Un émouvant et passionnant récit qui fait ressortir tout ce qui fait l'humain dans une situation extrême : la peur, la solidarité, la trahison, la mesquinerie, le courage...
A partir de témoignages de survivants de l'Holocauste,
Laurence Lacroix-Arnebourg a écrit un roman choral que je qualifie, sans exagération, d'inoubliable.
Toute la gamme des persécutions antisémites conçues par les autorités françaises de Vichy est décrite avec réalisme à travers l'existence de ceux qui les ont subies. Nous sommes, avec ce livre, bien au-delà du poignant : des familles qui ne demandaient qu'à vivre normalement et qui se retrouvent en enfer : ceux qui ont été déportés et ceux qui devaient se cacher, se méfier de tout et de tous, leur concierge, les polices française et allemande, leurs voisins...Puis, c'est le désespoir de l'après guerre. Certes le danger est écarté. Mais c'est la douleur infinie des survivants, de ceux qui n'ont pas été déportés mais qui sortent d'une angoisse de chaque minute pendant quatre ans...Et c'est un jeu des "Sept Familles" macabre dans les réunions de familles ou d'amis. "j'ai perdu mes parents.", "J'ai perdu mes grands parents", j'ai perdu ma soeur, mon frère, mon ami". Infernal.
Sur la population juive, vouée à la mort, s'est abattue une avalanche de mesquineries tendant à la déshumaniser : interdiction d'exercer un grand nombre de professions, interdiction aux enfants juifs d'être scolarisés, interdiction de posséder un poste de radio et un vélo...puis ce sont les rafles avec pour terminus la mort, avec une étape au Vel d'Hiv ou au camp de Drancy, sous la bonne garde de...gendarmes français.
Rappelons que ces rafles ont été possibles grâce au concours des forces de police françaises et au fichier qui recensait les Juif...."merci" à l'administration française.
A travers les morts et les survivants, tous les traumatismes de ce moment terrible sont admirablement mis en perspective avec des personnages très attachants.
Le poids de l'Histoire, le poids de la barbarie nous accablent dans les pages bouleversantes de ce livre. Ca fait mal...notre coeur saigne en avançant dans la lecture de ce ouvrage.
Une seule éclaircie : l'Art...toujours présent au milieu de l'horreur.
La sensibilité de l'auteure est sans limite.
Je me répète : un grand et beau livre.
Bravo et merci à Babelio pour la publicité faite à ce livre.