Un roman-récit qui est très touchant.
Michela Marzano va devenir tata et va se questionner sur sa propre vie, elle n'a pas d'enfant, c'est un choix. Elle va alors se questionner sur son existence mais aussi sur sa famille. Elle va découvrir que l'un des prénoms de son père est Benito, le prénom de Mussolini. Est ce un hasard ??
Son père est un homme de gauche qui a élevé ses enfants avec des principes. Elle a été elle même une élue, députée mais s'est retirée de la politique pour devenir universitaire.
Elle va aussi se questionner sur le passé de son grand père, elle a hérité de la maison de famille et des archives familiales sont dans la cave de cousins. Elle sait que son grand père était un magistrat respecté, il était monarchiste et avait exercé des années 20 aux années 60. Son père lui a peu raconté du passé familial.
Elle décide alors de faire des recherches dans les archives familiales (les fameux cartons chez les cousins, des photos d'albums, des boîtes avec des médailles). Mais aussi des recherches historiques, dans les archives (recherche de certificats de naissance, de dossiers administratifs sur la carrière de son grand père, qui fut magistrat mais aussi député).
Elle va alors découvrir que son grand père était bien monarchiste dans les années 20 mais il a été aussi l'un des premiers militants du parti de Mussolini. C'est un choc pour elle et elle va alors aussi enquêter sur l'histoire des années 20-30-40 en Italie et dans les régions de ces grands parents.
Ce livre est un livre intime mais aussi un livre d'historienne. J'ai beaucoup appris sur l'Italie des années 20 et 30, sur la vie des régions, sur le fonctionnement de la justice dans ces années là (le grand père avait été nommé magistrat). C'est aussi un livre très intime, car l'auteure questionne son rapport à son père, les rapports de son père avec son propre père, les silences, les non dits dans les familles. Quand elle questionne son père celui esquisse : "Je n'étais pas là, si j'étais là, ne n'ai rien vu, si j'ai vu, ne ne me souviens de rien."
"Quand on n'y fait pas face, le passé agit sur nous. Quand on s'illusionne de l'avoir effacé, il refait surface. Ca nous rattrape un jour ou l'autre? Et il va falloir payer la note" (p122)
L'auteure parle très bien des non dits familiaux, au niveau des familles mais aussi des dénis plus institutionnels, au niveau des pays eux même. Ce sujet est très d'actualité en Italie avec les récents résultats électoraux.
"Nos racines ne nous déterminent pas, nous ne sommes pas des arbres. Mais l'héritage familial, nous le portons en nous. Nous sommes le fruit de notre histoire, qui s'est transmise de génération en génération; qui persiste et qui vit en chacun de nous et qui même quand beaucoup de souvenirs sont inaccessibles, nous façonne, influence notre façon d'être et de faire, se sédimente même dans notre façon singulière de nommer les choses." (p128)
Faut il mieux enfouir, oublier, ne pas dévoiler le passé, que ce soit au niveau des individus ou au niveau d'état. Comment peut on continuer à avancer avec des secrets de famille, des secrets d'état. ?
Un nom peut il être sans mémoire, des prénoms choisis pour ces enfants ne sont peut être pas anodins.
J'ai aimé le parcours de
Michela Marzano, sa recherche "sérieuse" d'historienne, dans les archives d'Etat, sa recherche dans les archives familiales et sa recherche plus intime et ses propres questionnements en tant que petite-fille, fille, soeur et amante. Et que faire aussi des découvertes, peux t on en parler aux autres membres de la famille ou rester aussi dans le déni (des secrets intimes de son grand père, des choix politiques ou plus intimes de cet homme doivent ils être dévoilés).
Un texte que je conseille fortement la lecture et je vais continuer la découverte des écrits de
Michela Marzano.
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Monnomestsansmémoire #NetGalleyFrance