Je n'avais lu jusqu'à maintenant que
Northanger Abbey et que j'avais aimé il y a très longtemps, et
Lady Susan plus récemment et qui ne m'a pas laissé de souvenir.
Les premières lignes m'ont laissée dubitative, « Ah bon, c'est ça
Jane Austen ? ». Puis je suis arrivée, page 3 à cette merveilleuse réplique de Mr Bennett : « Je suis persuadé que Mr. Bingley serait enchanté de vous voir, et je pourrais vous confier quelques lignes pour l'assurer de mon chaleureux consentement à son mariage avec celle de mes filles qu'il voudra bien choisir. » puis quelques lignes plus loin sur « Vous vous trompez, ma chère ! J'ai pour vos nerfs le plus grand respect. Ce sont de vieux amis : voilà plus de vingt ans que je vous entends parler d'eux avec considération. ». Et là, j'ai su que Mr Bennett allait être mon ami pendant quelques heures. Il faut dire que je n'avais pas encore rencontré le délicat Mr Collins. Pourtant j'ai mis plusieurs chapitres à vraiment apprécier ce roman.
Le couple Bennett est des plus curieux. Lui, déçu par son propre mariage (et pour cause) semble assez indifférent à tout et regarde le monde et surtout sa famille avec beaucoup d'ironie. Elle, est d'une sottise incommensurable. Dans ce roman qui s'étale sur un an, ils ont cinq filles en âge d'être mariées, ce qui est d'ailleurs la seule ambition de la mère. Non pas tellement pour leur bonheur que pour le plaisir de « narguer » les autres mères. Tout cela est vu à travers les yeux d'Elizabeth, seconde fille, intelligente, assez facétieuse et un peu impertinente. C'est de son côté que se trouvent les préjugés, l'orgueil étant l'apanage du silencieux Mr Darcy. Je me suis longtemps demandé s'il y aurait ou non un happy end pour l'héroine.
Bien qu'il y ait des intrigues amoureuses,
Jane Austen nous présente le mariage comme la chose la moins romantique possible. Les femmes se marient pour avoir un foyer, les hommes pour la dot. Bien sûr ce n'est pas une révélation mais la chose est dite je trouve assez crûment. Il est évident qu'au-delà d'histoires d'amour il s'agit d'une critique sociale.
Jane Austen semble avoir dans tous ces livres ou la plupart, voulu parodier la littérature de son époque fin 18ème, début 19ème, je ne connais pas ladite littérature mais j'ai vraiment trouvé moderne le ton.
Mais si l'histoire est très bien menée, les personnages, tous différents et bien campés, si le style ironique me séduit beaucoup, je suis décontenancée par l'écart entre le livre et le culte qui lui est voué. Cela ne m'empêchera pas d'en lire d'autres, bien au contraire.