Quatrième
Peter May à mon actif, et le plus décevant-ou le moins emballant, comme on voudra- des quatre.
Bien sûr, j'ai retrouvé la veine gaélique et ces embruns sur le kilt qui m'avaient tant plu dans la trilogie de Lewis. Mais le barde des Hébrides a tenté d'ajouter de nouvelles cordes à sa harpe- ou de nouveaux embouts à sa cornemuse?- et c'est un peu laborieux.
On navigue entre polar, récit d'un "nervous breakdown" cogné, et roman historique.
Qui trop embrasse...
Le polar, d'abord : une enquête post mortem est diligentée après un crime sauvage qui semble signé par la jalousie-une épouse abandonnée serait la coupable désignée-. le crime a eu lieu dans une île perdue des Madeleines, au Québec, mais une île essentiellement peuplée des descendants de migrants écossais pas toujours volontaires car- voici la dimension historique- les îles de Harris et Lewis, comme l'Irlande, ont connu au XIX siècle, la Famine de la Pomme de Terre...et l'expulsion manu militari des crève- la-faim misérables qui les habitaient par les propriétaires de ces îles les a gentiment envoyés dans ces iles de la Madeleine se faire cuire un oeuf'avec les Inuits...
Tous ces québécois parlent donc souvent anglais, et même gaélique: la police canadienne envoie donc en mission un flic haddock.. euh, pardon, ad hoc!.
Mais celui-ci, , écossais de Lewis émigré au Québec, est en pleine crise conjugale, ne dort plus, et entre deux nausées et trois insomnies, "voyage" tout éveillé entre deux époques, deux zones insulaires perdues et battues par les vents, tandis que les personnages de son enquête se confondent avec ceux de son lointain passé familial!
C'était un sujet ambitieux! Toutes ces surimpressions de temps, de sentiments, d'identités demandaient du doigté... on ne croit guère à ce journal de l'ancêtre, perdu et retrouvé, à ces boucles temporelles matérialisées par des bijoux en cornaline...
L'enquête est laborieuse, et la résurgence du passé dans le présent peu crédible.
Reste un regret: celui du beau roman historique qui aurait pu être écrit, si, négligeant le prétexte du polar, on avait suivi la vie mouvementée et tragique d'un de ces migrants involontaires, de son île gaélique aux lointaines îles canadiennes..
Mais ceci, disait l'ami
Kipling, est une autre histoire..
J'aime toujours autant la mer, les îles, le vent des Hébrides ou des Madeleines, mais je n'ai pas été convaincue par ce livre un peu noyé dans son vaste propos..