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Citations sur Un soir d'été (153)

Je songe à ce que les gens parfois nous disent entre les mots et qu'on ne relève pas, à ce qu'ils nous montrent d'eux et qu'on ne regarde pas, parce qu'on est affairé ailleurs ou simplement distrait, parce que la vie d'autrui au fond ne nous intéresse pas tant que ça, ou parce qu'on ne sait pas que celui qui, de loin, semble nager peut en réalité être en train de se noyer. Je songe à nos différences, nos désinvoltures qui, la plupart du temps, sont sans conséquence et qui quelquefois s'avèrent coupables. Je songe à ceux que nous laissons partir sans comprendre qu'ils nous suppliaient en silence de les retenir.
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Quand j'y repense, avec le recul des années, je trouve ce moment incroyablement attendrissant : on avait dix-huit ans, ce qu'on voulait, c'était plaire aux filles, ou aux garçons, c'était même la chose la plus importante, le reste ne comptait pas, pas du tout, on était dans cette inconsistance formidable, cette soumission à nos hormones, cette soumission à l'instant aussi. Après, on a vieilli et on a perdu cela : la vie tenant tout entière dans la futilité.
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En ce temps-là, ce n’est pas bourgeois, l’île. On vient avec sa caravane, sa toile de tente, on n’a pas de résidence secondaire, ça n’existe presque pas les résidences secondaires, encore moins les villas photographiées dans les magazines de déco, ce sont des vacances pas chères, au camping, on a réservé longtemps en avance son emplacement sous un pin, on y installe son petit chez-soi pour trois ou quatre semaines, on sort une bonbonne de gaz pour préparer le frichti sous l’auvent, on mange sur des tables pliantes, dans des assiettes en carton, le soir à la fraîche on boit l’apéro dans des verres en plastique, on ne fait pas de manières, on veille au porte-monnaie, mais quand même, on offre une gaufre ou une glace au petit, on sait se payer des extras, et on se couche dans une grande promiscuité.
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Je songe que c'est un état magnifique, l'innocence. Et qu'on ne s'en rend compte que lorsqu'on l'a perdue.
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Il ne fait aucun doute qu'on n'accorde pas assez d'attention aux autres, à leur détresse intime, dissimulée, aux signaux qu'ils nous envoient quelquefois, parce qu'on est d'abord préoccupés de nous-mêmes, de notre propre plaisir, ou de notre propre désarroi, et qu'on préfère l'inadvertance, ça n'exige pas d'efforts, ou qu'on répugne à « se prendre la tête », question d'âge, parce que c'est l'été et que l'été rien n'est grave.
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" Ils se sont vus, ce matin." Je sursaute. Il croit que je n'ai pas entendu. Alors il répète les mots en hurlant dans mon oreille tandis que Catherine Ringer explique que " la mort, c'est comme une chose impossible".
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Je le répète, parce qu’on a oublié, on n’arrive même plus à croire que ç’a été possible un jour, nous ne disposions pas de téléphones portables alors, il était impossible de se localiser dans l’instant, si on ne ralliait pas le point de rendez-vous on ne pouvait pas s’appeler pour se trouver, l’aléa existait encore, l’incertitude, le risque de ne pas se rejoindre, voire de se faire faux bond.
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Quand j'y pense c'est merveilleux de ne pas avoir quelque chose à faire, d'être improductif, de se tenir dans la mollesse, l'inertie, de n'être dérangé par rien, rattrapé par rien ni personne. C'était merveilleux que, tout à coup, l'existence entière soit sans objet, sans but.
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C'est ça, avoir dix-huit ans, être dans l'instant, ne pas s'encombrer du passé, y compris le plus récent, et être dans l'insouciance, ne distinguer de gravité nulle part, ne pas prêter attention aux détails, considérer que les détails n'ont pas d'importance, ne pas savoir encore que ce sont eux qui en ont le plus, de l'importance.
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Et puis, je découvre un autre Nicolas. Ou plutôt je comprends que chacune des qualités que je lui prête à son revers : sa sauvagerie est une frayeur, ou le souvenir d’une frayeur, son silence est une difficulté à parler, sa douceur est une fragilité, sa solitude est une exclusion, sa beauté féminine est un fardeau, ses dessins sont un hurlement ou une plainte qu’on n’a pas entendus.
(p.195)
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