Avez-vous déjà oublié ce temps où les Romantiques,
De Vigny à Rimbaud, avaient le verbe intemporel et la métaphore facile et heureuse ? Ce sont les grands thèmes de l'humain que
Thierry Cabot développe dans une métrique classique et des rimes riches qui un siècle et demi plus tard perpétuent cet art qui serait sans lui
aujourd'hui disparu. Qui écrit encore ainsi ? Qui a encore ce souci de la métrique, cette largesse dans la métaphore quel que soit le thème abordé ?
"
Aujourd'hui si fugace a des airs d'autrefois.
Je promène l'écho d'un ancien quintette
Dont chaque note ailleurs scintilla tant de fois."
Le poète nous parle avant tout du temps qui passe mais aussi de l'amour, de l'injustice sociale, de la médiocrité de notre époque et de la recherche d'un absolu.
"Je voudrais me noyer dans de fières suppliques
Afin d'oublier l'heure où mes yeux auront froid."
Il parle bien sûr d'elle, la mort, elle transpire dans ses rimes et nous reluque dans ses allégories.
"Et vois tous les faux biens rouler à la renverse ;
Jusqu'à l'heure où, levant ses deux poings furieux,
Une nouvelle nuit plus ignoble et perverse
Se jettera sur moi pour me fermer les yeux."
À la lecture de ce généreux recueil couvrant plusieurs décennies de poésie, je me suis demandé si elle apparaîtrait cette faille, la faille dans laquelle se sont engouffrés les
Apollinaire,
Cendrars,
Max Jacob, Picasso et autres porte-flambeau de l'avant garde du XXe. Non, sa faille à lui (si je peux me permettre), à la poésie de
Thierry Cabot, c'est de préserver à tout prix ce passé dans sa maîtrise de l'écriture poétique et sa verve lyrique d'antan.