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sur 225 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Deux magiciens des mots
M'ont confié une pépite de littérature.

La vrai,
L'authentique,
Celle qui chavire,
Celle qui réveille,
Celle qui révèle,
Ces vies sacrifiées sur un frêle esquif
Juste avant d'atteindre ces rivages tant espérés !
Lampédusa.

Juste une nuit
A cueillir des pétales délicates
D'une divagation libre
Sur un mot qui la hante:
Lampédusa.

Le rêve et la réalité qui s'entremêle,
Dans ce petit appartement parisien.
Où la radio déverse ces nouvelles qui
Blessent ,
Interrogent,
Scandent
La fin de toutes ces vies qui se noient
Au abord d'un monde rêvé !
Lampédusa.

Maylis s'emporte,
Parle vite,
S'indigne,
Réfléchi,
S'interroge,
Tente de trouver un sens,
Un lien à l'inacceptable du
Naufrage de ces migrants sur les côtes italiennes.
Lampédusa.

A ce stade de la nuit
Je reste sans voix,
Ayant vécu
L' intensité d'une nuit
Sur la falaise d'instants
Qui se noient dans cette
Eternité qui m'a saisie
Aux tripes.
Lampédusa.
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Ce livre à ce stade de la nuit fût une commande passée à l'auteur à l’occasion des 14éme rencontres littéraires en pays de Savoie qui se sont tenues le 7 juin 2014 à Chamonix, édité une première fois à tirage limité en mai 2014 à l'initiative de la Fondation Facim, nous aimons cette réédition pour nous ouvrir un texte au rivage incertain perdu dans la mémoire incertaine de notre âme en peine de cette caresse des paysages vecteur d'une vie, d'un acteur fantôme d'une œuvre poignante, un vagabondage de souvenir s'étirant dans la nuit d'une soirée d'errance.
Leitmotiv de chaque chapitre A ce stade de la nuit, est une onde légère de souvenir se cristallisant sur un fait divers - Le 3 octobre 2013, un navire venu de Libye, débordant de réfugiés, sombre au large de l’île de Lampedusa, à deux kilomètres des côtes, faisant plus de 300 victimes- Dans sa cuisine Maylis de Kerangal, dans sa solitude absorbe de son poste de radio l’information de ce drame, l'écho de Lampedusa erre dans les méandres de ses souvenirs pour cette escapade autobiographique de lieux, de films, d'acteurs, de paysages, de moments de vie, une fuite douce et tendre où Lampedusa catalyse l’échappatoire.
Le Guépard de Luchino Visconti mirage du visage de Burt Lancaster sommeil dans l'esprit de Maylis De Kerangal du roman éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa....Puis la visite nomade des éponymes de Lampedusa caresse les pages de ce court roman de 74 pages comme un kaléidoscope méditatif pour absoudre la tragédie, refrain d'une radio pleurant les réactions officielles, silencieuses des méditations d'un soirée nocturne d'une fumée de cigarette, d'une fenêtre ouverte vers des noms d'horizons lointaines, consonance à Lampedusa.
Le chant des pistes de Bruce Chatwin accompagne la solitude de cette Nuit, Foucault respire le chant des îles. comme une ombre Maylis de Kerangal vit ce naufrage comme un souvenir, visualise chaque détail de ce périple, déchire le temps de ces victimes, se noie lentement dans la folie de ces émigrants fuyant l'horreur vers l’éden européen, sourd à ses êtres humains, naufragés d'un monde égoïste, perdu dans une société libérale, où les marchandises se véhiculent plus facilement que les hommes et femmes, ce passage de la tragédie s 'engloutit lentement dans les songeries de Maylis De Kerangal.
Ce Souffle des mots, l'écriture des souvenirs,cette force de mêler les situations, la puissance créatrice, l'inspiration de l'instant, rythme la bibliographie de Maylis de Kerangal de ses titres Ni fleurs ni couronnes, Naissance d'un pont, réparer les vivants, se livrant avec pesanteur et pudeur, offrant les secrets sourds, intime de sa plume .
Ce roman respire l'actualité du moment d'une écriture à l'art poétique vers une rêverie silencieuse et profonde . Un roman essentiel dans l’œuvre de Maylis de Kerangal.
Magnifique

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De temps à autre, Maylis de Kerangal condense son style unique, percutant, haletant non dans un roman mais au service d'un court récit. A ce stade de la nuit est une oeuvre qui laissera des traces. Un mot, seul, le mot de la honte: Lampedusa, vient perturber la nuit de la narratrice qui vague et divague entre le Guépard écrit par le prince de Lampedusa et les migrants qui meurent par centaines dans un rafiot au large de l'île. La débâcle du monde ancien (l'aristocratie sicilienne) se superpose à la débâcle du monde nouveau (La honte de l'Europe qui ne sait rien faire d'autre pour les migrants que de compter leurs cadavres). le monde chancelle. "si nous voulons que les choses restent pareilles, il nous faut tout changer", 'écrivit Lampedusa 'a l'avènement de la République italienne. Mettre son style puissant au service d'une cause, quoi de plus noble pour un écrivain qui s'affirme de plus en plus comme l'un de deux ou trois plus grands auteurs contemporains. Bravo!
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J'ai été touchée par ce roman. Maylis de Kerangal a vraiment le don pour nous faire vibrer, nous emmener avec elle sur des routes tortueuses, sur des barques surchargées flottant tant bien que mal. C'est à la fois un instantané sur cette tragédie, qui se répète inlassablement encore 5 ans après sans que les médias n'y prêtent plus vraiment d'attention, et c'est à la fois une description lyrique et poétique de cette île italienne, Lampedusa, véritable eldorado pour nombre de migrants.

Un très beau livre qui nous fait réfléchir et nous questionne sur notre humanité (qui comme l'auteure le décrit si bien dans le livre, passe par l'hospitalité).
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"A ce stade de la nuit", Maylis de Keyrangal entend à la radio qu'un bateau de migrants a fait naufrage près de Lampedusa. le nom propre a pour elle des résonances multiples qu'elle évoque dans de courts chapitres qui commencent tous par "à ce stade de la nuit". Mais c'est surtout ce drame du 3 octobre 2013 qui retient son attention. le texte, rêverie intime sur une tragédie qui se déroule dans l'indifférence du monde, est un chef-d'oeuvre d'écriture. "Lampedusa concentrant à lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant désormais un état du monde, un tout autre récit."
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Finalement, je tente de nouveau de lire l'auteure, dont j'avais abandonné Naissance d'un pont il y a quelques années. Ce texte court en est l'occasion.

Je dois dire que je suis agréablement surprise, je peux dire que j'ai aimé cette méditation d'une nuit.

Lu d'une traite, l'écrivain a su me faire entrer dans ses méditations à la limite du songe, à l'heure où les pensées et les images s'enchainent sans ordre.

Oeuvre de commande pour la Fondation Facim (Fondation pour l'Action Culturelle Internationale en Montagne), Maylis de Kerangal nous parle surtout des paysages qui ont bercé notre vie, des lieux reliés à notre parcours personnels.

Une belle et douce lecture.

L'image que je retiendrai :

Celle de l'arrivé en bateau sur l'île de Stromboli de la narratrice, avec son enfant dans les bras, pour rejoindre un homme.
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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