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EAN : 9782277115144
J'ai lu (14/02/2006)
3.71/5   24 notes
Résumé :
Une petite ville située sur le gave de Pau - ce pourrait être Orthez, Jean-Louis Curtis l'appelle Saint-Clar. En 1942, la France vaincue se trouve coupée en deux par la ligne de démarcation. Saint-Clar est en zone occupée, à deux pas de la ligne que pas mal de gens cherchent à franchir. Francis de Balansun, dix-sept ans, est un des passeurs bénévoles qui aident les résistants à fuir de l'autre côté. L'un d'eux promet de rechercher le fiancé de sa soeur Hélène, dispa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Curtis raconte dans cet excellent roman (Prix Goncourt 1947) la vie pendant la guerre 39-45 dans une petite ville sur le Gave de Pau, et l'épineuse question de la Résistance et de la collaboration. La Résistance : y entrer ou pas, et à quel prix ? le très jeune Francis n'hésite pas : il s'engage. Hélène, sa soeur, jeune femme fragile, tombe éperdument amoureuse d'un sale type, Philippe (sorte de Lacombe Lucien, avant l'heure, de Louis Malle) qui lui est embauché par la Gestapo. Jacques, qui se prétend au-dessus de tout ça, récupère un parachutiste anglais sur une route perdue. S'engager ou pas ? Aimer à en perdre son âme... Les destins se croisent, les tragédies ont lieu. Curtis n'hésite pas aussi à peindre les horreurs et les injustices de la Libération. Curtis est un romancier observateur de son temps. Comment a-t-on pu "effacer" cet observateur remarquable des évolutions de notre temps ? Il a peint avec justesse et acuité notre seconde moitié du XXè siècle. Très injustement oublié aujourd'hui, Michel Houellebecq a essayé récemment de le rappeler à notre mémoire littéraire (La carte et le territoire, p 168-169). Je recommande aussi sa trilogie des années 80 : l'horizon dérobé, la moitié du chemin, et le battement de mon coeur, qui raconte les destins croisés de deux amis : Catherine et Nicolas, qui traversent les années 80 avec courage (thèmes : le célibat et le mariage, la liberté -de la femme en particulier -, l'apprentissage de la solitude, la douleur de l'amour non partagé...)
Mais lisez d'abord "les forêts de la nuit", roman remarquable sur la France dans la Guerre 39-45.
30/10/13 : Si vous regardez (et aimez) actuellement "un Village français" à la TV, le roman de Curtis est une excellente introduction à cette histoire française si "compliquée".
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La chronique de la vie quotidienne d'une petite ville du Sud Ouest ( Louis Laffitte, alias Jean-Louis Curtis est né à Orthez) Des personnages réalistes avec leur courage, leurs faiblesses, leurs lâchetés.
Des descriptions caustiques, un style fleuri. Ce roman mérite amplement le prix Goncourt et l'entrée de l'écrivain à l'Académie française
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Saint-Clar est une petite ville du Sud-Ouest, comme il y en a tant, avec son gave qui coule le long de vieilles maisons, avec sa jeunesse qui se cherche, ses hobereaux ancrés dans leurs habitudes du siècle d'avant… Une petite ville qui ressemble furieusement à Orthez (Basses-Pyrénées, aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques). Ce n'est pas tout-à-fait un hasard, puisque c'est la ville de naissance de l'auteur Jean-Louis Curtis, un écrivain un peu oublié aujourd'hui (il fut pourtant prix Goncourt et membre De l'Académie Française), auteur de plusieurs romans primés, de pièces de théâtre (traductions remarquables de Shakespeare) et auteur, ce qu'on sait moins, de savoureux pastiches.
Les forêts de la nuit nous transporte donc à Saint-Clar dans les années noires de l'Occupation. Comme beaucoup de jeunes gens, Francis, 17 ans, va se trouver au carrefour de deux choix : la Résistance ou la Collaboration. Ce sera la Résistance. Il y laissera la vie, et sa mort sera "récupérée" par des notables sans vergogne, dont certains même avaient pactisé avec l'occupant.
L'histoire est dense, les évènements s'enchaînent, créant une machine infernale qui broie les personnages. le roman, écrit en 1947, raconte des choses et décrit des situations qui sont encore dans tous les esprits et toutes les mémoires. Peut-être fallait-il un certain courage pour écrire, en filigrane, ce qui s'est réellement passé, et sans les nommer fustiger certains personnages douteux et certains comportements condamnables. Cela dit, toute la France occupée (et au-delà aussi, j'imagine) a connu ce genre de choses.
Il y a donc au moins deux lectures de ce roman : une lecture "terroir" où les gens du coin reconnaîtront des lieux qu'ils ont fréquentés, des personnes qu'ils ont connues ou des situations qu'ils ont vécues; et une lecture plus élargie où sont évoqués les grands problèmes qui se sont posés pendant l'Occupation et à la Libération, ainsi que les questions existentielles sur la vie et la mort, ou encore l'engagement..
Le romancier, ici, se double d'un observateur méticuleux, qui dresse un tableau peu glorieux de la mentalité provinciale collaboratrice et veule, et par contre accorde un intérêt profond et une tendresse réelle à ces personnages entraînés dans un drame qu'ils n'ont pas voulus, ou pas su maîtriser.
Les Forêts de la nuit a obtenu le Prix Goncourt 1947
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Un roman dense sur la guerre, la résistance et la collaboration, vu à travers les yeux d'un jeune de 17 ans. le rythme est bon, les chapitres courts et l'intensité de ce qui se passe rendent le roman agréable à lire. Très bon livre sur le sujet, le lecteur est projeté dans un monde réaliste mais aussi cruel des combats et du chacun pour soi. L'idéaliste qu'est Francis, le jeune, et toute son évolution au fil de l'intrigue le rend attachant, il est facile de s'identifier à lui, à ses idéaux.
L'intrigue est complexe, les personnages sont avant tout crédibles et présents pour faire évoluer le récit de manière à dépeindre un environnement crédible. J'ai aimé car on est bien loin des clichés, du tout blanc ou tout noir, au contraire, la guerre change beaucoup de choses à commencer par la façon dont on se perçoit et notre rapport aux autres. Ensuite, grâce à l'écriture exacte de Jean-Louis Curtis, c'est plus qu'un roman qui est présenté, on est à la limite du documentaire et me rappel la série française « Un village français », où l'ont assiste également au bon comme au pire de chacun en ces temps troublés.
Tout dans le bourg de Saint-Clar rappel à quel point la guerre est dévastatrice et pas uniquement en terme de perte humaine mais bien sur la psychologie de ces gens résistants, collaborateurs et tout ceux qui se retrouvent dans un entre-deux, surtout eux, se retrouve ravagés à la libération. le roman n'épargne personne, c'est un vrai plaisir à lire et je le recommande chaudement si vous chercher de la nuance, du réalisme le tout avec une excellente intrigue.
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Trop de bons auteurs du XX° siècle sont aujourd'hui presque oubliés, et l'on peut se poser la question: qui connaît aujourd'hui Jean-Louis Curtis; qui lit ses livres?
Celui-ci, publié en 1947, a eu son heure de gloire, avec le prix Goncourt. C'est une chronique réaliste et froide de la vie d'une petite ville du sud-ouest durant l'occupation. Une vie sans trop de drames, les accommodements avec la morale, les flirts pour voir, des femmes qui couchent ouvertement avec des soldats allemands, des milieux différents qui s'observent et se jalousent...: beaucoup de médiocrité, quelques bassesses, un Pétainisme assumé, mais pas trop.
Il se trouvera tout de même un jeune homme, Francis, pour relever le niveau et s'engager, à ses risques et périls, dans des actions d'aide aux résistants. Jusqu'à convaincre son père, bourgeois rigide peu enclin a priori à prendre des risques, à approuver et à admirer son choix.
Tout ce petit monde cohabitera longtemps sans grands heurts, mais, à partir de 1944, on a compris que la guerre aura une fin, et dans quel sens le vent soufflera. Alors les vestes se retourneront, de sordides vengeances verront le jour, et c'est le seul qui s'était engagé du bon côté qui en paiera le prix le plus lourd.
Jean-Louis Curtis avait vécu toute cette période, et ce roman est en fait un condensé de ce qu'il a vu et vécu: une France lâche, blasée, mesquine et hypocrite, dans une période où on l'a plus souvent décrite comme résistante et héroïque.
C'est donc plus qu'un roman qu'il nous livre, c'est la photographie d'une des France de l'occupation. Et pas la plus jolie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Tu n'es jamais tombé sur un bec ?
- J'ai failli, une fois. Je rentrais, c'était en octobre, vers neuf heures du soir. Il faisait nuit, heureusement : ils ne m'ont pas reconnu. Ils m'ont crié de m'arrêter. Je ne les avais pas vus, je marchais tranquillement. Ca m'a cloué sur place. Ils ont crié encore et j'ai entendu le déclic du levier d'armement. J'ai fait demi-tour et j'ai calté à toute allure. Ils ont tiré deux fois dans ma direction. La première balle m'a sifflé à l'oreille juste au moment où je sautais une haie. J'ai couru pendant 5 minutes. Ils n'avaient pas de chien, sans quoi j'étais refait. Je suis rentré par un autre chemin. J'étais encore dans la rue à 11 heures et demie, après le couvre-feu. J'ai raconté à mes parents que j'avais passé la soirée chez un copain et que nous avions oublié l'heure.
- Tu ne t'es jamais gourré dans tes histoires ?
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Francis était assis sur le tapis du salon, au milieu de journaux éparpillés, tous les journaux qu'il avait pu trouver chez l'unique libraire de la ville. Il avait le sentiment que ce n'était pas un jour comme les autres. Et en effet, ce ne l'était pas : il suffisait de jeter un regard sur le journal La Révolution nationale, par exemple. "Il n'y aura pas un nouveau Mers el-Kébir. Nos marins, fidèles à leur devoir, s'opposent avec la dernière énergie à la honteuse agression américaine".
Certes, cette nouvelle modifiait les pensées de millions et de millions d'individus, par toute la terre, et déjà faisait crépiter dans le ciel les routes hertziennes, porteuses de sarcasmes, d'anathèmes ou de messages d'espérance.
(incipit)
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Francis était assis sur le tapis du salon, au milieu de journaux éparpillés, tous les journaux qu'il avait pu trouver chez l'unique libraire de la ville. Il avait le sentiment que ce n'était pas un jour comme les autres.
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-Et pourquoi tu veux ta chemise d'abord ?
-J'vais au cinéma ce soir.
-Avec qui ?
-Avec Jeanine Iturdale
-Cette petite grue s'écrie t'elle soudain furieuse.J'veux pas que tu sortes avec cette petite grue.
-C'est pas une grue maman , elle couche qu'avec moi.
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Video de Jean-Louis Curtis (9) Voir plusAjouter une vidéo

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