Tableaux d'un maître flemmard
Monsieur/Madame le (la) directeur (trice) des Éditions Autrement,
Je me permets de vous adresser ce courrier pour vous signaler le caractère défectueux de mon exemplaire de votre ouvrage intitulé «
Les heures silencieuses » de
Gaëlle Josse, qui est visiblement incomplet.
Tout d'abord, en dehors des 12 pages quasi-blanches qui précèdent le début du récit, des 30 cm de marges, de la police taille 26 et des rabats épais, je ne me suis douté de rien. (ceci dit, le jour où les arbres esteront en justice pour écocide, je n'aimerais pas être à votre place.)
Je ne vous cache pas que cette première partie où l'autrice raconte la vie supposée des personnages d'un tableau du maître flamand Emmanuel de Witte, m'a un peu ennuyé. L'idée de « faire parler » les sujets peints, n'est pas inintéressante et
Gaëlle Josse a une plume incontestable, mais de là à s'enthousiasmer pour la vie de Magda qui joue de l'épinette, s'inquiète du manque d'empathie d'une de ses filles, aime bien son fils qui devrait reprendre l'affaire familiale, voit son mari renoncer à la connaître charnellement après un accouchement difficile, pour ne pas la mettre en danger…
D'accord, chez les Flamands tout n'est pas rose, mais là, j'ai trouvé la peinture très à plat.
Vous me direz qu'à Delft, où le plus petit mur jaune peut être remarquable, une vie ordinaire en vaut bien une autre et qu'il ne faut pas s'attendre constamment à ce que le terne Clark Kent se rue dans une cabine téléphonique pour sauver le monde.
Certes.
Mais en l'occurrence, Magda la narratrice, manque singulièrement d'épaisseur. Et je ne parle pas du physique.
Notons toutefois que cette inconnue du XVIIème s. éprouve un sentiment de culpabilité quand un bateau de la Compagnie familiale, coule avec son chargement d'esclaves. On a beau être un personnage imaginaire, on a son éthique, quand même !
Mais bref, tout ça n'est pas bien grave. Cette première partie n'était certainement destinée qu'à planter le décor et préparer la suite qui s'annonçait elle, pleine d'aventures. Ce n'était quand même pas par hasard si
Gaëlle Josse avait conduit son héroïne à assister à un mystérieux assassinat !
Le retour du fils de la vengeance s'annonçait.
Dumas n'avait qu'à bien se tenir.
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Et c'est là que je me suis rendu compte que mon exemplaire des « heures silencieuses » était incomplet et qu'il manquait la suite du récit, celui-ci s'arrêtant brusquement. Je me retrouve donc frustré, en possession de quelques feuillets, insipides.
Je me demande bien comment votre contrôle qualité a pu laisser passer une erreur aussi grossière ?
Par conséquent, je vous saurais gré de bien vouloir m'adresser la version intégrale de ce roman dont je n'ai pu malheureusement, goûter toute la subtilité.
Veuillez agréer...
Blague à part : je comprends qu'on puisse se laisser porter par ce récit (même tronqué ;-)), mais c'est définitivement pas pour moi.