Voilà un livre dont il est bien délicat de faire une critique. Que ce soit parce qu'il est difficile de ne pas tomber dans des platitudes ou des évidences - comme de dire que par des effets de projection (ou autres) , ce texte est bouleversant et nous arrache des larmes...
Après les émotions de tant de monde - pas seulement en France - avec les attentats du Bataclan, comment parler du vertige causé par des morts aussi brutales et injustes ? On peut continuer d'aligner des substantifs aussi longtemps qu'on veut, il est des cas où les mots sont vains et ne disent plus la réalité. le témoignage d'
Antoine Leiris en est un exemple.
Sans aller dans le sensationnel journalistique ou des détails malsains, l'écrire est très terre à terre. Ce récit en dit plus sur les détails et sensations environnantes auquelles on se raccroche et celles si familières qui nous semblent totalement étrangère tout à coup.
C'est un récit très honnête et direct sur le deuil qu'on doit faire mais auquel on résiste car comment peut-on se résoudre au fait que malgré tout la vie continue ?
Bien sûr, on est pris de compassion pour
Antoine Leiris, et tous les autres qui ont perdu un proche durant ses attentats mais n'en n'ont pas fait un livre. Une fois que les télés s'emparent d'autres titres plus sensationnels, pour ces gens, le quotidien paraît toujours aussi dérisoire. Et pour nous spectateur, aucun mot ni aucun geste ne peut apaiser ou soulager quoi que ce soit. C'est normal.
Si le fait de lire ce témoignage, qui est plus une formidable lettre d'amour qu'une revanche amère, peut rappeler que rien n'est jamais acquis et rappeler que derrière les chiffres annoncés dans les médias il y a des vies comme les nôtres qui ont été volées, c'est déjà pas mal.