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3,87

sur 413 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Que peut-il bien rester de si nu dans ce corps au sexe voilé ? » C'est cela, le mystère Botticelli ! On nous a enseigné à l'école que, par rapport au Moyen Âge, la Renaissance tombe en extase devant la beauté du corps humain. Il faut lire cet ouvrage pour se rendre compte de la dimension de cette extase !
« le rêve Botticelli » m'a permis de concilier tant de contradictions, de contre-courants intimes, d'amours, par sa générosité. Il m'a parlé d'abondance de coeur. Il enhardit, attendrit, exalte. C'est l'amour dans toutes ses expressions et tous ses envols. Jamais peindre sans désir ! Et oui, il n'y a pas d'art sans amour dans les doigts, dans les veines !
Les génies, leur bonheur, leur plaisir, leurs doutes, leur désespoir, leur sentiment d'être maudit puis leur renaissance miraculeuse, tout semble plus fort que chez le commun des mortels. Quel coeur sensible, ce Botticelli ! Son humanité touche profondément, bouleverse. Son enfance démuni, son refuge après des chats, ses espoirs frêles, ses faiblesses, ses limites aussi. « Ses lignes comme un garde-fou ». Il travaille, Dante l'accompagne, il n'a pas d'autre vie que l'art, condamné à se boucher les oreilles, et pourtant il arrive à trouver son art vain… Mais il continue, il peint pour des fous !
Les personnes qui gravitent autour de lui sont l'une plus complexe que l'autre, elles sont toutes rendues sans pudibonderie. Ici, la nudité, sans être chaste, est totale, elle est transcendée. Aussi bien du point de vue du nu artistique que de la nudité d'âme qui se révèle dans toute sa vérité. C'est le sexe de l'artiste gonflé de plaisir et gonflé de larmes. « Tout ça pour quelques instants de grâce ! »
Le livre nous brosse le portrait de Léonard de Vinci, être universel pour Botticelli, « collé sur sa rétine », lui manquant cruellement, à la fois sa pierre de touche dans l'art, son rival dans sa vie amoureuse, son double en ce qui concerne leur amour absolu des animaux et leur végétarisme affecté. Léonard aime les oiseaux, ouvre les cages, Botticelli, ses félins sauvages. Il y a même quelque chose de sensuel dans l'admiration de Botticelli pour l'artiste polymathe. Il y a même du grand Léonard dans son Augustin !
Un imbroglio diabolique lie Botticelli avec la famille Lippi. Pipo, son premier amour, ce papillon insatiable que Botticelli ne cesse jamais d'aimer, et qui sera son élève le plus éminent : Filippino Lippi. Sandra, une ange de beauté, ange délurée, puis ange de chagrin. Lucrezia Lippi, la veuve de son maître, Fra Filippo Lippi, Femme que Botticelli vénère, c'est sa Madone, sa Sainte Vierge, et elle l'aime comme un fils.
Botticelli reste fidèle à toutes ses amours, il les garde toutes, serait-ce la raison de ses souffrances mystérieuses !? D'où peut-être cette beauté affectée d'une peine légère que les critiques d'art ont nommée « morbidezza ».
Il y a aussi les Grandi, les mécènes, les Médicis, protecteurs des arts, et les modèles de Botticelli, Simonetta qu'il aime comme une soeur, la chatte Lupa...
J'ajoute , comme un leitmotiv, qu'il me faut infailliblement une motivation souterraine pour aborder une oeuvre, un livre en l'occurrence. Celui-ci a capté mon attention dans le kiosque aux livres du parc des Poètes bien qu'il soit tout jaune de dégoulinades inconnues. Je me suis souvenu d'emblée qu'un être cher m'avait chuchoté que, de toutes les représentations de Vénus, indépendamment des matériaux choisis, sa préférée était celle de Botticelli ! Faut-il ajouter que ça remonte à l'aurore de ma vie pour que je ne l'oublie pas ? D'un autre côté, j'ai cette mémoire de Florence, de ses étalages de maroquinerie, de ses calèches de promenade, de la musette de foin fixée contre la poitrine des chevaux, de mes visites de la Galerie des Offices, du palais Pitti, du Palazzo Vecchio, du palais Strozzi, de mes vertiges devant les fresques dans les églises (quand elles n'étaient pas en restauration ! ) … Je me souviens des basiliques, des cathédrales, des ponts traversés, du dôme de Santa Maria del Fiore, mais aussi des jardins, des fontaines, d'une belle colline avec une vue splendide ! Même si ma chambre n'était pas avec vue sur Arno. Car le film de James Ivory "Chambre avec vue", c'est encore une autre allégorie de Florence !
Botticelli, fils de tanneur et inventeur de couleurs, il a son bleu fragile et timide, son vert d'olivier, son rouge cerise inimitable. le roman est sublime de ses descriptions de l'atelier, « la bottega », des mélanges de teintes, de ses interprétations profondes des tableaux si novateurs, de son apothéose de la nature qui est toujours l'écho des sentiments des héros. Quand Botticelli peint en plein air, il y a de quoi penser à Giverny de Monet, tellement son oeil s'y aiguillonne, et c'est un Carnaval de Printemps ! On y découvre toute une symbolique des détails des toiles célèbres. On apprend que Botticelli sait se comporter en styliste raffiné jusqu'aux coiffures, robes, bijoux et chaussures !
L'écriture de Sophie Chauveau, c'est une écriture ingénieuse où il y a de l'esprit, des jeux de mots, « fresques et frasques », mais c'est l'émotion et l'acuité de son regard qui mènent. Pour résumer l'ambiance du livre, je dirais qu'elle est érotisée de fond en comble. « C'est un ballet qu'on suspend quand la danseuse a la jambe le plus haut levée » ! Cependant on y trouve des caresses mystiques. C'est une conception de l'art où tout peut glisser vers l'orgie et la débauche sans le faire et où je me sens si bien.
Puis le climat change, comme si la peine venait toujours après la joie. La peste-la Visiteuse, la dictature religieuse de Savonarole, la milice d'enfants embrigadés, le bûcher s'abattent sur Florence. le Beau est pourchassé jusqu'à l'obligation de mettre à l'abri des toiles les plus « impies ». Les corps sont mutilés, surtout les mains créatrices, les poètes, les philosophes assassinés, Jean Pic de la Mirandole, Ange Politien… Botticelli évolue, aussi bien sa mélancolie coutumière que ses amis courtois et noceurs. Tout se transforme, devient plus grave. Des larmes de retrouvailles, des révélations, des pertes atroces de proches, que d'épreuves pour un fragile bonheur, un sentiment inconditionnel à la fin ! « Les ceps de vignes, les longs cyprès étirés, sertissent son univers de lignes épaisses ou fines, mais toutes tracées par un pinceau trempé dans l'absolu. »
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Coup de coeur. J' ai A DO RÉ !!!
Ce roman nous emporte à Florence à la fin du XV ème siècle où l'on côtoie tous les grands noms : F Lippi, la famille Medicis, Léonard de Vinci, S. Vespucci, Pic de la Mirandole, Michelangelo, Savonarole... et bien sûr Botticelli.
Nous assistons au début de la Renaissance avec nombre de détails qui nous ravissent et nous plongeons dans l'histoire mouvementée de cette époque avec Savonarole.
J'ai lu ce roman avec mon ordinateur à proximité afin de visualiser à chaque fois les oeuvres dont il est question. ( c'est vraiment un plus !)
La vie de Botticelli m'a émue et je vais, c'est sûr, regarder ses oeuvres avec un autre oeil,.
Botticellli est un peintre d'une grande sensibilité avec une belle âme mais une âme torturée. C'est un homme blessé, aimé, haï mais que , à travers ce livre, nous ne pouvons qu'aimer !
Une chose de sûre, il faut que je programme un petit séjour à Florence pour rendre hommage à ce grand peintre !!!
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De retour d'un voyage de 10 jours à Florence, je voulais rester dans l'ambiance et j'ai attaqué la trilogie. Je viens de fermer le rêve Botticelli que j'ai réellement adoré. C'est un roman d'ambiance et non un livre sur les techniques et l'histoire de l'art, à proprement dit. On y ressent l'ambiance Florentine, les enjeux historiques de la renaissance, les impulsions des arts de l'époque et on vit une vie possible des artistes. C'est du roman, c'est sur, mais je ne regarderai plus les peintures de Botticelli et Lippi, leur modèle et le sujet de la même manière. Il est minuit et demi... j'attaque Leonard? allez !
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Le rêve Botticelli / Sophie Chauveau
Cette biographie romancée de Sandro Botticelli (1445-1510), de son vrai nom Alessandro Filipepi, commence par une scène d'amour clandestine assez torride entre le peintre alors âgé de 27 ans et Pipo Lippi, 15 ans, le fils de son défunt maître, Fra Filippo Lippi, le plus grand peintre de son temps, le plus novateur d'une époque où l'audace n'était pourtant pas rare. Nous sommes en 1473 sous le règne de Laurent le Magnifique en la belle république de Florence et le nom de Botticelli résonne déjà de plus en plus souvent sous les voûtes des plus beaux monuments de la ville. Les commandes se succèdent et la clientèle à l'atelier qui prospère ne cesse de se diversifier. Il faut dire que des deux garçons, le petit Pipo témoigne en matière de culot et d'érotisme d'une précocité qui eût comblé son père. Pour lui, la sexualité est une occupation à plein temps. La clandestinité est requise pour ces ébats, car à l'époque l'homosexualité est prohibée et sévèrement réprimée, d'abord par une amende conséquente, et en cas de récidive par la mort. C'est ce que dit la loi, et l'Église renchérit en traitant les homosexuels de pestiférés. Mais avec Laurent de Médicis, la tolérance est à son maximum pour les artistes. le comportement de Sandro a longtemps fourni matière à quolibets, mais la gloire est arrivée et l'a sauvé.
En ce XVe siècle, le métier de peintre est intimement lié à celui des artisans. Leurs rapports sont constants dans un travail de création.
Au sein de sa famille, le jeune Sandro n'est pas toujours à l'aise : en effet, beaucoup de monde va et vient au sein de cette tribu méridionale qui le prend pour un hurluberlu, et travailler n'est pas facile. C'est dans la famille Lippi, sa « vraie » famille, qu'il trouve la sérénité pour peindre ; parrain de la petite Sandra, 12 ans, soeur de Pipo, il voue un véritable culte ambigu à Lucrezia, la mère de Pipo, laquelle le lui rend bien. Sandro a peu de goût pour les mondanités et ne cherche pas à séduire. Il est un jeune artiste un peu désespéré, certes aimé mais souvent triste.
La famille Vespucci fait partie des commensaux avec le chef de famille Giorgio âgé de 30 ans, non marié et sans enfant, mais avec des neveux très présents en la personne de Mario mari de la belle Simonetta et d'Amérigo qui sera célèbre plus tard pour ses voyages au Nouveau Monde auquel il donnera son nom. La belle Simonetta qui a pour amant Julien de Médicis, le frère de Laurent, est remarquée par Sandro qui en fait son modèle de prédilection. Pour lui dont elle est amoureuse, elle pose entièrement nue, mais le peintre retouche son oeuvre en dissimulant ce qu'il ne veut pas que l'on voie. le sentiment trouble de Sandro est étrange et la mort brutale de Simonetta le plongera dans une douleur irrépressible.
Parmi les commensaux figure aussi un certain Léonard de Vinci vers qui bientôt le jeune Pipo se tournera, trop fou, trop volage, trop épagneul sauvage, rompant alors avec Sandro.
En 1481, le pape Sixte IV fait appel à Botticelli et aux autres artistes célèbres pour décorer la Chapelle Sixtine. Ghirlandaio, le Pérugin, Rosselli et Signorelli font partie de l'équipe qui est complété par quelques jeunes aides. Se joint à eux Diamante, ami des Lippi, qui depuis la mort du patriarche, vit au sein de cette famille. Ainsi les meilleurs peintres de l'époque se sont adoubés les uns les autres pour offrir un chef d'oeuvre absolu. Botticelli estime que cette fresque, c'est un moment passionnel dans une matière solide, une forme de méditation désespérée.
Puis c'est la réalisation de la Primavera (le Printemps) avec Sandra Lippi, qu'enfin Sandro daigne immortaliser, parmi les modèles et tout Florence découvre le somptueux visage de celle qui adore son peintre et l'espère vainement comme amant, une jeune femme au sourire si énigmatique. Lorenzo le frère de Laurent le Magnifique est fol amoureux d'elle ; fraichement marié à Sémiramide, il court derrière elle, lui que convoite secrètement Sandro. Bien des intrigues nourrissent les passions de ce trio.
Lorenzo fou d'amour pour Sandra commande le tableau qui marquera à jamais la vie de Sandro Botticelli : La Naissance de Vénus, fresque pour laquelle Sandra pose entièrement nue et séduit le peintre qui va se prendre au jeu du corps de femme nue qu'il tient sous son pinceau et finalement succomber au charme de son modèle.
Et puis Sandro va croiser la route de Pic de la Mirandole pour le meilleur, et celle de Savonarole le prêcheur de l'apocalypse, dictateur de la morale qui succède à la trique fiscale des Médicis, pour le pire. Rien n'est épargné ni aux artistes qui sont victimes d'attentats et d'agressions physiques d'une extrême violence de la part des fanatiques à la solde de Savonarole, ni aux Florentins dans leur ensemble : des hordes d'enfants pillent et frappent, saccagent les ateliers des peintres et brûlent les oeuvres. Après l'inquisiteur Savonarole, c'est la peste qui ravage la ville : les descriptions de Sophie Chauveau ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : tant de cadavres sont jetés dans l'Arno que le cours du fleuve est bloqué aux arches des ponts. le supplice réservé à Savonarole mettra fin aux inquisitions.
Les années passent et Sandro aimerait bien repeindre le visage de Sandra car il la revoit, et avec un enfant qui est son enfant à lui ; il est bouleversé. Il revoit aussi Léonard de Vinci qu'il admire et réciproquement, et avec qui il se lie. Un certain Francesco Giocondo demande à Sandro de faire le portrait de sa femme Lisa. Mais Sandro, fatigué, refuse et c'est Léonard qui se met au travail pour des années et réaliser le portrait le plus célèbre du monde jusqu'à nos jours. Botticelli est époustouflé et abasourdi au fil des jours lors de ses visites à Léonard alors qu'il peint : il n'imaginait pas qu'il fût possible de créer une telle oeuvre qui touche à la perfection. L'huile et le sfumato, le modelé sans ligne, toutes ces techniques dont Léonard use avec joie, Botticelli les a toujours refusées et il se voit aujourd'hui démodé. Michel-Ange, cependant, qui fait bande à part dans le concert des peintres de l'époque, reviendra au linéaire de Botticelli.
Après la mort de Pipo, le frère de Sandra, à l'âge de 47 ans, Sandro est effondré. Il se réfugie dans les bras de Sandra et de son fils Giacomo pour s'installer au domaine de Carpe Diem, loin de Florence, chez Lorenzo, et avec ses chats qui ne l'ont jamais quitté. Sandro ne peint plus : il regarde pousser les oliviers…dans le silence et vit pour une fois dans sa vie le moment présent, intensément auprès de l'amour de Sandra.
le dernier chapitre de ce merveilleux livre est magnifique et je ne peux résister au désir d'en citer un extrait :
« le silence dans les oliviers ressemble à une musique qui s'inscrit sur une ligne mélodieuse. Entouré de lignes, Botticelli est pour l'éternité ce peintre assez fou pour s'envelopper de silence et finir sa vie dans la dignité d'un fragile bonheur. Les ceps de vignes, les longs cyprès étirés, sertissent son univers de lignes épaisses ou fines, mais toutes tracées par un pinceau trempé dans l'absolu. »
Un ouvrage de Sophie Chauveau à ne manquer sous aucun prétexte.



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C'était un plaisir immense de déambuler dans les rues des grandes villes et des campagnes italiennes avec ce peintre. le portrait de sa vie y est décrit avec minutie. Les nombreuses personnalités qu'il côtoie et le peintre lui-même sont très réalistes, vivants et tangibles dans leur manière d'être. de plus, la signification de certaines des oeuvres de cet artiste m'apparaissent mieux après la lecture de ce livre. On se sent facilement transporté dans cette époque historique, c'est un voyage magnifique que je conseille !
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Si ce genre de biographie très romancée nous entraîne à rechercher sur le web des précisions sur l'époque, les courants artistiques et les influences...
Si les faits principaux évoqués et la psychologie des personnages ne relèvent pas de la pure imagination et campent dans le réel...
Alors je dis "Voui" à ce type de roman, car je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire un essai universitaire sur le sujet.
Habitant Paris, la visite des expositions et musées donne envie d'approfondir une période ou un artiste et bien sûr, vice-versa !
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui est à la fois un roman historique et nous fait découvrir l'art. Une pure merveille.
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J'ai adoré et de plus je suis allée peu de temps après à Florence et …. Au musée des offices et j'y ai vu « la naissance de Vénus », pfffiou quelle émotion maintenant que je connais l'histoire du peintre et du modèle, waouw
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Deuxième tome d'une trilogie consacrée à la Renaissance, ce roman est la biographie romanesque de Sandro Filipepi, surnommé « Boticello-le petit tonneau » puis Botticelli.
Chapitre après chapitre, il relate les divers aspects de la vie du grand peintre, élève de Fra Filippo Lippi, qui porta la Renaissance à son apogée. Nous sommes au Xvè.

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Lien : http://bibliovora.123.fr/ind..
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Un livre genial , passionnant, bien ecrit ...et instructif !!! A lire absolument.
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