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Critique de kielosa



Le titre de ce beau livre poétique m'a un peu dérouté et j'étais arrivé à la notion de précarité avant même d'en entamer la lecture. Et effectivement...

La jeune Emma, née en 1999, rentre chez ses parents et grands-parents qui vivent dans un presbytère quelque part en France. Les personnages principaux sont son grand-père, appelé "Opa", qui souffre de la maladie d'Alzheimer, son père "Papa", qui apparemment montre des signes de burn-out et son grand frère, Nicolaas, qui se prépare à l'ordination de pasteur, comme ses aïeux.
Les femmes, grand-mère ("Oma") et mère ("Mama") ne jouent qu'un rôle secondaire, à part Emma bien sûr, qui assure le lien.

À la page 99 (même chiffre magique que celui de sa date de naissance), Mama a noté sur un bout de papier : "je ne sais pas s'ils seront encore là demain...ils appartiennent au jour..." Jour, souligné deux fois. Un peu plus loin, l'auteure ajoute "ils ne tiennent qu'à un fil".

Le lecteur pourrait se décourager par ce tableau sombre de vieillesse et pertes de mémoire, mais l'auteure a réussi le tour de force de rendre son récit captivant, plein de bons sentiments, où priment tendresse et chaleur humaine.

La façon dont elle entoure son Opa par exemple, qui, vieux comme Mathusalem, parfois ne la reconnaît pas et lui fait des "enchanté de vous rencontrer madame" est tout simplement attendrissant.

Il en est de même de ses encouragements à son grand frère qui, maintenant que son ordination comme pasteur approche, a des doutes sur le sens d'une vocation spirituelle dans un monde où la religion est en déclin.

Notre Emma ne fait point de grands discours ou exposés, c'est par des brèves descriptions de bonheur et de retours en arrière à des moments heureux, qu'elle progresse et crée un climat de félicité.

À un moment donné, elle réfère à Isabelle Roskam, professeur de psychologie à l'université de Louvain, neuropédiatre et co-auteure de "Le burn-out parental".

Dans un souci d'authenticité, Emma Doude van Troostwijk a incorporé dans son récit une multitude de mots et expressions en Néerlandais, la langue maternelle de ses petits vieux, qui se trouve être également la mienne. Un procédé risqué dans une narration, mais qu'elle a su parfaitement intégrer dans son livre et qui renforce les points qu'elle a souhaité mettre en évidence.

Pour les curieux, un mot sur son beau nom de famille : "doude" signifie ancien, "troost" signifie réconfort ou consolation et "wijk" veut dire quartier.

Je signale que sur YouTube, il y a 3 clips dans lesquels Emma explique son livre, beaucoup mieux que moi je pourrais le faire, à savoir dans des extraits de "La Grande Librairie", "Au bonheur du livre" et la "Librairie Mollat".

Dans un intéressant article dans le Monde du 11 janvier dernier, la critique littéraire Tiphaine Samoyault a qualifié ce premier roman de "éminemment original".
C'est aussi mon avis et je félicite la jeune auteure tout en lui souhaitant bonne chance ou "Veel Geluk Emma !"

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