AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sylvain Venayre (Autre)Ingunn Guilhon (Traducteur)Alain-Pierre Guilhon (Traducteur)
EAN : 9782251454474
298 pages
Les Belles Lettres (18/08/2023)
3.81/5   94 notes
Résumé :
"Au milieu de l'été dernier, une petite ville de la côte norvégienne fut le théâtre d'événements tout à fait insolites. Un étranger arriva, un certain Nage !, charlatan étrange et singulier, qui fit nombre d'extravagances, avant de repartir aussi subitement qu'il était venu". Ainsi s'ouvre cet étonnant roman de Knut Hamsun. Un simple rai de lumière, un parfum nouveau, une soudaine impulsion ou un seul mot suffisent pour que tourne le kaléidoscope des multiples perso... >Voir plus
Que lire après MystèresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 94 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis
J'ai terminé ce roman, Mystères, il y a quelques jours et je ne sais toujours pas quoi en penser. Je n'ai pas détesté. Je crois avoir aimé. Dans tous les cas, il contient des éléments que j'ai bien aimés. Mais commençons par le commencent. Dans une petite ville côtière de la Norvège, un certain Nagel descend d'un bateau et prend une chambre pour une période indéterminée. J'ai tout de suite pensé à un homme sur le retour d'âge qui retourne dans son patelin natal et, comme son départ date de loin, personne ne le reconnait. Eh bien non. Nagel semble vraiment un étranger. Son arrivée tombe à poil : on procède à l'enterrement d'un jeune homme. Probablement suicidé. Néanmoins, il déambule dans les petites rues, fraternise avec les locaux, à commencer par le coup de coeur du suicidé puis par un simple d'esprit. Ses contacts avec eux et plusieurs autres agissent comme un catalyseur. En même temps, si tout le monde réagit à sa présence, elle n'entraine pas une série d'événements comme on aurait pu s'y attendre. Pour tout dire, tout le long de ma lecture, je me suis demandé quel était l'élément déclencheur, quel état le moteur de l'histoire. Je nageais en plein mystère. Nagel, personnage étrange et cultivé, ne laisse rien voir de son « jeu », de ses « intentions » et semble valser au milieu des villageois dont certains paraissent aussi fins que lui et l'entortiller dans leurs histoires. J'ai senti plus de suspense en lisant ce roman que dans certains romans d'espionnage…. C'est beaucoup dire. C'est que les personnages, qui ne se révèlent (réellement) que peu à peu, mais magistralement, sont finement développés par l'habile auteur Knut Hamsun. Sous des apparences anodines, ils acquièrent une dimension tragique. Je croyais que le mystère, c'était Nagel, puis les villageois et, enfin, le village lui-même. Pourtant, à part la fin inattendue, on ne débouche sur presque rien. Ce roman n'était-il qu'une occasion de raconter la vie dans une petite ville côtière norvégienne, une chronique, une ébauche de tragédie? Un roman d'atmosphère? Parfois, j'avais l'impression d'entrer à pas feutrés chez des gens de la bonne société au caractère difficile et imprévisible. J'en avais des frissons. Loin de moi l'idée de suggérer que pareille lecture n'est pas suffisante. Seulement, quand on ne s'y attend pas…. Mais non, on assiste au lent mais inexorable développement d'une psychose qui amène le lecteur à reconsidérer certains des événements du roman. Ainsi, je sens que je vais continuer à penser à ces personnages encore un petit bout de temps…
Commenter  J’apprécie          410
Etrange roman qui laisse une impression bizarre à la fin de la lecture.
On suit Nagel, personnage fantasque, jouant plusieurs rôles dans cette aventure, du généreux altruiste au plus sournois personnage, manipulateur mais jouant lui-même à se laisser manipuler. Ce personnage file tel une anguille dans nos mains, insaisissable, toujours là où on ne l'attends pas, qui en fin de compte, sous son apparente assurance, il tient plus du simple maniaco-dépressif. Ce roman scandinave m'a fait penser au cinéma nordique un peu éthéré des Bergmann, Dreyer. Les questionnements philosophiques de notre personnage traduisent plus son incohérence qu'une véritable pensée structurée, des déblatérations de soir de beuverie qui disent tout et son contraire, ses relations aux autres semblant parfois calculées pour s'effondrer tout de suite après dans une fuite en avant désespérée. Toujours est-il que j'ai aimé me perdre dans ce roman, trébucher parfois, comme dans un labyrinthe de mots, de caractères, un peu comme dans les romans d'un Henri Miller ou d'un James Joyce, d'un Albert Camus, avec une dimension tragique un peu chaotique. Qu'est venu faire Nagel dans ce village, sinon s'y perdre, assouvir une volonté de devenir un personnage artificiellement tragique. Ce n'est que quelques heures après avoir tourné la dernière page que j'ai réussi à en mesurer l'ampleur, comme si le silence après, c'était encore le roman.
Commenter  J’apprécie          420
« Au milieu de l'été dernier, une petite ville de la côte norvégienne fut le théâtre d'événements tout à fait insolites. Un étranger arriva, un certain Nagel, charlatan étrange et singulier, qui fit nombre d'extravagances, avant de repartir aussi subitement qu'il était venu. Cet homme reçut aussi la visite d'une mystérieuse jeune femme, venue Dieu sait pourquoi, et qui repartit au bout de quelques heures. » ● Tout est dit, ou presque, dans le premier paragraphe de ce roman déroutant dont je ne sais que penser. Je garde un souvenir émerveillé de la Faim, mais j'avoue que je n'ai guère été emballé par ces Mystères, même si j'ai beaucoup aimé le personnage de Minute, pauvre diable infirme et victime du harcèlement des autres villageois, et si Knut Hamsun a des fulgurances incroyables ; comme : « Il était dans un état mystérieux, empli de bien-être psychique ; chaque nerf en lui était en éveil, son sang chantait et il était en communion totale avec la nature tout entière : le soleil, les montagnes et tout le reste autour de lui ; son propre moi lui répondait à travers les arbres, les arbustes et les feuilles. Son âme, tel un orgue, résonnait en un crescendo, et jamais il n'oublierait la façon dont cette douce musique coulait dans ses veines. » ● Si je perçois la dimension philosophique de ce roman (sans toutefois en saisir la véritable teneur, je dois bien l'avouer), il n'en reste pas moins que mon plaisir de lecture fut très faible.
Commenter  J’apprécie          410
Un roman étonnant, déstabilisant, et malgré tout attractif, ne serait-ce que pour tenter de comprendre où veut nous mener l'auteur, et qui est ce personnage étrange nommé Nagel. Il sème le trouble également dans la communauté où il s'immisce, se mêlant des histoires de chacun, s'inventant mille vies sans que l'on sache jamais s'il bluffe ou non !

Nagel semble endosser un costume de comédien, s'inventant à chaque occasion. Bienfaiteur qui porte secours aux opprimés ou sombre fomenteur de complots abjects, difficile de trancher. Même la relation amoureuse qui se tisse avec une jeune femme déjà fiancée, semble sulfureuse.

Quelques difficultés avec l'écriture, plus vraisemblablement liées à la traduction, certaines expressions ressemblant à des expressions idiomatiques prises à la lettre.

Ce roman est de ceux qui peuvent rester en mémoire par son originalité. Il est préférable de ne pas vouloir comprendre à tout prix l'énigme qui constitue ce personnage et se laisser porter par le récit, comme on vivrait un rêve éveillé.


298 pages 18 août 2023 (1892) Livre de poche
Caverne des lecteurs
Traduction (norvégien) : Goerges Sautreau
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          430
J'ai enchaîné les lectures plus ou moins malheureuses ces temps derniers, et notamment avec Knut Hamsun, qui, décidément, n'arrive pas à à m'enthousiasmer, si bien que je ne suis plus du tout certaine de vouloir lire La Faim.


Un jeune homme qui se fait appeler Nagel décide soudainement de débarquer dans une ville portuaire de Norvège, et se fait admettre assez rapidement dans la bonne société, malgré ses manières insolites. Mais il poursuit aussi un drôle de but, en décidant de fréquenter et apparemment d'aider un homme que tout le monde appelle Minute, et qui sert de souffre-douleur à certains bourgeois de la ville. Plus qu'une histoire, on a affaire à une suite de délires verbaux, de conversations qui partent dans tous les sens pendant des heures, de monologues intérieurs interminables. Même si certains chapitres nous accordent une pause et se concentrent sur quelques situations à peu près factuelles, on suit essentiellement - si l'on peut dire qu'on est capable de suivre de façon cartésienne quoique ce soit, ce dont je doute, et qui n'est pas le but de Hamsun - les pensées de Nagel qui défilent à toute vitesse et révèlent une personnalité accablée par l'instabilité mentale.


La façon dont Hamsun décrit chez Nagel le passage de l'excitation la plus fantasque à l'abattement le plus total, les pensées qui s'enchaînent de façon délirante à un rythme effréné, le besoin constant de parler, parler, parler, surtout en société, et de tout, de philosophie, de littérature, de politique, de n'importe quoi, voilà qui me fait dire que Hamsun a dû observer de près une ou plusieurs personnes atteintes de ce qu'on appelait alors la psychose maniaco-dépressive (je ne sache pas que Hamsun en ait été atteint lui-même, mais c'est peut-être le cas) ; les symptômes, intérieurs comme extérieurs, sont étonnamment bien rendus, étonnamment justes. Pour autant, ce sont des scènes assez fatigantes pour le personnage et pour le lecteur- comme dans la vie, cela dit -, et qui m'ont fait traîner sur le roman un bon bout de temps. Mais Nagel est aussi assailli par des rêves étranges, par des hallucinations, par ce qui semble être des prémonitions... Je n'ai donc guère de doute sur le fait qu'au moins un des buts de Hamsun, c'est de parler de ce qu'on appelle communément folie.


Mais comme Nagel se détache de la société dans laquelle il évolue, et fait tache, c'est aussi pour Hamsun le moyen de montrer comment réagit la société à ceux qui sortent de la norme. On invite Nagel à des soirées, on débat de tel ou tel sujet avec lui, on rit avec lui, on le trouve fantasque, bizarre. Jamais on ne se dit qu'il va mal, jamais on ne décèle son mal-être, et encore moins sa pathologie (ou ses pathologies, plus probablement). La société bourgeoise continue sa vie tranquille tandis que Nagel, qui s'arrange en plus pour s'encombrer d'une histoire d'amour impossible, sombre petit à petit.


J'avoue que le roman m'a laissée tout de même perplexe, et surtout lorsqu'il y est question des rapports de Nagel et Minute. Là, je vois moins où Hamsun veut en venir, si ce n'est peut-être démontrer que Nagel a démasqué l'hypocrisie sociale - je n'en dis pas plus, l'histoire de Nagel et Minute réserve quelques surprises.


En un mot, je reste vraiment sur ma réserve concernant ce roman. Qu'il s'agisse de parler de la folie ou de la normalité sociale qui écrase les marginaux, j'ai l'impression d'avoir lu des romans ou des nouvelles qui, soit m'ont davantage touchée, soit sont allés plus loin sur ces sujets - sur le fond comme dans la forme -, et surtout ont davantage condensé leur propos (je pense au Journal d'un fou ou à Bartleby, entre autres). Mais j'ai aussi l'impression que je suis passée à côté de quelque chose, que Hamsun a voulu donner une dimension philosophique à un roman qu'il a tout de même intitulé Mystères, dimension qui m'a laissée de marbre et m'a par conséquent, avouons-le, échappée.



Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          2717


critiques presse (2)
LeMonde
16 octobre 2023
"Mystères" participe d’une période où Hamsun soumet la psyché humaine à la question, tant socialement qu’affectivement. On y poursuit, au fil de dialogues d’une véhémence survoltée, quasi ­incantatoire, l’étrange et fatal périple de Johan Nilsen Nagel.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
28 septembre 2023
Ce roman, influencé par Dostoïevski et Nietzsche, met en scène Johan Nagel, personnage original qui vient perturber la vie paisible d’une petite ville portuaire.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis très heureux ce soir, c'est peut-être pour cela que j'ai trop bavardé. Tout me rend heureux : je marche ici à côté de vous, et c'est la plus belle nuit de ma vie. Je n'arrive pas à le comprendre : c'est comme si j'étais une partie de cette forêt, ou de ce sol ; une branche, un sapin, une pierre, oui même une pierre, mais une pierre remplie de tout ce parfum et de toute cette paix qui nous entourent. Regardez là-bas, le jour se lève : on voit une raie d'argent."
Ensemble ils regardèrent l'horizon.
"Moi aussi, je suis heureuse ce soir."
Elle avait dit cela spontanément, librement, impulsivement, comme si cela avait été la chose la plus naturelle du monde.
Commenter  J’apprécie          4711
Il leva la tête et aperçut un homme qui arrivait de la ville. Il portait un grand pain sous un bras et de l’autre tirait une vache par une corde. Il était en bras de chemise et la chaleur l’obligeait à s’essuyer continuellement le front. Cependant, il avait une écharpe de laine rouge enroulée deux fois autour du cou. Nagel contempla le paysan sans bouger. Le voilà, c’était lui le cul-terreux, le Norvégien, l’indigène au pain sous le bras et la vache au cul ! Quelle image ! Brave viking norvégien, si tu retirais ton écharpe pour aérer un peu tes puces ? Non, pas possible, l’air frais t’achèverait, t’en crèverais, la presse tout entière regretterait ton départ précipité, et ferait son grand numéro ; puis, pour éviter que cela se renouvelle, le député libéral Verle Vetlsenen présenterait une proposition de loi sur la protection et la défense des puces nationales.
Commenter  J’apprécie          211
Prenez n’importe lequel des dirigeants socialistes ; de quel genre d’hommes s’agit-il ? De maigrichons échevelés qui passent leur temps dans des mansardes à écrire des thèses sur l’amélioration du monde ! De braves gens, bien sûr, mais incapables de parler d’autre chose que de Karl Marx. Et lui aussi, ne faisait que rédiger dans sa tête la fin de la misère dans le monde –théorie donc. Son cerveau a emmagasiné tout ce qu’on peut rêver dans ce domaine. Alors il prend sa plume et il noircit page après page, sort des chiffres, prend aux riches pour donner aux pauvres, distribue des fortunes, bouleverse l’économie mondiale et déverse des milliards sur les misérables qui s’en étonnent ; et tout cela scientifiquement, théoriquement !
Commenter  J’apprécie          190
Par Dieu, soit elle s'en va, soit elle veut pontifier. Si c'est ça, elle va sûrement me réfuter en disant : "Hum ! Cet homme a une opinion de la vie qui conviendrait mieux à un sauvage. Jamais entendu quelque chose de semblable ! C'est ça la vie ? Ce monsieur ignore sans doute ce qu'un des plus grands penseurs de la terre a dit de la vie : "La vie est une lutte constante contre les démons du coeur et de la raison".
Commenter  J’apprécie          266
Mon Dieu, comme Tolstoï s’efforce de tarir les sources de non-vie de l’humanité et de rendre la terre grosse d’amour pour Dieu et les hommes ! J’en ai honte. Il est culotté de dire qu’un comte fait honte à un agronome, mais c’est la vérité… Je ne dirais rien si Tolstoï était un jeunot qui avait des tentations à dépasser, un combat à remporter pour ainsi prêcher la vertu et la vie saine. Mais c’est un vieillard, complètement desséché, sans la moindre trace d’humanisme. Toutefois, pourra-t-on rétorquer que cela ne touche pas à sa doctrine ! Ah ! oui, mais c’est seulement quand on est devenu coriace et imperméabilisé par la vieillesse, rassasié par les délices de la vie, qu’on va voir le jeune pour lui dire : « Renonce ! » Et le jeune réfléchit et reconnaît que c’est conforme aux Ecritures ; mais il ne renonce quand même pas et pèche allégrement pendant quarante ans. C’est dans la nature des choses ! Au bout de quarante ans, quand il est devenu à son tour un vieillard, alors là, il selle lui aussi sa jument blanche et s’en va avec une bannière de croisé dans sa main rugueuse intimer à coups de trompette aux jeunes de renoncer. Ah ! ah ! C’est la même comédie qui recommence tout le temps. Tolstoï m’amuse, je suis ravi que le vieil homme puisse encore faire tant de bien ; il finira par faire plaisir à son maître !
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Knut Hamsun (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Knut Hamsun
En librairie le 18 août 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454474/mysteres
Dernier tiers du 19e siècle : une paisible ville de la côte norvégienne est le théâtre d'événements mystérieux. Un jeune homme est retrouvé mort dans la forêt, les poignets tranchés par le couteau de la fille du pasteur, en même temps que débarque un étranger, Nagel, « charlatan étrange et singulier ». Crime ou suicide ? La question est sur toutes les lèvres, y compris celle du lecteur. En reconstituant les extravagantes apparitions de Nagel et en relatant ses interactions avec les villageois, le Prix Nobel de littérature Knut Hamsun explore la personnalité d'un héros insolite et insolent.
+ Lire la suite
>Autres littératures germaniques>Littérature norvégienne>Littérature danoise et norvégienne : théâtre (126)
autres livres classés : norvègeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (235) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
152 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *}