Une oeuvre que j'ai lu très récemment et qui m'a bouleversé :
« Chemin vers la Mecque » du célèbre érudit, savant, voyageur, diplomate, penseur et écrivain musulman autrichien
Muhammad Asad aux Éditions Héritage.
Comment commencer ? Comment décrire le choc que j'ai eu en lisant cette oeuvre ? Comment réussir à critiquer, ou simplement à expliquer l'une des plus grandes oeuvres musulmanes du 20ème siècle ?
Essayions tout de même...
Ce livre s'inscrit dans un voyage à travers la désert, à dos de dromadaire, de la frontière avec l'Irak jusqu'à la ville sainte de la Mecque.
C'est le « Chemin vers La Mecque ».
C'est durant ce dernier voyage à travers l'Arabie en 1932 où
Muhammad Asad se remémora tout son parcours pour en arriver là où il est.
Il raconte donc ses souvenirs, sa vie depuis sa naissance jusqu'à 1932.
Muhammad Asad alors
Leopold Weiss était un jeune Autrichien d'origine juive né en l'an 1900 a Lviv alors terre de l'empire Austro-Hongrois.
En grandissant, il s'éloigna de sa famille et de sa culture religieuse pour suivre son propre chemin.
Lui, le jeune Léopold, qui était destiné à devenir rabbin comme son père et son grand-père avant lui, décide de suivre des études de philosophie et d'histoire de l'art. Il veut créer son propre parcours de vie.
Il finit par réussir à devenir journaliste et réussi petit à petit à se faire un petit nom dans le milieu.
Un tournant arrive : il est invité en 1922 par son oncle médecin à venir le rejoindre en Palestine alors nouvellement sous Mandat Britannique. Direction Jérusalem.
Malgré les tensions politiques entre Juifs Européens Sionistes, Britanniques et Arabes, son séjour en Palestine et en Égypte mandataire le bouleversera. Il découvrira pour la première fois une nouvelle culture, une nouvelle religion, un nouveau mode de vie et de nouvelle manière de penser.
Il commence tout de suite à s'éloigner des cercles sionistes et à soutenir les Arabes propriétaires et héritier légitime de la terre de Palestine selon lui.
C'est le début de son aventure spirituelle et culturel.
Son séjour va tellement lui plaire qu'il décide de revenir et de mener une vie au Proche-Orient en tant que reporter de grands journaux européens.
Il voyagera alors en Syrie, en Irak, en Iran, au Liban, en Égypte, en Jordanie (alors Transjordanie) en Palestine bien sûr, et même jusqu'en Afghanistan. Il alimentera les journaux européens/allemands de nombreux articles de presse et commencera à devenir connu en là-bas.
Tous ces voyages et découvertes sont racontés dans son ouvrage. Quel plaisir de voir cette diversité culturelle et ethnique réunie autour de l'Islam : des Arabes aux Perses, en passant par les Turcs, les Ouzbeks, les Pachtounes, les Kurdes ou les Hazaras.
En rentrant en Europe,
Leopold Weiss se marie et après de nombreuses recherches, il se convertit avec sa nouvelle épouse à l'Islam. Il prendra alors le nom de
Muhammad Asad.
Il décide donc de rentrer en Arabie et d'accomplir le pèlerinage à la Mecque (le Hajj) avec son épouse.
Il s'installera là-bas, et rencontrera le roi fondateur de l'Arabie Saoudite : 'Abd al-'Aziz Ibn 'Abd ar-Rahmân al-Saoud, plus connu sous le nom de « Ibn Saoud ».
Ils deviendront amis, et l'homme connu désormais sous le nom de
Muhammad Asad va se mettre au service du nouvel état.
De la Libye en résistance face aux Italiens, jusqu'à l'Irak et le Koweït Britannique, l'Égypte ou la Syrie,
Muhammad Asad retournera sur les routes du monde musulman, à dos de dromadaire, en amis des bédouins. Devenu bédouin lui-même.
C'est cette histoire, son histoire, que raconte
Muhammad Asad dans son ouvrage autobiographique. Un condensé d'expériences et d'anecdotes avec de grandes leçons et une grande source de réflexions.
L'érudit et journaliste autrichien a eu l'occasion de rencontrer les grandes personnalités musulmanes de l'époque et il les raconte dans le livre : ‘Umar al-Mukhtar le mujâhid libyen, le roi ‘Abd al-'Aziz Ibn Saoud et son fils alors Prince Fayçal Ibn ‘Abd al-Aziz al-Saoud, Reza Shah Pahlavi le Shah fondateur de la dynastie Pahlavi en Iran, le Shah d'Afghanistan Ghazi Amanullah Khan, le Chef de la Confrérie Maghrébine Al-Sanussiyah Cheikh Ahmad Sharif al-Sanussi dit Ahmad 1er, sans oublier le premier roi de Jordanie Abdallah Ibn Al-Hussayn al-Hashemi dit Abdallah 1er.
Bref,
Muhammad Asad, a énormément voyagé, fait énormément de rencontres et a accumulé de grandes connaissances et une énorme érudition.
Dire qu'il ne raconte que le début de sa vie dans cet ouvrage et que ce début et d'une richesse incroyable...
On ne peut que confirmer le surnom qu'on lui a donné, d'être « le cadeau de l'Europe à l'Islam ».
L'ouvrage est passionnant, composé d'anecdotes et de récits autobiographiques ainsi que de pensées et réflexions toutes très intéressantes.
Tout ceci dans un cadre : un dernier voyage à travers les mêmes terres qui sont racontées dans ses pages.
C'est vraiment un livre qui amène à réfléchir.
Il invite à d'innombrables réflexions sur l'Islam, l'Occident, le Monde Musulmans, la vie, l'histoire, la spiritualité, la culture et beaucoup d'autres choses.
Je ne sais pas comment finir cette critique, il y a tellement de chose sur lesquelles je n'arrive pas mettre les mots.
Je ne peux qu'essayer de conclure en remerciant les Éditions Héritage et son fondateur, le frère Thomas Bilal Sibille, pour avoir publié et retraduit ce classique de la littérature islamique du 20ème siècle.
Que Dieu récompense les Éditions Héritage.
Que Dieu face miséricorde à
Muhammad Asad, le cadeau de l'Europe à l'Islam.
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