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Jean Rosenthal (Traducteur)
EAN : 9782020479974
480 pages
Points (11/05/2006)
3.71/5   73 notes
Résumé :

1967. La vie politique semble paisible à Bonn. Rien ne prédestinait cette " petite ville en Allemagne " à devenir une capitale, et encore moins un enjeu mondial de la Guerre froide.

Pourtant l'émoi s'empare de l'Ambassade de Grande-Bretagne suite à la disparition d'un collaborateur et de dossiers ultra confidentiels. A l'heure où leur pays négocie son entrée dans le Marché commun, les Allemands ne doivent pas savoir. A aucun prix.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
1967, à Bonn, l'ambassade de Grande Bretagne retient son souffle. Les consignes étaient pourtant claires et strictes : ménager le gouvernement allemand et ne rien faire qui puisse lui déplaire car la Grande Bretagne tente de rejoindre le Marché Commun en dépit de la ferme opposition de la France de De Gaulle. Obtenir et préserver l'appui de la République Fédérale d'Allemagne est donc crucial. Mais, même en Allemagne, il y a des opposants. Ils se sont trouvé un leader charismatique qui fédère agriculteurs, étudiants et beaucoup d'autres mécontents qui manifestent violemment contre les intérêts anglais. C'est le moment qu'un modeste diplomate (un subalterne, presqu'insignifiant, un intérimaire en quelque sorte) choisit pour disparaitre avec des dossiers confidentiels. Cela devient vraiment très fâcheux, comme on dit dans le langage diplomatique, lorsqu'il apparait qu'un de ces dossiers était classifié ultra secret.
Au-delà de l'intrigue et d'un suspens entretenu jusqu'à la dernière page, ce roman est, comme souvent chez le Carré, le prétexte à interrogations multiples sur : la démocratie et ses accommodements, la vérité et ses zones d'ombre, la justice et ses limites, l'histoire et sa mythologie, le pouvoir et sa corruption. La caste du Foreign Office a toujours autant de suffisance et de morgue vis-à-vis de ceux qui ne sont que des supplétifs. Il est bien seul, le petit espion. Qu'a-t-il emporté, qu'a-t-il vu qu'il n'aurait pas du voir et surtout que va-t-il en faire ? Est-il passé chez les Russes ? Pourquoi fait-il aussi peur aux Anglais qu'aux Allemands ? Que représente donc Bonn, cette « Petite Ville en Allemagne » ? Une nouvelle Allemagne lavée de toutes ses impuretés, un allié indéfectible de l'Ouest, l'assurance de « plus jamais ça » ou la tentation de s'opposer à l'ennemi héréditaire en s'alliant à l'Est ? A voir, en lisant ce remarquable roman. Cinquante ans d'âge et toujours aussi pertinent, le désenchantement reste le même, le cynisme des uns se nourrissant de l'apathie des autres pour condamner l'homme qui se voudrait libre.
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le Carré d'or
Un sous-fifre (plus ou moins disons...) disparait à Bonn à l'ambassade du Royaume-Uni à la fin des années 1960. On envoie un certain Turner enquêter. C'est un pur espion. Il interroge méthodiquement tout le monde, et découvre pas mal de choses.
Ce roman est assez pratique pour ceux qui ne connaîtraient pas le Carré car il ne fait pas partie de la série impliquant le célèbre Smiley. Et il est aisé de se rendre compte que l'on n'a pas du tout (mais alors pas du tout) à faire à un auteur de romans de pur divertissement. Il s'agit bien ici de littérature, car il y a un véritable style littéraire couplé à une vision du monde, à une vision des rapports humains. D'ailleurs le livre n'est pas le plus aisé à lire car le début est complexe, les dialogues sont riches, certains passages sont véritablement très littéraires. Par la suite son style s'est un peu dépouillé, est devenu encore plus ironique, sa vision des choses encore moins optimiste...
le Carré était germanophone, germanophile et sa vision de l'Allemagne de l'après-guerre est particulièrement intéressante.
A noter pour ceux qui redouteraient la complexité des intrigues de le Carré, ici c'est assez clair, on n'est pas perdu !
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1967. Bonn est la capitale de la RFA après la fin de la guerre et la séparation des deux Allemagnes. A l'ambassade de Grande Bretagne, tous les rôles sont attribués et les écarts sociaux marqués. Rawley Bradfield fait partie du gratin et voilà qu'on lui envoie un dénommé Alan Turner qui doit enquêter sur la disparition d'un sous-fifre, Leo Harting. Personne ne s'est jamais soucié de cet Harting mais il a filé avec des dossiers ultra secrets. Dans le même temps où Turner se lance sur la piste de Léo, Karfeld mène sa campagne électorale et dit représenter l'Allemagne nouvelle, lasse du joug britannique et français. Mais les dossiers qu'a dérobés Harting pourraient bien compromettre l'ascension politique de Karfeld...
Comme toujours avec John le Carré, tout est extrêmement bien construit, intelligent et dit avec un mélange de concision et de majesté impressionnant...Beaucoup de choses sont dites sur cette Allemagne qui n'est pas si loin du cauchemar nazi, sur le poids de la guerre perdue par l'Allemagne, sur les prescriptions qui frappent les crimes perpétrés et sur cette balance entre le bien et le mal, qu'il semble si difficile d'équilibrer.
Magistral.
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Bonn, 1967. Les tensions sont vives entre l'Allemagne et l'Angleterre qui souhaite adhérer au marché commun européen, ce que la République fédérale voit d'un mauvais oeil. Les étudiants allemands, très agités face à cet élargissement à l'ouest, prônent plutôt une ouverture vers Moscou. Les manifestations se font violentes chez ces jeunes qui se sont trouvés un leader au passé trouble, le charismatique Karfeld. L'ambassadeur britannique et ses diplomates sont placés sous une surveillance active de la police allemande aux méthodes parfois musclées. La disparition d'un obscur attaché de l'ambassade, Léo Harting et de quelques dossiers compromettants sur le passé du leader de l'opposition estudiantine va raviver les cendres d'un passé que l'on voulait voir rester enterré à jamais. le fantôme de l'idéologie nazie a laissé des traces qu'il ne faut pas suivre, Harting en fera les frais. La Real politique triomphe en toute impunité sur la vérité. le roman de la consécration pour J.l Carré, écrit en 1967, dans son style reconnaissable qui requiert à chaque instant toute l'attention du lecteur. Toujours très documenté, l'auteur va au-delà du récit d'espionnage et dresse un portrait désenchanté et déjà peu optimiste d'une Europe qui commence à peine à se construire. Il fera de ce constat la chaire de l'ensemble de son oeuvre. Brillant.
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Ce n'est pas John le Carré que je préfère. Néanmoins il se laisse lire avec plaisir. Pour l'Allemagne des année 60, pour la guerre froide, pour l'intrigue. On sent que l'auteur sait de quoi il parle, une écriture agréable. Un bon bouquin
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
... Vous arracheriez toute la forêt, j'en suis sûr, pour trouver un gland. Qu'est-ce qui vous pousse ? Qu'est-ce que vous cherchez ? Je ne sais quelle connerie d'absolu. S'il y a une chose que j'ai vraiment en horreur, c'est un cynique à la recherche de Dieu. Peut-être qu'un peu d'échec est ce qu'il vous faut.
- De ce côté-là, je suis gâté.
- Vous avez des nouvelles de votre femme ?
- Non.
- Vous pourriez lui pardonner, vous savez. Ça se fait.
- Bon Dieu, murmura Turner, vous prenez des risques. Qu'est-ce que vous savez de mon mariage ?
- Rien. C'est pourquoi je suis bien placé pour vous donner un conseil. J'aimerais simplement que vous cessiez de nous punir tous de ne pas être parfaits.
- Rien d'autre ?"
Lumley l'examina comme un vieux magistrat à qui il ne restait plus beaucoup de dossiers.
"Fichtre, vous avez le mépris rapide, dit-il enfin. Vous me faites peur, et je vais vous dire une chose. Il va falloir bientôt que vous vous mettiez à aimer les gens, sinon il sera trop tard. Vous aurez besoin de nous, vous savez, avant de mourir. Même si nous ne sommes pas à la hauteur de vos exigences."
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C'était un grand gaillard un peu lourd, aux cheveux blonds, au visage pâle et banal, avec des épaules larges et les doigts carrés d'un alpiniste, et sa démarche avait la lenteur irrésistible d'une péniche ; un pas agressif de policier, délibérément dépourvu de finesse. Il était difficile de deviner son âge. Les étudiants l'auraient trouvé vieux, mais vieux pour un étudiant. Il pouvait inquiéter les jeunes avec son âge et les plus âgés avec sa jeunesse. Ses collègues avaient depuis longtemps cessé de faire des hypothèses là-dessus. On savait qu'il avait débuté tard dans la carrière, ce qui n'était jamais un bon signe, et qu'il avait été chargé de cours au Collège Anthony à Oxford où l'on admet toutes sortes de gens. Les publications officielles du Foreign Office étaient réservées. Alors qu'elles jetaient une lumière sans merci sur l'origine de tous les autres Turner, dans le cas d'Alan, elles demeuraient parfaitement muettes comme si, ayant considéré tous les faits, elles estimaient que le silence était l'attitude la plus polie à observer.
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"Pauvre crétin, dit-il très tranquillement sur le pas de la porte. Vous ne pouvez pas apprendre à lire vos télégrammes ? Pendant tout ce temps où vous étiez là à bêler en réclamant des extincteurs, nous avions tout simplement un traitre sur les bras... C'est un départ soigneusement préparé, voilà ce que c'est. Quarante-trois dossiers disparus dont pas un seul en dessous de Confidentiel. Un dossier vert classé Ultra-Secret et Sécurité maximum, disparu depuis vendredi. Ca ne sent pas l'improvisation."
Shawn le regarda s'éloigner. Voilà ce qui arrive, se dit-il, quand on ouvre ses portes à des gens qui ne sont pas de votre rang. Ils parlent grossièrement dans les couloirs et envoient à veau-l'eau les bons usages dont on a l'habitude.
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Les ténèbres n'avaient pas fait plus de cérémonie pour venir que le jour gris pour s'en aller, mais pour une fois la nuit était fraîche et sentait l'hiver. Durant presque toute l'année, Bonn n'a pas de saison : ce qui compte, c'est le climat qu'il fait à l'intérieur, un climat à migraines, tiède et plat comme de l'eau mise en bouteille, un climat d'attente, de goûts amers pris aux eaux lentes du fleuve, un climat de fatigue et de croissance nonchalante, et l'air est un vent épuisé qui tombe sur la plaine, et le soir quand il vient n'est rien qu'un assombrissement de la brume de la journée, avec les lampadaires qui s'allument dans le brouhaha des rues.
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C'est comme se raser. Personne ne vous remercie de vous raser, personne ne vous remercie de la démocratie. La démocratie n'était possible qu'avec un système de classes,... c'était une indulgence accordée par les privilégiés. Nous n'avons plus le temps pour ça, ça a été une brève lueur entre la féodalité et l'automatisation, et maintenant c'est fini. Les électeurs sont coupés du parlement, le parlement est coupé du gouvernement et le gouvernement est coupé de tout le monde. Le gouvernement par le silence, voilà le slogan. Le gouvernement par l'aliénation.
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