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4,24

sur 629 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une oeuvre remarquable que Dans le grand cercle du monde. J'ai acheté ce livre sans en connaître l'histoire, à cause de tous les commentaires élogieux que j'en ai entendus. Joseph Boyden nous propose une visite dans le passé, au XVIIe siècle pour être exact. À cette époque, les Français commençaient à s'installer dans la vallée du Saint-Laurent alors que les Iroquois et les Hurons-Wendats étaient perpétuellement en guerre. Une situation trouble que l'arrivée des Blancs a exacerbée… Un des intérêts de ce roman est que l'auteur donne leur voix à tous les partis impliqués. Trois narrations. Trois points de vue différents. Donc, pas de parti pris !

D'abord, il y a Christophe, le jeune Français, un missionnaire, un jésuite, envoyé auprès des « sauvages » afin d'essayer de les convertir à la foi chrétienne, aussi pour consolider des liens d'amitiés (mais surtout de maintenir des liens commerciaux, un monopole sur le commerce des fourrures). Il est surnommé Corbeau à cause de sa robe noire, peu pratique, la risée des autochtones.

Ensuite il y a Oiseau, chef d'un village huron, membre de la puissante confédération Wendat, attaché aux traditions ancestrales de son peuple. Contrairement à ce que beaucoup croient, pas tous les Amérindiens vivaient dans des tentes au milieu des bois. Les Hurons étaient sédentaires, s'établissaient dans des villages de plusieurs milliers d'âmes, subvenaient à leurs besoins d'abord via l'agriculture (les trois soeurs : maïs, courge & haricot) puis ensuite grâce au troc avec d'autres peuples. Oiseau voit d'un mauvais oeil l'arrivée du jésuite (outre le fait que les contacts avec les Blancs étaient suivis de maladies, il sent que leurs valeurs et leur religion sont bousculés) mais l'estime tout de même essentielle dans sa lutte contre les Iroquois.

Puis il y a Chute-de-Neige, de la nation iroquoise. le roman s'ouvre avec sa capture par un groupe de Hurons menés par Oiseau et auquel participe Christophe. Sa famille vient d'être exécutée sous ses yeux on la ramène pour compenser la mort de la famille de Oiseau, dont elle deviendra la fille adoptive. D'abord hostile, elle finira par accepter sa nouvelle famille. À travers ce personnage, on découvrira que les deux peuples ne sont pas si différents l'un de l'autre.

Chaque chapitre, qui met en scène alternativement ces trois personnages, est court. Et le rythme est rapide. Ainsi, malgré les 600 pages du bouquin, on en remarque à peine l'épaisseur car l'histoire ne contient pas de longueurs. Il n'y a pas de passages que je juge superflu. Un seul regret : ne pas avoir le point de vue direct de Petite Oie. Il s'agit de la guérisseuse du village, une sorte de chamane aux pouvoirs multiples. Ce n'est pas une Huronne mais plutôt une Algonquienne de la tribue nomade des Montagnais qui a décidé recemment d'unir sa destinée à celle de ce grand peuple. D'où l'intérêt de son point de vue, original mais surtout plus objectif parmi tous ces Hurons et Iroquois en guerre.

Parce que c'est de guerre qu'il s'agit. Oui, l'arrivée des Français et des Anglais a exacerbé les tensions, mais le conflit existait depuis des générations. Il y a quelque chose de très tragique dans cette histoire. La fin d'une nation, d'une civilisation, est un événement troublant. Car les personnages sont témoins de tout ça, ils le voient venir et commencer à se produire. En tant que lecteur, on ne peut que se sentir interpelé par leur frustration, leur tristesse de voir leur culture s'éteindre avec eux. Certains ont peut-être moins aimé les scènes de torture, assez explicites vers la fin, mais c'était ça, aussi, le monde amérindien. Il ne fallait pas montrer que son côté polissé, dans le genre « communions avec les esprits de la forêt ».

Donc, le ton employé par l'auteur était très juste et ses choix littéraires, judicieux. de plus, Joseph Boyden a une plume très évocatrice. Il a su faire ressortir le tragique de cette situation sans tomber dans le mélodramatique, les moments héroïques sans tomber dans le patriotique et le parti pris. En fait, il a su respecter les points de vue de tous les côtés, sans jugement. du moins, c'est ce qu'il m'a semblé. Tout est arrivé parce que cela devait arriver, c'était dans l'ordre des choses. Bref, j'ai vraiment hâte de lire les autres romans de cet auteur de talent.
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Un roman qui nous plonge au cœur du XVIIe siècle parmi les Sauvages qui peuplent le Canada, à travers les voix de Christophe, le jésuite français, d'Oiseau le chef de guerre huron, et de Chute-de- Neige, la jeune fille iroquoise.

Nous découvrons le mode de vie, les croyances et les traditions des tribus indiennes, qui évoluent dans un monde à la fois ténébreux et paradisiaque.

La nature, les animaux et les hommes font partie d'un même univers. Leurs esprits sont mêlés. Un peuple libre et généreux, à l'écoute de leurs enfants. C'est le côté paradisiaque.

L'autre penchant de ces hommes est leur art de faire la guerre et de se livrer à des cérémonies de torture insoutenables, à des guerres du deuil qu'on peine à comprendre. Nous sombrons alors dans les ténèbres.

Face à eux, les hommes velus venus d'au-delà de l'Océan, s'accaparent de leurs richesses et de leurs savoirs. Ils sont accompagnés des « Corbeaux », ces prêtres qui piétinent leurs croyances pour les contraindre au christianisme. Sont-ils plus civilisés ?

Deux cultures qui s'affrontent et s'observent. Ils s'admirent parfois mais sans jamais vraiment se comprendre ou se faire confiance. Le choc des cultures et des croyances est trop intense.

Un récit riche et poétique qui nous immerge dans un monde splendide, si on met de côté la rivalité des hommes.

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Trois voix s'élèvent dans les immenses espaces canadiens. le XVIIe siècle est déjà entamé, quand des jésuites français essaient de convertir des Indiens. le jeune père Christophe, qui croyant bien faire en imposant ses croyances en prosélyte convaincu, trouve sur son chemin le chef Huron, Oiseau, et sa prisonnière iroquoise, Chutes-de-Neige, des ennemis de toujours.

Les Hurons ont décidé de garder le père Christophe qu'ils nomment ironiquement le Corbeau à cause de sa soutane. Oiseau est chargé de le protéger. Bien que critique et condescendant, le Corbeau en apprenant la langue des Indiens s'intègre peu à peu. il va même jusqu'à admirer les rites funéraires de ceux qu'il appelle les Sauvages, et dont il se désole d'en convertir si peu. A l'arrivée de la tribu en Nouvelle France, Oiseau rencontre le gouverneur, Samuel Champlain, qui lui propose d'unir leurs forces pour résister aux Hollandais et aux Anglais qui ont armé les Iroquois. En fait, c'est une manoeuvre pour s'allier ceux qui contrôlent le commerce dans les territoires sauvages.

Car qui gagnera la bataille du commerce gagnera la guerre. Dans cette lutte, les pères jésuites servent de lien avec les Français, ils sont tolérés dans la tribu pour cette seule raison. Après des combats épouvantables contre les Iroquois, et des tortures terribles auxquelles il assiste avec deux autres pères, le Corbeau continue son travail de conversion auprès des Hurons. Il prêche et répond à leurs questions auxquelles il n'a pas toujours de réponses. Ses convictions religieuses ne vacillent jamais, il résiste à tout, même à la sensualité des femmes de la tribu, surtout à celle de Chutes-de-Neige, maintenant résolue à rester avec les Hurons.

Un livre magnifique qui nous transporte dans le monde très codifié des Indiens. On découvre leurs us et leurs coutumes, leurs croyances et les rapports des tribus entre elles. Des rapports tendus entre les Hurons et les Iroquois, exacerbés par les Européens qui, venus pour des raisons mercantiles et pour imposer leurs croyances, ont apporté des maladies dévastatrices. Un monde qui peut se révéler impitoyable (les scènes de tortures sont insoutenables) mais aussi plein d'humanité.
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Il m'aura fallu quelques jours pour digérer cette lecture. Une fois encore je reste admirative face à tant de talent. Merci monsieur Boyden. Merci pour votre manière si poétique de me transporter dans un tout autre univers, au coeur des paysages enchantés de la région des grands lacs d'Amérique du Nord, au coeur de cette nature sauvage et impétueuse, encore préservée de la cruauté des colons européens. Merci de m'avoir fait côtoyer de près ce peuple d'Indiens Hurons, toucher du doigts leurs rites et coutumes, leurs codes sociaux et religieux, trembler face à la sauvagerie de leurs conflits ancestraux avec les Iroquois. Merci de m'avoir fait comprendre leur lutte spirituelle et religieuse face à l'arrivée des pères Jésuites, ces corbeaux obnubilés par une volonté farouche de convertir et sauver le sauvage impie des flammes de l'Enfer. Merci de m'avoir fait découvrir cette histoire du Québec et de ce vaste territoire, cette époque où Français comme Anglais commerçaient avec les Indiens, les jugeant encore utiles pour apprivoiser puis exploiter cette nature hostile qui se refusait à eux. Dans le cercle du grand monde a tout d'une grande épopée majestueuse et poétique, sensible et cruelle à la fois, retraçant cette confrontation entre Indiens et Européens au coeur de ce XVII siècle qui se passionne pour la propagation de la foi chrétienne à travers les colonies. Ce roman nous narre une époque révolue, avant les conversions, avant les maladies rapportées d'Europe qui déciment les Indiens, Hurons comme Iroquois, avant la fin d'une civilisation, avant que ce peuple ne prenne goût à la boisson et à l'ivresse qu'elle procure, luttant désespérément contre la fin de leur monde. le brave chef Oiseau, la farouche Chute de neige, père Christophe - le corbeau à la robe noire - tous ces personnages entrent en collision au coeur de la grande spirale de l'Histoire et de ces 600 merveilleuses pages qui m'ont tenue en apnée.
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« Ce qui est arrivé dans le passé ne peut pas demeurer dans le passé, tout comme le futur se situe toujours à un souffle devant. »

De Joseph Boyden, j'ai eu récemment un immense coup de coeur pour « le chemin des âmes » dont j'ai aimé l'écriture ciselée, profondément humaine et l'histoire qui se noue autour de trois magnifiques personnages sous fond de guerre des tranchées. C'est avec mon petit cercle d'ami.es que j'ai eu le plaisir de repartir sur les traces de cet auteur canadien talentueux qui revendique des origines amérindiennes. Je les en remercie.

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce récit, je dois bien avouer que, au fur et à mesure des pages, cette histoire m'a captivée, ses personnages m'ont autant fascinée que je me suis attachée à eux. Et c'est avec peine que je les ai quittés.

*
Avec « Dans le grand cercle du monde », une porte s'ouvre sur les territoires sauvages des Hurons et des Iroquois au milieu du XVIIème siècle, à l'époque coloniale française et anglaise.

« Avant l'arrivée des Corbeaux, nous avions la magie, l'orenda. Nous n'en avions jamais douté avant que leurs serres n'agrippent pour la première fois nos branches et que leurs becs ne picorent pour la première fois notre terre. »

Dès le tout début du récit, le lecteur assiste à une scène d'une grande violence où une jeune Iroquoise, Chute-de-Neige, assiste impuissante, au massacre de sa famille par un groupe de chasseurs Hurons. Epargnée mais captive, elle est adoptée par le chef guerrier Oiseau en remplacement de sa famille assassinée par les Iroquois.
Un prisonnier, Christophe, rebaptisé Corbeau par les Hurons, fait partie du groupe de Hurons au moment de l'attaque. C'est un missionnaire jésuite français venu vivre parmi eux pour les convertir au catholicisme.

Depuis de nombreuses générations, les deux tribus amérindiennes se livrent à une guerre intestine mais l'enlèvement de cette enfant va raviver leur profonde mésentente et leur haine réciproque. Deux grandes puissances européennes se mêlent au conflit, chacune prenant partie pour un camp, avec pour dessein insidieux de s'établir au Canada et s'approprier les terres des Indiens.

A travers les récits croisés de Chute-de-Neige, Oiseau et Corbeau, le roman raconte comment l'afflux des explorateurs européens et les attaques incessantes des Iroquois entre autres, vont concourir au déclin du peuple Huron et à la dispersion de ses survivants.

*
Ainsi, se dessinent et s'entrelacent trois brins narratifs qui, au fil des chapitres, donnent la parole à tour de rôle à un des trois narrateurs. Chaque point de vue est parfaitement et solidement étayé, rendant chaque voix parfaitement reconnaissable et d'une intimité touchante.

J'ai trouvé cette mise en scène astucieuse car la multiplication des angles de vue enrichit fortement notre vision de ce monde plein de contrastes. En effet, en nous plongeant dans ce nouveau monde, l'auteur donne vie à une époque et un lieu : on est en plein dans la conquête de l'Amérique du Nord et l'évangélisation des peuples autochtones, mais également dans les conflits entre les peuples indiens qui veulent s'arroger le commerce lucratif des fourrures avec les Blancs.

Le récit est porté par la sauvagerie et la convoitise des hommes, mais heureusement, l'auteur ne s'arrête pas là. Ainsi, on entre aussi dans leur communauté. Les descriptions de la vie quotidienne des Hurons, de leur mode de vie basé sur la culture des « trois soeurs » (le maïs, la courge et le haricot), de leurs croyances et de leurs coutumes, de leurs rites funéraires et de leur sensibilité au monde des esprits, sont minutieusement décrites.

« En matière d'esprit, ces Sauvages croient qu'il existe en nous tous une force vitale similaire, pourrait-on dire, à ce que nous, catholiques, croyons être l'âme. Cette force vitale, ils l'appellent l'orenda. C'est le côté fascinant. le côté épouvantable, c'est que ces pauvres créatures égarées croient que non seulement les êtres humains, mais aussi les animaux, les arbres, les étendues d'eau et jusqu'aux pierres possèdent une orenda. »

Joseph Boyden sait faire revivre la férocité de leurs pratiques rituelles, et en particulier les "caresses" que chaque camp prodiguait à leurs prisonniers durant de longues journées. Ces passages ne sont pas faciles à lire, les descriptions de ces scènes de torture étant crues, implacables, d'autant plus déroutantes qu'elles sont respectueuses de l'adversaire et vécues dans une joie festive pour les vainqueurs, mais qu'elles sont aussi vécues par les prisonniers comme une épreuve faisant appel à leur bravoure, leur force mentale, leur fierté et leur honneur.
A ce propos, Christophe formule une remarque très juste, faisant le parallèle entre les rituels de torture des « Sauvages » et les actes de l'Eglise catholique, les méthodes de torture de l'Inquisition.

*
Pourtant, au milieu de la brutalité des hommes et de la nature, un éclat parvient néanmoins à s'infiltrer grâce à des personnages attachants, touchants.
J'ai été particulièrement sensible à la justesse de la caractérisation des personnages, autant principaux que secondaires. En prenant la parole chacun à leur tour, les trois narrateurs se dévoilent au fil de leurs pensées. Ils se révèlent d'autant plus nuancés que les traits de leur personnalité évoluent au cours de leur vie. du coup, si j'ai eu au départ de la compassion pour la jeune fille et du mépris pour les deux hommes, mes sentiments ont très vite évolué et changé à l'égard d'Oiseau, plus lentement en ce qui concerne Corbeau sachant combien la conquête de l'Amérique du Nord, l'évangélisation et l'introduction de maladies venues du Vieux Continent avaient été meurtrières. Au final, il révèle une personnalité plus complexe et plus surprenante qu'il n'y paraissait au départ.

« Quand nous les avons autorisés à vivre parmi nous, nous ne savions pas qu'ils étaient pires que des mauvaises herbes. Et maintenant qu'ils se sont enroulés autour de nous, ils ne nous lâcheront plus. »

Le point de vue développé par Christophe est particulièrement intéressant sur la façon dont les catholiques lancés à la quête de l'âme indienne, se sont immiscés dans la vie des peuples autochtones, apprenant leur langue, leurs traditions et leurs rites, ébranlant les fondements de leur culture, les détournant progressivement de leur spiritualité et de leur mode de vie pour embrasser leur foi. Il est de loin le personnage le plus abouti, même si j'ai aussi aimé la profondeur des émotions de Oiseau.

« Ces Sauvages sont puérils et entêtés. Ils vivent dans le péché, dans le monde coupable de l'idolâtrie, et sans l'ombre d'un doute sous l'emprise de Satan, ce qui rend d'autant plus importante ma mission. »

*
Un autre aspect du roman m'a énormément séduit, c'est le style de l'auteur.
C'est un livre à l'écriture réaliste, riche, sensible et sombre, féroce et crue. L'histoire habilement racontée est fascinante, mais accompagnée d'images saisissantes de réalisme, de scènes dures et sanglantes qui m'ont emportée autant que bouleversée.
Les mots de l'auteur nous entraînent dans l'intime, ils sondent les profondeurs de l'être et les vérités cachées. Ils disent la peur et la vulnérabilité, le courage et le sacrifice, l'amour et le deuil, la colère et la haine, la ferveur religieuse et l'étroitesse d'esprit dans un monde tumultueux où les cultures et les peuples entrent en collision. J'ai été émue par la puissance des émotions, ébranlée par la barbarie des hommes.

*
Une fois de plus, malgré sa brutalité, Joseph Boyden m'a emportée dans son univers par le souffle romanesque de son récit, par la force de ses personnages pleinement incarnés. Il a saisi une époque captivante, un monde fascinant en pleine mutation, des personnages aux prises avec les mouvements de l'Histoire.
Et même si j'ai préféré « le chemin des âmes », je ressors ravie de cette lecture. Les dernières pages sont poignantes.
A découvrir.
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Après le chemin des âmes,Les Saisons de la Solitude et Là-haut vers le Nord que j'avais bien aimé, dès que j'ai su qu'un nouveau livre de Joseph Boyden venait de sortir, je me suis précipitée à la librairie.
Et je ne regrette pas!!

J'ai été transportée au XVIIème siècle au Canada.
Trois narrateurs Dans le grand cercle du monde: un jésuite breton le Corbeau, premier à arriver parmi les Hurons pour les évangéliser, une jeune iroquoise Chutes-de-Neige dont la famille vient d'être massacrée par le troisième narrateur Oiseau un chef Huron qui va l'adopter comme sa fille.

A travers ces trois voix, on suit le quotidien du peuple huron Wendat : le travail dans les champs pour la culture des trois soeurs ( maïs, courge, haricot), les échanges commerciaux à Québec, les affrontements terribles avec leurs ennemis iroquois, les réactions à la présence des Jésuites...
"De sa main droite, il fait ce geste auquel je me suis habitué: il se touche le front, puis la poitrine et enfin les épaules à gauche et à droite. On se demandait s'il ne nous jetait pas un sort, mais pour autant que je le sache, et bien qu'il prétende que cela soit destiné à le protéger, je crois qu'il s'agit surtout d'un tic nerveux."

J'ai bien aimé me laisser transporter par l'écriture exceptionnelle de Joseph Boyden dans ce XVIIème siècle parmi tous ces personnages attachants, courageux, extraordinaires dans ce qu'ils sont capables d'entreprendre pour vivre.
Je le recommande vivement.
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Dans le grand cercle du monde est plus qu'un roman, c'est une ode magistrale à un monde à jamais disparu.

Au 17ème siècle, à l'arrivée des Français à l'embouchure du St-Laurent, les Hurons contrôlaient déjà le commerce dans la région et échangeaient le produit de leurs cultures des trois soeurs : maïs, courge et haricot avec différentes tribus, c'est fort logiquement qu'ils commencèrent à troquer avec les nouveaux venus. Contrairement à l'image véhiculée par Hollywood tous les Indiens n'étaient pas de frustes nomades en petites bandes vivant de cueillette de chasse et de pèche et logeant dans des tentes…

L'histoire est celle du génocide des Hurons par les Iroquois alors qu'un danger d'une toute autre ampleur vient de débarquer…

Pour quelques saisons, les voix d'Oiseau (chef Hurons), de Chute-de-Neige (jeune Iroquoise adoptée par Oiseau) et de Christophe (missionnaire Jésuite français) vont se mêler aux tambours de guerre dans un grandiose chant canonique à trois voix, commençant d'abord par se répondre tour à tour pour à la fin se rejoindre en une tragique mélopée autour d'un brasier funèbre.

De Joseph Boyden, j'avais été emporté sur le chemin des âmes, je l'avais recommandé à ClaireG qui me parlait si souvent de ses chers Indiens, bien évidemment je n'ai pu faire sans avoir une pensée émue pour elle qui comme eux a disparu. C'est encore à un autre niveau que j'ai apprécié celui-ci. Je lui en aurais parlé c'est sûr. Je lui aurais vanté la sagesse et l'intelligence de coeur qui animaient Petite Oie cette chamane Algonquienne…

L'auteur signe ici un roman débordant d'humanité jusque dans les scènes de tortures, rappelant à raison, comme le faisaient déjà les épopées antiques, que ni les hommes, ni les civilisations ne contrôlent leur destinée. Or sans cesse nous oublions les leçons du passé, il nous faut de grands livres pour nous les rappeler, incontestablement celui-ci en est un.
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J'ai découvert Joseph Boyden en 2012 et je reconnais que le chemin des âmes a été mon coup de coeur littéraire cette année la !
Donc, c'était évident que des que j'ai su que son 3eme roman était publié, je me suis précipité pour l'acheter...
Cette fois ci , Boyden nous propose une plongée dans le Canada du XVII eme siecle.
Ce magnifique roman est un roman à trois voix : le père Christophe , un jésuite que les indiens vont surnommer Corbeau, un chef Huron nommé Oiseau ( tiens tiens, est ce qu'il ne serait pas un lointain ancêtre de Xavier Bird , un des personnages du Chemin des âmes ??) et une jeune Iroquoise Chutes-de-neige.
Ces trois personnages nous relatent à tour de rôle certains pans de l'histoire canadienne comme le début de la christianisation, le commerce entre les indiens et les "hommes velus", les guerres entre certaines tribus( les Hurons - Wendats -contre les Iroquois - Haudenosaunees -) et aussi tout simplement le quotidien de la tribu de Oiseau.
Ce roman ne se lit pas, ne se raconte pas, il se savoure!!
Joseph Boyden a une écriture magnifique, ses descriptions sont empreintes de poésie . On sent aussi l'important travail de recherche qui est derrière ce roman, mais sans que cela ne l'alourdisse, au contraire, l'histoire n'en est que plus authentique .
Que dire de plus de ce livre que j'ai adoré ? J'ai dégusté chaque chapitre, même si certaines scènes de tortures m'ont un peu remuée, et j'ai tourné avec regret la dernière page de ce livre de près de 600 pages.
Je pense que l'on a pas fini d'entendre parler de cet auteur qui a mon sens joue vraiment dans la cour des très grands....

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J'adore les pavés qui, dès les premières pages, provoquent mon enthousiasme. Je jauge alors leur épaisseur en me disant: «P….n! Je vais me régaler!» Et quand le bouquin tient toutes ses promesses, j'en ressors tourneboulée, conquise, la tête pleine d'une histoire que je n'oublierai jamais.

J'ai tout aimé dans ce roman : la trame, le propos, l'écriture et les personnages.
C'est une épopée bien rythmée dans laquelle Joseph Boyden raconte la fin d'un monde.

Dans le Nord du Canada au 17è siècle, les Hurons et les Iroquois sont des tribus indiennes ennemies qui, de vengeances en représailles, ont toujours une raison de guerroyer. C'est dans ce contexte conflictuel qu'un missionnaire débarque chez les Hurons afin de les convertir christianisme (et aussi de développer les échanges commerciaux profitables que les français entretiennent avec ces “sauvages”).

Trois narrateurs rapportent alternativement les évènements, ce qui permet au lecteur de s'en faire une idée plus précise, plus objective. Les personnages semblent suivre leur route en toute liberté, sans contrainte de la part de leur créateur. Ils sont grandioses, faillibles, humains:

- le père Christophe, prêtre jésuite français, surnommé “le corbeau”, est habité d'une foi sans faille;
- Oiseau, chef huron charismatique, est un grand guerrier à la force tranquille;
- Chutes de neige, jeune iroquoise au caractère affirmé, est capturée par Oiseau et deviendra sa fille adoptive.

Chacun perçoit la réalité différemment en fonction de sa culture, de ses convictions, de son expérience. Et même si parfois ces trois-là se devinent ou s'estiment l'un l'autre, leurs rapports restent souvent marqués par l'incompréhension, qui si elle conduit quelquefois à des situations cocasses, les mènera inéluctablement au drame.

Les modes de vies, les cultures, les croyances et les rituels donnent lieu à des descriptions détaillées et passionnantes.

La vie et la mort, la compassion et la cruauté, l'humanité et la négation de l'autre, s'entremêlent aux portes de la folie.

Il n'y a rien de simpliste ni de manichéen dans ce grand roman où deux monde sont confrontés.
La maladie, les exigences économiques et la complexité des relations humaines, anéantiront l'un d'eux.
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La douceur de la torture ou l'art de caresser avec le feu. C'est tout le paradoxe de ce long roman (700 pages) .Passer de la cruauté la plus sordide à la douceur des moeurs et à la symbiose avec la nature. La torture est totalement ritualisée et acceptée par toutes les tribus
Avec le chef Huron et la jeune prisonnière Iroquoise , le jésuite français Christophe ou le Corbeau est le troisième personnage majeur
J'ai souvent critiqué les auteurs qui ont besoin de centaines de pages pour ce qui peut être dit sous forme d'une courte nouvelle
Ce n'est pas le cas ici.Ce livre nécessite le temps long de la nature , du rythme tribal et de la longue patience indispensable au prêtre pour essayer d'accomplir sa mission
Joseph Boyden est un remarquable conteur et j'ai été bluffé et surpris de m' intéresser à cette histoire de lutte ente Hurons et Iroquois , sur fond de colonisation politique ,économique , et religieuse
Pour réussir son coup, c'est à dire accrocher le lecteur pendant des heures sur un sujet pas franchement folichon et caricatural ( les bons colonisés, les mauvais blancs qui apportent misère et maladies, le missionnaire sûr de son fait ), Boyden évite toute approche grossière ou politique
Il laisse vivre les protagonistes ,il raconte toujours avec une certaine douceur leur quotidien ,leurs espoir ou leur tristesse dans un environnement très difficile mais souvent très beau à travers les relations humaines.
Le personnage du jésuite avec sa foi ,son opiniâtreté et ses doutes, bien loin des clichés, est aussi réussi et touchant que les deux autres
C'est vraiment un très beau livre
Je venais juste de lire un autre grand conteur dans un style bien différent, Dai Sijie, l'‘ Evangile selon Yong Sheng
Joli mois de lecture car les écrivains qui savent vous faire voyager avec intelligence dans le temps et l'espace et vous tenir en haleine ne sont pas si nombreux
Bravo, Mr Boyden et merci
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