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EAN : 9791027904181
192 pages
Anacharsis (19/08/2021)
4/5   8 notes
Résumé :
Il existe dans tous les mondes possibles une Entité cosmique, invisible et inaudible. Vivante, elle se découvre soudain souffrir ; muette, elle appelle au secours. Un commando de jouets mutants surentraînés va tenter l'opération de sauvetage. En vain.
Les affres de l'Entité cosmique - et le parcours de nos héros - sont relatés au travers de cent trente récits brefs emprisonnés dans ce kaléidoscopique Téké. Chacun reflète simultanément nos propres angoisses, j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quel livre étrange et captivant que ce téké !
Imaginez un peu Toy-Story mais écrit par Peter Watts, ou alors porté à l'écran par Christopher Nolan. Ca vous parle?
Mika Biermann, cet écrivain un peu magique et farfelu que j'affectionne beaucoup, nous embarque ici dans un voyage plein de perturbations, d'angoisses, de farces, d'ironie, de philosophie, mené avec une frénésie furieuse.

Avec son phrasé si singulier, complexe mélange mélodieux et bourru, Mika Biermann expérimente comme jamais. En 250 pages, l'auteur semble s'entêter à bâtir minutieusement un curieux microcosme pour mieux le mettre en pièces l'instant d'après. Une entreprise farfelue au milieu de laquelle évoluent un attachant commando de jouets mutants, prêt à en découdre, débordant de sympathie, mais comme indirectement persécuté par une entité cosmique des plus mystérieuse…
Petit à petit, tout se précipite, s'englue, se désagrège et parfois, s'en sort pas trop mal, en battant de l'aile, mais sans parvenir à s'envoler (je paraphrase l'auteur).

250 pages et 130 récits courts, comme un puzzle. Une quantité de personnages invraisemblables, empêtrés dans leurs angoisses, craintes, pètes au casque et décisions absurdes, se trouvent constamment au bord du gouffre. Ils y penchent la tête. le vertige est délicieux. L'entropie semble inévitable, la gravité tout autant, alors pourquoi lutter ? pourquoi ne pas apprécier l'étrange saveur de la résignation ?

Comme le disait Marx, l'histoire se répète deux fois : la première c'est une tragédie, la deuxième c'est une farce. Et au bout de la 30ème? La 76ème? la 129ème? Ce qui est sûr, c'est que Mika Biermann n'ennuie pas une seule fois. Comme l'a fait Alastair Reynolds avec son génial "Eversion", il se renouvelle sans cesse, maintenant le cap, égrenant ses indices parcimonieusement pour petit à petit, faire apparaître devant nos yeux un tableau vivant, organique, captivant tous nos sens.

téké est une expérience, à la fois étrange et géniale, déconcertante mais tellement drôle. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais moi ça m'a décapé les rétines. C'est à lire si vous aimez être bousculé.e et sortir des chemins déjà tracés.
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téké ou la balade des êtres nés quelque part, ici ou ailleurs dans le cosmos, hier ou aujourd'hui, ou alors qui naîtront demain, dans l'immensément petit comme dans l'infiniment grand. Un tordu tour de l'Univers au travers une centaine de morceaux de vies fêlées, brisées, que composent le miroir où se reflète cette entité cosmique présente en chaque être vivant, cette conscience ou instinct unique et universel.
La Vie en trois lettres dans une centaine de chapitres courts sur la ligne temporelle de cette étrange entité cosmique qui se meurt. La Mort, donc, et sa lettre supplémentaire pour aller au-delà du miroir et toucher du doigt une quatrième dimension, spirituelle ou temporelle selon la perception de chacun. Car une Vérité est elle à discerner dans les traits de ce tableau noir et ironique dans lequel on peut voir ses propres traits ? Mais Tout n'est-il pas finalement une question de Temps ?
Je ne me suis pas laissée aller au désespoir nécessaire pour cerner la vue d'ensemble de l'entité dépeinte par l'auteur dans cette Nature Morte. Il n'en demeure pas moins que je vais continuer mon exploration des mondes tordus de Mika Biermann, arpenteur de galeries d'arts et maître du mot à la fois brut et malaisant, fin et poétique, publié par les éditions Anacharsis (Merci pour votre envoi dans le cadre de la MC Littérature de janvier !) qui lui vont si bien.
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Un titre qui claque, téké, et un Rhinocéros blanc qui se promène sur la couverture, voilà ce qui m'a fait penser à l'Afrique quand j'ai repéré ce livre dans la Masse critique de janvier. Puis il est arrivé par la poste, mais je savais déjà qu'il n'était point question de continent noir.
Un tourbillon de courts textes nous entraîne sur les traces de l'entité cosmique, entité impalpable, omniprésente et insaisissable, mais qui semble hanter tous les personnages du livre. Un commando de jouets étranges s'est lancé sur sa trace et c'est là le principal fil d'Ariane que nous laisse l'auteur pour avancer au fil des pages.
Pour le style et le genre, on peut penser à Kafka, à Poe ou Gail Neilman. On navigue entre l'absurde, le grotesque, le surréalisme, l'étrange...
Même si je n'ai pas été totalement convaincu, je ne me suis cependant pas ennuyé. L'écriture de Mika Biermann est plaisante et donne vie (et mort) à ses personnages.
Au chapitre « où l'on trouve une liste de gens partiellement morts » (p.147), on croise un serpentin, Che Guevara, de la cellulose, presque un-deux-trois en allemand, un message… et sûrement d'autres choses encore.
Merci aux éditions Anacharsis et à Babélio.
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Kaléidoscopique, le mot est utilisé sur la quatrième de couverture et c'est vraiment l'effet que fait cet incroyable livre de Mika Bierman. Sur les 130 récits brefs - moi je n'ai pas compté, je fais confiance - qui constituent ce livre, le niveau est forcément très inégal mais certains sont très savoureux avec une bonne dose d'absurde et de burlesque. Après, cela reste compliqué de repérer un fil conducteur et heureusement que ce livre ne fait que 250 pages car il se lit assez facilement malgré tout mais au-delà j'aurais sûrement décroché. Un véritable exercice de style, un sacré univers aussi, difficile à pénétrer mais pour ceux qui y parviendront c'est une expérience.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le château est le plus beau et le plus haut de tout le pays, et probablement de toute la planète, laquelle pourtant n'est pas avare en monts et merveilles et dont certaines cités - et leurs fastes et leurs guerres - ont fait rêver des générations de fillettes et de pirates. Ses tours dominent une vallée boisée où batifolent des cerfs aux andouillers dorés les jours de rut. Le château est là depuis toujours, et ses fenêtres étincelles quand le soleil se lève à l'est, se couche à l'ouest.

Un matin un aigle, volant bas, fit tomber une noix de coco, qui fendilla une tuile vernissée du batîment central. L'eau de pluie - bienfaisante pour l'agriculture, néfaste pour les fêtes galantes - s'y infiltra et mouilla un tas de tapis persans entreposés au grenier. L'humidité réveilla un acarien du désert, affamé. Les arachnides se mirent à dévorer la laine, détruisant motifs de fleurs et gazelles bondissantes avec le même bonheur. Leur prolifération attira un cafard ovovivipare, qui en fit son déjeuner régulier. Les rats des champs, grimpant le long des murs, découvrirent les blattes et festoyèrent bruyamment, fêtant ainsi l'arrivée du printemps. Aux premiers beaux jours, la moisissure rouge contenue dans leurs crottes s'attaqua à la charpente. Le bois, pourtant dur comme le marbre, vira au violet, s'effrita, une partie du toit s'incurva, puis céda. A l'automne, la pluie inonda le plancher. L'hiver venu, la neige entrait comme dans un moulin.

Les meubles, teintures, marqueteries, sculptures, livres, lettres, costumes et tableaux du rez-de-chaussée sont désormais condamnés, si personnes n'entame des réparations. Ce n'est qu'une question de temps.
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- Souvent un beau désordre est un effet de l'art, dit le lapin.
- Euh, fit Bot. Vous venez de quelle planète ?
- Le corps humain, bien qu'il soit le modèle de l'ordre par excellence, contient aussi dans la chevelure, surtout quand elle est crépue, un désordre naturel assez semblable à la confusion des chevelures de la Terre, répondit le lapin.
- C'est très intéressant, dit Bot, mais je ne suis pas sûr de vous suivre. Vous êtes ici pour quoi faire ?
- Aussi peut-on comparer les cheveux de l'homme à un bois sacré qui couvre les mystères de la pensée, dit le lapin.
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Quand la dernière vaguelettes d'espoir s'est brisée contre le rocher de la certitude, le cœur continu à battre dans la gorge, et la bile dans la bouche ne peut être crachée. Oui. Non. Oui. Maman.
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- La tête de l'homme est ronde pour permettre à la pensée de changer de direction...
- Avec une tête carrée, il aurait du mal à mettre un pull. (p.167)
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Le brouillard est fils de l'inconnu et parrain de l'égalité.
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