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EAN : 9782493649003
112 pages
Jarjille (10/06/2022)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Collette Magny était une chanteuse engagée et féministe, elle a côtoyé ou influencé tant d´artistes, de Mouloudji à Orelsan en passant par Olivia Ruiz, pourtant beaucoup semblent l´avoir oublié. C’est pourquoi, sur les pas de Pierrot, un de ses plus grands fans, j´ai décidé de vous raconter qui elle était...
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Par l'intermédiaire de Pierrot passionné et spécialiste de Colette Magny, Yann Madé se lance sur les traces de cette chanteuse, auteure-compositrice et interprète française née en 1926 et morte en 1997.
Encore aujourd'hui bien que considérée comme incontournable par des musiciens et des militants, beaucoup semblent pourtant l'avoir oubliée et Yann Madé raconte dans cette BD en bichromie qui elle était.
Colette Magny – Les petites chansons communistes, n'est pas vraiment une biographie, encore moins une hagiographie, ce qu'elle aurait détesté mais un hommage à cette artiste engagée et féministe se déroulant comme une enquête sur les engagements et les combats qu'elle a menés. C'est une BD richissime d'informations sur cette chanteuse jugée trop politisée et quasiment bannie des ondes.
Au sein de L'OCDE où elle est employée comme secrétaire bilingue, ils sont quelques-uns à partager la passion du Jazz et Colette y sera initiée par Claude Luter. À 36 ans, elle laisse tout tomber pour chanter, et comme beaucoup de jeunes se politise lors de la guerre en Algérie.
Après un passage au « petit conservatoire de la chanson » de Mireille, où sa voix est remarquée, elle sort Mélocoton, en 1963, une chanson qui lui vaudra un contrat avec CBS, le géant du microsillon. Cette chronique familiale parlant de ses neveux Mélocoton et Boule d'Or, ce grand tube, s'il lui permet de passer à l'Olympia, en première partie de Sylvie Vartan, masquera pour toujours l'ensemble de son oeuvre.
Dès les premières pages, j'ai donc été happée par la mémoire de cette voix tellement grave et prenante, une véritable invitation à swinguer...
Pour aller où ?
J'en sais rien…
Viens donne-moi la main…
Quel plaisir de retrouver cette sublime chanson dès les premières pages et ce de manière très originale puisque Yann Madé s'est inspiré des planches de « Keep on Truckin » de Robert Crumb pour la présenter : magnifique !
Il adopte également une police de caractère différente du reste du récit, incluant la chanson dans des pages spécifiques au fond légèrement ocré.
Il renouvelle l'opération pour d'autres chansons « J'ai suivi beaucoup de chemins », « Vietnam 67 », « Babylone USA », « Répression », « Camarade curé », « Exil, Salem » …, et pour les dessins, réitère le processus « à la manière de » : Michael Golden, Reed Waller, Félix Vallotton, Manuel Vasquez, Moebius, ou Joe Sacco pour les titres cités.
Dans ses chansons, Colette Magny donne toujours la parole aux petites gens et aux opprimés de tout genre. Pour elle, il ne s'agit pas de « chanter pour » les ouvriers, mais bien de leur donner la parole … On entend dans ses textes l'histoire des luttes des années 1960 aux années 1990.
C'est donc avec grand plaisir que j'ai recherché à chaque fois la chanson sur la toile pour l'écouter, et du même coup, non sans un brin de nostalgie, j'ai ressorti mes vinyles, avec le souvenir encore intense et bien ancré d'avoir pu assister à un de ces concerts en 1979 …
Il est très intéressant de voir comment Colette Magny a influencé nombre d'artistes et j'ai été surprise de découvrir les noms d'Orelsan ou Olivia Ruiz parmi eux. Moins surprenant de constater que la revue musicale Paroles et musique, que José Arthur, Jean-Louis Foulquier, Ernest Pignon Ernest ou Augustin Trapenard l'ont aidée, lui ont permis de s'exprimer ou ont parlé d'elle, tout comme Télérama qui l'a soutenue en lançant une souscription lors de la sortie de son album Kevork, album inspiré par les pintades de son ami Jean-Marie Lamblard !
Leur soutien a été et est le bienvenu car les médias n'apprécient pas alors cette oeuvre politique et ont choisi et continuent de l'ignorer.
Un grand plaisir pour moi également de retrouver dans ces pages de grands artistes comme Catherine Ribeiro, Francesca Solleville, Allain Leprest, Julos Beaucarne, Mouloudji, Cora Veaucaire, Axelle Red… sous le trait noir énergique, nerveux et très efficace de l'auteur.
Un seul regret que je partage entièrement avec lui « qu'on ne l'entende jamais assez », je dirais même jamais…
Un immense merci à notre fils Vincent pour nous avoir offert cette Magny.fique BD de Yann Madé superbement dédicacée par l'auteur.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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« J'ai fait des erreurs, bien sûr, mais j'ai fait exactement ce que je voulais, on ne m'a rien imposé, jamais, jamais, jamais ! »
Colette Magny (1926-1997) chanteuse et auteure-compositrice-interprète française, était une « Léo Ferré au féminin ». Ce n'est qu'à trente-six ans qu'elle a commencé à chanter et ses textes engagés n'ont pas toujours été diffusés sur les ondes. Certaines radios rayaient volontairement ses disques, c'est dire….
Yann Madé a rencontré Pierrot, un admirateur de cette femme et lui a promis une bande dessinée hommage d'où cet ouvrage complet, foisonnant, intéressant, publié aux éditions Jarjille qui n'en finissent pas de me surprendre !
Certains parlaient d'elle en la surnommant « la chanteuse noire blanche » à cause d'une voix aux tons de jazz et de blues. Elle a été connue, au départ, pour Mélocoton.

Mais la résumer à un tube serait bien trop restrictif !
Elle ne se destinait pas forcément à chanter et puis elle a découvert le jazz, en travaillant comme secrétaire à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), comme quoi une rencontre peut changer une vie. Ce que j'ai découvert en lisant ce recueil, c'est une femme qui assume sa vie, ses choix (au point de faire un disque avec une face vierge). Elle fait tomber le masque, met sa vie en chansons et exprime avec tendresse ou colère ses émotions, ses ressentis. Elle est la voix de ceux qu'on oublie d'écouter : les immigrés en grève ou en exil, les ouvriers malmenés, ceux qui luttent et ne sont pas entendus. Elle prend le relais et elle les représente. Bien sûr, elle dérange, elle fait même fuir un de ses musiciens qui refuse de l'accompagner sur un de ses textes, mais elle ne cède pas. Elle a une force de caractère impressionnante !
Quand j'ai découvert tout cela, j'ai pensé : « Mais comment ai-je pu passer à côté ? », surtout qu'en discutant avec mes parents, je me suis aperçue qu'ils la connaissaient….
Il y a plusieurs textes de Colette Magny et à chaque fois, Yann Madé s'inspire d'une bande dessinée existante pour les mettre en exergue. C'est bien car le lecteur peut chercher le lien et qui a dessiné (et si on ne trouve pas, c'est écrit en tout petit en bas de page).
Les planches sont en noir et blanc, avec beaucoup de dégradés et de variantes. Mais la couverture est en couleur et si vous dépliez le rabat, vous voyez le visage de Colette en entier ! J'ai trouvé le contenu des bulles très complet en informations ainsi que les notes. La BD est vivante, les bulles peuvent être à cheval sur plusieurs cases, certains visages sont coupés comme si on avait « photographié » l'essentiel : un geste, une mimique, un regard …. le dessin est vif, toujours en mouvements et les différents contextes évoqués bien représentés. Cela donne un ensemble aux multiples entrées tout en restant concentré sur une femme exceptionnelle comme on en rencontre peu.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Colette Magny parle d’une jeunesse qui avait des convictions,
des opinions,
encore une raison pour laquelle on voudrait l’oublier…
Même à la Maison de la Radio.
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La radio-télévision, alors, c’est l’ORTF, chaîne unique.
L’ORTF, d’où Denise Glaser, star de l’époque, sera renvoyée pour avoir laissé Jean Ferrat chanter « Nuit et Brouillard ».
À priori, Colette (Magny) n’avait donc rien à en attendre.
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La France aime le jazz, rêve d’Amérique, se considère comme son équivalent non raciste…
Même si les droits civiques, c’est bien, mais ailleurs…
Ce que semblent prouver sa politique coloniale et les sales guerres qu’elle mène , dans le monde comme en métropole.
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Pour aller où ?
J’en sais rien…
Viens donne-moi la main
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Video de Yann Madé (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann Madé
Dimanche 4 juin 2023, à l'Antre des livres d'Orange: Quand la littérature passe par l'image Franck Decrescenzo (Kmics éditions, Webtoon) Yann Madé (éditions Alifbata, BD) Sophie Verdet (éditions Les Offray) Animée par Corinne Niederhoffer (éditions Elan Sud) Les mots éveillent l'imaginaire, le dessin nous projette dans l'univers de l'illustrateur. L'engouement des lecteurs pour la littérature illustrée grandit. Nous échangerons sur le choix des auteurs et éditeurs de s'exprimer par ce moyen.
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