Larmes de Vin

J'avais peur de ne rien comprendre vu que je n'y connais absolument rien en vin, je n'en bois jamais et que j'ai le palais incapable de faire la différence entre du vin et de la bière (tout à le goût de l'alcool!). Et en fait non. Parce que la plume de @bellatrix.auteur est d'une fluidité incroyable, il maitrise tellement son sujet que tout est limpide et on tourne les pages avec plaisir et impatience pour suivre la quête de Paul et Klara à Malte.
Le fond est noir, sombre, l'écriture est intense et pourtant poétique, visuelle, olfactive, le vocabulaire précis, documenté! Ce livre se déguste comme un cru d'exception.
Klara est oenologue et Paul trader. Des cracks dans leurs domaines. Alors quand une soirée dégustation de grand cru se transforme en ingestion de piquette, Klara veut comprendre, Paul veut trouver où son infaillibilité a failli. Direction Malte, là où se trouve le vendeur du vin.
Malte, là où au même moment le corps s'un homme mort 50 ans auparavant est rendu à la mer, échoué sur une plage.
Destins qui vont se croiser, se mêler de manière subtile et presque entêtante. Où l'auteur veut-il nous emmener? Faire le chemin du regret, des remords, des non-dits aux côtés de ses personnages? Allez au bout d'une quête? Klara, Paul, Ugo... vont-ils franchir la ligne jaune? Peut-on trahir ses proches sans le vouloir? Vivre avec un poids toute une vie?
Chaque chapitre est écrit à la première personne et alterne les personnage, ils se livrent sans filtre, se mettent à nu au moment où ils se retrouvent au bord du précipice, au moment d'avouer ou se taire... la fin, et surtout la dernière phrase et ce qu'elle implique est d'une grande intensité. On sent que l'auteur a pris plaisir à l'écrire, qu'il a peaufiné chaque mot.
Larme de vin est un livre inclassable, presque initiatique, une dégustation qu'on prend le temps de savourer.

Je ne tomberai pas dans la facilité en disant que Bellatrix nous offre ici un grand cru, que son roman se déguste lentement, qu'il faut laisser décanter sa lecture pour en goûter tout le suc, qu'il est ample, harmonieux et occupe longuement l'esprit, que l'assemblage entre présent et passé, entre France et Malte, entre les honnêtes gens et les autres est équilibré, que l'ensemble est charpenté, complexe, capiteux et élégant, que bien qu'il soit vert il est fourré, plein d'onctuosité et de velouté mais qu'il vieillira bien car il est tannique et épanoui. Vous le trouverez peut-être acide ou soutenu car les arômes qu'il exhale ne sont pas tous suaves et tendres.

Je ne dirai pas cela parce que je ne connais rien à l'oenologie, science noble et art difficile, mais je suis plus légitime en littérature et là, je peux vous assurer qu'on tient un sacré bon bouquin !
Difficile à classer, à la fois thriller psychologique, roman initiatique, quête de l'autre et quête de soi. Chaque personnage s'y trouve, bien malgré lui, confronté à lui-même, à ses actes et à leurs conséquences, à ses blessures, à ses fautes, sans échappatoire possible, sans autre choix que de devenir soi-même pour le meilleur et pour le pire.
Les personnages sont fouillés, livrés dans toute leur impudeur à un lecteur qui s'y reflète comme dans un verre fragile.
Les intrigues sont complexes mais on ne se perd jamais tant la rigueur de l'auteur est impeccable. Mais on ne la sent pas, tout coule naturellement, inexorablement vers le bouquet final, épatant, inattendu.
Maître des ambiances, Bellatrix nous ennivre des parfums de Méditerranée, des arômes de grands crus, des relents de la culpabilité, des pestilences du crime.
Bref je recommande ++++ pour l'histoire et pour le style incomparable de l'auteur.
Un roman envoûtant à boire jusqu'à la lie !

ténèbres d'Orcus”, rien de moins que le prix des Lecteurs Librinova 2020 !
Les larmes de vin peuvent être observées, lors d'une dégustation sous la forme de gouttelettes redescendant lentement le long de la paroi du verre.
K. Bellatrix s'éloigne du brouillard de Rillon-en-Montagne pour nous mener sous la lumière dorée de Malte.
Au cours, de ce récit nous suivons Paul, un trader qui pensait avoir fait un bon coup pour le compte de Klara, son oenologue de femme, en achetant du vins rares et onéreux. Celle-ci lui fait remarquer qu'il s'est fait rouler. Alors, le couple décide de se rendre à Malte afin d'enquêter sur ce camouflet. Toutefois, un évènement étrange vient dérouter Paul de son projet, un corps intact provenant d'une autre époque est rejeté par la mer.
Un nouveau personnage entre en scène : Ugo, l'ami, le meurtrier de la victime et l'époux de sa petite-amie.
D'une obsession l'autre, les trois personnages cheminent vers les tréfonds de leur vérité aussi obscure et angoissante que l'Hypogée. J'ai particulièrement apprécié que l'aspect oenologique soit traité sans snobisme tout en exposant combien ce peut être un marché de dupes.
Ce nouveau texte permet de constater l'ampleur du talent de l'auteur. Après le succès honorable de “Les ténèbres d'Orcus”, la facilité aurait été de produire une histoire du même acabit. Il n'en est rien ! Ces deux oeuvres sont complètement différentes et tout aussi charmantes. Un grand bravo à K. Bellatrix qui avec “Larmes de vin”, se renouvelle complètement et ne s'enferme pas dans un genre !

Encore un très grand cru de l'autoédition et un écrivain à suivre de près !

Larmes de vin est un roman à suspense que j'ai trouvé très prenant et très original. le récit offre une grande cohérence de propos et se présente comme une variation polyphonique autour d'un même thème : la falsification.
Falsification du vin, mais aussi des valeurs humaines et sociales avec Paul, ou de l'amour avec Ugo. le culte de l'apparence est montré dans sa capacité trompeuse. L'utilisation de la descente et de l'enfermement dans la grotte pour l'exploration du fond de soi-même par Paul est très bien menée, avec une dimension mythique du gouffre qui apporte beaucoup de suspense.
Et la fin m'a bluffée ! Je comprends à présent la question de l'auteur sur la 4ème de couverture : se connaît-on soi-même ?
Enfin, j'ai été conquise par la structure du récit : la narration à la première personne est très immersive et alterner chacun des 3 personnages était un exercice culotté car osé mais l'auteur s'en sort avec brio ! On est tour à tour dans la tête de Paul, de Klara ou d'Ugo, des personnages très différents et le tout est crédible, bien emboîté et fluide.
La plume est très agréable, et le style très visuel.
Un superbe moment de lecture rempli d'émotions !

Ils se regardaient l'un l'autre, elle et lui. Leurs oeillades se faisant lentement, les doigts à effleurer leurs verres, créant le courant continu, provoquant l'excitation de la matière, éclatant de leurs rires enfantins, leurs destinées en résonance, exaltés par le vin, bercé par le ressac à l'horizon..

Le liquide salin envahissait tout son espace, son esprit abasourdi par le bruit du ventre de la bête, qui l'engloutit, comme une bouteille à la mer, coincée entre les roches tranchantes, il chancel, t'el l'oiseau trempé de sel et de peur..

Elle observait ces taches passives, surprise de leurs quantités, goutte à goutte venant d'une plaie clandestine. Face à l'hypocrisie du crime, aux traces de fragrances projetées dans une lutte assoiffée, elle doit taire l'excitation de la peur pour mûrir la vérité..

L'auteur nous livre ici un roman noirâtre, ce qui fait le sel du roman noir mais doté de sa nuance au goût recherché, qui diffère, diffuse une saveur des plus apprécier.
Outre la mythologie en filigrane que j'apprécie beaucoup pour souligner l'exceptionnelle de cette histoire, l'intrigue en deux tonalités, brutes et raffinés, ce marie avec aisance !
Un roman qui nous prend dans le sillage de son secret, nous lecteurs étourdis de son vin, pour mieux nous charrier dans son écume méditerranéenne..