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Anne Damour (Traducteur)
EAN : 9782714438461
250 pages
Belfond (21/08/2003)
3.64/5   46 notes
Résumé :
Installée à New York, Clara avait toujours voyagé pour s'éloigner d'une famille étouffante. À trente-cinq ans, elle revient à Dublin, la ville de son enfance, après qu'une liaison malheureuse l'a détruite jusque dans sa chair. Pour guérir et apaiser son âme agitée, Clara aime se promener seule sur la falaise de Killiney Hill en fredonnant des airs d'opéra. Un jour, un homme l'accoste, certain qu'elle veut en finir...
De cette étrange méprise naît une relatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Clara revient sur sa terre d'Irlande. Profitant d'une éclaircie, un court rayon de soleil entre deux gros nuages noirs, elle se promène, l'air d'oublier sa douleur, l'air marin d'un vent chargé en iode, jusqu'au bord de la falaise. Elle respire, plonge son regard tout en bas, dans l'écume blanchâtre qui fouette la rive sauvage. Lar y promène en même temps son gros chien, le poil mouillé de ces pluies incessantes. Il s'approche de Clara, avec un triste pressentiment : tout corps au bord d'une falaise a envie d'y plonger. Mais Lar, au fond de lui, a le coeur et l'âme tout aussi meurtris…

Ces deux personnes transpirent la tristesse. Je les regarde dans les yeux et je verse des larmes. Tavernier, verse-moi plutôt une larme de Connemara ! Sláinte ! A l'éternité ! Sentir la tourbe dans ce verre, dans ce pub au néon doucement illuminé. Clara et Lar assis à la table d'à côté, se tiennent la main, se regardent, s'écoutent. Dans un autre monde, il y aurait matière à écrire une histoire d'amour, sur le saxo de Candy Dulfer et la voix de van Morrison. Mais là, je perçois trop de tristesse pour continuer à avancer, et c'est aussi ça qui est beau, puisque ce n'est que de la littérature, de sentir toute cette peine enfouie au coeur de chacun. Reste une histoire de deux solitudes qui se croisent au bord d'une falaise, presque prêts à franchir le pas vers le précipice. Et pendant ce temps-là, à l'extérieur du pub, il continue de pleuvoir, toujours et encore, comme la vie, comme le chagrin qui ne s'effacera pas.
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Conférencière spécialiste de la littérature irlandaise, Clara voyage de ville en ville, pour être libre de toute attache, pour échapper à la bienveillance d'une famille qu'elle juge envahissante. Mais New York a signé la fin de ses errances. Un homme l'a blessée, l'a meurtrie dans sa chair et dans son coeur et Clara est rentrée au bercail, à Dublin, pour se soigner et se reconstruire. C'est sur la falaise de Killiney Hill, alors qu'il pense qu'elle va se jeter dans le vide, qu'elle fait la connaissance de Lar McGrane. Lui aussi a souffert. Sa femme et sa fille sont mortes dans un attentat en Irlande du Nord, il a tout perdu, il ne lui reste que le chagrin et la haine. Leur rencontre est celle de deux solitudes, deux douleurs, deux êtres qui vont s'apprivoiser, se raconter, se consoler, se faire du bien pour pouvoir aller de l'avant.

Première rencontre avec Jennifer Johnston et le charme à l'irlandaise a opéré. Amour, deuil, blessures, averses de pluie et résilience sont au menu de cette petite musique pour dire adieu à la douleur et au ressentiment. C'est un livre d'ambiance, sans pathos, où deux chagrins se font face. Clara essaie de se reconstruire, d'éloigner la dépression qui la guette. Entourée de l'amour et des confitures de sa mère, de l'attention du médecin de famille, elle porte un regard désabusé sur sa mésaventure amoureuse, s'en veut surtout à elle-même d'avoir été naïve, de s'être laissée piéger par une homme trop beau, trop séducteur, trop peu sincère. C'est par l'écriture qu'elle va entrer en guérison, en couchant sur le papier cette histoire de trahison banale en apparence, mais aux conséquence tragiques pour elle, que la jeune femme pour mettre une distance entre ses sentiments et son vécu. Mais c'est aussi en hébergeant cet inconnu, en appréhendant, sans avoir l'air d'y toucher, sa douleur à lui, qu'elle peut relativiser la sienne. de son côté, Lar a fui l'Irlande du Nord, la compassion tout en retenue de ses parents, tous ceux qui l'exhortaient à prendre sur lui, à aller mieux pour se réfugier avec sa colère et ses larmes auprès d'une femme étrangère à son histoire. Cette parenthèse de quelques jours sera pour ces deux êtres blessés par la vie le déclic propre à les relancer vers l'avenir.
Une belle histoire, de beaux personnages, Dublin pour le décor et la magie d'un roman pudique, subtil, mélancolique mais non dénué d'humour malgré les sujets graves qui y sont évoqués.
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Petite musique des adieux ; Un Livre de Jennifer Johnston (Irlandaise née den 1930) & Anne Damour (Traducteur). 250 pages. Editions Belfond (21/08/2023).
Un style bien à part. le point de vue d'une grand-mère, un peu factieuse sur les bords. Historie de famille, jeunesse et d'Irlande…
« À l'autre bout de la pelouse, les mères rassemblaient leurs enfants, inquiètes à la vue des changements dans le ciel.
« Ou ?
— Ou, je ne sais pas, aller quelque part ailleurs. »
Cet extrait ressemble bien au Livre qui veut juste « être ailleurs » selon mon expertise, l'auteure écrit pour s'évader ; -) …
Puis il y a l'histoire du chien. C'est cool, les chiens. Non ?
J'avoue je n'ai pas eu le courage de terminer ce Livre -ça m'arrive pas souvent xd !! – parce que pour moi c'était trop banal style « Bin je prend ma douche, après je me fais un café, je vais me promener… » Vous voyez l'esprit ?
Bonnes Lectures quand même
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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J'ai découvert Jennifer Johnston avec ce roman et j'avoue avoir fait une bien belle rencontre.
Clara et Lar se rencontrent à Dublin, ce sont deux êtres solitaires meurtris par la vie, chacun va apprivoiser les différences de l'autre. Jennifer Johnston reprend des thèmes qui lui sont chers : la solitude, le deuil , la tolérance, le droit à la différence avec bien évidemment ce magnifique pays qu'est l'Irlande. le livre empreint d'une douce mélancolie est poignant , touchant et cette petite musique bien agréable à écouter, pardon à lire.
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Rien que la couverture de cette édition me plaît déjà : une vitre couverte de pluie à travers laquelle on devine en contrebas une rue dans un mélange de couleurs sombres et claires. Rien ne dit qu'on est en Irlande mais cette image correspond bien à l'atmosphère qui baigne ce roman : la pluie tombe souvent et symbolise le chagrin, le deuil que les deux personnages vivent, les larmes qui coulent ou qui restent bloquées à l'intérieur.

Clara a longtemps vécu à l'étranger pour échapper à une mère étouffante, elle est revenue vivre à Dublin après une rupture amoureuse qui l'a blessée jusque dans sa chair. Lar (Laurence) a fui l'Irlande du Nord sur un coup de tête après la perte de sa femme et de sa fille. Les deux se rencontrent par hasard et sur un malentendu sur Killiney Hill, elle l'invite à passer quelques jours chez elle pour se poser. Tous deux sont tellement écorchés vifs qu'ils s'accrochent régulièrement mais la rencontre a lieu, une sorte de reconnaissance éphémère et finalement bienfaisante de deux douleurs, de deux personnalités très différentes. le récit passe d'un point de vue à l'autre, sans changement de chapitre il se déroule d'une traite en nous donnant aussi accès au roman que Clara a commencé, dans lequel elle dévoile peu à peu ce qui s'est passé à New York, et aux souvenirs de Lar avec sa femme Caitlin.

J'ai retrouvé la plume sensible, à fleur de peau de Jennifer Johnston, une écriture qui fait toujours place aux déchirements internes de l'Irlande et sait se faire acérée au besoin : j'ai adoré le mordant de certains dialogues, l'humour, l'auto-dérision dont fait preuve Clara. La pluie, la nature qui renaît au printemps, les ombres et les rayons dorés du soleil et aussi la musique de Schubert, accompagnent à merveille cette démarche de deux êtres humains sur le point, peut-être, de renaître.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
C'est vraiment formidable d'être dans sa baignoire ; c'est un endroit sûr, calme, apaisant... tant que vous ne pensez pas à Charlotte Corday - mais, bien sûr, elle a agi dans des circonstances très différentes. Il est peu vraisemblable que Lar entre en douce pour m'égorger.
Les branches bruissent contre la petite fenêtre. J’irai les tailler un jour, quand il fera beau, sinon le soleil ne pourra plus passer entre les feuilles de la clématite et du jasmin lorsque viendra l'été, et cette pièce sera plongée dans l'obscurité.
La mousse court le long de mes bras, disparaît dans l'eau. Un battement régulier, une mélodie soudaine, puis le saxo, ô mon Dieu, quel instrument ! Comment vivait-on avant l'invention du saxo ?
Le piano.
Se laisser glisser, tout au fond. C'est ça, prendre un bain, je me laisse glisser de plus en plus profondément dans l'eau qui m'enveloppe.
Booodeeboooo.
Ooooh, comment...
La mélodie du piano à nouveau.
Roulades. Trilles. L'eau qui apaise. Le saxooo...
Oui. Oh oui.
Je me sens tellement...
Vivante. Débordante de vie.
Belle ?
Je peux encore être belle.
Oui.
Peut-être serai-je... Oui.
Rayonnante.
Saxo... sensation de chaleur. Puis les drums. Étouffés, vibrant à travers l'eau... ohhhh, merveilleux. Je vais me redresser, jaillir de l’eau avec le solo de batterie.
Il joue plus fort maintenant. Chasser l'eau qui me bouche les oreilles. Remonter à la surface. Vapeur, peau luisante, mousse. Il risque de faire froid en sortant. Les drums. Les drums. Oh, la barbe !
« Pour l'amour du ciel, Clara, on vous demande au téléphone. »
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« Vous voulez un cognac ? »
Il fit non de la tête.
« Bien, moi si. »
Elle se leva, se dirigea vers le buffet, prit une bouteille carrée et un verre et les rapporta à la table.
« Je vais m’en mordre les doigts, dit-elle tout en se servant.
- Pourquoi le faire, alors ?
- Parce que j’adore sentir l’alcool chaud descendre au fond de ma gorge. Parce que je sais qu’après un seul verre je dormirai comme une bûche. Parce que j’aimerai avoir l’impression que je suis gentille. Vous ne me donnez pas l’impression que je suis gentille ; peut-être le cognac m’y aidera-t-il. »
Il éclata de rire. « Vous êtes un drôle de numéro. Vous lui auriez sans doute plus. »
Elle éleva son verre vers lui.
« Sláinte.
- A l’éternité. Peut-être vais-je prendre un verre, après tout. Peut-être pourrions-nous être gentils tous les deux pendant un moment. »
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À mes pieds, aujourd'hui, la mer se teinte d'argent ; à dire vrai, la regarder plus d'une ou deux minutes me fait mal aux yeux. Tel un énorme animal elle rampe, des rides d'écume blanche se déplacent sur son dos fripé. Je ferme les yeux. Je sens sur moi la chaleur du soleil d'avril et tout de suite après la morsure de ce maudit vent d'est qui souffle d'on ne sait où ; des steppes de Russie, ai-je toujours entendu dire, mais j'ai pour principe de ne jamais croire ce qu'on me dit. Je pourrais rester là les yeux fermés indéfiniment, s'il n'y avait le vent d'est. Il s'engouffre dans mes vêtements et presse sa lame contre les cicatrices, contre les signes visibles de ma mutilation. Je serre mon manteau autour de moi. J'écoute les bruits de la vie normale derrière moi ; les mères qui appellent leurs enfants, l'aboiement des chiens, le pas d'un coureur isolé qui résonne avec un bruit sourd.
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« Peut-être Clara a-t-elle raison. Peut-être êtes-vous malade dans votre tête.
- Parce que je désire garder le secret ? Qu'y a-t-il de maladif à cela ?
- Vous voulez enchaîner la douleur et la garder au fond de vous, la nourrir, la laisser grandir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place pour autre chose.
- C'est mon affaire.
- Pas vraiment. Mon avis est que nous devons conserver notre santé morale et physique afin de remplir nos obligations envers le reste du monde - enfin, envers les gens qui nous aiment et nous font confiance, en tout cas. »
II prit sa cuiller et remua son café. Elle lui lança un regard désapprobateur.
« On ne doit pas remuer un cappuccino », dit-elle.
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Je suis moi-même. Je suis Laurence McGrane. Je suis professeur, je sais qui je suis. Je sais que ma femme et mon enfant ont été assassinés. Je sais que je me comporte de façon violente et irrationnelle envers les gens qui disent m'aimer. Je sais qu'un jour je reviendrai à la normalité et que je serai calme, poli et aimable, mais pas encore. Je veux pouvoir crier, m'emporter et haïr, jusqu'au jour où j'en aurai marre de m'apitoyer sur moi-même. Je ne peux pas te donner de date. Alors fous-moi la paix, papa, et cesse de vouloir me guérir.
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