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Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)
EAN : 9782081211964
1200 pages
Flammarion (22/09/2008)
4.47/5   93 notes
Résumé :
Événement majeur de notre siècle, le nazisme demeure également une énigme majeure posée aux historiens. Entre l'omnipotence diabolique de Hitler et la description de son pouvoir comme celui d'un « dictateur faible » face à un appareil d'État tout-puissant, Ian Kershaw risque une vision nouvelle. Ce qui devient objet d'histoire, ce n'est plus Hitler, mais sa position exceptionnelle qui excédait la mesure d'un individu sans qualité, tribun de brasserie, déclassé socia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Lire Hitler de Ian Kershaw relève de l'expérience psychologique et sociologique.
Psychologique d'abord parce que ce livre est admirablement documenté et écrit, certes, mais surtout très fin dans sa façon de nous faire entrer dans les pensées d'Hitler. Son parcours, ses errements, ses complexes, ses humiliations, ses passions. le personnage se construit et finalement la puissance de cette biographie est de nous faire réaliser à quel point le monstre est né d'un homme presque banal. Pour le reste c'est aussi une épreuve psychologique car la descente aux enfers est longue, documentée, détaillée. Et comme on en connait tous (enfin presque) le récit à l'avance, on se prépare, on s'accroche, mais rien n'y fait, l'horreur revient et nous ramène à notre condition de spectateur impuissant d'une tragédie qui dépasse l'imagination.
L'expérience sociologique, ensuite : j'ai eu la naïveté de croire que je pouvais lire tranquillement ce bouquin dans les transports en communs, mal m'en a pris. à deux reprises, interpellée, presque insultée... Comment expliquer que je lis ça parce que je pense que c'est important, fondamental...? C'est le seul livre que j'ai lu (avec Mein Kampf d'ailleurs) avec une pointe de culpabilité. Presque de peur.
à lire impérativement.
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Avoir lu Mein Kampf il y a 4 ou 5 ans m'a permis, à la lumière cette biographie, de mieux comprendre les écrits du Führer et de constater que la déformation des faits y était parfois assez flagrante.
La biographie de Kershaw désacralise cet homme qui parvient au pouvoir grâce au terrain préparé par les hommes politiques qui voulaient la mort de la nouvelle République, par l'humiliation subie lors de la 1ère guerre mondiale et par les mentalités des élites et des masses, elles-mêmes fruits de courants politiques allemands datant de 20 ans avant la 1ère guerre.
Certes, le lit avait été préparé mais c'est aussi parce qu'il avait du génie et une personnalité hors du commun que Hitler a été hissé au plus haut grâce à l'appui de certains politiques qui l'ont pris sous leur aile.
La première partie est consacrée à la jeunesse du Führer, très intéressante, ses frustrations, son opportunisme, sa capacité à vouloir changer le monde tout en profitant du système, notamment des fonds de sa tante puis de sa rémunération de soldat démobilisé bien tardivement.
Cette partie m'a rappelé le roman « la part de l'autre » de Pierre-Emmanuel Schmitt très bien documenté, soit dit en passant.
Kershaw aborde par la suite de manière très fluide la stratégie politique intérieure et extérieure ainsi que les décisions liées à la guerre. le déroulement de l'opération Barbarossa est extrêmement captivant, bien décrit. D'autres scènes de guerre sont relatées et aident bien à la compréhension des évènements. Les atrocités des nazis ne sont pas détaillées, l'auteur reste très pudique. Pour autant, les chiffres évoqués font froid dans le dos et renvoient bien à la dureté des épreuves endurées par les Juifs et toutes les populations opprimées, allemands compris.
Une idée centrale ressort bien dans cet ouvrage : la désorganisation qui régna dans les structures, conséquence du refus de Hitler d'organiser des réunions avec les cadres dirigeants qui ne communiquaient pas entre eux par ailleurs. Il traitait tout en bilatéral si bien que les ordres étaient parfois contradictoires et une stratégie décousue en résultait. le Führer avait du mal à prendre lui-même les décisions, ce qui générait des choix dictés par des cadres qui pensaient agir dans le sens de ce que souhaitait le dirigeant. D'où la fameuse expression du livre « travailler en direction du Führer » qui, je suppose, fait dire à certains lecteurs que la traduction n'est pas vraiment de qualité.
Kershaw met bien en exergue cette désorganisation, sa plume prend des airs de récit décousu, mais ce n'est pas le cas. On ressent bien ce que vivaient Hitler et ses généraux dans la dernière partie du livre, c'est une narration en accord avec ce qu'elle exprime.

De toutes les biographies que j'ai lues, celle-ci est la seule qui se lit vraiment comme une histoire et je ne peux que vous la conseiller avec enthousiasme.
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Après avoir lu « L'Europe en enfer (1914-1949) » et des brillants ouvrages de « Christian Ingrao » et « Johann Chapoutot », le temps de lire la biographie de référence sur Adolf Hitler est venu.
1200 pages pour une biographie de référence. Et encore le présent ouvrage est le condensé de deux livres de l'auteur.
« Biographie de référence » ? Vraiment Oui le titre n'est pas usurpé.
C'est clair, bien écrit, excellemment bien documenté.
On sent que le récit a été fluidifié. Les ruptures sont rares et justifiées.
Quelle est la structure de l'ouvrage ?

Les chapitres dans l'ensemble sont chronologiques.
Mais quand un point doit être approfondi, quand il a atteint un niveau critique alors, il a droit à un chapitre dédié.
Le livre met bien en valeur ce qui est du niveau de la conjecture ou de la rumeur ou du fait.

Mais j'en sais suffisamment sur Hitler

Tout simplement non.
C'est vraiment une plongée dans sa vie, l'évolution de ses idées politiques, une recherche approfondie de ses motivations, de son caractère.
Le livre est brillant. Il fait la part des choses entre ce qu'a réellement fait Hitler et ce qu'il a rendu possible.
Le concept central est tous ceux qui ont « travaillé en direction du Führer ».
Et il faut absolument lire ce livre pour comprendre toute la portée du concept surtout par rapport à la personnalité et à la brute de travail (hum) que fut Hitler.
C'est en effet un des points les plus importants : il a permis, il a inspiré, il a justifié des actes qu'il n'a même pas eu besoin de diriger lui-même.
Une leçon pour ceux qui voudraient « essayer » des politiques, des partis.
Même s'ils ne font rien, s'ils ne disent rien, ils permettent, ils permettront…

Ce livre n'est pas

Un récit de la seconde guerre mondiale.
Si Hitler n'a que faire d'une offensive, d'un théâtre d'opération, d'une population alors, vous ne trouverez pas dans ce livre d'analyse de l'offensive, du lieu, des gens.
Et vous découvrirez que l'attention du « führer » est très très limitée.

Bonus

Hitler est très bien inséré dans le contexte historique.
L'arrière-plan de violence politique, de changement de société, de crises, de revanche est très bien restitué.
Et faire la part des choses entre le contexte de l'époque et les talents propres d'Hitler est à mes yeux fondamental.
Et après cette lecture, je fais la part des choses.

En conclusion

Indispensable même si j'en conviens des formats plus courts ou des livres plus spécialisés.
Oui, c'est la « Biographie de référence » sur Hitler.
Je pense qu'il me faut trouver un livre sur Goebbels.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Mis à la portée de tous, ce travail d'universitaire n'échappe pas aux codes du genre. il permet cependant d'avoir une vision claire d'Adolf Hitler et du nazisme et son avènement à travers des chiffres, des faits et des analyses. Pour appréhender la figure personnelle et politique d'Hitler, personnage a priori falot et médiocre, responsable de dizaines de millions de morts et d'un génocide barbare dans toute l'Europe, je trouve plus pertinent l'ouvrage de Nicolaus von Below "A la droite d'Hitler qui dit ou donne à comprendre en filigrane les mêmes choses. Il a l'avantage du vécu. Je reste de toutes façons sur ma faim car pas plus dans cet ouvrage que dans d'autres, je n'aurais la réponse à ma question: Pourquoi l'être humain et les systèmes de gouvernement consacrent-ils le laissez faire, le déni de réalité de la part des intéressés mais aussi des autres sur place et en Europe (les annexions, Munich 1938, le réarmement etc...) face à des personnes ou des groupes qui ont pourtant annoncé et même écrit noir sur blanc, la couleur et le nom de leurs victimes?
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Enorme! THE référence ! Ian Kershaw propose un décryptage complet de la personnalité d'Adolf Hitler, les influences de la société sur son parcours intellectuel, et vice-versa, et aussi le climat intellectuel et social en Allemagne, terreau du national-socialisme. Les thèses sont largement appuyées par les chiffres et les faits, toujours recoupés dans un sérieux exemplaire. Certes, l'ouvrage est long et dense, mais l'écriture dynamique à l'anglo-saxonne typique des historiens britanniques permet de ne pas décrocher.

Si vous pensiez qu'Hitler était un fou dégénéré venu de nulle part qui a transformé les allemands en fous sanguinaires par la force de ses discours enflammés, vous êtes complètement à côté et ce livre est indispensable pour rectifier votre erreur. Un MUST !
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Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
L’invasion de l’Union soviétique, pour laquelle, contrairement aux campagnes précédentes, il avait fallu s’abstenir de manipuler préalablement l’opinion populaire, fut présentée aux Allemands comme une guerre préventive. Le Führer en avait pris l’initiative, expliquaient les directives de Goebbels à la presse, pour conjurer à la dernière minute la menace que la trahison du « judéo-bolchevisme » faisait planer sur le Reich et toute la culture occidentale. À tout moment, les bolcheviks avaient envisagé de frapper contre le Reich, puis d’envahir et de détruire l’Europe. Seule la hardiesse du Führer les en avait empêchés. Mais le plus extraordinaire, c’était que Hitler et Goebbels se fussent eux-mêmes convaincus de la vérité de ce mensonge de la propagande. Sachant parfaitement sa fausseté, ils durent se convaincre eux-mêmes de cette fiction afin de justifier la décision gratuite d’attaquer et de détruire complètement l’Union soviétique.
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Hitler réservait sa haine la plus virulente aux Juifs (...) Selon sa propre version des faits, rapportée dans "Mein Kampf', Hitler se serait converti à l'antisémitisme après avoir rencontré un personnage en long caftan avec des boucles de cheveux noirs dans une rue de Vienne. (...)
A partir de ce moment, écrit Hitler, "partout où j'allais, je voyais des Juifs, et plus j'en voyais, plus mes yeux apprenaient à les distinguer nettement des autres hommes."
pp.51 à 53 Ed. folio histoire, 2001
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Il fallait orchestrer le soutien populaire de la guerre, puisque la guerre et l’expansion étaient irrévocablement liées à la survie du régime. À celui-ci les succès, les triomphes sans fin étaient indispensables, ainsi qu’à la popularité et au prestige de Hitler, dont tout le système, en dernière instance, dépendait. C’est seulement par l’expansion – elle-même impossible sans la guerre – que l’Allemagne et le régime national-socialiste pouvaient survivre. C’est ainsi que Hitler voyait les choses. Le pari expansionniste était inévitable. Ce n’était pas une affaire de choix personnel.
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Mieux vaut donc, semble-t-il, éviter carrément la question de la « grandeur » (si ce n’est pour chercher à comprendre pourquoi tant de contemporains ont cru voir une « grandeur » en Hitler). C’est une diversion : une question prise à contresens, absurde, sans objet et potentiellement apologétique. Prise à contresens parce que, comme les théories des « grands hommes » ne peuvent éviter de le faire, elle personnalise le processus historique à l’extrême. Absurde parce que l’idée même de grandeur historique est, en dernier ressort, futile. Fondée sur un ensemble subjectif de jugements moraux, voire esthétiques, c’est une notion éthico-philosophique qui ne mène nulle part. Sans objet parce que, que nous répondions par l’affirmative ou la négative à la question de la supposée « grandeur » de Hitler, cela n’expliquerait en rien la terrible histoire du IIIe Reich. Et potentiellement apologétique parce que le fait même de poser la question dissimule mal une certaine admiration pour Hitler,
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La complicité de Küchler, de Hoepner et de nombreux autres généraux était inscrite dans la manière même dont ils avaient été élevés et éduqués, dans leur façon de penser. On ne saurait nier l’imbrication idéologique avec les dirigeants nazis. Ils étaient favorables à la création d’un Empire oriental. Le mépris des Slaves était profondément enraciné. La haine du bolchevisme sévissait dans l’ensemble du corps des officiers. L’antisémitisme, quoique rarement dans sa variante franchement hitlérienne, était aussi largement répandu. Tout cela formait ce levain idéologique dont la fermentation transforma alors sans mal les généraux en accessoires du meurtre de masse dans la campagne de l’Est qui s’annonçait.
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Videos de Ian Kershaw (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ian Kershaw
Entretien avec l'historien Ian Kershaw à la librairie Millepages le 12 octobre 2016.
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Politiciens, économistes, juristes, enseignants (844)
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