Un ouvrage unique sur les ateliers d'écriture par une auteure qui a animé trente ans durant des ateliers d'écriture dans les lieux les plus différents ( écoles, hôpitaux, etc.)...Une lecture des plus foisonnantes, autant intellectuellement qu'humainement ! Un vrai trésor....
"-RENDRE LA PAROLE- ce que je faisais et fais toujours dans les ateliers d'écriture: si chaque être humain découvre que, muni d'un simple crayon, il peut penser, c'est à dire développer des idées et les soumettre lui-même à la contradiction, le monde se portera mieux, c'est une de mes rares certitudes. Depuis longtemps j'ai fait mienne cette réflexion de Georges Picard: "Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée est réellement capable, l'épreuve de l'écriture (est) cruciale.
Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr que l'on écrive suffisamment" (p.18)
Un sujet qui me passionne depuis de nombreuses années: les ateliers d'écriture ! J'ai acquis cet ouvrage de référence [en mars2014; Librairie Tschann, Paris] , passionnant, mais aussi technique..;
. que l'on ne peut lire avec bénéfice, qu'en discontinu....Trop dense, approches très larges, mais aussi très éclectiques... ce qui m'a le moins passionné c'est l'aspect technique, car chaque animateur d'atelier
d'écriture, doit avoir ses méthodes personnelles !
Toutefois cet ouvrage reste, dans ce domaine, un outil des plus précieux...et des plus riches, car il est aussi question de Littérature, d'histoire des écrivains, de rencontres privilégiés avec le livre, d'anecdotes multiples sur l'histoire littéraire, de livres appréciés par l'auteure, lui servant simultanément de bases de réflexions et de travail dans ses ateliers d'écriture, des analyses des genres : Nouvelles, romans, Fragments,des observations sur l'Ecole, la Culture, la langue maternelle...etc.!
"Ces ateliers d'écriture sont un des rares lieux fondés sur le don et le partage, dons et partages qui nous enrichissent et nous arrachent au passage à l'abjecte logique économique, ce qui n'est pas une mince
satisfaction. Aussi ai-je voulu restituer ici la dimension collective du travail en atelier, tant de celui qui le mène que de ceux qui y écrivent, même si chacun écrit pour soi dans la quête de sa singularité. "(p.14)
Un ouvrage très fouillé, détaillé, que l'on lit, reprend, parcourt.. où l'on pioche, selon l'humeur et les questions sur le sujet, que l'on a envie d'approfondir. En tout cas, ce fut ma manière d'apprécier ce livre, acquis et débuté en 2014 . Publication indispensable à toute personne intéressée par les ateliers d'écriture, et l'ECRITURE en général !...
Ce livre est enrichi, complété d'une sélection de textes d'atelier, qu'il me reste à lire, attentivement, et d'une bibliographie variée !
J'achèverai ce billet par les propos de Virginie Lou-Nony concernant sa longue expérience des ateliers d'écriture:
"L'atelier était un trajet, des expériences, une expérimentation, des trouées. Ne reste plus, si l'on veut "devenir écrivain" qu'à oublier tout ce qu'on croit y avoir appris pour se retrouver soi, face à soi seul, devant et dans l'expérience magistrale de la littérature, expérience recommencée à chaque écrivain, à chaque génération, et à chaque livre de chaque écrivain dans la même obscurité, la même impossibilité de se lire. (...)
Ecrivant, nous sommes absolument libres de notre quête; nous en sommes autant qu'acteurs les spectateurs, étonnés toujours de ce qui se fait sur la page, imprévisible, merveilleusement. (p. 376)"
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C'est un excellent ouvrage de réflexion, sur les ateliers d'écriture, mais aussi sur la création littéraire. Il fourmille d'informations, de citations, de références littéraires. Les extraits de textes sont quelquefois surprenants, et reflètent la richesse des ateliers que conduit cette écrivaine qui mêlent à la fois réflexion théorique et recherche personnelle, ceci avec beaucoup d'exigence.
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Une réflexion passionnante sur les ateliers d'écriture. J'ai retrouvé beaucoup des valeurs communes avec la conception des ateliers que j'anime.
Passionnant
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-Rendre la parole- ce que je faisais et fais toujours dans les ateliers d'écriture: si chaque être humain découvre que, muni d'un simple crayon, il peut penser, c'est à dire développer des idées et les soumettre lui-même à la contradiction, le monde se portera mieux, c'est une de mes rares certitudes. Depuis longtemps j'ai fait mienne cette réflexion de Georges Picard: "Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée est réellement capable, l'épreuve de l'écriture (est) cruciale. Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr que l'on écrive suffisamment" (p.18)
JE SUIS NE EXILE
Pour ces millions d'êtres -en périphérie-, au-delà des cercles de la richesse et même de la suffisance, l'exil est une donnée immédiate de l'existence. (...)
Ainsi s'élève la voix si profondément humaine et juste de Mahmoud Darwich s'entretenant avec la poétesse israélienne Helit Yeshurun : " On peut dire de tous mes écrits qu'ils sont une poésie d'exilé. Je suis né exilé. L'exil est un concept très vaste et très relatif. Il y a l'exil social, l'exil familial, l'exil dans l'amour, l'exil intérieur. Toute poésie est l'expression d'un exil ou d'une altérité. Lorsqu'elle correspond à un vécu réel, c'est un exil concentré, comprimé. Je trouve l'exil dans chacun des mots que je cherche dans mon lexique. Mais je ne m'en plains pas. Après tout, l'exil a été très généreux pour mon écriture. Il m'a donné la possibilité de voyager entre les cultures, entre les peuples. [...] Sur cette planète nous sommes tous voisins, tous exilés, la même destinée humaine nous attend, et ce qui nous unit est le besoin de raconter l'histoire de cet exil. " (p. 111)
L’EFFET ICEBERG
On raconte qu’Hemingway, dans une première version du Vieil homme et la mer, avait décrit minutieusement le port et la vie des pêcheurs ; puis il a récrit en en retranchant toutes les descriptions naturalistes, ces effets de réels destinés à faire croire au lecteur que tout cela a bien eu lieu « en vrai » ; et n’a laissé subsister que l’histoire du vieil homme, de son espadon, et de la mer. Comme l’iceberg, disait-il, le récit ne doit laisser paraître que l’extrémité supérieure de l’histoire, les sept huitièmes restent sous l’eau.
Le souffle créateur n'appartient pas à l'artiste; il n'est pas un outil dont il disposerait à sa guise. Plus encore il semble que pour créer il faille s'arracher à la condition humaine, à son être-là, par la drogue, l'alcool, la transe, la prière, l'ascétisme, l'écriture automatique; ou encore à la faveur de la chance, parce qu'on a la baraka; ou grâce à ses dons, fruits d'une obscure loterie génétique...Ni les structuralistes, ni le Nouveau Roman, ni les Oulipiens, malgré leur volonté affichée d'en finir, n'ont pas réussi à faire la peau à l'inspiration. (p.35)
Parce que le monde moderne est tumulte et chaos, la tâche de l'homme moderne est de sortir du tumulte et du chaos. Comment ? En construisant une vie spirituelle à part, (...) c'est-à-dire une vie spirituelle qui ne doive rien à ce qui existe, mais vous devez la faire exister, c'est à vous de faire exister quelque chose que vous n'emprunterez pas à l'existant.
DELEUZE à ses étudiants de Vincennes
Des ateliers d’écriture ont été mis en place à la faculté des Lettres de Nîmes, dans le cadre de la licence de lettres modernes, en septembre 2006. Trop rares encore sont les responsables de filières Lettres à oser se risquer dans ce domaine, classique aux Etats unis depuis la fin des années 50 sous le nom de writer’s workshop. Pourtant, comment comprendre de l’intérieur la littérature si l’on ne se frotte pas soi-même à l’écriture ?