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Christophe Mileschi (Traducteur)
EAN : 9782073032478
672 pages
Gallimard (14/03/2024)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Février 1944, à Asti, dans un Piémont occupé par les nazis. Cesco Magetti, un jeune soldat sans histoires, membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire, se voit confier une bien curieuse mission : établir en une semaine une carte des chemins de fer du Mexique. Un ordre qui viendrait des hautes sphères du Reich, inexplicablement parvenu jusqu’à lui.
Tilde, rêveuse bibliothécaire dont il tombe aussitôt amoureux, lui suggère un ouvrage qui pourrait l’a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Gian Marco Griffi, dans son roman « Chemins de fer du Mexique » nous entraine dans une folle épopée qui conduit son héros Francesco Magetti (Cesco) en une quête complétement absurde.
Notre pauvre Cesco membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire d'Asti dans le Piémont, en cette Italie de 1944, se retrouve à mener à bien une mission plus que délicate et complétement saugrenue. La guerre n'est-elle pas non plus une grande farce à l'image de cette mission ? Qu'est-ce qui pousse les hommes à se mettre sur la g…. ?
Imaginez plutôt, l'ordre que son Adjudant-Chef lui a intimé, malgré son étonnement personnel : « je dis que je n'ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle tu dois rédiger un document sur les chemins de fer du Mexique. Je reçois des ordres de quelqu'un qui a reçu des ordres de quelqu'un qui avant lui a reçu des ordres de quelqu'un d'autre qui a reçu des ordres. Peut-être y a-t-il quelqu'un en haut qui a connaissance de la raison pour laquelle il est absolument vital de rédiger un document sur les chemins de fer du Mexique….. le bruit a couru jusqu'aux oreilles du Führer ou aux oreilles de Goebbels, lequel a décrété que posséder un plan détaillé des chemins de fer mexicains, pour le Reich et ses alliés, était une question de vie ou de mort ». Par la suite, on en apprend un peu plus, il s'agit de retrouver une localité où se situerait « l'arme résolutive » permettant d'envahir le Mexique et de se lancer à la conquête des États-Unis. En fait une simple envie expansionniste.
Il faut expliquer, pour mieux comprendre ce roman, la situation dans le nord de l'Italie à cette époque. Pour l'Italie, alliée en début de conflit de l'Allemagne, les choses se gâtent avec en juillet 1943 le débarquement des américains en Sicile. L'arrivée des américains a pour conséquence la chute de Mussolini et la reddition de l'Italie qui demande un armistice et déclare, même, la guerre à l'Allemagne en octobre 1943. Toutefois, en parallèle, Mussolini emprisonné s'évade et crée la République Sociale Italienne (RSI) sur un territoire couvrant le nord et le centre du pays de septembre 1943 à avril 1945 (dont, bien entendu, Asti et le piémontais où se situe l'action). La RSI est, naturellement, sous protectorat allemand.
Revenons à notre Cesco, membre par désoeuvrement, de la Garde nationale républicaine (et donc fasciste malgré lui) ferroviaire, qui doit mener à bien sa mission dans un environnement anxiogène. Il se rend à la bibliothèque où, peut-être, il pourra trouver une source de documentation. Notre jeune homme y fait la rencontre de Tilde, la bibliothécaire, qui le subjugue et deviendra bien vite sa « déesse chimérique », elle lui fait part de l'existence d'un livre « Historia poética y pintoresca de los ferrocarriles en México » qui pourrait contenir des éléments de réponse et l'aider à établir le plan des lignes de chemins de fer. Commence alors une course poursuite pour récupérer ce fameux ouvrage, insaisissable, qui file de mains en mains et donne matière à des rencontres avec divers personnages insolites.
Ah, j'oubliais, comble de malchance notre héros traine une rage de dent qui complique ses recherches et préfère « brûler le mal » par l'alcool au lieu de rendre visite au dentiste auquel il voue une peur irrépressible. Décidément, rien ne va dans cette chiennerie de vie !
Roman ubuesque, picaresque, singulier qui dépeint admirablement le marasme de cette région en 1944. Sur un ton, humoristique, parfois satirique, Gian Marco Griffi égratigne les politiques, les religieux et s'interroge sur le poids de l'humain, en tant qu'individu, baladé dans les tourments de l'histoire. Malgré, parfois, un certain hermétisme dans l'expression, Cesco, par ses peurs, sa naïveté, ses doutes nous émeut et nous pousse à tourner les pages pour savoir, enfin, s'il pourra fournir ce fameux plan des Chemins de fer du Mexique.
Un grand merci aux Éditions Gallimard et bravo à sa collection « du monde entier » qui nous fait voyager sous des plumes de divers horizons.
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Aujourd'hui je vais évoquer Chemins de fer du Mexique premier roman italien de Gian Marco Griffi. C'est un roman d'aventures gargantuesque, démesuré, étonnant et palpitant.
Malgré le titre le roman se déroule en Italie en 1944. le protagoniste se présente ainsi : « je m'appelle Magetti Francesco (dit Cesco), j'aurai vingt-trois ans le vingt et un juillet et je suis milicien au sein de la Garde nationale républicaine ferroviaire. » Cesco vit à Asti, il est fasciste sans grande conviction, mais indubitablement dans le camp mussolinien. Un matin de l'hiver 1944 son adjudant-chef vient le voir et lui confie une mission. Il doit mettre la main rapidement sur la carte de Chemins de fer du Mexique. La raison reste obscure, mais l'ordre vient d'Allemagne des plus hautes sphères du régime et il n'est pas question de se dérober. Cesco est démuni face à la tâche, il se rend à la bibliothèque où il est subjugué par la jeune Tilde qui le met sur la piste d'un ouvrage qui pourrait contenir des éléments lui permettant d'accomplir sa mission. Cette rencontre est la naissance d'une idylle contrariée. Mais le livre en question a été emprunté et elle n'est pas censée dévoiler l'identité du lecteur. En ces temps troublés de guerre, quelques menaces peuvent convaincre les langues de se délier. Cesco va notamment rencontrer deux employés du cimetière qui ont jadis été ouvriers au Mexique et y ont installé des rails. le roman est dense et touffu (plus de huit cents pages), les histoires s'entremêlent et les personnages se croisent. le lecteur prend plaisir à se laisser porter par cette aventure rocambolesque, folle, désopilante. L'auteur évoque la bureaucratie (nazie et fasciste) dans des pages qui seraient hilarantes si les résultats n'étaient dramatiques. Ainsi de l'administration et de sa localisation : « l'étage des cabinets des Communications se situe du côté opposé à la galerie numéro neuf, juste là-bas, passé l'angle. A l'ouest, c'est le cabinet des Décisions, dont il se trouve qu'il jouxte le cabinet des Dédommagements, constitué du cabinet des Réclamations et du cabinet des Juristes. En montant à l'étage supérieur on croise le cabinet de l'Économie et en continuant le long des huit corridors, tu te retrouveras devant le service Affaires éligibles de suicides d'État assistés. » Quand il est question d'Hitler le narrateur écrit : « Adolf, chef du Parti, se demandait quelle tenue mettre, cependant qu'Eva, sa compagne, tentait de lui retailler la moustache au moyen d'une paire de ciseaux à ongles. » Humour et dérision sont présents dans Chemins de fer du Mexique, épopée brinquebalante entre Italie et Mexique à la recherche d'une arme secrète qui pourrait si elle existait garantir le triomphe des forces de l'Axe. Mais encore faut-il la localiser d'où l'importance d'obtenir cette carte avec les différentes bifurcations. Cesco est un jeune homme discipliné (jusqu'à un certain point seulement puisqu'il finira par tuer, se cacher et fuir en Suisse) qui voudrait complaire à son supérieur. Mais il apprend que : « la carte annexée au livre, qui ne figurait pas dans cet exemplaire parce que quelqu'un l'avait encadrée et accrochée au mur d'un château de Duino, a brûlé dans un incendie. Nous avons cherché d'autres exemplaires mais on n'en trouve pas. C'était un exemplaire unique, semble-t-il. » Quitte à être compromis il se résout à falsifier la carte qui lui est demandée : « j'ai repéré un secteur de la carte entre San Luis Potosí et Santiago de Querétaro, entre les montagnes et la plaine. J'ai dessiné un cercle, et à côté j'ai écrit « Santa Brígida ». J'ai tracé un embranchement à partir de la ligne ferroviaire reliant San Luis Potosí et Santiago de Querétaro. »
Chemins de fer du Mexique est un premier roman épatant malgré sa longueur et la densité des événements rapportés. Bien que cela soit très différent tant par le sujet traité que par le style cela m'a évoqué Les bienveillantes de Jonathan Littell formidable roman sur le nazisme.
Voilà, je vous ai donc parlé de Chemins de fer du Mexique de Gian Marco Griffi paru aux éditions Gallimard.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Vidéo de Gian Marco Griffi
Entretien mené par Gérard Meudal
Porté par le bouche-à-oreille des lecteurs enthousiastes et sélectionné pour le Prix Strega, Chemins de fer du Mexique de Gian Marco Griffi à été une véritable révélation dans le paysage littéraire italien de l'année 2023. Ce roman débordant d'aventures qui s'ouvre à Asti, au Piémont, en février 1944, met en scène un soldat de la Garde nationale républicaine ferroviaire, qui se voit confier par le IIIe Reich la mission apparemment insensée d'établir une carte des chemins de fer du Mexique en une semaine. C'est le point de départ d'un texte à la fois amusant et émouvant, réaliste et fantastique qui entrelace habilement une multitude d'histoires secondaires, de digressions, de rêves, de lettres et de visions. Ce n'est pas un hasard si la critique italienne a évoqué à plusieurs reprises le nom de Roberto Bolaño.
Dans le cadre du festival Italissimo 2024.
À lire – Gian Marco Griffi, Chemins de fer du Mexique, trad. de l'italien par Christophe Mileschi, Gallimard, 2023.
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