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Isabelle Liber (Traducteur)
EAN : 9782896985760
288 pages
Le Quartanier Editeur (02/09/2021)
3.36/5   84 notes
Résumé :
Martha se voit demander par son père, Kurt, en phase terminale d’un cancer, de l’amener de Hanovre jusqu’en Suisse, dans une clinique de suicide assisté. Mais ne conduisant plus, traumatisée par un accident, Martha sollicite Betty, son amie depuis vingt ans, qui consent à les accompagner. Or, le but du voyage se révèle bientôt un prétexte à d’autres desseins.

L’odyssée burlesque alors engagée se prolonge en Italie, et ce n’est plus seulement Martha qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Bien sûr, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour Thelma et Louise en suivant Betty et Martha dans Les Occasions manquées de Lucy Fricke traduit par Isabelle Liber, tant la complicité qui unit ces deux femmes rappelle celle des héroïnes de Ridley Scott.

Mais la comparaison s'arrête là. Car si road trip il y a, on est bien loin du sud des US, embarqués ici de Berlin et Hanovre jusqu'en Suisse, puis en Italie et enfin en Grèce. Car Kurt, le père de Martha devenu incurable, veut mourir. Et elles vont le convoyer jusqu'au lieu adapté.

Rien ne va se passer comme prévu et ce voyage ne sera que prétexte à introspection et réflexion pour Betty et Martha. Sur ces pères trop présents ou au contraire, perdus et sur ce qui nous lie à nos ascendants ou sur la façon de nous en détacher.

Mais aussi sur ce qu'il nous reste à accomplir quand la pause de la cinquantaine arrive et que les questions existentielles affluent, comme chez Betty : « À vingt-cinq ans, j'avais regardé la vie de haut, à présent, elle menaçait constamment de me submerger ». Une étape nécessaire pour que la vie reprenne le dessus.

Les Occasions manquées est un livre drôle et inattendu, rythmé dans sa première partie, n'échappant pas à quelques longueurs en son milieu puis se reprenant en mode polar pour conclure.

Un livre sur les relations entre les filles et leurs pères, un hymne à la vie et une belle découverte grâce au Prix de l'Armitière, puisque ce livre figure dans la sélection. Et enfin, comme ci-dessous, quelques rappels bienvenus…

« En cas de coup dur, tu n'as pas besoin d'amis, a dit Kurt, mais d'un bon médecin ou d'un avocat. On a besoin d'amis pour les bons moments, pour les mauvais, on y arrive tout seul. On a besoin d'amis pour le bonheur. Qui peut faire la fête tout seul ? le bonheur ça se partage, pas la souffrance ».
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Une belle histoire de pères et de filles…
Kurt, qui souffre d'un cancer en phase terminale, veut qu'on le conduise en Suisse dans une clinique où on aide les gens à mourir. Martha, sa fille, n'y tient pas : 1) il ne s'est pas particulièrement occupé d'elle pendant sa vie, elle ne voit pas pourquoi elle se taperait le sale boulot au moment de sa mort, 2) elle conduit très mal, mais vraiment très mal, 3) elle a ses problèmes à elle et ça lui suffit.
Elle a alors l'idée géniale de demander à sa meilleure amie Betty de prendre le volant. Celle-ci accepte mais elle poursuivra ensuite son périple vers l'Italie où elle veut retrouver la tombe de son beau-père qui a disparu du jour au lendemain sans donner de nouvelles...
Et c'est parti pour un road-trip plein d'imprévus…
Tandis que Kurt tousse à s'en faire exploser les poumons et urine dans le vieux tacot qu'il a imposé aux filles (oui, sa voiture, c'est sa vie!), Martha, en mal d'enfant et sortant à peine d'une très lourde dépression, fume, pleure, jette un coup d'oeil sur son père, repleure, refume, vomit, s'interroge sur l'existence et dort. Quant à Betty, elle pense à son passé, tente de faire le point, fume, boit, discute avec Martha, s'inquiète des ronflements tonitruants du père et conduit la voiture du mieux qu'elle peut...
Bref, ils vont tous très mal : les filles se demandent ce qu'elles ont fait des quatre décennies qu'elles viennent de traverser tandis qu'à l'arrière du tacot, le père se meurt ...
Je vous le dis tout de suite, la balade, vous la faites avec les filles, vous y êtes, vous partagez leur côté désabusé, leur terrible désenchantement, leur profonde mélancolie et leur désespoir sans fond. Elles ont perdu leurs illusions, ne croient plus en rien et ne cherchent en aucun cas à faire semblant. Et on les aime, ces filles, parce qu'elles sont vivantes, sensibles, fragiles et tellement lucides dans leurs analyses de ce qu'elles sont et de l'époque qu'elles traversent (la nôtre!)
Pas difficile de s'identifier à elles !!!
Oui, c'est triste (et très très drôle aussi, plein d'humour piquant et bien cynique!), oui c'est plein de nostalgie, oui, on a le seum de se dire que finalement, on est un peu comme elles… et il y a tant d'humanité, d'amour, d'émotions là-dedans qu'on a juste envie de les serrer très fort dans nos bras...
Un beau texte et des personnages très attachants. Un coup de coeur !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un hymne à la vie !
S'il est un livre à retenir dans le sombre des doutes, des questionnements, le voici. Magistral, un cerf-volant en plein ciel. Ne craignez pas son envol, « Les occasions manquées » auront oeuvré. L'histoire est sève. L'Ère des petits riens dévoile ses capacités, son hédonisme est une chapelle à l'instar d'Amélie Poulain. le crucial d'une trame qui éveille et incite au chemin de traverse. « Les occasions manquées » est un futur classique. Betty et Martha, deux amies siamoises, lianes et constance (la plus belle des qualités humaines) depuis vingt ans sont liées à l'adversité et à la connivence. le père de Martha est malade, très. Il veut aller en Suisse dans une clinique pour en finir avec la vie tumultes, ressacs et souffrances. Attention ! ici pas de pathos. Nous sommes dans une dimension où l'écriture est de rires et de surprises. La gravité est loyale, sous-bois, appliquée et attend l'heure pour suspendre les légèretés.
« Rideaux tirés, vaisselle lavée, quatre cartons fermés et une armoire vide. L'appartement était prêt pour notre départ. Il n'avait jamais été très causant. Nous étions les filles de ces pères qui ne trouvaient le temps de nous parler qu'à l'heure de la retraite. »
De Hanovre jusqu'en Suisse, le voyage est de collines et de confidences, de regrets. La beauté étincelle sur les routes émancipatrices. « Les occasions manquées » et tout recommencer. Betty, la fidèle vit elle aussi le manque du père. Il a quitté le foyer lorsqu'elle était à peine adolescente. Un père flouté par son éphémère présence. Arrivé dans l'antre familial lorsqu'elle était encore enfant. le relationnel déformé par un trop plein d'amour pour cet homme et les fantasmes d'une fillette. le voyage est picaresque, de bosses et de vagues. L'humour est un cahier du jour, des bulles de champagne. Rien ne va se passer comme prévu. On est dans le manichéen qui dresse la table des saveurs du monde.
« Si ladite liberté se révélait être une errance sans but et qu'on se transformait soi-même en fausse-route ?
Bousculer les aléas des vies, les manques et se dire qu'à l'extrême ligne d'horizon les renaissances seront allouées. Les épreuves enfin salvatrices. D'aucuns brusquent les quêtes. « Les occasions manquées » est l'électrochoc de l'urgence. le point d'appui des existences frustrées par les non-dits, les faux-semblants, les erreurs d'aiguillage et les pas de côté.
« Allez, on y va. C'était la phrase qu'on prononçait au moment de gâcher sa vie. »
La contemporanéité qui se révèle être la dernière carte en main, l'as de coeur. « Les occasions manquées » est la partition des renaissances. le chant des pères à marée basse où tout oeuvre enfin. Lucy Fricke est digne d'un génie évident. Bouleversant, initiatique, le macrocosme générationnel, les amours fraternels, la concorde du périple nourricier. de Berlin aux Cyclades : « Je vous ai pêché des coquillages ». Traduit de l'allemand avec brio par isabelle Liber. Publié par les majeures Éditions le Quartanier éditeur.



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Betty  a eu trois pères . le gentil, dit le « tromboniste », un Italien mort dix ans plus tôt, le méchant, dit « le porc », et le père biologique, disparu si tôt dans sa vie qu'elle ne peut le regretter. Son amie Martha n'en a eu qu'un, absent la plupart du temps, mais qui se manifeste lorsqu'il apprend qu'il va mourir d'un cancer.
Ces deux quarantenaires dressent un bilan bien sinistre de leur vie, l'une est célibataire et dépressive, l'autre essaie désespérément d'avoir un enfant.
« Dans mon esprit, nous appartenions à la première génération de femmes à pouvoir faire ce qu'elles voulaient. Résultat : il était aussi de notre devoir de faire ce que nous voulions, et de facto, nous devions vouloir quelque chose »
Cette pression pèse sur les épaules des deux amies, comme pèse sur elles l'absence d'amour dans l'enfance.
Et si la solution était de renouer les liens avec les pères ?
Les voilà embarquées dans un road trip avec Kurt, le père mourant de Martha sur les traces du père de coeur de Betty.

L'écriture est nerveuse, avec un rythme soutenu et bascule dans la dernière partie vers le polar. Entre humour noir, critique de la société du tourisme et quête de sens, un roman réussi et plaisant.
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Ce n'est pas le genre de livre que j'ai l'habitude de lire, mais j'ai du m'y mettre et je ne regrette pas.

On suit Betty et Martha dans un road-trip pour accompagner le père de Martha, Kurt, dans une clinique de suicide assisté, en raison de sa maladie avancée et douloureuse. Mais leur route sera semée d'imprévus. Entre scènes d'actions et moments d'introspection, ce roman rythmé nous offre distraction et réflexion.

La narration s'axe surtout du point de vue de Betty, dont la vie n'a pas toujours été facile et qui n'a jamais vraiment eu de père. Elle recherche elle aussi, un père, un des hommes qui aux côté de sa mère, a pu lui apporter l'attention qu'un enfant attend. La route qu'elle fait avec Martha la rapporte à son propre manque. Martha, quant à elle, est partagée entre colère et tristesse, contre ce père qui ose lui imposer cette épreuve.

Rien ne se passe comme prévu, les rebondissements s'enchaînent. Les amours sont mis en question, les relations familiales. Une chose est certaine cependant : l'amitié nouant les deux femmes, et c'est beau cette amitié sans faille. le récit prend des allures d'enquête quand Betty cherche le seul homme qui a été un père pour elle : Ernesto, le tromboniste. En quête de sa tombe, elle apprendra son passé, suivra ses traces pour finalement apprendre les vérités qu'elle cherchait depuis si longtemps.

J'ai aimé ces personnages, forts mais emplis de fêlures causées par des mauvaises expériences. Ils sont vrais, marqués par la vie, leur caractère semble authentique. Ils sont loin d'être parfaits mais on les aime comme ils sont, avec leurs erreurs. Quand au titre, qui correspond bien au livre, il nous rappelle de ne pas rater d'opportunités d'être avec nos proches, de pas finir sa vie avec trop "D'occasions manquées". Un beau roman, entre action, réflexion, voyage et une pointe d'humour.
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critiques presse (2)
LeMonde
15 octobre 2021
Ce vrai-faux début se meut bientôt en une quête contrastée qui va au fond des problèmes pour mieux s’en délester.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
13 septembre 2021
On ne vous en dit pas plus, mais disons que ça se lit tout seul (en faisant voyager, qui dit mieux ?), et même si le récit est par moments inégal et un peu (beaucoup) tiré par les cheveux, les deux copines, aussi imparfaites (et alcooliques) soient-elles, sont ici franchement attachantes.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Voir les gens âgés s'enlacer, s'embrasser timidement, parfois même passionnément, me faisait honte. Pas parce que c'était honteux, au contraire, quelque chose de l'ordre du sacré se jouait là. Ce bonheur tardif, comme on dit, me paraissait plus sincère que le bonheur précoce et, à plus forte raison, que celui de la quarantaine, que je ne considérais même pas comme du bonheur, mais comme un geste d'indigence et d'ennui. Je trouvais qu'il n'y avait rien de plus bateau, de plus fantasmé que le bonheur des amoureux de quarante ans. Il fallait qu'ils aient trente ans de plus pour que je veuille bien les croire. Peut-être ne s'agissait-il que de moi, peut-être me disais-je que les vieux portaient en eux le courage et l'espoir auxquels j'avais moi-même renoncé depuis longtemps. (page 94)
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La vie m’avait appris quelques principes, et l’un d’eux disait : mange comme un homme, bois comme un homme et prends congé comme une dame.
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Nous étions les filles de ces pères qui ne trouvaient le temps de nous parler qu’à la retraite.
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J’étais arrivée à un âge où je comprenais de moins en moins les choses, où ma vie tenait de plus en plus du comique de répétition, ou du traumatisme, auraient dit certains.
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Tous les endroits de la planète qu'on s'accordalt à trouver beaux devalent générer leur lot de gens créa- tfs qul vivalent de la vente de leurs objets d'art-théraple à des bötels miteux.
Dans les plres périodes, oette idée m'était déjà apparue comme un projet de vie intéressant Je me voyals peindre des bols flottés sur une ile, unique ment préoccupée par le falt d'insprer et d'expirer .Rien ne serait mauvals, e
t rien ne serait bon Dans ce vaste espace se joualt la vie.
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