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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742742462
60 pages
Actes Sud (01/04/2003)
3.59/5   67 notes
Résumé :
Cette suite de courts récits, articles, préfaces, réunis par Paul Auster sur le mode d'un précédent recueil intitulé Le Diable par la queue, semble d'abord un reflet de son univers romanesque.
Mais peu à peu, après l'évocation de l'enfance, du hasard, de l'amitié, de la littérature et de la poésie, la fiction et la mémoire s'éloignent et ce livre prend l'aspect d'une chronique d'inquiétude : les mots d'un romancier que les terribles événements du 11 septembre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Constat d'accident est une suite de petits textes qui n'ont pas vraiment de dénominateur commun (sauf le 11 septembre 2001 pour les derniers textes). Il est question de hasard sur les premiers : la coïncidence d'une rencontre, d'une lettre, d'une phrase. J'aime ces moments légers qui donne un peu de joie, de couleur à la vie.
Le texte sur l'Appel au gouverneur de Pennsylvanie est très touchant, à voir s'il a convaincu celui-ci ? Substitut à la guerre est une brillante réflexion sur la guerre et le football avec une belle introduction historique. Réflexions sur une caisse en carton parle de partage, d'ouverture qui peut permettre à un peu moins de tristesse, de caisse en carton sur un trottoir...
Un recueil étonnant à lire par petits bouts qui permet de découvrir l'auteur d'une autre façon.
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Un petit livre d'une centaine de pages ou un "concentré" de cette 'façon d'écrire de Paul Auster qui me fascine !

Là, point de roman mais une suite d'articles, préfaces de livres, avis sur différents sujets, personnages ou réflexions sur l'Amérique ou la ville New-York.

Ce petit livre vous emmène, en vous tentant, vers d'autres lectures, d'autres personnages que Paul Auster a rencontrés ou pour lesquels il s'est passionné.
Les parties sur le métro ou sur la vision qu'il a de l'économie d'une ville comme New-York, ou encore celui sur le recours en grâce d'un condamné à mort, apportent beaucoup quant à la "rencontre humaine"avec l'écrivain. Et les écrits relatifs au 11 Septembre sont tellement emprunts d'humanité qu'ils vous ramènent toutes ces années en arrière , dans l'émotion et la l'horreur des événements.


Inutile d'ajouter que j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce petit livre qui se lit comme un journal-papier à cause de la diversité des sujets - chacun des lecteurs aura ses préférences - ou qui se vit comme une conversation au cours d'une longue promenade avec l'écrivain dans les rues de sa ville de New-York.
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Deux pensées toutes simples en refermant Constat d'accident de Paul Auster – traduit par Christine le Boeuf – lu comme un besoin de replonger après sa mort récente dans les textes d'un auteur que je ne connaissais finalement que trop peu.

La première, c'est cette idée confortée (peu nouvelle, ni originale, désolé…) qu'on reconnaît un écrivain (et non un auteur de livre) au fait qu'il ne cesse jamais d'écrire, qu'il ne peut s'empêcher d'écrire, que la publication hypothétique n'est que la conséquence de l'écriture et non l'inverse.

Ce recueil de textes disparates (pensées, articles, textes hommages…) montre Auster comme le grand écrivain qu'il fut : sportif de haut niveau de l'écriture, chaque jour est synonyme d'entraînement, chaque fait prétexte à exercice, chaque lieu inspiration fulgurante.

Dans ces textes sans lien entre eux, il y a tout Auster : la fascination pour le hasard et les coïncidences ; l'amour de la France ; le combat contre la peine de mort ou la précarité ; ou encore la sociologie du football, source d'équilibre de la paix en Europe…

Et puis la seconde, sans surprise, c'est cette fascination amoureuse pour New York, coeur véritable des États-Unis, qui remonte aux souvenirs de l'appartement des grands-parents à Central Park South : « C'est là que j'ai compris que New York était ma ville. »

Tout est prétexte pour y revenir : le privilège assumé de vivre à Brooklyn ; la contribution d'Art Spiegelman au renouveau du New Yorker ; les peurs rétrospectives du 11 septembre pour ses proches et les blessures jamais refermées.

Bref, New York, c'est bien Auster qui en parle le mieux : « Seule entre les villes américaines, New York n'est pas seulement un lieu, une agglomération de gens. C'est aussi une idée. »
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Dans ce petit recueil de textes courts sur l'histoire immédiate de son New-York chéri malmené par les attentats du 11 septembre 2001, Paul Auster réussit à transmettre une foule de sentiments purs.
Il dit toute son affection pour New-York et ses habitants d'origines cosmopolites.
Il exprime ses craintes au sujet d'un environnement devenu violent, imprévisible.
Il renouvelle avec son élan d'humanisme ses espoirs de voir subsister la démocratie et la liberté qui sont essentielles à la continuité de nos civilisations occidentales.
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Paul Auster beaucoup moins fréquenté que celui de la trilogie New-Yorkaise ou de Moon Palace, mais probablement plus proche de celui de Brooklyn Boogie…
Paul Auster ne nous livre pas, ici, une fiction dont il a le secret, mais une série de textes sans liens entre eux. Des petits clichés de la vie quotidienne, des bribes de rencontres, des écrits de circonstances… Une lecture un peu rapide pourrait nous faire croire à du débridé, du réchauffé ou de l'alimentaire… Mais ce n'est pas le cas.
Tout d'abord parce que plusieurs récits vont parler du hasard, vous savez ce mot que l'on utilise quand on ne sait plus expliquer exactement ce qui se passe. Paul Auster nous raconte des événements de sa vie, tous aussi improbables les uns que les autres, avec des circonstances époustouflantes… le hasard, dirons certains, un mystère à coup sûr, ou une bien belle page de littérature…
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
C'est un matin froid et bruineux, onze jours avant la fin du XXe siècle. Je suis assis dans ma maison, à Brooklyn, content de ne pas devoir sortir par ce temps sinistre de décembre. Je peux rester ici aussi longtemps que j'en ai envie et, même si je sors, un peu plus tard dans la journée, je sais que je pourrais rentrer. En quelques minutes, je serai sec et réchauffé.

   Cette maison m'appartient. Je l'ai achetée il y a sept ans, après avoir réussi à économiser une somme correspondant au cinquième du prix total. Les quatre-vingts pour cent restant, je les ai empruntés à une banque. La banque m'a donné trente ans pour rembourser le prêt et, une fois par mois, je rédige un chèque et je lui adresse. En sept ans, c'est à peine si j'ai entamé le principal. La banque qui détient l'hypothèque me fait payer ce service et, jusqu'à présent, pratiquement chaque penny que je lui ai versé vient en déduction des intérêts que je lui sois. Je ne me plains pas. Je suis heureux de payer ces frais supplémentaires ( plus de deux fois le montant du prêt ) car cela me permet de vivre dans cette maison. Et j'aime vivre ici. Surtout par un matin cru et maussade comme celui-ci, je ne peux imaginer aucun autre endroit au monde où je préférerais me trouver.

   Cela me coûte cher d'habiter ici, mais pas autant qu'on pourrait croire au premier abord. Quand je paie mes impôts en avril, je suis autorisé à déduire la totalité des intérêts que j'ai versés au cours de l'année. C'est soustrait de mon revenu, sans une question. Le gouvernement fédéral fait cela pour moi, et je lui en suis extrêmement reconnaissant. Pourquoi ne le serais-je pas ? Cela me fait économiser des milliers de dollars par an.

   En d'autres termes, j'accepte une assistance de l'État. Les choses ont été combinées de manière à offrir à quelqu'un comme moi la possibilité de posséder sa maison. Tout le monde dans le pays s'accorde à trouver l'idée bonne, et pas une seule fois je n'ai entendu dire qu'un député ou un sénateur avait pris la parole pour proposer une modification de cette loi. Ces dernières années, les programmes d'assistance aux nécessiteux ont été pratiquement supprimés, mais les aides au logement pour les riches sont toujours en place.

   La prochaine fois que vous voyez un homme qui vit dans une caisse en carton, souvenez-vous de cela...

   Les temps sont durs pour les pauvres. Nous sommes entrés dans une période de prospérité considérable mais, tandis que nous dévalons l'autoroute des bénéfices de plus en plus gros, nous oublions que des gens en nombre incalculable tombent au bord du chemin. La richesse engendre la pauvreté. Telle est l'équation secrète d'une économie de marché. Nous n'en parlons pas volontiers, mais à mesure que les riches deviennent plus riches et disposent de quantités de plus en plus grandes d'argent à dépenser, les prix montent. Nul besoin de raconter ce qui est arrivé depuis quelques années au marché immobilier new-yorkais. Les prix du logement ont grimpé au-dessus de tout ce qu'on aurait cru possible il n'y a guère. Moi, fier propriétaire que je suis, je n'aurais pas les moyens d'acheter ma maison si je devais le faire aujourd'hui. Pour beaucoup d'autres, les hausses de prix ont épelé la différence entre avoir  ou ne pas avoir un endroit où habiter. Pour certains, c'était la différence entre vivre et mourir...

   Depuis plusieurs mois, un débat terrible empoisonne New York à propos de ce qu'il faut faire d'eux. Ce que nous devrions nous demander, c'est ce qu'il faut faire de nous. C'est notre ville, après tout, et ce qui leur arrive nous arrive aussi, à nous. Les pauvres ne sont pas des monstres parce qu'ils n'ont pas d'argent. Ce sont des gens qui ont besoin qu'on leur vienne en aide, et on ne vient en aide à personne en punissant ces gens d'être pauvres. Les nouvelles réglementations proposées par l'administration actuelle ne sont pas seulement cruelles, à mon avis, elles sont aussi absurdes. Si vous couchez dans la rue, désormais, vous serez arrêté. Si vous allez dans un abri, vous devrez travailler en échange d'un lit. Si vous ne travaillez pas, on vous rejettera à la rue - où vous serez de nouveau arrêté. Si vous avez des enfants et que vous ne vous pliez pas aux règles du travail, on vous prendra vos enfants. Les gens qui défendent ces idées se considèrent comme des hommes et des femmes dévots et craignant Dieu. Ils devraient savoir que toutes les religions du monde insistent sur l'importance de la charité - pas seulement comme une vertu à encourager, mais comme une obligation, un élément essentiel de la relation à chacun avec Dieu. Pourquoi personne n'a-t-il pris la peine de dire à ces gens-là qu'ils sont des hypocrites ?



   En attendant, il se fait tard. Plusieurs heures ont passé depuis que je mes suis assis à mon bureau et que j'ai commencé à écrire ces mots. Je n'ai pas bougé de tout ce temps. La chaleur cogne dans les tuyauteries et la pièce est tiède. Dehors, le ciel est noir et le vent chasse la pluie, qui fouette le côté de la maison. Je n'ai pas de réponse, pas d'avis à donner, aucune suggestion. Tout ce que je demande, c'est que vous pensiez au temps qu'il fait. Et puis, si vous le pouvez, que vous vous imaginiez, vous, dans une caisse en carton, en train de faire de votre mieux pour résister au froid. Un jour comme celui-ci, par exemple, onze jours avant la fin du XXe siècle, dehors dans le froid et le vacarme des rues de New York.
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SOURIRE

Souris quand la situation ne l'impose pas. Souris quand tu es en colère, quand tu te sens malheureuse, quand tu te sens malmenée par la vie - et vois quel effet ça fait. Souris à des inconnus dans la rue. New-York peut être dangereuse, tu dois donc être prudente. Si tu préfères, ne souris qu'à des femmes ( les hommes sont des brutes, il ne faut pas leur donner d'idées fausses ).
Souris néanmoins aussi souvent que possible aux gens que tu ne connais pas. [..]
Vois si l'un d'eux te sourit en retour.
Comptabilise le nombre de sourires qui te sont adressés chaque jour.
Ne sois pas déçue quand les gens ne te rendent pas ton sourire.
Considère chaque sourire qu'on t'adresse comme un cadeau précieux.

Gotham Handbook - Extrait du Manuel d'instructions à l'usage de S. C. concernant la façon d'embellir la vie à New-York ( à sa demande ) - 1994
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Extrait de "Sous terre" ( dans le métro new-yorkais ) :


Regarder en face de soi les autres passagers et étudier leurs visages. S'émerveiller de la diversité des couleurs de peau et des traits, abasourdi par la singularité de chaque nez, de chaque menton, exulter devant les innombrables redistributions du jeu de cartes humain.
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Avoir foi dans le mot, c'est ce que j'appelle classique. Douter du mot, c'est ce que j'appelle romantique. Le classique croit à l'avenir. Le romantique sait qu'il sera déçu, que ses désirs ne seront jamais exaucés. Car il croit que le monde est ineffable, hors d'atteinte des mots.
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Aucune théorie de l'art ( si cela est possible ) ne peut être dissociée d'une théorie de la perception humaine.

Extrait 5 d'un cahier de devoirs - 1967
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