Les enfants de la crique

Un premier roman émouvant et puissant

« Depuis cette route, longue d'une heure à pied, les plaintes de la ville s'effaçaient à chaque pas. le rythme changeait. le soleil en cador y faisait son beau et les derniers mètres souvent s'éternisaient sous le poids des glacières et des tongs défaillantes. »

Bienvenue à Longo Maï, ce paradis sauvage, lieu de passage des estivants ainsi que lieu d'habitation d'une communauté singulière d'habitants, véritable petit coin de paradis dans lequel vous rencontrerez tout d'abord la Douane, « premier cabanon par lequel on arrive à la crique », « sorte de « poste frontière pas comme les autres. »

« La crique n'était plus seulement un lieu de pêche, ni de vacances. C'était devenu le refuge éternel de la vie simple. Ceux qui vivaient là avaient fait le choix du partage permanent, la mer à table, toujours convive, et à la fin, maîtresse de maison. A la côtoyer, les habitants des cabanons avaient compris d'elle l'humilité d'être généreux. »

Bienvenue à la crique où vous ferez connaissance avec la Douane, un couple de femmes qui vivait là, Cascade qui « a pris l'accueil à bras-le-corps, après son arrivée là, comme à la fin d'une errance couronnée à la crique, un bon port» et qui gère la Buvette, la nature, véritable personnage à part entière, et puis deux jeunes, Nine et Coco, « les criquets ».

« Grandir à la crique donnait aux enfants des pouvoirs. Naître là-bas était un privilège, l'apprentissage qu'ils recevaient en était la véritable richesse. »

« Coco était devenu le pêcheur du coin. Nine avait des projets, elle le répétait, elle voulait voir des choses. » Mais… « Normalement, on ne quitte pas la crique. D'autant que ces départs étaient restés sans retours. » Nine était à l'étroit, elle avait transgressé cette règle et avait fui dans le secret d'une nuit.

Et puis il y a le drame en plein été, celui qui se produit malheureusement souvent par des températures caniculaires, celui qui met à mal la communion des habitants et la vie de la nature. Avant le retour de Nine…

« La crique avant le drame, c'était l'harmonie. Une dissonance heureuse : des portes qui claquent et des messages lancés au travers des terrasses, autant de jurons que de mots d'amour. »

Les enfants de la crique est un premier roman protéiforme, avec une construction singulière et une écriture remarquable.
De longues descriptions gourmandes vous immiscent au coeur même de l'endroit, des chansons vous y émerveillent, vous savourez la quiétude du lieu. Peu de dialogue, l'essentiel étant une ode à dame nature.
Et puis tout s'accélère avec le drame, le rythme devient saccadé, les mots crépitent comme une flamme ou frappe comme un grêlon.
L'écriture trahit l'urgence, la violence, dépeint la peur. Elle est directe, brute, syncopée, brève : un mot, une respiration, un point.
Le tout s'enchaînent avec fluidité et simplicité, c'est épatant.

Laissez-vous happer par Les enfants de la crique, vous y retrouverez l'innocence de la jeunesse, la douceur de la mélancolie, la solidarité des habitants, la beauté de la nature, l'émerveillement des paysages et la Méditerranée… Idéal pour les beaux jours, à l'ombre d'un pin ou sous la protection d'un parasol.