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EAN : 9782362790645
144 pages
Alma Editeur (14/08/2013)
2.99/5   54 notes
Résumé :
Dans la famille Hintel quatre hommes décident d’en découdre avec la filiation. Mais l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Une tragi-comédie tendre et rosse, désopilante à souhait, construite comme un Rubik’s cube.
Jacob, David, Simon et Joseph Hintel n’ont pas vraiment l’esprit de famille chevillé au corps. Les uns après les autres, ils s’évaporent. Adieu famille, moquette et vieillesse : la vie, même ordinaire, est ailleurs. Courage, partons. Les t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
2,99

sur 54 notes
Ah la lâcheté masculine… lâcheté affective, chronique, aigue, compulsive. Cette caractéristique qu’on prête aux hommes est le personnage principal de « Les fuyants ».


Lâcheté, lâcheté, c’est vite dit mesdames et mesdames les jurées.
C’est vrai que, comme le chantait le poète, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux.
Comment ne pas rêver d’avoir un bel avenir tout tracé, tout programmé. La normalité sinon rien.
Le flirt ça va un peu mais si on parlait d’avenir. Présentation aux parents puis à la famille et début du bonheur.
Quelques années pour s’installer professionnellement avant d’envisager le premier enfant. Dès la première nausée, on cherche un joli pavillon tout carré dans un joli lotissement où pas un brin d’herbe, pas une haie, pas une note de musique, enfin où rien ne dépasse. A la première envie de fraises, on quitte le studio de banlieue pour le premier CDD sur vingt ans (quand on aime on a toujours vingt ans…). Ah les petits week end apéro barbecue avec les voisins, ah les week end tondeuse et taillage de haies, ah ces samedis ou le roi Merlin c’est vous. Quelle vie, remplie d’aventures où on ne sait pas si on ira à Ikéa le jeudi en nocturne ou le samedi après être passé à Carrefour. Et puis il y a le rendez vous chez le dentiste pour l’ainé, le rendez vous chez le pédiatre pour le petit, chez le kiné pour vous, chez le coiffeur pour elle, chez le psy pour tous. Pas le temps de s’ennuyer, non à la routine.
Un jour, on se dit qu’il faudra passer devant le maire, voir devant dieu (appelez le comme vous voulez, le concept reste le même) parce que l’on a muri. Là c’est un CDI (pourtant, quelle précarité…), le genre fonctionnaire (pas tous, pas vous, l’autre bien sur) bien casé qui sait que quoi qu’il fasse (ou pas…) il est casé.
On va bosser, on y croit, on est un winner. Vacances en juillet parce qu’en aout c’est pour les beaufs (oui aujourd’hui encore c’est plus classe de partir en juillet même si moins d’usines ferment en aout puisqu’elles ferment définitivement tout au long de l’année…). On va à Palavas ou Arcachon un an sur deux. L’année sur la Méditerranée, on prévoit deux jours pour aller rêver devant les yachts et les stars à St Trop.
Le temps passe vite, les nains grandissent, bourgeonnent, vous prennent pour des vieux cons. Vous vous êtes laissé pousser le bide elle s’est laissé tomber les seins, vous regardez TF1.
Vous vieillissez, le winner que vous êtes se retrouve dans un placard, votre clone plus jeune de vingt ans fini par vous virer à cinq ans de la retraite.
Votre ainé divorce, votre second vous donne des nouvelles une fois dans l’année. Vous soignez votre ulcère, votre diabète, faudra songer à arrêter la cloppe d’après le dernier cliché de vos poumons.
Tout va bien, une vie bien remplie… que du bonheur.
Infarctus, rideau.

Mesdames et mesdames les jurées, mon client est il vraiment condamnable pour avoir repoussé une invitation à cette vie?

C’est vraiment pas facile d’être un homme.
Il y a des femmes aussi qui refusent l’engagement mais là on dit qu’elles sont éprises de liberté, qu’elles ne sont pas la chose d’un homme etc… il y a quelque chose de noble dans leur refus.
Combattons cette injustice, cette différence de traitement, ces interprétations à deux vitesses comme nous combattons l’inégalité face à l’âge. Nous dénonçons le fait que des cheveux blancs donnent un certain charme à l’homme (du moins à celui qui a la chance d’en avoir gardé quelques uns) et font d’une femme une mamie. Nous dénonçons qu’un homme à femmes soit un charmeur, une sorte de Don Juan classe alors qu’une femme à hommes n’est qu’ une nympho dans le meilleur des cas…


Ne pas vouloir s’engager à vie, c’est de la bienveillance pour l’autre, mesdames et mesdames les jurées, madame la présidente. C’est pourquoi je demande la… relaxe de mon client.


Pas le livre de l’année ni même du mois mais on se laisse aller à sourire (jaune pour certains) devant certaines situations. Une écriture plaisante et une petite fin où une petite émotion pointe le bout de son nez l’air de rien.

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Pourquoi ce titre? Parce que tous les personnages fuient leur vie. Pardon, pas tous non. Les hommes seulement.
Et je me suis tellement identifiée à ces protagonistes masculins que j'ai moi-même été tentée par l'abandon de cette lecture dès les premiers chapitres, tant je m'y suis perdue. L'écriture paraissant confuse au premier abord, impossible de m'y retrouver dans les principaux personnages qui ne sont qu'au nombre de quatre pourtant.
Mais dieu soit loué, je ne suis pas un homme. Je fuis la fuite.
Et ai bravement résisté, fierté féminine oblige. Et je m'en félicite, je m'auto-ovationne, je m'applaudis des deux mains, je m'aime. Car Dudek est probablement un grand écrivain en devenir. Et il eût été  dommage de passer à côté de ce court roman plein de promesses.

L'humour et l'ironie omniprésents sont de véritables armes pour garder le lecteur jusqu'au bout (mais n'exagérons rien, le désopilant annoncé en couv' paraît plus qu'excessif tout de même).
Et on finit par s'attacher à cette famille Hintel où l'esprit de famille brille par son absence. Grand-père, père, oncle, tous renoncent à l'engagement et s'esquivent. Peur des obligations, mal-être, hantise d'une liberté perdue au sein du foyer plus anxiogène que rassurant, crainte de ne pas être à la hauteur. Il leur paraît dès lors plus facile de tourner le dos aux contraintes familiales que d'affronter les responsabilités.
Adultère, suicide, abandon du foyer, Dudek répertorie alors tous les moyens bons pour échapper à ce quotidien et cet avenir effrayant de routine et de concessions.
Souvent espiègle et moqueur, il n'en dépeint pas moins avec tendresse ces hommes en souffrance. Et l'espoir de sauver l'honneur masculin des Hintel renaît avec la nouvelle génération, Joseph, l'ado en pleine crise identitaire qui recherche des réponses à cette absence de figure masculine, notamment l'absence du père. Avec un final touchant.

Une plume originale, incisive, vive et tendre à la fois.
Les Fuyants, à ne pas fuir donc (trop facile, soupir...).

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Difficile de dire ce que je pense de ce roman.
Trois générations d'hommes qui fuient, qui disparaissent, et puis Joseph, le dernier fils qui tente de remonter le cours des absences.
Et dans tous ces chapitres qui s'imbriquent (et où l'on se perd un peu), s'impose ce drame de la filiation non aboutie, de tous ces pères « fuyants ».
Il y a quelque chose dans cette écriture, c'est indéniable.
Alors je me demande pourquoi je n'ai pas accroché plus que ça.
Trop décousu peut-être, trop morcelé.
Pourtant on sent que l'auteur est fait pour écrire. Il a vraiment une « patte »
Le style est agréable et contemporain, les personnages très crédibles.
Je tenterai certainement son autre titre « Rester sage »
En tout cas, je remercie vivement babelio et les éditions Alma qui m'ont permis de découvrir un nouvel auteur prometteur.
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Déçue... Ou passée à côté?

Je m'attendais à une histoire "désopilante", comme décrite dans le résumé, j'ai à peine esquissé un sourire...
Vu que ma critique est vraiment à contre-sens des autres, peut-être n'était-ce simplement pas le bon moment pour moi, surtout après avoir eu un coup de coeur pour "le quatrième mur" de Sorj Chalandon qui m'a vraiment bouleversée.

Je l'ai néanmoins lu jusqu'à la fin mais non, vraiment je n'ai pas aimé.
Je tenterai peut-être un autre livre de cet auteur que je découvrais, à voir!

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Dudek, ça veut dire "vingt" en espéranto. Sachant cela, ça fait un certain temps que j'avais repéré Arnaud Dudek, cet écrivain qui, par son nom de famille, m'a fait penser à ma tentative d'apprendre cette langue universelle, il y a vingt ans de cela. Mieux que de l'innovation linguistique de Ludwig Zamenhof, je me souviens des deux fort bonnes nouvelles qu'Arnaud Dudek a publiées naguère aux éditions du Fil à plomb. Je me souviens aussi, mais c'est plus gênant puisque je ne l'ai pas encore lu, d'un de ses ouvrages, reçu en pdf... du coup, lorsque Babelio s'est présenté avec "Les Fuyants" pour un nouveau partenariat "Masse critique" (merci à ce site et aux éditions Alma pour l'envoi!), je l'ai choisi. Histoire de découvrir enfin l'Arnaud Dudek romancier, après avoir fait connaissance de l'Arnaud Dudek nouvelliste.



"Les Fuyants" est donc un roman sur la fuite. D'emblée, l'auteur évoque la fuite suprême, à travers le suicide de David Hintel: autant frapper fort dès le début. Comme c'est une affaire de famille, ce roman met avant tout en scène quatre personnages, tous masculins, qui donnent l'impression de fuir quelque chose: un jeune homme s'évade dans les jeux vidéo et le hacking, un homme d'âge mûr cherche à échapper à la responsabilité amoureuse. Enfin, le sport n'est-il pas une forme d'évasion? Dès lors, ce personnage de marcheur de fond paraît lui aussi fuir quelque chose, au rythme de foulées conformes au règlement. A croire que les hommes sont lâches, entre autres face à des femmes qui, comme la jeune Marie, ne demandent qu'à s'engager! A force pourtant, on se retrouve - et l'auteur parvient à renouer, en fin de roman, les liens qui rapprochent ces "fuyants". Ses adjuvants? Un carnet de notes retrouvé, par exemple.



La fuite? Qui, parmi vous, lectrices et lecteurs, n'y a jamais songé, n'y a jamais succombé? En nommant "Hintel" la famille dont il décrit les vicissitudes, l'auteur se montre habile dans l'art des noms à sens multiples. Associé à des prénoms tels que Jacob ou Esther, ce nom de famille fait penser à la judéité; mais cette piste, jamais exploitée dans le roman, est un leurre. Un sens est mieux exploité, et c'est celui de l'homonymie avec Intel, marque de processeurs. Il est vrai que l'un des personnages fait commerce d'ordinateurs, et que le rapprochement constitue un gag. Enfin et surtout, Hintel, pour de nombreux locuteurs francophones, se lit comme Untel. Une manière comme une autre de mettre l'accent sur le caractère très ordinaire des gens mis en scène, et donc de les rapprocher du lectorat. Cela, jusqu'à un certain point: on peut aller jusqu'à dire que cette "ordinarité" elle-même rend la famille Hintel fuyante aux yeux du lecteur, et confirme le caractère d'anti-héros de ses membres masculins.



Et puis il y a aussi, dans toute la première partie de ce court roman, un procédé très séduisant qui signale un talent certain pour les transitions douces: chaque début de chapitre rappelle la fin du chapitre précédent par l'utilisation d'un mot identique ou, à tout le moins, d'un mot d'un champ lexical connexe. le lecteur a ainsi une impression de fondu enchaîné. Celle-ci disparaît dans la deuxième partie, qui s'avère moins onctueuse: l'auteur y cite des courriers électroniques, les chapitres se succèdent de manière plus abrupte - dans les 27 dernières pages de ce roman, on est ailleurs. C'est paradoxal, d'ailleurs, dans la mesure où ce sont des pages où l'on tend à se rapprocher.



Tout cela pour relater un peu des heurs et malheurs d'une famille et de quelques personnes proches. On pourrait réfléchir encore au sens que peut avoir le rappel régulier des lèvres de quelques personnages féminins: sans lèvres comme Marie, sont-elles sans paroles? Pas sûr. Sur une bonne centaine de pages, Arnaud Dudek fait ici la preuve qu'il sait construire un roman fort riche sous les dehors anodins, voire communs, de la relation de vies (infra-)ordinaires - celles d'un agent technique, d'un marchand d'ordinateurs, d'un jeune hacker. le tout, dans des lieux si ordinaires qu'il ne vaut pas la peine de les nommer. Alors... vingt sur vingt!
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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critiques presse (1)
Lhumanite
07 octobre 2013
Un roman percutant par sa simplicité et sa pudeur dont le style plein d’intelligence séduit sans pour autant se vouloir aguicheur. Une échappée belle.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Des amis lui ont proposé de dîner chez eux, il a décliné. Aucune envie de s'extasier sur les progrès de leur bébé, ses premiers pas, sa première dent, ses premiers mots. Augustin marche en canard, sa canine pousse de travers, il beugle "baba" quand on lui montre un cheval, tout cela est d'un intérêt très relatif. Au lieu de féliciter les parents d'Augustin pour le splendide étron verdâtre que ce dernier a déposé dans sa couche, Simon choisit de se frotter au monde, de boire beaucoup, de ne surtout pas rentrer seul.
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Simon a vingt minutes de retard, ils n'ont pas réservé, est ce que cette table vous convient, souhaitez vous prendre un apéritif, je vous apporte la carte.
- Je peux te demander quelque chose?
- Je t'écoute.
Il l'écoute, et tout de suite le coude d'un catcheur mexicain vient s'abattre sur son plexus solaire. il lui faut une bonne trentaine de secondes pour retrouver son souffle.
- Me présenter à tes parents?
Dans sa tête Simon a quitté le restaurant, volé une voiture et rejoint l'autoroute. Il se mêle au ballet des camionnettes et des berlines racées, slalome parmi des crédits à la consommation et les familiales couvertes d'autocollants de parcs d'attraction, tant pis pour les rognons de veau flambés à l'armagnac, qui sont pourtant très bons, spécialité de la maison.
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Mon père, David Hintel, s’est tué le mardi quatre septembre deux mille un. A l’heure du thé, il a avalé une bouteille d’insecticide. (..) Grâce aux facturette retrouvées dans ses poches, on sait que l’insecticide avait été acheté deux semaines plus tôt dans un supermarché du jardinage qu’il n’avait guère l’habitude de fréquenter ( pas vraiment la main verte, mon père, capable de faire crever un cactus). Le même jour, il s’est rendu dans un magasin de jouets. Boîte de Playmobil, duo Prince et Princesse. A la caisse, on lui a sûrement demandé s’il désirait un d’emballage cadeau. Puis une stagiaire prénommée Sabrina ou Jennifer a emballé l’achat dans du papier de couleur vive, l’a ceinturé d’un ruban et demandé si c’était pour un anniversaire (ça ne l’était pas) et a collé un sticker Plaisir d’offrir. A la jardinerie, on ne n’a pas dû lui demander si c’était pour un empoisonnement. On ne demande jamais rien à ceux qui achètent de l’insecticide.
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Quelques mois, quelques années à ce rythme, sans se poser de questions : voilà, il le sait, ce qui peut arriver de mieux. Mais la suite du scénario ne sera pas forcément à son avantage. Elle voudra changer la décoration du salon. Déménager. Avoir un enfant. Il la quittera pour toutes ces raisons. Ensuite, la situation se compliquera sacrément. Elle le menacera à l'aide d'un saladier, s'effondrera sur le canapé, jettera tous ses vinyles aux ordures. Ou tout se passera bien : Marie se détachera gentiment de lui, il la recroisera un an plus tard au rayon des surgelés, oui, enceinte de trois mois, lui dira-t-elle dans un sourire. Et il titubera jusqu'à la caisse en semant des clémentines.
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Clara, tiens, parlons-en. Master deux en management et administration des entreprises, stages, avortement, un jour contrat à durée indéterminée, césarienne, pro­motion, liposuccion abdominale. Plus tard Clara met­tra un pansement sur le genou d’un fils intrépide. Le surlendemain ce fils ira à la fac et Clara devra meubler son premier appartement d’étudiant (canapé-lit com­ mode trois tiroirs armoire deux portes coulissantes), puis l’aider à emménager dans les trois suivants. Bref.
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Videos de Arnaud Dudek (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arnaud Dudek
Arnaud Dudek vous présente son ouvrage "Le coeur arrière" aux éditions les Avrils. Rentrée littéraire automne 2022.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2640899/arnaud-dudek-le-coeur-arriere
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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