femmes , mais ne pourra pas changer les ambitions de son mari.

Un roman bouleversant, où grâce à la magie de l'écriture de l'auteure, les personnages prennent vie devant nos yeux et partagent leurs tourments. le contexte historique rappelle qu'il n'y a pas que les catholiques qui ont eu leur Inquisition, les tortures de la folie religieuse ont existé ailleurs. Et la persécution se double ici d'une tentative de génocide du peuple Sami.

(Et pour faire un lien avec le présent, face à la pandémie, on n'élève pas de bûcher pour châtier les coupables, on a juste des réseaux sociaux qui cherchent des complots ou s'enflamment pour pourfendre les voyageurs imprudents…)

Une bien belle lecture, mais douloureuse, car il n'est pas facile de vivre tous ces deuils.
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Gros coup de coeur pour ce roman au sein d'un village de Norvège qui a perdu la majorité de ses hommes lors d'une tempête en mer.
Les différents entre les femmes vont se développer et l'arrivée d'un délégué nommé par le roi pour faire régner les doctrines catholiques ne va rien arranger. Surtout que parmi elles, se trouve une Sami. En pleine chasse aux sorcières, les langues se délient.
Pourtant une belle amitié prendra naissance dans cet atmosphère de peur.
Très bien écrit, les portraits de femmes sont forts. On est imprégné dans les paysages et on tremble avec les protagonistes.
A lire absolument !
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En 1617, sur la petite île de Vardo, dans le nord est de la Norvège, au delà du cercle polaire, une tempête terrible décime les pêcheurs sortis en mer. Quarante seront retrouvés noyés, parmi eux, le frère, le père et le fiancé de Maren. le village ne compte plus que des femmes dès lors. Ursula, vit à Bergen dans le sud de la Norvège, son père qui connaît des revers de fortune, lui arrange un mariage avec un dignitaire écossais, Absalon Cornet, mandaté par le roi Christian lV, pour faire la chasse aux sorcières dans le nord de la Norvège où vivent les Samis. En effet ceux ci sont animistes, le roi veut qu'ils abandonnent leurs rites païens et adoptent la religion protestante. Ceux qui refusent sont pourchassés et accusés de sorcellerie. A. Cornet et sa jeune épouse Ursula arrivent à Vardo après un long voyage en mer, pour s'installer dans ce village perdu, isolé, battu par les vents, aride où il n'y a rien, dans une misérable cabane en bois, ancien hangar à bateaux. Pendant que Absalon s'attelle à sa tâche avec zèle, Ursula, désemparée se lie d'amitié avec Maren qui est subjuguée par la délicate jeune femme et ses vêtements raffinés. Celle ci va lui apprendre les rudiments pour tenir son foyer dans le grand nord et devenir une véritable amie.
Sous la pression du pasteur et des dignitaires, les femmes de Vardo qui vivaient libres et sans maris doivent rejoindre les rangs des bigotes à l'église ou risquer d'être dénoncées comme sorcières. Les règlements de comptes personnels vont bon train.
Ce roman passionnant est extrêmement bien documenté sur la vie dans le grand nord au, dix-septième siècle. L'écriture est fluide, précise. L'auteur s'appuie sur des faits réels, elle a su mêler habilement faits historiques et fiction romancée pour faire un roman qui se lit comme un page turner.
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Kiran Millwood Hargrave, voilà un nom à retenir ! Un vrai COUP DE COEUR pour ce livre âpre, rugueux comme les mains de Maren, qui m'a laissé pantelante sur le sol gelé d'une île de Norvège, Vardø.
Un récit féministe et romanesque tiré d'un fait historique ; lors d'une terrible tempête la veille de Noël 1617 presque tous les hommes d'un village sont emportés par la mer. Ce récit est passionnant, il nous fait découvrir la rudesse de la vie au-delà du cercle polaire, la vie bourgeoise à Bergen, la traque des Samis (plus connus chez nous sous le nom de Lapons) et le rejet de leur religion chamanique, la terrible chasse aux sorcières qui va se mettre en place et ravager la Norvège pendant de nombreuses années.
L'écriture précise, sans fioritures, prend à la gorge, bouleverse, renverse.
Un dépaysement total, violent, qui secoue, nous arrache à notre petite vie tranquille et douillette avec eau chaude, chauffage, couette et confort à volonté ! et pourtant quel regret de devoir se séparer de ces personnages si forts (mais bon mon réveil indique déjà 2h30 du matin).
Si vous avez aimé ce livre, je vous recommande la lecture d'Un bucher sous la neige de Susan Fletcher, situé à la même époque en Ecosse. Au-delà du thème des sorcières, ces livres ont en commun une grande force d'écriture et nous immergent totalement dans la vie des héroïnes et laissent le lecteur soufflé, étourdi.
En tout cas, j'attends le prochain opus de cette auteure de pied ferme, et je vous invite à la découvrir au plus vite !
En conclusion, la postface de l'auteure « Cette histoire raconte les gens et la manière dont ils ont vécu -avant qu'ils ne soient uniquement définis par les raisons et les conditions de leur mort. »

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Ce que j'ai ressenti:

« Deux raisons m'amènent à vous écrire. »

La première, étant pour vous dire que j'ai écouté le vent. Il m'a ramené un peu d'air froid, un peu d'Histoire et d'horreur. Il m'a parlé de la souffrance des femmes, d'une tempête effroyable qui a frappée l'île de Vardø et d'une baleine fantôme…J'ai senti à travers son souffle, la valeur de l'amitié, l'union forte des familles, les prémisses de l'amour, les douleurs du deuil, les soupirs des enfants, les cris des mères, les pleurs des épouses…Il dessine à ses heures perdues, des runes protectrices pour Les Graciées, car la mer leur a tout pris, alors il a fallu qu'elles survivent, qu'elles s'adaptent, parfois même, qu'elles s'émancipent. Et c'est là, le drame. Parce que certains n'ont pas vu ça, d'un bon oeil, ils en avaient décidé autrement, alors ils ont sorti le mot qui aller les condamner. Sorcières.

Ce qui m'amène à vous évoquer la deuxième raison parce que les mots du vent, par contre, ne connaissent pas le fanatisme, l'obscurantisme, la condition féminine, les conséquences de la pauvreté, les rumeurs de dissidence, les ravages de la poursuite du pouvoir…Le vent ramène juste les corps sans vie, une écoeurante odeur de brûlé, l'amer goût du sang…Alors peut-être, que si je vous expliquais que les hommes sont parfois, fous, violents et aveuglés par des idées sombres, alors peut-être comprendriez-vous, la tragédie qui s'est jouée en Norvège en l'an 1617…Mais il n'empêche que les faits ont eu lieu, que la volonté de détruire, d'exterminer, d'éradiquer de ceux-là, a bel et bien été exaucée.

Je vous écris donc, pour vous expliquer que j'ai eu le coeur serré, que la douleur de ces femmes face à la rudesse du climat m'a profondément émue, que j'ai été transportée par cette histoire puissante. Je vous écris pour me rappeler, que le vent caresse et ébranle, que les cauchemars prennent vie parfois, que les baleines sont des présages…Je vous écris pour vous dévoiler un coup de coeur, entre deux respirations profondes…

« Respire bien fort! »


Lien : https://fairystelphique.word..
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Un roman âpre et violent sur un fait historique qui s'est déroulé sur l'île de Vardø au XVIIème siècle : la chasse aux sorcières !

Lors d'une tempête mémorable tous les hommes partis à la pêche sont morts en même temps sous les yeux des femmes du village ! Quelques années plus tard le roi envoie Absalom Cornet afin d'amener les lapons dans le giron de l'église et faire la chasse à ceux qui donnent du crédit à leur chamanisme !

Les dissensions apparues parmi les villageoises vont amener certaines à en dénoncer d'autres comme sorcières. Elles seront arrêtées, torturées, exécutées par cet écossais qui s'en était fait une spécialité !

Tout le temps de la lecture j'ai eu l'impression de vivre dans le froid, le brouillard, la boue, la crasse ; de subir les ressentiments et les haines mais aussi l'amitié et l'entraide ! L'écriture décrit les horreurs quotidiennes comme les extraordinaires mais d'une façon que j'ai trouvé digne et pudique. Les mots ne choquent pas, ce sont les faits qui le font.

L'auteure a su donner une réelle vie à ses personnages sans tomber dans l'excès surtout en ce qui concerne les chasseurs de sorcières qui prenaient un certain plaisir à dominer. J'ai énormément aimé ce livre qui fait connaître cette région très éloignée de nous et de son Histoire torturée. Malgré les manques de communications, il apparaît que la chasse aux sorcières était une règle sur l'Europe tout comme l'Inquisition qui va lui succéder.

Je le recommande vivement !

#LesGraciées #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2020
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1617, Vardø, au nord du cercle polaire, en Norvège 🇳.
Une tempête terrible s'abat sur la mer Arctique, emportant presque tous les hommes d'un village.
Les femmes vont se retrouver livrées à elles-mêmes dans un environnement hostile, condamnées à survivre.
Trois ans plus tard, le roi nomme un délégué sur l'île, en la personne d'Absalom Cornet, un Écossais très pieux, qui voit d'un très mauvais oeil cette communauté de femmes «fortes » et autonomes, qu'ils pensent être «possédées » par un puissant démon.
Il va littéralement ouvrir une chasse aux «coupables » de cette tempête.
Cornet est accompagné de sa jeune épouse, Ursa, fille d'un armateur de Bergen. Elle craint ce mari autoritaire et va se lier d'amitié avec Maren, une jeune femme du village, courageuse et indépendante.

Ce roman m'a littéralement dépaysée, une histoire d'amour et de résistance, poignante et captivante.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture sobre et envoûtante de cette jeune auteure anglaise, que je découvre ici. Kiran Millwood Hargrave s'est inspirée de faits réels.
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Voilà un roman âpre et oppressant porté par un souffle romanesque intense, un coup de coeur, une lecture qui me hante encore quelques jours après sa fin, me laissant aux prises avec le malaise diffus qu'elle a su propager en même temps que sa beauté étrange et sa brutalité.
Sang et sel. Coups et blessures d'une histoire glaçante inspirée d'un fait réel.

1617. Confins de la Norvège.
Pelotonnée sous sa maigre couverture, Maren rêve.
Songe d'une baleine s'échouant sur la grève à laquelle la jeune fille s'accroche comme si sa vie en dépendait, d'une baleine que les hommes soudain viennent dépecer avant même sa mise à mort. Vision du regard vitreux de l'animal supplicié se noyant dans celui, plus éperdu encore, de la frêle jeune fille.
Maren rêve pendant qu'au large de son île, l'île de Vardo, la tempête se lève, éclate et engloutit soudain les hommes du village partis pêcher. Aucun n'en réchappera.
Après les pleurs et la sidération, les femmes n'ont d'autres choix que celui de se débrouiller seules pour vivre, survivre même. Il faut réparer les maisons que la tempête a détruites, sortir les bateaux pour pêcher, saler la viande de renne, tanner le peau de ces derniers et faire des couvertures de leurs fourrures. Rien n'est simple, pourtant les femmes s'en sortent tant bien que mal dans cette cage à ciel ouvert, cernée par l'eau et la glace. Elles auraient pu couler des jours presque paisibles si le roi Christian II ne s'était pas lancé à corps perdu dans une croisade contre la sorcellerie condamnant pêle-mêle les femmes qui sortiraient du droit chemin et les Sami, peuple autochtone, riches de traditions chamaniques, de conversations avec le vent et de mélopées lancinantes destinées à accompagner les défunts dans l'autre monde. Sur l'île, les rituels "païens" se mêlent à la foi chrétienne avec plus ou moins de remous. Deux clans se forment bientôt: celui des femmes confites en dévotion contre celui des libres-penseuses, que leur carcan étouffe. Maren est du second, d'autant plus résolument que sa belle-soeur est sami.
A des kilomètres de là, Ursa s'apprête à quitter les siens pour épouser un austère pasteur, Absalom Cornet. Ce dernier, chasseur de sorcières déclaré et dévoré par une foi aussi brûlante que fanatique, va mener sa toute jeune épouse jusqu'à Vardo.
Lentement mais sûrement le piège se referme comme un étau sur les prisonnières mais elles ne le savent pas encore.
L'air va venir à manquer et les bûchers se dressent, écrasants.

"Les Graciées" est un remarquable roman historique doublé d'une très belle et émouvante histoire d'amour, d'autant plus bouleversant qu'inspiré, comme écrit plus haut, d'un fait avéré. La narration est en elle-même un tour de force: tendue, subtile, elle distille son poison lentement, insidieusement, araignée tissant sa toile, jusqu'au point de non-retour, jusqu'à la suffocation. On est happé, piégé à l'instar de Maren, d'Ursa et de Dinna; capturé, ravi par cette atmosphère âpre, angoissante qui a fini par me terroriser et me faire mal au ventre.
En outre, il met en scène de très beaux personnages féminins, puissants et romanesques auxquels on s'attache, ce qui décuple le sentiment d'empathie éprouvé à la lecture de ce texte sensuel et d'une poésie un peu sauvage. A titre personnel, j'ai eu un faible marqué pour Ursa qui est pour moi le personnage le plus abouti du roman, le plus complexe, le moins manichéen et le plus réaliste sans aucun doute.
Il faut encore évoquer le féminisme qui nimbe le texte, cet arrière plan historique fascinant quoiqu'inquiétant pour parachever le tableau des Graciées dont on pardonne aisément un certain manichéisme tant ses qualités dépassent ce défaut et subliment ce qu'il a à dire.

Un grand et beau roman, dans la veine des meilleurs ouvrages de Tracy Chevalier (en ce qui me concerne, ils sont trois à pouvoir concourir dans cette catégorie) en plus intense, à lire pour les amateurs de romans historiques, pour les cinéphiles qui auraient été bouleversés par la fascinante adaptation de "The Crucible" par Nicholas Hytner en 1996, pour les rebelles et les idéalistes, pour les amateurs d'amours impossibles, pour les féministes et les autres aussi, pour les amateurs de boxe et de côtes sauvages, pour et en mémoire de tous ceux qui ont un jour péri sur le bûcher du fanatisme et de l'intolérance.

Uppercut pour lecture hallucinée, parole de sorcière.









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