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EAN : 9791030418033
48 pages
Allia (05/01/2024)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Dans un XIXesiècle encore à écrire, un jeune écrivain du nom de Victor Hugo s’insurge de la destruction de l’ancienne France et de ses monuments. Texte de jeunesse qui témoigne de l’acuité précoce de son auteur, Guerre aux démolisseursnous met face à un homme engagé dans les débats de son temps, et dont le diagnostic sévère laisse le lecteur toujours aussi dubitatif. Quelle place pour la protection du passé dans une époque obsédée par le progrès industriel ?Victor H... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Que voilà un titre qui ferait les beaux jours de la fondation Stéphane Bern pour le Patrimoine ! Victor Hugo développe dans ce petit format (100 par 140 mm), élégant et soigné, deux textes polémiques de défense du patrimoine ancien, notamment celui du Moyen Âge.

Le premier texte est une Note sur la destruction des monuments en France, écrit en 1825 : il y recense un certain nombre de destructions ou d'abandon pur et simple de monuments constituant un riche héritage, expliquant que souvent les matériaux sont prélevés pour d'autres constructions, et les institutions restent négligentes.

L'état des choses n'a pas dû s'arranger en 1832, car Victor Hugo enfourche de nouveau son cheval de bataille, sabre au clair, pour crier "Guerre aux démolisseurs !" Autant nous connaissons Hugo comme démocrate progressiste, autant nous le découvrons pourfendeur de la bêtise crasse qui ne suit que de petits intérêts immédiats et se donnent de fausses raisons patriotiques pour mettre à bas donjons et églises, qui sont les restes de la féodalité. Il donne de nombreux exemples, suite à un voyage effectué pour se rendre compte de la situation, exemples tous plus aberrants les uns que les autres. La moquerie va bon train, teintée d'amertume et d'incrédulité face à ces dommages irréparables. Deux ans plus tard, Prosper Mérimée devenu Inspecteur général des monuments historiques, dépensera également une grande énergie pour sauver le patrimoine menacé de destruction.

Victor Hugo ne se contente pas de dénoncer, même si le ton est clairement pamphlétaire : il argumente, et ses paroles sont résolument modernes. Par exemple : les monuments sont un capital, en ce qu'ils attirent des visiteurs, ce qui rentabilise l'argent qu'on doit employer à les entretenir. En outre, la conservation des monuments historiques est de la responsabilité des collectivités, pour l'avenir de notre société, le rayonnement de sa culture. Bien sûr, il ne va pas sans vanter la révolution culturelle romantique, en exaltant l'architecture du Moyen Âge plutôt que les vestiges romains. À vrai dire, il sauverait ceux-ci également, mais il se passe très bien des bâtiments modernes.

Ce court opus ne manque pas de profondeur ni d'actualité, il donne envie de connaître les monuments cités, de s'interroger sur les politiques actuelles de sauvegarde du patrimoine. C'est de plus un bel objet, d'un format insolite, très facile à emporter avec soi.
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Le Victor Hugo qui écrit ces deux courts textes "Guerre aux démolisseurs" et "Note sur la destruction des bâtiments de France" vient de publier Notre-Dame de Paris. Il s'intéresse donc aux monuments, au patrimoine, au Moyen-Âge. Ce pourrait être la voix d'un Stéphane Bern, utilisant son influence médiatique pourrait-on dire pour faire porter son message : il faut faire une loi pour protéger les monuments du passé contre le vandalisme, que ce soit les plus grandes cathédrales gothiques - qu'il a sublimées dans son roman, ou des édifices plus modestes de village.
Le terme lui-même de vandalisme est connoté, évoquant les destructions des sans-culottes de la Révolution française. Cependant, il élargit le propos. Les vandales, ce sont les "administrations", maires, sous-préfets... qui spéculent : leur but est de gagner de l'argent, en démolissant pour récupérer un terrain et faire du profit sur la vente.
Hugo insiste donc sur l'importance de l'art pour protéger les souvenirs du passé, l'art est en soi à protéger, d'autant plus que les lieux ont des enjeux patriotiques, mémoriaux, culturels, historiques... C'est érudit, flamboyant et foisonnant, Hugo étant capable de disserter sur les cathédrales ou les monuments qu'il a rencontrés en voyage, mordant aussi parfois quand il se moque des lourdeurs adminitratives, des spéculations des bourgeois... C'est une réhabilitation de l'art médiéval également, avec quelques piques pour l'architecture du Grand siècle, mais surtout du XVIIIème et du néo-classique du XIXème.
Une courte oeuvre dont j'ai particulièrement apprécié les échos au programme de terminale sur les enjeux politiques et géopolitiques du patrimoine. Hugo a une conception du patrimoine qui a pu inspirer celle de l'UNESCO, les souvenirs du passé qu'il faut transmettre aux générations futures, constitutifs d'une identité nationale, mais à valeur universelle.
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C'est toujours marrant de voir Victor Hugo se défouler pour clasher quelque chose. Avec sa verve grandiloquente de romantique, on dirait que L Univers entier est en jeu ; et vu qu'on touche à sa France chérie, on en est pas loin.
Alors OK, ce texte pourrait être récupéré par des nationalistes pour dire "Ah là là, notre beau patrimoine français est en train de se faire remplacer par des magasins de kebabs", il n'empêche, qu'on aime ou pas Stéphane Bern, il existe bel et bien, ce patrimoine, et croyez-moi ou non, il fut un temps où la culture française a bien failli passer aux oubliettes avec l'avènement du sacro-saint modernisme (PARCE QUE C'EST NÔÔÔTRE PROGRÈÈÈS !), destroyant ainsi des siècles d'architecture, de savoirs, de littérature, de questionnements politiques, de costumes, de sculptures, ect., ect. Et que ce soit en Afrique, en Europe ou sur la planète Mars, un épistémocide reste un épistémocide. Quoi qu'il arrive.
C'est donc avec verve et brio qu'Hugo lève le voile sur une des injustices flagrantes de son époque, offrant une lecture plaisante et utile bien qu'un peu redondante comme à son habitude. On espère que d'autres écrivains se lèveront ainsi pour sauver les cultures massaïes, papoues, yanomanies et autres. Parce que l'uniformisation des sociétés pour aboutir à une constante mainstream et insipide au nom d'une mondialisation aveugle n'a pas fini de se déchaîner...
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En 1832, Victor Hugo est encore un jeune homme (30 ans)... qui a déjà écrit la pièce "Hernani", le recueil "Les Orientales" ou encore le roman "Notre-Dame-de-Paris". Deux ans après la révolution de Juillet, le voilà qui prend la plume pour rédiger "Guerre aux démolisseurs". Deux ans, précisément, depuis lesquels une épidémie de destruction du patrimoine, notamment architectural et religieux, s'étend sur la France.

De son indignation face à la destruction d'innombrables édifices naît ce petit texte passionné dans lequel l'intellectuel donne, notamment, l'exemple d'un curé qui a froidement fait détruire, à Fécamp, le jubé du XVe siècle de son église. le désir forcené de progrès nous oblige-t-il à réduire en poussière les témoignages du passé ?

Les éditions Allia republient cette diatribe dans un minuscule petit livre (9 x 14 m, moins de 50 pages) au chaleureux et délicat papier. En couverture, une oeuvre de l'écrivain, qui était également peintre, intitulée "Vision de Notre-Dame" (encre brune et lavis).
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, pour jeter bas cette tour de Louis d'Outremer, presque contemporaine des tours romaines de l'ancienne Bibrax, pour faire ce que n'avaient fait ni béliers, ni balistes, ni scorpions, ni catapultes, ni haches, ni dolabres, ni engins, ni bombardes, ni serpentines, ni fauconneaux, ni couleuvrines, ni les boulets de fer des forges de Creil, ni les pierres à bombardes des carrières de Pérronne, ni le canon, ni le tonnerre, ni la tempête, ni la bataille, ni le feu des hommes, ni le feu du ciel, il a suffi au XIXe siècle, merveilleux progrès ! d'une plume d'oie, promenée à peu près au hasard sur une feuille de papier par quelques infiniment petits ! méchante plume d'un conseil municipal du vingtième ordre ! plume qui formule boiteusement les fetfas imbéciles d'un divan de paysans ! plume imperceptible du sénat de Lilliput ! plume qui fait des fautes de français ! plume qui ne sait pas l'orthographe ! plume qui, à coup sûr, a tracé plus de croix que de signatures au bas de l'inepte arrêté !
Et la tour a été démolie ! et cela s'est fait !
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Mais quittons ce point de vue aride, et raisonnons de plus haut. Depuis quand ose-t-on, en pleine civilisation, questionner l'art sur son utilité ? Malheur à vous si vous ne savez pas à quoi l'art sert ! On n'a rien de plus à vous dire. Allez ! Démolissez ! Utilisez ! Faîtes des moellons avec Notre-Dame de Paris. Faîtes des gros sous avec la Colonne.
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Le vandalisme a son idée à lui. Il veut faire tout à travers Paris une grande, grande, grande rue. Une rue d'une lieue ! (page 34)
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Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté ; son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde ; c'est donc dépasser son droit que le détruire. (page 14)
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Chaque jour quelque vieux souvenir de la France s'en va avec la pierre sur laquelle il était écrit. (page 18)
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Vidéo de Victor Hugo
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