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3,73

sur 404 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Première lecture de Philip Kerr et découverte de son héros Bernie Gunther. Il me faudra aller plus loin dans l'oeuvre de Kerr pour parfaire mon jugement sur cet auteur.
L'été de Cristal nous projette dans l'Allemagne nazie de 1936, pendant les jeux olympiques de Berlin.
Ancien flic devenu privé Bernie Gunther se voit confier une enquête qui l'emmènera se frotter aux rouages du système totalitaire.
J'ai lu assez facilement ce livre, dont l'intrigue est bien construite mais un peu complexe.
Le regard sur l'époque est documenté et intéressant, mais assez manichéen et contemporain.
L'humour de Kerr est très présent, mais très répétitif...
Bref, de bonnes bases, mais pas mal de "mais". Défauts de débutant ou travers d'auteur ? J'ai bien envie de le savoir en en lisant plus...
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« L'été de cristal » est un polar historique. L'écossais Philip Kerr en est l'auteur. L'ouvrage, paru en 1993, connut un certain succès. Sur l'élan, treize suites (et préquelles) virent le jour (en quasi one-shots) sous le titre générique « Bernhardt Gunther ».

« La trilogie (dite) berlinoise » («Berlin Noir» en VO) est un sous-cycle inaugural. « L'été de cristal » en est le premier tome. « La pale figure » (sorti en 1994) et « Un requiem allemand » (1995) suivront. Les points communs aux trois épisodes sont les suivants:

_un héros imaginaire récurrent (Bernhardt Gunther) calqué sur le profil type du détective privé polar US des années 30 ;

_l'omniprésence d'un lieu, le Berlin d'avant et d'après-guerre. La trilogie traverse deux époques sombres et tragiques, le 3ème Reich à son apogée (1936 et 1938 pour, respectivement, chacun des deux premiers tomes) et après la défaite, l'Allemagne en ruines (1947 pour le troisième). Les autres occurrences romanesques gardent Gunther en fil rouge mais perdent Berlin pour cadre (sauf exceptions) ; les noeuds d'intrigues s'insèrent alors à la croisée d'autres évènements historiques d'importance du XXème siècle dans d'autres grandes villes européennes (voire mondiales). le héros, à chaque fois, se montre en phase (ou désaccord le plus souvent) avec une nouvelle tranche d'Histoire.

« L'été de cristal » : en 1936, pendant les Jeux Olympiques, Berlin se pare d'oriflammes flamboyantes à la gloire du nazisme triomphant; dans les rues les SA ôtent les slogans anti-juifs des panneaux d'affichages; on efface les « juden » peints sur les devantures de certains commerces ; on assourdit les cris des suppliciés remontant des caves sombres de la Gestapo ; on étouffe le bruit des bottes aux frontières ; derrière les barbelés des KZ, on cache telle la poussière sous les paillassons, la peau sur les os des opposants incarcérés. Tout doit être clean et paradisiaque. La République de Weimar s'est éteinte, des heures sombres s'annoncent, 1936 n'est que prémisses. Philip Kerr, sous prétexte de divertissement, nous montre que certains signaux étaient ostensiblement au rouge. L'intrigue policière au creux de chaque tome, à chaque fois assez complexe mais passionnante, ne masque qu'à peine l'imposant background qui semble la cible des intentions de l'auteur: la description sans fard d'une société se débattant dans ses contradictions.

L'action suit en « Je narratif », Bernhard Gunther, un détective privé dans la droite lignée de ceux que le polar noir US des années 30 a érigé au rang de mythe. L'auteur, à la manière des romans noirs de Raymond Chandler et de quelques copies-calques ciné incontournables, dresse l'éternelle silhouette d'Humphrey Bogart déguisé en Philip Marlowe. Imper mouillé, col relevé, stetson de guingois, mégot verrouillé au coin des lèvres, verres d'alcools ambrés en satellite peu à peu a-gravitationnel autour de son gosier, regards en coin (et de braise) jetés sur les jolies pépées-vamps qui frôlent son périmètre de séduction. Bernhardt Gunther, comme attendu, trimballe un humour noir désabusé, cynique et exacerbé ; ses propos sans nuances, invariablement dévastateurs, jettent sur autrui un froid de tombe, définitif et implacable. Profondément misogyne (c'est inclus dans le cahier des charges), irrésistiblement dubitatif, méfiant et soupçonneux, il pose sur l'humanité un regard hilare, sombre et sans espoir. Témoin cynique et acerbe d'une époque qu'il ne cautionne pas, asocial solitaire et désespéré, rebelle en dissonance verbale et physique (il a la gâchette et le coup de poing facile). Verrouillé dans la nostalgie d'une République de Weimar évanouie dans la répression, il trimballe une dégaine chaloupée de m'as-tu-vu et des répliques cinglantes au sein d'un 3ème Reich dont il peut se moquer sans pouvoir le vaincre.

Philip Kerr revisite le old fashioned détective privé dans ses standards premiers ; d'un stéréotype à peine réactualisé (on a l'impression d'une mise à jour) il évite la peau de banane du déjà lu lassant, l'obstacle d'une histoire sans surprise car sans renouvellement majeur. Son coup de génie est ailleurs ; il donne l'illusion d'une peau neuve en laissant l'enquête mijoter dans une soupe où bouillonnent de gros bouts de 3ème Reich accrochés aux doigts qui tournent les pages. Les grandes figures du régime sont convoquées en directs live en cours d'enquête (Himmler, Goering, Heydrich, Nebe … etc). Bernhardt Gunther, en tant qu'héros imaginaire aux côtés de personnages ayant le privilège d'avoir vraiment existé, gagne en crédibilité malgré l'improbabilité de certains événements.

Le déroulé événementiel n'a que peu d'importance. On sait à quoi s'attendre. L'intrigue est ainsi classique du genre, adroitement ficelée et ingénieusement menée, tortueuse à souhait. Elle se montre volontairement à l'égal de celles des canons du genre imposés par Raymond Chandler. Sa crédibilité importe peu. Les ingrédients, fantasmés par l'imagerie nazie type embarquée, s'effacent devant le background qui, petit à petit, décrit une Allemagne sous le joug nazi et la lente mise en place d'une nation à l'étouffée, cadenassée dans ce qu'elle n'a pas su voir venir. Il est question des caves de la Krypo, de la Sipo, de la Gestapo, des lois antijuives, de Dachau. L'intrigue devient prétexte à la recréation d'une époque et c'est une belle réussite.

Le lecteur vient pour du polar noir à suspens, prenant et divertissant, un de plus, dirait t'on dans la cohorte de tant d'autres. C'est ce qui lui semble promis via la mention « policier » en bas de couverture, sa parution sans surprise au « Masque » en première édition française. Il repart avec un background historique foisonnant collant à son ressenti final comme un sparadrap obstiné en bouts de doigts. Il aura beau les secouer pour s'en débarrasser, le cadre historique évoqué l'imprégnera davantage et se fera cicatriciel, les péripéties de l'enquête se dilueront dans l'oubli. Curieuse inversion des effets de la lecture. L'Histoire, la Grande, est ici vu par le petit bout de la lorgnette mais prend tout le soleil et laisse l'enquête dans l'ombre. C'est le coup de génie de l'ouvrage : insérer, pour un tout plus grand, les faits d'Histoire dans les interstices d'une l'intrigue policière stéréotypée.

En 2021 parait aux Arènes ED. L'adaptation BD de « L'été de cristal ». Pierre Boisserie et François Warzala sont aux manettes d'une recréation graphique réussie. Sur 128 pages courre un roman graphique copieux qui s'attache à rester fidèle au roman d'origine. On est sur un modèle graphique et scénaristique imitant la patte BD de Tardi en hommage à Jean-Patrick Manchette. Les auteurs se prêtent au même jeu du détail d'époque à dénicher, celui qui fait vrai et rend crédible le background et par conséquent les personnages en avant-scène.

Bref, roman d'origine et BD d'actualité récente sont à conseiller. Autant pour les amateurs de polars que de récits à empreinte historique. Bonne lecture
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on me l'avait conseillé un milliard de fois, me promettant monts et merveilles et du coup, je suis un peu déçue.
Bon, bon, je crois qu'objectivement, il est pas mal du tout. le style d'écriture est plutôt bon. Des phrases rapides et percutantes, un scénario qui se déroule bien... Il y a deux ou trois trucs qu'on devine aisément. ( moi, ça me fait plaisir de deviner avant, je me trouve super forte après). Une trame historique pour se donner bonne conscience.
Non, en fait, ce qui me pose vraiment problème, c'est son personnage principal Bernie, j'ai pas réussi à l'encadrer. Pour moi, il ressemble trop à une caricature de détective privé : il est bourru, il se prend plein de gnons -mais n'est toujours pas dans le coma au bout du 108e ; il couche avec toutes les bonasses -soit parce qu'elles sont des salopes, soit parce qu'il a un sex-appeal de dingue! ; les balles font demi tour quand elles le voient (j'ai pas compris comment une nana évanouie et donc allongée dans le fond d'un bateau pouvait se prendre une balle en plein milieu du front et pas lui qui gesticule debout avec son arme)...
Voilà, voilà,
en tout cas, bonne lecture à tous.
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Lisant de moins en moins de polars, je dois pourtant reconnaître qu'ils font une excellente littérature d'insomnie, si les causes de celles-ci ne sont pas les cauchemars. Il faut en effet avoir le coeur bien approché, à trois heures du matin, quand tout est silencieux alentour, pour ne pas trouver glaçante la lecture de L'Été de Cristal.
Ceci n'est pas un commentaire sur l'enquête en elle-même: elle est glauque, certes, mais un lecteur ou une lectrice de romans policiers aguerri aura lu bien pire. Non, ce qui glace le sang dans les veines, c'est le Berlin nazi, les mille et une horreurs annonçant les horribles carnages à venir, et la passivité de l'Allemand lambda, comme notre narrateur, qui laisse faire sans cautionner, se contentant de faire de leur mieux dans les circonstances qu'ils vivent, pour ne pas se trouver dans le viseur de la Gestapo, tout en observant passivement la montée de l'horreur et les efforts désespérés des Juifs pour tenter d'échapper aux pièges qui se referment.
La trilogie berlinoise est un ensemble tout de même assez célèbre de romans policiers, mais je pensais que la qualité de l'intrigue serait meilleure, vu cette célébrité. Là, je trouve le côté roman historique finalement plus réussi que le côté policier.
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L'originalité de ce polar repose sur le contexte historique dans lequel se déroule l'enquête. L'intérêt principal est d'observer les mentalités allemandes connaître les prémices d'une mutation et la dictature prendre déjà le pas sur cette Allemagne d'avant guerre. Dans une atmosphère de film noir hollywoodien, Bernie Gunther fait preuve d'une grande habileté pour se frayer un chemin et trouver le fin mot de l'histoire. Tout ceci est rendu compliqué, au milieu des manipulations et des décisions totalitaires d'un pouvoir nazi quasiment en place.
J'ai pris un vrai plaisir à suivre la première aventure de Bernie, qui représente presque une caricature de détective privé, avec son chapeau, son charme et son cynisme. Il m'a enthousiasmé par sa verve, sa répartie détonnante, son humour désinvolte...malgré une utilisation outrancière des métaphores dans le récit afin de préciser ses dires.
Ambiance et personnage à suivre...
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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L'été de cristal est de lecture plaisante : le détective privé/héros est sympathique, anti-héros flegmatique (très britannique, on sent plus l'influence de l'humour écossais qu'allemand !) mais peu probable face aux SS. A lire pour le cadre historique dont le polar permet une nouvelle approche. Mais il faut garder en mémoire qu'on est plus près de Belmondo dans "l'As des As" que de "la Liste de Schindler"... L'histoire n'est donc pas très vraisemblable. Par contre, vraiment dommage, on devine assez vite ce qui est sensé être un retournement de situation. Je vais quand-même lire le suivant pour affiner mon opinion. En plus, il est plutôt "sympatoche" Bernie !
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L'été de cristal est le premier tome de la trilogie berlinoise de Philip Kerr.
Tout l'intérêt de ce polar réside dans son décor, celui de l'Allemagne nazie de 1936, au moment des jeux olympiques.
L'ambiance qui devait régner dans la capitale allemande à cette époque (mélange d'oppression des juifs, homosexuels, de délation, etc avec en parallèle la volonté pour le pouvoir en place de passer pour un pouvoir respectable aux yeux du monde) est très bien rendue par l'auteur qui est visiblement bien documenté (ceci dit, n'étant pas un expert de cette époque et de cette ville, je ne serais pas à même de détecter de potentielles erreurs).
L'intrigue quand à elle est au final assez "classique" et on est dans du pur roman noir avec un privé (Bernie Gunther) assez cliché (désabusé, muni d'un solide sens de l'humour) qui va au cours de son enquête côtoyer les puissants, les raclures et les femmes fatales et où il est question pour lui de remettre la main sur des bijoux volés.
Un premier tome prometteur, qui invite à la poursuite de la lecture de cette trilogie.
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L'été de cristal est le premier tome de la trilogie Berlin Noir de feu Philip Kerr.

Nous faisons connaissance dans le Berlin de 1936, en pleine préparation frénétique des JO d'été, de Bernhard (Bernie) Gunther, un ancien flic de la Kripo, reconverti en détective privé.

Bernie Guenther est un sympathique et séduisant personnage dont la principale caractéristique est d'avoir la langue bien pendue. Tellement bien pendue, que je me demande si cela aurait pu se passer comme cela, en 1936 quand des gens disparaissaient tous les jours pour des propos bien moins corrosifs que ça…mais le langage désabusé de Bernie, voire insolent, ayant réponse à tout, est un des moteurs de ce livre. Alors on va l'accepter et jouer le jeu.

J'ai adoré le descriptif de la ville de Berlin-1936 avec ses gens et les à-côtés quotidiens. Il y a probablement une bonne appréciation du fonctionnement au sein du parti nazi avec l'envers du décor et l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler. Nous avons aussi une bonne description des relations qui existaient entre les divers caciques du parti entr'eux, mais aussi entre les divers sbires et la population allemande.
On apprend beaucoup de choses et notamment cette adhésion en masse au parti national-socialiste en mai 1933 (les violettes de mai) quand les gens se rouaient pour obtenir la carte du parti qui garantissait des meilleures conditions de vie.

Ce premier tome de la trilogie tourne autour de l ‘assassinat de la fille et du gendre d'un grand industriel de la Ruhr, adhérent au Parti, et Bernie Gunther devra s'immiscer à l'intérieur même de la machinerie nazie. Nous irons de surprise en surprise.

Un livre intéressant par les descriptifs d'époque, même si par moments il m'a paru un peu touffu.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Comme d'habitude j'adore ces polars historiques de cette période du 3ème Reich ! Il est intéressant de voir dans ce premier tome la montée du nazisme qui pourtant ne faisait pas l'unanimité chez tout le monde... Un mauvais point cependant, j'ai du mal avec l'enquêteur Gunther, plus sexiste et misogyne tu meurs... J'espère une évolution positive dans les tomes suivants mais j'en ai peur...
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plaisir à retrouver Philippe Kerr et son héros , tres british dans son humour et son flegme....Environnement et contexte nazi finement ciselé au service de personnages qui entrent et sortent de l'histoire au rythme des méfaits, rebondissements et meurtres.....Tout cela serait parfait si l'intrigue n'était pas un poil trop complexe...je m'y suis un peu perdu....mais j'y retournerai ( dans d'autres livres) ,c'est sur!
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Bernie Gunther, un privé chez les nazis...

"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

Hôtel Savoy
Hôtel Berlin
Hôtel Regent
Hôtel Adlon
Hôtel Otto

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