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EAN : 9782862539782
Christine Bonneton (06/10/2022)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Le 25 juillet 1925, le château de Randan disparaît dans les flammes. Alors que tout le monde s'affaire à sauver les objets précieux ayant appartenu à la famille d'Orléans, une petite fille est témoin d'une apparition extraordinaire... Qui a mis le feu au domaine royal ? Quatre-vingts ans plus tard, Abèle, très troublée par les ruines de ce château, décide d'écrire un roman pour en raconter l'histoire. Au cours de ses recherches, elle rencontre Odélia, avec qui elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les châteaux ont une âme ou, plutôt, en leur suzeraineté, persistent celles qui ont contribué à leur histoire. Elles peuvent les hanter, rester attachées à leurs pierres, à leur parc, et ne jamais cesser d'en assurer une éternelle possession. Imaginez, en plus, qu'elles puissent s'incarner en une horde de biches et autres femelles de sauvagine, attendant leur heure pour résoudre certains mystères et protéger leur domaine sacré des intrusions profanes. Vous avez la toile fond du roman de Céline Maltère : La tour des Dames… car il s'agit d'approcher l'histoire du château de Randan, par la lignée de femmes qui l'ont aimé, habité et modelé au gré de leurs désirs artistiques et architecturaux, jusqu'à ce terrible incendie de 1925. Les époques se répondent puisque c'est la rencontre d'Abèle, chargée de narrer l'histoire de Randan, et d'Odélia, apparue pour l'inspirer dans sa perception, qui recrée la magie des lieux. Les deux femmes évoluent dans un monde infiniment poétique comme dans les oeuvres du peintre Alphonse Osbert (utilisé d'ailleurs en couverture). Univers féminin, onirique et enchanté, où l'homme, le chasseur, le taxidermiste, fait figure d'indésirable à bannir (ou pire : à punir !) car les bêtes le savent : la forêt leur appartient, qu'elles en soient fées ou simples sujettes.
Lire La tour des Dames de Céline Maltère, c'est accepter de se laisser porter dans un mode original et intemporel, où tout est possible… où le bonheur se distille avec des victoires sur le mal, sur l'injustice d'une réalité cruelle et ordinaire. Une vraie bénédiction, donc, que ce roman qui tranche dans la production littéraire fantastique actuelle, autant par son élégance que par son non-conformisme, où je m'ébahis de retrouver tant de belles références de mes émotions préférées : La Belle et la Bête…Antinéa… La Forêt des Lilas (mais qui, aujourd'hui, à part Céline Maltère et moi, pensons encore à cette enfant inconsciente courant après la beauté des lilas ?).
Un conseil : lorsque vous commencerez cet ouvrage, passez-vous en sourdine la chanson ancienne de « La Blanche Biche » et vous serez tout de suite dans l'ambiance…
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Ce livre s'articule autour de l'histoire du château de Randan, à qui deux femmes ont donné un prestige inégalé à partir de 1821 : Adélaïde d'Orléans, soeur de Louis-Philippe, duc d'Orléans qui deviendra roi des Français puis Marie-Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris de 1890 à 1919. Une troisième femme en sera également propriétaire de 1924 à 1958, Maria Isabel Gonzales de Oleñata y Ibaretta, veuve de Ferdinand d'Orléans, duc de Montpensier. le château prendra entièrement feu le 25 juillet 1925. Voici donc les trois dames qui ont donné son titre au roman et en seront trois des cinq protagonistes principales.
En toile de fond, les peintures d'Alphonse Osbert, peintre symboliste français (1857-1939) qui décora, entre autres, le Hall du Centre thermal des Dômes de Vichy dans des harmonies de jaune et bleu et teinte toute l'atmosphère du roman d'onirisme. La couverture choisie pour ce livre offre une reproduction de "Chant du soir" qu'on peut voir au musée des Beaux-Arts de Nancy. le lien d'Alphonse Osbert avec le château est une peinture nommée "La muse pleurant le départ de la princesse".
La construction de ce roman est riche et complexe, comme on peut l'attendre de Céline Maltère lorsqu'on a lu ses autres ouvrages. Abèle se rend au domaine de Randan pour honorer une commande qu'on lui a faite : « elle devait retracer l'histoire du domaine de manière romancée en faisant un récit qu'on publierait sous la forme d'un feuilleton pendant la période de Noël. » Au cours de ses recherches à la médiathèque de Vichy, proche du château de Randan, Abèle fait la connaissance d'Odélia – je pense aussitôt à la reine Othilie, dans un recueil de Céline qui se nomme "Les Rhinolophes" et me demande dans quelle mesure les deux personnages se répondent. La culture livresque d'Odélia ainsi que ses goûts personnels rapprochent très vite les deux femmes et voici que se noue une complicité autour de la construction du récit central, enchâssé dans cette première intrigue. L'angle d'attaque privilégié par Abèle n'est pas banal : les femmes liées à l'histoire du château reviennent dans la vaste forêt qui l'entoure, raconter leur parcours et régler leurs comptes, sous la forme d'animaux immortels. Une des questions cruciales est la suivante : qui a mis le feu au château ? On a là de très belles pages qui donnent à voir sa splendeur passée : « J'adorais le parfum des oranges. Je fis construire des serres ainsi qu'un grand abri où l'on cultiverait ces fruits : une façade aveugle côté nord pour protéger du froid mes orangers et me promener au printemps dans des allées qui fleureraient les jardins du sud ! Car la beauté passe par tous les sens : respirer en hiver les arômes de l'orangerie confinait au sublime. Il faut tout faire pour adoucir l'hiver. La poésie, toujours, y contribue. »
Alors que la relation entre Abèle et Odélia se nuance, avec la rencontre du mari d'Odélia qui travaille aux Eaux et Forêts, se produit une étrange alchimie qui fait que les deux histoires s'entremêlent au point qu'Odélia en perd momentanément la tête…
L'une et l'autre histoire(s) sont résolument féministes, voire saphiques. La figure masculine n'y intervient qu'en tant que contrepoint. le style de Céline agit par touches délicates empreintes de romantisme et de poésie : « Abèle s'attarda très longtemps sur la peau du poignet cambré, puis effleura les monts de Vénus et de Lune avant de poser sa bouche dans la paume de sa main. Les couleurs autour s'amplifièrent : la nuit devint marine, la lune jaunit comme dans une toile… »
Un autre ressort principal du roman – et pas des moindres – est le rapport entre l'Homme et l'Animal et c'est là que l'auteure se déchaîne, pour mon grand bonheur, et fait un sort aux assassins que sont les chasseurs et autres taxidermistes de tous poils. Sachant faire preuve d'une cruauté raffinée, elle n'épargne pas non plus les individus peu scrupuleux qui accaparent le patrimoine pour en faire des usines à fric !
Jamais autant que dans ce roman je n'ai ressenti la proximité entre l'écriture de Céline et celle de Martine Hermant ("La Vierge au lait et autres histoires fantastiques du Berry", "La disparue d'Alleuze"). Toutes deux me ravissent par leur culture historique, leur engagement pour la cause animale, leur facilité à nous faire entrer dans la dimension fantastique et l'élégance de leur plume. J'ai noté également les très belles illustrations de Jean-Paul Verstraeten, ami et complice de Céline dans toute son oeuvre. Elles sont cependant trop petites – trop en retrait du texte – pour qu'on les apprécie à leur juste valeur. Mais c'est un choix d'édition. Et j'ai, somme toute, beaucoup aimé ce livre.
CB
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Revoilà Céline Maltère avec un roman à la poésie spectrale toute nimbée de passions. Où l'art côtoie la grande Histoire et les amours perdues, en région Rhône-Alpes.

Le 25 juillet 1925 disparaît dans les flammes et sans explications le château de Randan. Ce bâtiment ancien, dont les bases construites sur une abbaye remontent au VIe siècle, semble entouré d'une aura mystérieuse. D'ailleurs, à l'époque, une petite fille n'a t-elle pas vu s'enfoncer dans les bois environnant une femme en tunique blanche étrange ? 80 ans plus tard, Abele, étudiante passionnée d'histoire vient sur les lieux afin d'écrire un roman. Elle va se faire aider par Odelia Martial, bibliothécaire à la médiathèque de Vichy, où elle compte trouver des informations sur le peintre régional Alphonse Osbert. Toutes deux vont entrer un bien étrange univers...

D'entrée, la Tour des dames surprend par l'immersion immédiate dans un maelstrom spatio-temporel et sensitif : le récit étant ressenti par les d'animaux assistant à l'incendie à l'époque. Une atmosphère à la fois fantastique et envoûtante, donnant le ton du roman. Ces passages, en fait le manuscrit qu'Abèle rédige, alterne sans cesse avec ses recherches au temps présent, évoquant ses relations en train de se nouer avec Odelia et son mari.
Elles-deux se retrouvent en effet autour d'un livre consacré au passionnant peintre Alphonse Osbert, auteur de toiles oniriques, dont beaucoup d'oeuvres sont visibles à Vichy même. Leurs recherches vont les emmener au coeur de la forêt mystérieuse, les confondant presque avec les personnages historiques, toutes des femmes, devenues spectres. Céline Maltère, autrice d'une bonne dizaine de romans, aime le fantastique, ou en tous cas l'onirisme, et ses précédents titres, dont : Leviyatan le monstre de l'Allier, le cabinet du diable, ou la trilogie "le cycle de goth" sont éloquents. Elle est accueillie pour celui-ci aux éditions Christine Bonneton (groupe Losange, basé à Chamalières, Puy-de-Dôme) plutôt associées aux beaux livres régionaux avant 2021 et ouvertes depuis aux romans. Associant une plume précise, sachant mêler les ambiances, romantiques, fantastiques, tout en insérant une passion pour la culture bibliophile évidente et un goût pour la beauté des éléments naturels, elle déroule son intrigue avec rigueur et une écriture châtiée très plaisante. Enfin, le féminisme revendiqué de ce nouveau roman apporte une touche particulièrement aiguisée et sensible à la fois, d'où les émotions pures émergent. "La tour des dames", tel un tour de magie, nous charme, au delà du raisonnable. Coup de coeur.

FG
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Habituée aux écrits fantastiques parfois très crus de Céline Maltère, j'ai été attirée par le lieu où se situe ce dernier roman : Randan et plus particulièrement le château de Randan, lieu fascinant auquel je suis attachée. Pour avoir lu « le Cabinet du diable », je savais l'autrice capable de mêler habilement l'historique et le fantastique. Ce dernier opus en est une très belle confirmation. Ce court roman nous conte la rencontre entre Abèle, jeune romancière à qui on confie la mission d'écrire un roman qui raconte l'histoire du château de Randan et Odélia, bibliothécaire passionnée des peintures d'Alphonse Osbert et de l'histoire du même château. Pendant que ces deux femmes se lient d'amitié en imaginant la vie au château et comment il a pu être détruit par les flammes en 1925, Adélaïde d'Orléans, soeur de Louis-Philippe Ier et propriétaire du château à partir de 1821, nous livre une autre version de l'histoire. Pour certains, les châteaux comme les forêts sont habités par les esprits ce ceux et celles qui y ont vécus ou y sont morts. Céline Maltère semble en être convaincue et son texte, à l'écriture travaillée où chaque mot est choisi et juste, parvient à faire douter les sceptiques. Un beau et énigmatique roman qui nous fait compter les jours jusqu'au printemps pour aller à Randan regarder autrement son château.
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Mon avis

Je remercie les Editions Christine BONNETON et en particulier Hélène De m'avoir donné l'opportunité de lire, en service de presse, « La Tour des Dames », roman de Céline MALTERE et ainsi de découvrir la plume poétique et élégante de cette auteure.

Céline MALTERE nous transporte en 1925 au Château de Randan. Celui-ci ayant pris feu, disparaît dans les flammes.

Qui a déclenché cet incendie ?


Quatre-vingts ans plus tard, Abèle écrit un ouvrage retraçant l'histoire de ce château. Elle rencontre Odélia et se lie d'amitié avec elle.

Parviendront-elles à éclaircir les mystères liés à l'incendie de 1925 ?

Je ne vous en dirai pas plus et vous laisserai le découvrir par vous-mêmes.

N'étant pas fan de « fantastique », j'ai rencontré quelques difficultés au cours de ma lecture mais je suis certaine que les amateurs du genre seront captivés par ce récit, étrange, original et très bien écrit, mêlant Art et Histoire.

Bonne lecture.



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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quelques heures avaient suffi pour que le château revêtit son aspect de fantôme : il était devenu cette ruine qu'on ne visiterait plus, où se renfermerait le souvenir de toutes les époques.
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Les livres soupiraient dans leur cuir abimé et la faible lueur qu'accordait un vitrail fronçait l'œil de ce soupirail.
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Les gants demeurent le réservoir des caresses qu'on ne peut pas donner.
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