Nous dégustions souvent un rosé glacé, du Rosatello Ruffino au parfum de pêche et de framboise ou du Bardolino. Mais, ce soir-là, je voulais un Spritz !Cette boisson typiquement italienne était extrêmement rafraîchissante et peu alcoolisée. Il suffisait de remplir entièrement un très grand verre à pied avec des glaçons, puis de rajouter un alcool plus ou moins amer selon les marques : le Campari Spritz bitter, très amer, qui donnait au cocktail une couleur rouge vif, ou de l’Aperol Spritz dolce, ou Aperol Spritz, plus sucré, qui apportait une teinte plus orangée. Moi, je suivais à la lettre les conseils d’Ervanno et préparais mon Spritz en version plus rare avec du Cynar, de couleur noire ambrée. Puis on complétait le verre avec du Prosecco, un vin blanc pétillant. La touche finale, une belle rondelle d’orange !
Tout n’était que paix et silence. Je retrouvais les sensations et le vertige de ma première visite aux Orangers. Les odeurs et les couleurs du matin étaient divines. La rosée qui s’évaporait de ce maquis parfumait l’air d’effluves chauds et sucrés. C’était l’heure bénie où chaque plante, chaque arbuste se dévoilait dans une débauche de senteurs. Un tournoi dans lequel chacun se disputait le rang de star, pour exhaler au jour nouveau sa quintessence, note la plus pure, la plus rare, la plus forte. La respiration silencieuse du monde végétal.
Comment cette étrangère avait-elle pu entrer si rapidement dans mon intimité, dans ma vie ? Comment une personne rencontrée quelques heures auparavant pouvait-elle vous devenir si familière ? Indispensable, presque… Elle comptait déjà pour moi, je m’inquiétais déjà pour elle.
La vie ça sert à quoi ?
À rien. C'est à vous de vous en servir...