AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 67 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En néerlandais, l'expression traduite littéralement par « ils appartiennent au jour » signifie en réalité « ils ne tiennent qu'à un fil. » Dans un récit illuminé par la délicatesse du coeur, une narratrice que l'on devine proche de l'auteur rassemble les bouts effilochés de la mémoire familiale et tisse le touchant canevas de son amour filial.


De retour chez les siens en Alsace après plus d'un an d'absence, une jeune femme réalise combien le temps laisse ses marques en fuyant. Pendant que rouille et végétation en profitaient pour resserrer leur prise sur le vieux presbytère où sa mère continue seule d'officier comme pasteur, les hommes de la famille ont « perdu le chemin » – en français, on dirait qu'ils ont perdu la tête. Pasteurs de pères en fils, autrefois aux Pays-Bas, mais depuis une génération en France, ils laissent désormais « passer les anges », le grand-père égaré dans les absences de sa mémoire de vieil homme, le père perdu dans la béance du burn-out et le fils paumé dans le doute à la veille de son ordination. Comment garder l'« envie de faire un métier qui n'existe plus » ? Dans leur brouillard ne restent que les femmes, Oma et Mama, pour leur tenir lieu de veilleuses : assurer les gestes du quotidien, mettre un nom sur les choses et des post-it sur le calendrier, agrémenter les jours de quelque douceur.


Tout semble évanescent dans cette narration qui tente de fixer la mémoire au moment où elle s'efface. Scènes et tableaux s'enchaînent comme autant de fragments de vie capturés par une caméra, sans commentaire ni analyse, juste épinglés avant qu'ils ne se perdent dans l'écoulement du temps. D'autant plus touchante que soigneusement tenue à distance, l'émotion s'infiltre au détour d'un détail, sitôt évoqué, sitôt abandonné, comme si ne comptait que la collecte éperdue de ces instants de réel, dans la conscience aiguë d'une fin imminente. En résulte une composition tout en variations et nuances, accentuées par les subtilités d'expression entre français et néerlandais qui, soulignées avec poésie tout au long du roman, ajoutent aussi à la sensation déchirante d'un tiraillement entre attachement et distanciation. Prunelles de ses yeux ou « pommes de son regard », cette étudiante qui repartira dans quelques jours aux Pays-Bas mesure tout ce que ses proches représentent qu'elle laissera derrière elle, promis à la désintégration si ce n'est dans ses souvenirs. Alors, faisant fi de sa tristesse et de sa mélancolie, dans ce naufrage elle choisit de ne retenir que l'écume du bonheur, les instants de joie et d'affection, taisant la douleur pour ne voir que le merveilleux.


Lumineux et touchant, un premier roman plein de grâce sur la filiation et sur ce que l'avenir doit au passé pour se construire. Il n' y a pas plus solide fondation que l'amour des siens… Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9710

Le titre de ce beau livre poétique m'a un peu dérouté et j'étais arrivé à la notion de précarité avant même d'en entamer la lecture. Et effectivement...

La jeune Emma, née en 1999, rentre chez ses parents et grands-parents qui vivent dans un presbytère quelque part en France. Les personnages principaux sont son grand-père, appelé "Opa", qui souffre de la maladie d'Alzheimer, son père "Papa", qui apparemment montre des signes de burn-out et son grand frère, Nicolaas, qui se prépare à l'ordination de pasteur, comme ses aïeux.
Les femmes, grand-mère ("Oma") et mère ("Mama") ne jouent qu'un rôle secondaire, à part Emma bien sûr, qui assure le lien.

À la page 99 (même chiffre magique que celui de sa date de naissance), Mama a noté sur un bout de papier : "je ne sais pas s'ils seront encore là demain...ils appartiennent au jour..." Jour, souligné deux fois. Un peu plus loin, l'auteure ajoute "ils ne tiennent qu'à un fil".

Le lecteur pourrait se décourager par ce tableau sombre de vieillesse et pertes de mémoire, mais l'auteure a réussi le tour de force de rendre son récit captivant, plein de bons sentiments, où priment tendresse et chaleur humaine.

La façon dont elle entoure son Opa par exemple, qui, vieux comme Mathusalem, parfois ne la reconnaît pas et lui fait des "enchanté de vous rencontrer madame" est tout simplement attendrissant.

Il en est de même de ses encouragements à son grand frère qui, maintenant que son ordination comme pasteur approche, a des doutes sur le sens d'une vocation spirituelle dans un monde où la religion est en déclin.

Notre Emma ne fait point de grands discours ou exposés, c'est par des brèves descriptions de bonheur et de retours en arrière à des moments heureux, qu'elle progresse et crée un climat de félicité.

À un moment donné, elle réfère à Isabelle Roskam, professeur de psychologie à l'université de Louvain, neuropédiatre et co-auteure de "Le burn-out parental".

Dans un souci d'authenticité, Emma Doude van Troostwijk a incorporé dans son récit une multitude de mots et expressions en Néerlandais, la langue maternelle de ses petits vieux, qui se trouve être également la mienne. Un procédé risqué dans une narration, mais qu'elle a su parfaitement intégrer dans son livre et qui renforce les points qu'elle a souhaité mettre en évidence.

Pour les curieux, un mot sur son beau nom de famille : "doude" signifie ancien, "troost" signifie réconfort ou consolation et "wijk" veut dire quartier.

Je signale que sur YouTube, il y a 3 clips dans lesquels Emma explique son livre, beaucoup mieux que moi je pourrais le faire, à savoir dans des extraits de "La Grande Librairie", "Au bonheur du livre" et la "Librairie Mollat".

Dans un intéressant article dans le Monde du 11 janvier dernier, la critique littéraire Tiphaine Samoyault a qualifié ce premier roman de "éminemment original".
C'est aussi mon avis et je félicite la jeune auteure tout en lui souhaitant bonne chance ou "Veel Geluk Emma !"

Commenter  J’apprécie          754
C'est tout d'abord le nom de l'autrice : Emma Doude van Troostwijk qui m'a intriguée. J'ai cherché à comprendre ce que signifiait Ceux qui appartiennent au jour. Alors, lorsque la médiathécaire de ma ville m'a proposé de découvrir le roman pour notre club de lecture, je n'ai pas hésité une seule seconde...

De retour après un an passé loin des siens, une jeune femme se retrouve au Presbytère, la maison de famille où cohabitent ses grands-parents, ses parents et son frère aîné, Nicolaas. La famille de pasteurs venue des Pays-Bas vit en France depuis longtemps. Nicolaas réfléchit encore sur le sens de la vocation avant de choisir, lui aussi, de devenir pasteur.

Les retrouvailles sont difficiles. En arrivant, c'est tout d'abord le jardin, à l'abandon, qui choque la jeune femme. Il est vrai qu'en an, la famille n'a guère été épargnée : Opa, le grand-père, a basculé dans la démence et ne reconnaît plus sa petite-fille qu'il accueille par « Enchanté de vous rencontrer, madame, je vous attendais ». le père a été victime d'un burn-out, sa mémoire s'effiloche, et il se rattache au réel en collant de multiples post-it sur la gazinière, autant de pense-bêtes ou « appuis-mémoires » colorés selon leur fonction…

Pour son premier roman, Emma Doude van Troostwijk n'a pas choisi de traiter un sujet facile. Pour autant, rien de triste ou de sombre dans son roman. Les petits récits s'enchaînent, mêlant le passé au présent, les moments de joie et de peine au sein du Presbytère. On ne s'ennuie pas dans cette famille, on chante, on rit, on lance des blagues. Et lorsque la maladie est bien là, c'est avec beaucoup de bienveillance qu'on y fait face : l'autrice part en promenade avec son grand-père, terriblement diminué, et à défaut de lui parler, chante avec le vieil homme.

En une semaine, j'ai lu plusieurs fois ce roman. J'ai été sensible à son écriture poétique. J'ai bien aimé la technique choisie pour faire ressentir le bilinguisme de la famille : l'utilisation d'expressions idiomatiques, traduites, comme : « En français ils partent en lambeaux. En néerlandais ils se déchirent. Verscheurd zijn ».

Je dois dire que j'ai buté sur le titre que je ne comprenais pas. P.134 l'autrice nous indique pourtant « En français ils ne tiennent qu'à un fil. En néerlandais ils appartiennent au jour. Het zijn mensen van de dag ». Dans l'émission « au bonheur des livres » diffusée sur Public Sénat, Emma Doude van Troostwijk explique que le titre est venu assez tard, que l'expression « het zijn mensen van de dag" se rapporte à des personnes âgées dont on ne sait pas si elles vont passer la nuit - c'est donc pour ça qu'en français on pourrait dire "elles sont sur le fil". Selon moi - et sous toute réserve (mon néerlandais étant assez basique et mes études très lointaines) Ceux qui appartiennent au jour désignerait alors ceux qui sont en sursis, dont on ne sait pas ce qu'ils vont devenir, s'ils vont disparaître ou pas. Une explication parmi d'autres, peut-être, mais qui s'appliquerait bien à cette famille, sur laquelle l'oubli s'installe....

L'oubli s'installe, certes, mais la vie continue…. Quel sera le choix de Nicolaas ? L'autrice repartira-t-elle aux Pays-Bas ? Quel avenir pour le reste de la famille ?

Pour compléter la lecture, je conseille de visionner les vidéos qui figurent sur Babelio à la fin de l'article sur Emma Doude van Troostwijk. On fait connaissance avec une jeune autrice vraiment sympathique. Pour celles et ceux qui aiment le rap, commencez la lecture avec Drank en drugs de Lil' Kleine en fond sonore ! c'est sur cette musique que s'ouvre le livre....

Un roman lumineux, tonique, une jeune autrice à suivre, sans aucun doute.

Un grand merci à Kielosa avec qui c'est toujours un grand plaisir d'échanger sur la langue néerlandaise.
Commenter  J’apprécie          396
Très beau roman, tout est en nuance, et même si le sujet est difficile, j'ai trouvé qu'il y avait une vraie lumière, comme l'explique l'autrice à propos de son intention dans le résumé Babelio, pour moi on la ressent. C'est très bien écrit, simplement, et avec beaucoup de poésie.
Commenter  J’apprécie          80
La narratrice revient dans sa famille après un an d'absence, et c'est comme si elle n'était jamais partie. Qui est-elle ? Peu importe. Seuls comptent les fragments des moments de vie du présent et du passé qu'elle raconte sans temporalité bien définie. Elle entremêle souvenirs et moments présents tournant autour de son Opa et de son père qui perdent la mémoire, à un point où Opa ne reconnaît plus sa petite fille, et où son père se retrouve incapable de former une seule paire au Memory, et finit par pleurer, de voir, impuissant, sa mémoire s'échapper.
Mais cette histoire, c'est aussi celle d'une famille de pasteurs néerlandais installés dans le Nord de la France. le grand- père l'a été, le père l'est, le fils le sera. Mais à quoi bon devenir pasteur s'il n'y a personne pour se souvenir ?

A travers cette famille touchante à laquelle le lecteur s'attache sans s'en rendre compte, Emma Doude van Troostwijk écrit simplement, avec beaucoup de poésie et de lumière, l'histoire d'une famille de pasteurs qui perd la mémoire. Ceux qui appartiennent au jour est la garantie d'une lecture agréable accompagnée d'une découverte d'expressions néerlandaises.
Commenter  J’apprécie          60
Issue d'une famille de pasteurs, la jeune narratrice (que l'on devine être l'autrice), revient dans la maison parentale après ses études.

Les changements et rôles de chacun la saisissent.
Opa, atteint d'Alzheimer, lui demande souvent s'il l'a connait. Oma l'entoure comme elle le peut
Son père se relève péniblement d'un burn-out, soutenu par sa mère, pilier familial et qui sait éclairer le quotidien comme personne
Nicolaas, son grand frère, doute de sa vocation, alors qu'il s'apprête à embrasser à son tour la carrière familiale

Tous sont à un point de bascule, sur le fil. Cette expression française donne son titre au roman, traduite du néerlandais, langue maternelle et familiale

L'écriture douce de l'autrice s'enrichit de mots et proverbes dans cette langue pour saisir, au fil de petits paragraphes ou courts chapitres, des bonheurs de moments passés et présents, à la fois évanescents et ciments de leur famille

Un premier roman beau, tendre et lumineux
Commenter  J’apprécie          30
J'ai beaucoup entendu parler de ce livre , par mes amis mais aussi grâce à La grande Librairie.

Emma jeune femme de 19 ans , revient dans sa famille pour plusieurs semaines.
On ne sait rien de plus d'elle . Sinon que c'est une région française.
Sa famille d'origine néerlandaise comporte une lignée de pasteurs depuis trois générations.

Elle est composée de Opa , son grand-père souffrant de la maladie d'Alzheimer ; de Papa musicien d'église souffrant d'un burn out ; de Mama sa mère ,pasteure ; et de Nicolaas son frère qui va être prochainement ordonné pasteur.
Le style est assez découpé et étonnant . le fond raconte leur quotidien familial.

Aidant ou malade .
Se débattant entre le présent ,le passé et le futur .

Oscillant entre expressions françaises et néerlandaises. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé cet aspect , et comprendre l'origine de ses expressions .

Comme celle-ci qui résume leur quotidien .
Prendre un jour après l'autre . Se tourner vers la vie .

" En français ils ne tiennent qu'à un fil. En néerlandais ils appartiennent au jour. Het zijn mensen van de dag. Nous sommes assis autour de la table de la salle à manger."

Au-delà de la gravité du thème ,un livre au charme désuet très plaisant .
Commenter  J’apprécie          10

Lecteurs (254) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1435 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}