Claudia Saint George, jeune femme originale, un époux, des amis, des enfants, passionnée d'art, à la particularité d'être grande amatrice de thé et de cantucci aux amandes, de pouvoir imiter le chant des oiseaux, de cuisiner des conchiglionis parfumés et délicieux au palais, de déguster un Bardolino Chiaretto rosé, fidèle à la musique libanaise, à la culture arabe qu'elle découvre, restauratrice au musée des offices de Florence, peut-être atteinte modérément d'un syndrome étonnant, le syndrome
De Stendhal, qui provoque chez elle une émotion démesurée.
Un jour sa vie change quand elle rencontre Maria-Maddalena Sandys, l'arrière-arrière-petite-fille du peintre anglais préraphaélite Anthony
Frederick Sandys dont elle restaurera un tableau de famille. Elle installe son atelier dans la mystérieuse
villa des Orangers appartenant à cette personne qui semble froide hautaine, au coeur sec et impressionnante et qui deviendra pourtant une très grande amie.
Claudia veillera sur elle jusqu'à la fin de sa vie et rachètera la villa en viager. J'ai lu doucement ce roman sur l'art de vivre car il contient beaucoup de thèmes, vous saurez tout sur l'art et la restauration de tableau, sur les couleurs et en particulier le bleu.
Les thèmes de la vieillesse, de la solitude, de l'euthanasie, du deuil sont également abordés et en particulier comment vieillir et bien vieillir. Lorsqu'on atteint un certain âge peut-on encore s'accorder l'amour et le joie de vivre. Claudia laisse tout derrière elle pour aller s'installer dans cette mystérieuse
villa des orangers dont elle hérite de son amie en quelque sorte. Et puis la vie intense commence...la cueillette des olives, les vignes, les orangers de Massa Carrera, les sentiers de promenades parmi les lentisques, les garrigues, les agaves...
Elle va veiller sur ces dernières années jusqu'à cette cérémonie de passage très émouvante où elle décide même de ce qu'elle va porter, comment sera t-elle coiffée. Elle s'accorde le droit de choisir ses souvenirs les plus précieux qu'elle offre une dernière fois à son amie comme des vêtements, des rires, des moments de tendresse jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux. Claudia aura été une amie, une confidente pendant ces deux années intenses pour Maria- Maddalena. C'est un roman sur la vie, l'amitié qui peut surgir dans la vie comme l'amour à n'importe quel moment. J'ai beaucoup aimé la scène de la fête de Noël où tout le monde débarque à la
villa des Orangers, le bon thé de Hicham. On aimerait y être et je n'ai pas pu m'empêcher de savourer un Spritz avec une belle rondelle d'orange...il faut vivre tout simplement voilà le message de ce beau roman qui m'a fait un peu penser aux romans de
Peter Mayle sur la Provence pour la beauté de la nature, le silence des jours et l'intensité du moment et à ceux de Ludmilla Oulistkaïa en particulier sur l'orchestration de la fin de vie.
J'avais lu un passage où l'aïeul en fin de vie ne s'en fait pas, entouré de sa famille qui vit, mange et danse à ses côtés. Ludmilla Oulistkaïa écrit également sur la transmission, l'inter générationnel. Et puis j'adore la Toscane pour y être allée plusieurs fois petite et ce fut de très belles vacances. Montalcino résonne en moi ainsi qu'une autre villa...
Ce roman est très actuel en ce sens où dans notre société française les personnes âgées ne sont plus valorisées, parquées dans des maisons de retraite infames avec une nourriture insipide alors qu'elles ont travaillé toute leur vie...évidemment tout le monde ne possède pas une telle villa mais pourquoi ne vivons nous plus en famille, pourquoi ne prenons plus nous même soin de nos parents, pourquoi n'existe-t-il pas des solutions alternatives où les générations pourraient vivre ensemble, je pense à des collocations ou des maisons à plusieurs, plus petites et mieux gérées.
Tout est à réinventer... que transmettons nous aux générations plus jeunes ? Un très beau roman qui pose de nombreuses questions sur la vie.
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