Mon appétit semble revenir doucement, ce qui me fait culpabiliser. Je culpabilise aussi quand je m’entends rire, ou quand le quotidien occupe toutes mes pensées au point d’en oublier la mort de ma meilleure amie.Et lorsque je reviens à la réalité, elle m’envoie un uppercut.
Peu importait, au fond, la valeur. Ce que désirait par-dessus tout ta mère, c’était un cadeau qui ait du sens.
En vérité, Azzurra ne voulait pas de cadeaux, elle voulait des preuves d’amour, des démonstrations d’amitié. Il fallait que, ce jour-là, on lui prouve à quel point on la connaissait bien.
Mon trouble de l’attention m’oblige à lister tout ce que je dois accomplir, pour ne rien oublier et ne pas trop me disperser. Sinon, je suis capable de commencer mille choses et de n’en terminer aucune. Et donc de me noyer dans un verre d’eau.
On a le droit d’être égoïste quand on souffre, non ? Ça donne des circonstances atténuantes, le deuil. Faut bien que ça serve à quelque chose, merde ! Qu’est-ce que t’en sais, toi, en plus ? T’as déjà perdu ta meilleure amie ? Non. Alors, ta gueule !
C’est à ça qu’on reconnaît la véritable amitié : lorsqu’une copine te traitera de folle, ton amie, elle, voudra être folle avec toi.
Soudain, le chagrin revient et assombrit d’un coup notre petite parenthèse. Violent et brutal, comme un orage en plein mois d’août.
Un rayon de soleil au milieu de mon ciel gris.
Ce chien irait au bout du monde pour moi, mais pas avant l’aube ! Faut pas déconner.
Mais les mots d’Azzurra, eux, je les dégustais, ils comptaient. Aujourd’hui, il ne me reste plus qu’un infini silence.